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1653. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il s’y débattit d’abord contre la haine populaire, puis contre le ministère vainqueur, puis contre l’humanité tout entière, par des pamphlets sanglants, par des satires désespérées ; il y savoura encore une fois le plaisir de combattre et de blesser962 ; il y souffrit jusqu’au bout, assombri par le progrès de l’âge, par le spectacle de l’oppression et de la misère, par le sentiment de son impuissance, furieux « de vivre parmi des esclaves », enchaîné et vaincu. « Chaque année, dit-il, ou plutôt chaque mois je me sens plus entraîné à la haine et à la vengeance, et ma rage est si ignoble qu’elle descend jusqu’à s’en prendre à la folie et à la lâcheté du peuple esclave parmi lequel je vis963. » Ce cri est l’abrégé de sa vie publique ; ces sentiments sont les matériaux que la vie publique a fournis à son talent.

1654. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

L’enfant c’est l’humanité qui commence, les enfants ce sont les premiers hommes.

1655. (1925) Proses datées

Ne dit-il pas, des impressions jetées par là nature dans son âme et par son âme dans ses vers : « Le fond fut toujours un profond instinct de la Divinité dans toutes choses, une évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante. » Ajoutons qu’en parlant ainsi, Lamartine se définit très exactement. […] Faguet remarque au sujet de ces « prétentions » de l’épopée balzacienne que la Comédie humaine est loin d’être un répertoire complet d’humanité, qu’elle présente des lacunes et que plusieurs catégories d’individus n’y sont pas représentées, de telle sorte que, selon lui, Balzac devrait être plus exactement considéré comme le peintre très informé de la bourgeoisie moyenne du temps de Louis-Philippe, avec des souvenirs du monde militaire du Premier Empire.

1656. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Dickens mettant à nu les plaies sociales, les indiquant d’un doigt vengeur et inflexible à l’humanité étourdie, et recommençant la montre de sa lanterne magiquement vraie des misères humaines, jusqu’à ce que le législateur, sous la pression du sentiment des masses, se décidât à intervenir, à mettre un baume où il y avait une béante blessure, un remède où s’étalait une lésion intérieure et cachée ; — Daudet, artiste seulement, s’attachant à peindre le mal étreignant les hommes plutôt que les hommes étreints par le mal, ne s’arrêtant qu’en passant à d’affreux tableaux comme « la Crèche » dont il est parlé dans le Nabab, songeant aux malheurs individuels, personnels, plutôt qu’aux accidents généraux de l’humanité, Daudet, sans appel au médecin, Daudet ne réclamant le plus souvent d’autre remède que la pitié et la commisération de tous pour ceux dont il disait les souffrances. […] Si dans une phrase malheureuse — et qui va sans doute au-delà de sa pensée — le romancier a prononcé le nom de la Sainte d’Avila, c’est qu’il lui manque la connaissance de quelque chose de l’humanité : l’âme religieuse à l’état de santé ne lui a jamais été révélée.

1657. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Elle finit par la raison et par la critique savante qui sont l’apanage de l’élite de l’humanité.

1658. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Si elle fut naïve, si elle fut sauvage, brutale même, c’est qu’elle jugea ces caractères de l’humanité primitive bons à prendre pour renverser une littérature d’affèterie, trop vieillie.

1659. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Avec le don seul de dresser en pied un personnage qui se tient et qui marche au moins du salon à la salle à manger, comme disait Doudan, on écrit Cinna, on écrit L’Avare, chefs-d’œuvre, certes, mais où tout le monde sent qu’il manque quelque chose ; on écrit Adolphe, œuvre étonnante dont je défie bien qu’on fasse un drame ; on tombe dans ce défaut où il ne faut pas se dissimuler que Molière tendait lui-même, de faire une comédie avec un des types généraux de l’humanité éternelle. […] Humanité, morale, Jurons par vous d’écrire pour la halle ! […] Et ceci, faisant de Galatée le symbole, ou tout simplement le représentant de l’humanité elle-même, est vraiment fort et beau, touche au grand.

1660. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Qu’il se rappelle que l’homme, comme dit Robespierre, qui avait soigneusement fait ses humanités, ne voit jamais l’homme sans plaisir ; et, s’il veut gagner un peu de popularité, qu’il se garde bien de croire que le public soit arrivé à un égal enthousiasme pour la solitude.

1661. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Elle réclama pour l’humanité ce qu’elle souhaitait pour elle-même, et revendiqua dans tous ses écrits toutes les libertés.

1662. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Tous les degrés de cette marche ascendante se rencontrent dans l’histoire de l’humanité : les Fuégiens n’ont aucun terme abstrait.

1663. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Hector reprend courage à la vûe d’un second, et résolut enfin de combatre Achille, il lui fait seulement des propositions d’humanité pour le corps de celui qui sera vaincu.

1664. (1923) Paul Valéry

Notons qu’il revint à l’art de vers, qu’il se retrouva poète (et poète autrement entier que dans les essais de ses vers anciens) pendant l’année la plus sombre de la guerre, lorsque l’âme pure de l’humanité se trouvait comme forcée à une invention désespérée, à un alibi autonome et créateur.

1665. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Je vis que tout était là, et que le sort de l’humanité s’agite autour des endroits où l’on fait la cuisine. […] Courageux, discret, sachant payer de sa personne, en un mot un de ces ironistes qui sont capables de toutes les compassions et de toutes les aumônes, pourvu que la religion n’intervienne pas et qu’on les laisse faire « au nom de l’humanité ».

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