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731. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Quel rôle joue-t-elle dans la conception d’un tableau, dans son exécution ? […] Les diverses nuances du rouge évoqueront des idées de joue vermeille, de honte, de lèvres fraîches, de sang répandu. […] Le hasard y joue un certain rôle, et ses combinaisons ne sont pas toujours heureuses. […] L’imagination plastique joue nécessairement un rôle. […] Mais les lignes principales ainsi posées, l’artiste s’est joué librement des autres.

732. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Ils n’avaient, il me semble, qu’un rôle à jouer : c’était celui de la dynastie protestante en Angleterre. […] Quoi de plus charmant que ce quatrain dit par « une bergère » dans la comédie jouée au Mont-de-Marsan ? […] On lira aussi avec curiosité, dans ce livre bondé de faits, le chapitre consacré à un petit garçon de cinq ans, et que sa royale extraction n’empêche pas de jouer avec le farouche Rochefort, comme il devrait le faire avec son père… s’il en avait un. […] Les portraits qu’il fait de ces deux hommes, qui jouèrent un si grand rôle auprès de Napoléon III, sont vigoureusement, sinon fidèlement tracés ; c’est d’une main mal assurée qu’on dessine dans la colère : « M.  […] Le fiancé, qui était resté dehors à jouer et à tirer des coups de fusil avec ses amis, est prévenu par une matrone de l’instant solennel.

733. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Il a été le premier à mettre en saillie ce contraste d’un simple homme de lettres comme lui, succédant à un homme politique qui avait joué un si beau rôle.

734. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Hugo dit encore en parlant de Lucrèce sans la nommer : « La chose que l’on joue à l’Odéon. » — Thiers, qui est classique et ultra-classique en poésie comme presque tous les historiens de l’École moderne, lesquels ne veulent pas deux choses nouvelles à la fois, a dit à M.

735. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

On n’avait point encore imaginé de soutenir la curiosité par une intrigue romanesque ; l’intérêt des aventures particulières dépend absolument du rôle que jouent les femmes dans un pays.

736. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Emmanuel Des Essarts Il faut avoir entendu parler de ce rôle que joua Victor de Laprade, par Théodore de Banville et par Leconte de Lisle lui-même, pour être persuadé que Laprade fut, à son moment, l’un des novateurs les plus actifs de notre siècle.

737. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

Au talent de rendre en vers l’amour & ses fureurs avec toute la vérité possible, elle joignoit celui de chanter admirablement & de jouer du luth.

738. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

Je ne vous parle pas de la manière dont il a fait frémir et jouer ce rayon de lumière sur la surface tremblotante des eaux ; c’est un effet qui a frappé tout le monde.

739. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Je ne voudrais pas jouer avec le sens des mots, mais il est certain pour moi que le roman qualifié historique est le moins historique de tous les romans. […] À la veille de sa mort, il jouait La Démence de Charles VI. […] Le rôle joué, la pièce effacée de l’affiche, l’enfant et le théâtre ne pouvaient plus rien l’un pour l’autre. […] Elle manque à La Chute de Séjan, qui n’était pas indigne d’être jouée par elle. […] On joue l’opérette et le vaudeville dans les cafés-concerts.

740. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Une scène intercalée, la mascarade du quatrième acte, et le tour sera joué. […] « Bien joué, mon excellent Ariel ! […] Tant que vous lisez Shakespeare, il est le plus grand des poètes ; vous le voyez jouer, il n’est que le premier des mélodramaturges. […] Mais ne comprenez-vous pas, par les obstacles même qu’elle vous oppose, que ma pensée se refuse à jouer ce rôle ? […] En outre, elle avait une jolie voix et passait pour bonne musicienne ; or Sterne adorait la musique et jouait lui-même du violoncelle.

741. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Sitôt que nous avons une impression de froid, de chaud, de douleur, de contact, de contraction musculaire, de saveur, d’odeur, nous pouvons indiquer plus ou moins précisément l’endroit où nous l’éprouvons : c’est à la main, à la joue, au milieu du bras, dans le nez, sur la langue. — Ce jugement n’est séparé par aucun intervalle appréciable de la sensation elle-même ; nous sommes même tentés de croire que les deux événements n’en font qu’un, et que, du même coup, nous remarquons à la fois l’élancement douloureux et sa place. […] « Si la barbe, dit Weber, est touchée légèrement en un point, par exemple sur le côté de la joue, où croyons-nous sentir cette pression exercée sur les poils de notre peau ? […] J’ai éprouvé plusieurs fois un attouchement au cou ou à la joue ; j’ai déterminé sa position par la série de sensations musculaires qu’il faut à ma main pour l’atteindre, et j’ai caractérisé son siège par le groupe de sensations tactiles que le cou pressé, palpé, parcouru donne à ma main. […] Il ne faut donc pas s’étonner du rôle énorme que joue l’atlas visuel dans notre vie courante. […] Il jouait même aux cartes et gagnait beaucoup, surtout quand c’était à lui à faire, parce qu’il reconnaissait au toucher celle qu’il donnait à chaque joueur62. » Aldovrand dit qu’un certain Jean Ganibasius, de Vol-terre, bon sculpteur, étant devenu aveugle à l’âge de vingt ans, s’avisa, après un repos de dix ans, d’essayer ce qu’il pourrait faire encore dans son métier.

742. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Ces pages sont des chapitres du livre du Prince ; elles enseignent aux fondateurs de dynasties nouvelles comment, pour caresser les habitudes d’esprit d’un peuple, ces princes doivent, sous le masque d’une religion qu’ils ne professent pas eux-mêmes de cœur, se jouer de la religion véritable, inséparable de sincérité et de foi, en rendant au peuple une religion d’État avec ses privilèges et ses appareils exclusifs comme un spectacle pour les yeux au lieu d’un aliment de l’âme. […] Thiers raconte ensuite, avec la verve d’un Molière politique, les rôles divers joués par le premier Consul, par sa femme, par ses frères, par ses sœurs, par le sénat, par le conseil d’État, par Fouché, par Cambacérès, ses confidents, chargés de risquer les indiscrétions et de subir les désaveux pour se faire offrir sous un nom ou sous un autre le titre du pouvoir monarchique dont il avait déjà la réalité. […] Tout le drame est transporté sur les mers ; ce drame est un des plus beaux, des plus divers, des plus passionnés qui se soient jamais joués entre les éléments et les hommes. […] C’est jouer mal à propos le philosophe ou c’est bien peu connaître les hommes.

743. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

La comédie n’a rien de plus plaisant que les tours perfides joués à Griffon par sa maîtresse, et par son lâche mais spirituel rival, à Damas. […] Le pèlerin se mit aussitôt à jouer plusieurs airs différents, et le petit chien, ajustant ses sauts à la mesure, exécuta des danses variées de tous les pays, et parut obéir à son maître avec tant d’intelligence que tous ceux qui le regardaient ne prenaient pas le temps de cligner les yeux et osaient à peine respirer. […] Il sait jouer avec la vie ; il effleure la nature, il ne l’épuise pas ; il sait que le cœur humain est un instrument à deux cordes dont l’une est tristesse, l’autre gaieté, et, en touchant ces deux cordes tour à tour, il produit une harmonie tempérée et douce qui est précisément l’équilibre vrai de cette vie, mêlée de gémissements et d’éclats de rire. […] La lune ruisselait du ciel à travers une chaude brume transparente comme une écume de l’air sur les toits, sur les balustrades, sur les pilastres, sur les cariatides de marbre de la façade ; le vent emportait à chaque bouffée les fleurs embaumées des orangers en caisse qui encadraient d’une sombre verdure les parterres au bas du perron ; les jets d’eau chantaient comme des oiseaux sans sommeil ; leurs légères colonnes d’eau, transpercées par les rayons nocturnes, s’inclinaient et se redressaient sous la brise comme des tiges de girandoles chargées de grappes de cristaux ; les blanches statues des terrasses ressemblaient aux fantômes pétrifiés d’une population de marbre ; la grotte, vide désormais, ouvrait au-dessus de moi son antre sombre, d’où suintait la petite rigole qui avait tant mêlé son gazouillement monotone aux stances du poète ; tout nageait dans un éther fluide et vague qui grandissait les objets et qui les faisait pyramider vers le firmament, comme s’ils avaient flotté entre ciel et terre ; enfin, pour comble d’illusion, un rideau blanc, agité par le vent à la fenêtre ouverte de Thérésina et de sa mère, jouait à longs plis sur le mur et ressemblait à la figure de Ginevra apparaissant à son amant sur le fatal balcon du palais de son père.

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