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840. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

il pouvait suivre les transmigrations diverses des âmes avec les longs et purs regards d’une fantaisie rêveuse et la caresse d’imagination que les poètes font à la Chimère. […] Toutes ces métamorphoses, — produit d’une imagination ambitieuse et impuissante qui ne saisit que des rapports vulgaires et qui est bien au-dessous du terrible des Contes de Perrault, — devaient au moins se relever et vivre par l’expression : mais lisez ces vers inouïs et pensez aux beautés correctes, spirituelles et lumineuses d’Ovide ! […] littérairement et nonobstant le rude travail de forgeron qui a martelé cette poésie, cette pièce (l’une des mieux fabriquées) est d’un grotesque involontaire et d’une fausseté d’images qui montre que l’imagination dans M.  […] c’est un poète d’une individualité pareille, c’est l’homme qui, n’ayant plus la foi aux croyances du Moyen Age, a l’imagination si bien teinte et si bien pénétrée de la couleur de ce temps, qu’il écrit la touchante et charmante prière du Petit roi de Galice descendu du cheval de Roland pour se mettre à genoux devant une croix de carrefour : … Ô mon bon Dieu, ma bonne sainte Vierge ! […] C’est ce génie qui, de nature, nous appartient à nous autres, chrétiens, gens du passe, intelligences historiques, et qui en nous trahissant s’est encore plus trahi que nous ; c’est cette imagination heureusement indomptable, quoiqu’on lui ait mis des caparaçons bien étranges et des caveçons presque honteux, qui n’a pas voulu rester ce que Dieu l’avait faite pour sa gloire et la sienne, et qui s’est transformée en contemptrice aveugle de ce passé qui lui donne son talent encore, lorsqu’elle le peint en le ravalant !

841. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 230

On est si accoutumé, depuis quelque temps, à voir donner, pour des transports de patriotisme, les effervescences d’une imagination qui n’a réellement de zele que pour les chimeres qu’elle enfante, qu’on ne sauroit trop accueillir ceux qui annoncent de la modération dans leurs idées & les présentent avec modestie.

842. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 485

Son Livre intitulé Athedetecti, ne pouvoit être non plus que le fruit d’une imagination blessée, qui réalisoit tout ce qui se présentoit à elle.

843. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 149

Avec une imagination vive, une ame sensible, un esprit nourri de la bonne Littérature, le talent de rendre avec intérêt ses idées, comme on en peut juger par l’Ouvrage que nous venons de citer, il eût été en état d’enrichir notre Littérature de plusieurs excellentes Productions.

844. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 413-414

L'élégance & la noblesse de l'expression n'ont pu sauver de l'oubli ses Poésies Latines, qui manquent d'imagination & de verve, qualités absolument nécessaires à un Poëte pour vivre dans la posterité.

845. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 515

Ses dernieres Nouvelles prouvent que les défauts dont nous venons de parler, ne sont point incurables, & peuvent être regardées comme le fruit d'une plume qui sait animer par le sentiment les richesses de l'imagination.

846. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Le stile. » pp. 145-146

C’est lui qui décide la réputation des grands écrivains, lorsqu’il se trouve joint à l’élévation dans les pensées, à la noblesse dans les sentimens, à la justesse & à la force dans les raisonnemens, à une belle & brillante imagination.

847. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Son imagination est celle d’un homme d’affaires et non d’un artiste, toute remplie et comme bourrée de faits. […] Il a cette force de volonté, cette fougue intérieure, ces sourdes fermentations d’imagination violente qui jadis faisaient les rois de la mer, et qui aujourd’hui font les émigrants et les squatters. […] La religion apparaît, comme elle doit apparaître, par des émotions et des visions ; car ce n’est point une âme calme que celle-ci ; l’imagination s’y déchaîne au moindre heurt et l’emporte jusqu’au seuil de la folie. […] Ils n’emploient l’imagination que pour étudier les caractères et suggérer des plans de conduite. […] Transportons par l’imagination ce prince de l’esprit en France, parmi nos jolis salons de philosophie élégante et de mœurs épicuriennes ; la violence du contraste marquera mieux que tout raisonnement la tournure et les prédilections de l’esprit anglais.

848. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Seulement, de tous les caractères, qui sont nombreux, de sa personnalité littéraire, le plus frappant, selon moi, c’est que lui, ce sensualiste de Diderot, ce matérialiste d’imagination même avant de l’être de doctrine, qui matérialise tout sous sa main comme le roi Midas, ait aimé l’abstraction comme si elle était une grosse vachère. […] Il est confus, tâtonnant, d’une expérimentation maladroite, quoique audacieuse, mêlé de ces abstractions vers lesquelles Diderot était emporté par le plus étrange amour, — dans un homme comme lui, — un amour contradictoire avec son genre d’imagination, qui aurait voulu tout corporiser… L’Interprétation de la nature n’a ni la rigueur ni l’unité d’un système. […] Au xviiie  siècle, malgré Le Sage et son Gil-Blas, roman d’aventure sans couleur (l’imagination des aventures est la dernière des imaginations), malgré l’abbé Prévost et sa Manon Lescaut, ce chef-d’œuvre de bassesse dans la pensée et dans le sentiment et de platitude dans l’expression (malgré l’insignifiante madame Riccoboni, l’amie de Diderot, qui par amitié lui accorda du génie), le Roman, cette gloire et même cette seule gloire de la littérature moderne, n’était pas né au xviiie  siècle. […] Je sais bien que l’histoire de madame de la Pommeraye, mêlée aux autres gravelures de ce livre, qui n’est au fond qu’une lapalissade philosophique relevée de grivoiseries, empêche de le rejeter avec le dégoût qu’il inspire ; mais il faut ajouter que dans cette histoire, racontée avec des interruptions qui, pour le coup, sont de l’art, il y a plus de mémoire que d’imagination et plus de tour que de couleur. […] Son matérialisme, poétisé par une imagination qui jetait un réseau d’or sur sa fange, ne suffit plus aux besoins abjects des générations qui se sont appelées positives.

849. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ce Poëte eut, comme Ronsard, une imagination vive & forte. […] Le tribunal admirait l’imagination de cet Auteur qui a si bien écrit contre l’imagination, qui a si bien montré les erreurs des sens, & qui n’est pas lui-même exempt d’erreurs. […] Plus d’un moderne y donnait une ample carriere à son imagination. […] Ils soutinrent que l’imagination devait précéder le jugement, & que, d’ailleurs, ils avaient fait preuve, à la fois, de jugement & d’imagination. […] Il a l’imagination féconde & brillante ; c’est dommage qu’elle ne brille souvent qu’aux dépens de la raison.

850. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Harel, Paul (1854-1927) »

Antony Valabrègue Les Voix de la glèbe, de Paul Harel : un volume où nous avons remarqué tout d’abord un petit chef-d’œuvre de sentiment et d’imagination, la Nuit de Noël.

851. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 208-209

Ses Ouvrages annoncent une imagination vive, un esprit facile, une Littérature étendue, un zele ardent pour la défense de la Religion.

852. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 217

Le moyen de ne pas s’échauffer quelquefois, quand on se laisse conduire par une imagination sans frein, ou par un esprit enthousiaste !

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