Que l’artiste imagine ce qui lui convient, tout en restant normal, selon sa fantaisie heureuse et pour le seul plaisir d’imaginer ! […] Pure hypothèse que l’imaginer. […] Mais elles ne sont que des représentations synthétiques des rapports de l’homme avec l’univers ; elles n’imaginent rien qui ne tienne à la réalité. […] On eut bien effrayé les enthousiastes de 1830 en leur définissant leur rôle social théorique et même le rôle exact qu’ils jouèrent parmi leurs semblables — eux qui s’imaginaient n’en remplir aucun, ne toucher à rien des mœurs. […] Le merveilleux, c’en est l’enfance, le balbutiement, et certes il y a aujourd’hui quelque ridicule à imaginer des légendes et faire parler innocemment des fleurs et des bêtes.
J’imagine que cet écrivain si probe n’eût pas souhaité un plus grand éloge. […] Scott a complété les aventures réelles que lui fournissait la légende par des aventures imaginées. […] J’imagine volontiers qu’elle fut écrite au sortir d’un entretien avec vous. […] … Il imagine. […] Ne s’est-il pas imaginé que la France ne marcherait pas ?
Imaginez a lutte cachée, les élans et les reculs de l’âme, les angoisses mortelles. […] C’est lui, j’imagine, qui a inventé « la croix de ma mère ». […] Et, encore une fois, je ne m’imagine nullement être par là une créature exceptionnelle. […] Je déclare même que le cas imaginé par M. […] Je crois, cependant, que le revirement imaginé par M.
Lorsque, en des heures de rêverie, on s’imagine que l’on aurait pu vivre avec ceux que l’on admire, c’est surtout de Molière qu’on voudrait avoir été le compagnon. […] Je suis telle que vous m’avez imaginée et voulue, c’est-à-dire belle, et rien de plus. […] C’est, je m’imagine, en se plaçant à ce point de vue qu’il faut considérer le très particulier génie de Charles Baudelaire. […] Moi-même je n’y tenais guère, ne l’ayant imaginé qu’en souvenir du Parnasse satirique de Théophile de Viau et d’autres « parnasses » autrefois publiés. […] La vérité, c’est que, le plus souvent, il s’efforce à l’expression excessive, mais directe, de ce qu’il éprouve, de ce qu’il imagine, de ce qu’il voit.
À plus forte raison, ce public ne saurait imaginer le monde extérieur : il ne voit que ce qu’il a sous les yeux. […] Le plancher de la scène ne change pas : supposons donc et imaginons, puisque autrement l’art dramatique ne saurait subsister, mais supposons et imaginons une fois pour toutes, que cette scène est une salle de palais, à Rome, ou une chambre, à Paris. […] J’imagine que M. […] Il s’imagina qu’il pouvait les combiner abstraitement, les construire en l’air et les priver de toute réalité, sous prétexte de la généralité qu’ils devaient avoir. […] Essayez d’imaginer ce qu’ont été avant la pièce, ce que seront après, les personnages de Marivaux : cela est impossible.
Callisthène s’imaginait être le dispensateur de la gloire et le seul homme capable de transmettre à la postérité les hauts faits d’Alexandre. […] Les mêmes choses se lisent dans le discours que Quinte-Curce fait prononcer à Hermolaüs ; ce qui est très digne de remarque, puisqu’il en résulte que cet historien n’imaginait pas toujours les harangues dont il a rempli son ouvrage, et qu’il ne les composait pour l’ordinaire qu’après en avoir trouvé le sujet, soit dans Plutarque, soit dans d’autres écrivains qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous. […] « C’est par l’éducation qu’il convient de ramener à la communauté et à l’unité l’État qui est multiple, comme je l’ai déjà dit ; et je m’étonne qu’en prétendant introduire l’éducation, et, par elle, le bonheur dans l’État, on s’imagine pouvoir le régler par de tels moyens, plutôt que par les mœurs, la philosophie et les lois. […] En ce genre, tout, on peut le dire, a été imaginé ; mais telles idées n’ont pas pu prendre, et telles autres ne sont pas mises en usage, bien qu’on les connaisse.
Au sortir d’une phase de sommeil hypnotique qui avait duré quelques minutes, une malade s’imagine qu’elle a dormi plusieurs heures ; M. […] V Action constructive de l’imagination L’analyse que nous avons faite des opérations intellectuelles nous montre que penser, c’est avoir conscience de percevoir ou imaginer, c’est avoir conscience de ses représentations et de leurs liaisons. […] Si Pythagore n’avait pas imaginé sa construction à la fois simple et féconde, le problème du carré de l’hypothénuse n’aurait pu être résolu : l’idée est donc déjà, par elle-même, une solution. […] Si j’imagine une femme à queue de poisson, comme la sirène, l’imagination est purement constructive ; si je me sers de cette représentation pour exprimer le caractère à la fois séduisant et bas de la volupté, l’imagination devient expressive.
