Ne faut-il pas qu’un homme soit d’une oisiveté un peu ridicule pour aller écouter un autre monsieur au milieu de l’après-midi, quand il pourrait si bien se promener, jouer ou par hasard travailler ; les jeunes filles, c’est une autre affaire ; voici longtemps qu’on a judicieusement observé qu’elles sont, toutes, amoureuses des professeurs, et il suffisait d’entrer cet hiver au cours libre de M. […] Peut-être attendaient-elles une plus substantielle causerie, une mise en goût de la représentation à laquelle je vais laisser libre cette scène.
Si la philosophie, entendue comme science, a certainement un domaine très limité, entendue comme libre pensée, elle est accessible à tous. […] Il faut donc l’avouer, la philosophie pure, entendue comme recherche spéculative sur l’origine des choses, ne donne pas à l’âme de satisfaction religieuse, et entendue comme libre pensée, elle n’a qu’une valeur négative et ne satisfait pas davantage le sentiment religieux.
En religion, le bas-bleu, qui est en général libre penseur, ne donne pas beaucoup ; mais à la fin du roman, les Lélias se convertissent, même celle de Mme Sand, dans les dernières éditions, et la femme du Retour du Christ, de ce livre au titre insolemment exagéré, car le Christ n’est pas absent de ce monde ; il y est insulté et flagellé, mais il y reste — heureusement pour le monde — comme il restait au poteau, insulté et flagellé par les Juifs et par les Romains ! […] … Assurément c’est ce que j’ignore, mais pour les bas-bleus religieux comme elle et comme il y en a encore quelques-uns dans la troupe de ces Bacchantes de la Libre Pensée, je ne serais pas surpris que la Vierge fût l’objet d’un culte vrai, quoique impur dans sa source.
Ni Danton, ni Robespierre, ni Marat, ni celui qui devait se mettre en travers du boulet qui l’eût coupé en deux si la mort — venue à temps — ne lui eût épargné cette leçon cruelle, ni Mirabeau, ce Pitt manqué de la Monarchie française qui a ressuscité sans lui, ni aucun de ceux qui se sont taillé un bout de renommée dans la colossale famosité de la Révolution, ne furent des personnalités libres, puissantes par elles-mêmes, possédant ce qui investit les vrais chefs, les vraies têtes de gouvernement, c’est-à-dire : l’autorité incontestée d’un commandement, plus forte que les passions, qui frémissent de subir le commandement mais qui le subissent ! […] Michelet, malgré sa dévotion pour les Saintes révolutionnaires dont il écrit la légende, a mieux aimé (peut-être n’était-il pas libre dans ce choix) se répéter et se recopier que de penser et d’écrire à neuf.
Mais en un tour de plume et dès les premières pages de son livre, il l’a amnistiée, légitimée, posée triomphalement comme la solution d’une question de droit et d’honneur, — après avoir dit, cependant : « qu’avant la déclaration d’indépendance, l’Amérique était aussi libre qu’après cette déclaration ; qu’il n’y avait pas, même pour motiver l’insurrection, le prétexte d’un joug insupportable à secouer ; que l’état de l’Amérique, colonie anglaise, ne lui laissait rien à désirer, rien à envier, rien à prétendre (pages 103 et 111, Ier vol.) », et, enfin, accumulé, par un procédé de logique qui lui est particulier, toutes les raisons de ne pas conclure… comme il a conclu ! […] Il a diminué l’une par les jurys, n’a pas l’autre, et a remplacé la troisième par des prédicants libres, mariés et gaspilleurs.
Cet homme est encore dans la vigueur du corps et de l’esprit ; il a été à la fois dans sa jeunesse le Molière et le Tacite de son temps ; il a fait la Mandragore et l’Histoire de Florence ; il a passé de là aux plus hautes magistratures décernées au mérite par le choix libre de ses concitoyens ; il a été quinze ans secrétaire d’État de la république ; il a été vingt-cinq fois ambassadeur de sa patrie auprès du pape, du roi de France, du roi de Naples, de tous les princes et principautés d’Italie ; il a réussi partout à rétablir la paix, à nouer les alliances, à dissoudre les coalitions contre son pays. […] Il y eût été libre, heureux, puissant sur les affaires. […] X Après ce livre, il écrivit, autant par délassement que par patriotisme, les sept livres de l’Art de la guerre, ouvrage dirigé contre les condottieri, ces troupes sans patrie de l’Italie ; il y invente la conscription militaire, cette institution des nationalités qui veulent rester nations ou rester libres. […] Le parlement fut convoqué ; ce parlement, composé en majorité d’hommes de sens et de talent, montra dans ses délibérations combien le royaume de Naples était à la hauteur des institutions libres ; des orateurs aussi éclairés qu’éloquents, tels que le comte Ricciardi dei Camaldoli, le baron Poerio et ses émules, égalèrent les Cazalès et les Mirabeau de notre Assemblée constituante. […] XXVIII La république de 1848 en France s’était abstenue sévèrement de toute propagande armée ou désarmée chez les peuples libres de leurs formes de gouvernement ; mais Naples, agitée une seconde fois par l’esprit de 1820, avait conquis, avant l’explosion de la république en France, une constitution sur son jeune roi.
Mais si l’individu et la société sont, par nature, en harmonie, ceux qui troublent le nouvel ordre social ou qui retardent sa venue s’opposent par là à la libre action de l’individu. […] Car l’homme en qui les sentiments sociaux seraient aussi faibles, et en qui la logique serait aussi libre, se garderait vraisemblablement d’une pareille sincérité. […] Plus large chez quelques-uns, elle admet le libre jeu de plus de pensées et de plus de désirs. […] Cela permet à la société, tout en le formant, en s’en servant, de l’exalter comme l’expression de la libre personnalité, de la personnalité idéale de l’homme — ce qui est vrai en un sens — et de le faire ainsi accepter plus volontiers par la partie égoïste du moi. […] Et il est bien intéressant d’en retrouver l’esprit chez des penseurs relativement très libres, et qui se croient peu de préjugés.
La mouche au coin de l’œil, un reste de baiser sur les lèvres, elle riait de toutes ses dents vives, la gorge libre et les cheveux au vent. […] Création non moins inattendue que Tristan et Iseult, mais essentiellement familière, à la fois joyeuse et tendre, rabelaisienne par l’expansion comique, shakespearienne par la chaleur du sentiment et le charme fantasque : création wagnérienne, avant tout, par l’intime unité, la signification hardie, le libre style et l’accent. […] L’orchestre entame ex abrupto l’Ouverture par un motif de marche solennelle, franc, noble, incisif, au contour tout classique, auquel vient s’enlacer ensuite un chant plus libre et plus intime. […] C’est pourquoi Wagner a précisé dans sa partition, des formes scolastiques prêtes à disparaître et glissé, entre les libres mélodies des amoureux, des phrases de choral et le cantique du rossignol de wittemberg. […] Wagner a réuni toutes ces fonctions sur la tête de Sixtus Beckmesser dont le type fortement accusé symbolise ainsi le pédantisme intransigeant, en opposition avec son rival, le chevalier Walther de Stolzing, le poète inspiré, ne connaissant d’autre loi que l’élan spontané de sa libre fantaisie.
Un Caton libre encor déchirant ses entrailles Sur la foi de Platon ; Un Brutus qui, mourant pour la vertu qu’il aime, Doute, au dernier moment, de cette vertu même. […] Entre l’Arabe et nous le sort tient l’équilibre ; Nos malheurs sont égaux… mais son malheur est libre ! […] Être seul, c’est régner ; être libre, c’est vivre. […] Moi-même, de mon âme y déposant la rouille, Je sens que j’y grandis de ce que j’y dépouille, Et que mon esprit, libre et clair comme les cieux, Y prend la solitude et la grandeur des lieux ! […] En quittant le rivage, il recouvre son âme : Roi de sa volonté, libre comme la lame !
Sur un terrain neutre, la critique est le mieux placée pour garder sa liberté ; oison jugement n’a de poids que quand il est libre. […] Il plane sur l’Éthiopie, pendant que les peuplades de ces rives brûlées se baignent gaiement dans les eaux d’un golfe et s’abandonnent aux libres amusements de la vie errante. […] Il y a des gens qui se moqueront des chagrins du poète, et qui croiront qu’il était libre de choisir, comme on faisait il y a vingt ans, entre la tristesse et la gaieté. […] Dans un siècle tiède en ses croyances, le poète chante la religion, car il est libre. […] Victor Hugo sera-t-il libre de s’arrêter, même dans ce genre déjà si bâtard ?
Camille de Sainte-Croix Charles Frémine publie un recueil de poésies : Floréal, Chanson d’été, Bouquet d’automne, où son heureuse et libre nature s’épanche en vivantes confidences, exhalant une inlassable tendresse pour tous les francs esprits de nature, à la ville et aux champs.
Tout ce qu’on peut blâmer dans ce Poëme, ce sont des Peintures trop libres que le sujet amenoit de lui-même, une crédulité absurde sur l’influence des Astres, & quelques incorrections de style que la gêne du metre semble avoir occasionnées.
Tel Saxon libre et propriétaire est devenu « serf de corps sur la glèbe de son propre champ96. » Telle Saxonne noble et riche sent peser sur ses épaules la main d’un valet normand devenu par force son mari ou son amant. […] Par leurs sentiments comme par leur condition, ils sont les débris rompus, mais aussi les rudiments vivants d’un peuple libre. […] Bientôt en stipulant pour eux-mêmes136, ils stipulent aussi pour tous les hommes libres, même pour les marchands, même pour les vilains. Dorénavant, « nul marchand ne sera privé de sa marchandise, nul vilain de ses instruments de travail ; nul homme libre, marchand ou vilain, ne sera taxé déraisonnablement pour un petit délit. Nul homme libre ne sera arrêté ou emprisonné, ou dépossédé de sa terre, ou poursuivi en aucune façon, si ce n’est par le jugement légal de ses pairs et selon la loi du pays. » Ainsi protégés, ils se relèvent et ils agissent.