Pour exemple, imaginez que dans un salon une jeune et jolie femme de vingt-sept ans, soit originalité, soit caprice, ou probité, s’avise d’avouer tout haut qu’elle a eu vingt-sept ans, il y a trois jours, aussitôt l’étonnement est général. […] À ces bruits avant-coureurs du bruit des couronnes brisées et des têtes qui tombent, les grands seigneurs et les belles dames s’imaginaient que c’était tout simplement un coup de tonnerre qui les venait surprendre : « Allons, disaient-ils en se séparant, allons voir aujourd’hui ce qui se passe à l’assemblée des notables, nous reprendrons demain la conversation où nous l’avons laissée. » Ah ! […] Voilà tout le secret du succès de la comédie de Marivaux ; elle est pour quelques-uns un regret, elle est pour tous de l’histoire ; elle a été un grand écueil pour ceux qui ont voulu imiter ce style à part, et qui avaient imaginé de faire parler les bourgeois de ce temps-ci, comme parlaient les grands seigneurs d’autrefois. […] Scribe à dater du jour où ce charmant esprit avait imaginé de couvrir d’un voile, et de charger d’un nuage, les deux beaux yeux de Valérie, afin que bientôt le voile tombant rendit une force inattendue à ce regard, perçant comme l’esprit, et tendre comme l’amour.
Je vais donc exposer ici mes refléxions d’autant plus volontiers, qu’en fait de probabilité et de conjectures, on se voit refuter avec plaisir, quand on apprend dans une réponse des choses plus solides que celles qu’on avoit imaginées. […] Les beautez qu’on tire du nud dans les corps representez en action, n’avoient point été imaginées de personne. […] Les arcs triomphaux des romains n’étoient pas comme les nôtres des monumens imaginez à plaisir, ni leurs ornemens des embelissemens arbitraires qui n’eussent pour regles que les idées de l’architecte. […] On peut imaginer aussi avec quel soin ils donnoient à ceux qu’ils jugeoient capables d’exceller dans la sculpture l’éducation propre à perfectionner leur talent.
Ces lettres de Bernis et de Duverney, qui n’ont rien de bien intéressant par le sujet, et qui ont été imprimées en 1790 avec les notes les plus ridicules et les plus impertinentes qu’on puisse imaginer, sont curieuses quand on les lit, comme je le fais, au point de vue de la biographie et de la connaissance des deux caractères. […] Mais, dans cette explication qui s’est tant de fois répétée depuis, rien n’est exact ; le grave Turgot a imaginé une cause gratuite, et si de petits motifs en effet contribuèrent à produire ces grandes calamités, Bernis du moins n’a point à rougir, pour sa part, d’en avoir introduit un aussi mesquin et aussi misérable que celui dont on l’accuse.
Je puis facilement imaginer combien il a été peiné quand il a vu qu’à peine restait-il des ruines de Heidelberg. […] Elle tombe à ce sujet dans tout ce que peuvent imaginer aux jours de folie les plus grossières crédulités populaires : elle voit en Mme de Maintenon, même après la mort de Louis XIV et depuis qu’elle est ensevelie à Saint-Cyr, tantôt une accapareuse de blé, tantôt une empoisonneuse, experte dans l’art des Brinvilliers, une Gorgone, une incendiaire qui fait mettre le feu au château de Lunéville.
La famille Unwin se composait du père, de Mme Unwin, plus âgée que Cowper de sept ans, et qui devint pour lui comme une mère, du fils dont je viens de parler et d’une fille : Ce sont les plus aimables gens qu’on puisse imaginer, écrivait Cowper à un de ses amis dès les premiers temps de cette relation ; ils sont tout à fait sociables, et en même temps aussi affranchis que possible de toutes ces civilités cérémonieuses, ordinaires au monde comme il faut de province. […] Ce fut, si j’en excepte les vers, ce qui m’amusa le plus longtemps de tout ce que j’avais imaginé d’inventions et d’expédients de tout genre pour échapper au malheur de n’avoir rien à faire.
Le pain surtout était l’inquiétude principale ; c’est à quoi Villars dut pourvoir tout d’abord et durant toute la campagne, il n’y avait pas de magasins, et les subsistances n’arrivaient qu’au jour le jour ; on n’en avait pas d’assurées pour deux journées à l’avance ; et ce n’était point la faute des intendants, mais le grain manquait par tout le royaume, et la famine n’était pas seulement dans l’armée : Imaginez-vous, écrivait Villars au ministre, l’horreur de voir une armée manquer de pain ! […] Écrivant à M. de Torcy et lui exprimant la situation dans toute sa nudité : « Je parle à un ministre, ajoutait-il, car aux autres je me fais tout blanc de mon épée et de mes farines. » Il était bien obligé de répandre des bruits faux et d’imaginer, ne fut-ce qu’à l’usage de l’ennemi, des arrivées de fonds ou de subsistances qui n’existaient pas : Je me vis donc réduit à payer de hardiesse, je dirais presque d’effronterie, avec cinquante mille hommes de moins que les ennemis, une petite artillerie de campagne mal traînée, mal approvisionnée, contre deux cents bouches à feu bien servies, et la frayeur perpétuelle de manquer de pain chaque jour.