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755. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Il avait cinquante ans et davantage ; je n’en avais que dix-neuf ; mais la disproportion de nos âges ne me faisait point de peur ; bien loin de cela, je le cherchais comme on cherche une maîtresse, et les moments que je passais auprès de lui ne me duraient guère plus qu’ils ne me durent auprès de vous (c’est à une dame que Patru adresse ce récit) ; il m’aimait comme un père aime son fils. […] Il ne venait guère au Palais pour y plaider, ni pour y être consulté, sinon sur les difficultés du langage, par un certain nombre d’admirateurs qui se rangeaient à son pilier.

756. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Nous connaissons tous l’excellent style et l’excellent esprit de notre ami M. de Sacy des Débats : eh bien, le style de Carrel, quant au fond, diffère peu de celui de M. de Sacy, et ce n’est guère que cette même langue, plus animée de passion, plus trempée d’amertume et plus acérée. […] à tous les genres d’attentats, étranger même aux insurrections, ne les apprenant guère qu’en même temps que le public, il se trouvait traité comme complice, impliqué dans les suites ; et, en témoignant chaque fois son indignation de ce qu’il appelait un outrage, il ne faisait rien pour se mettre hors de cause dans l’avenir.

757. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Il n’y a guère qu’une quinzaine que nous avons quitté Londres, mais la variété des scènes que nous avons parcourues fait que ce temps paraît égal à six mois passés à la même place. […] Lui qui n’est guère porté à abuser des paroles ni à les exagérer, il va sur ce sujet jusqu’à dire : Quand cet article (de continuer de faire la guerre conjointement avec la France, et de ne point faire de paix séparée) n’existerait point dans le traité, un honnête Américain se couperait la main droite plutôt que de signer un arrangement avec l’Angleterre, qui fût contraire à l’esprit d’un tel article.

758. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

j’y trouve bien un peu mon profit, je l’avoue : quand je marche au soleil, quoique ce soit pour tout autre chose, il arrive pourtant tout naturellement que mon visage prend le hâle : et c’est ainsi que lorsqu’à Misène (car à Rome je n’en ai guère le temps) je me suis mis à lire avec soin ces livres des historiens, je sens, comme à leur contact, que mon langage prend de la couleur (sentio illorum tactu orationem meam quasi colorari). […] Mérimée a pris son parti plus franchement, ou du moins de propos plus délibéré : il donne tout d’abord ses deux personnages pour deux coquins ; il ne s’agit guère ensuite que du degré ; il s’agit surtout de voir comment l’amour naît, se comporte et se brise, ou persiste malgré tout, dans ces natures fortes et dures, dans ces âmes sauvages.

759. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Voltaire, dans une lettre à Vauvenargues, rapportant le talent de La Fontaine à l’instinct, à condition que ce mot instinct fût synonyme de génie, ajoutait : « Le caractère de ce bonhomme était si simple, que dans la conversation il n’était guère au-dessus des animaux qu’il faisait parler… L’abeille est admirable, mais c’est dans sa ruche ; hors de là l’abeille n’est qu’une mouche. » On vient de voir, au contraire, que La Fontaine voulait qu’on fût abeille, même dans l’entretien. […] Ces premières poésies légères de La Fontaine sont dans le goût de Voiture et de Sarrasin et ne s’élèvent guère au-dessus des agréables productions de ces deux beaux esprits ; on sent seulement que chez lui le flot est plus abondant et plus naturel.

760. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Cet homme, beaucoup trop littéraire pour une époque qui ne l’est plus, ne pouvait guère passionner les générations nouvelles. […] Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.

761. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Je ne connais guère de lecture plus attachante que le Cours de droit naturel. […] Quant aux excursions allemandes, aux importations de Schelling, à la fabrication de l’absolu, de l’ontologie et de la raison impersonnelle, il ne s’y fiait guère.

762. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Il ne croit guère au dévouement et n’aime que médiocrement les gens à principes. […] S’ils s’y enfermaient, ils auraient beau être attentifs, ils n’en découvriraient guère.

763. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

» Elles ne peuvent guère être comprises que notées. […] Aussi le drame antique fut-il une tragédie toute nationale ; et la comédie grecque, tirant ses principales inspirations des événements de la vie publique, ne dépassa-t-elle guère les limites de la comédie politique. […] … Je ne vois guère, en effet, par quelle filiation mystérieuse on pourrait faire descendre de Shakespeare M.  […] Barbara a souscrit, au frontispice de son livre, un billet au lecteur — sur lequel il ne donne guère qu’un léger acompte, et, qu’entre ces neuf histoires, il n’en est pas une seule qui puisse lui valoir quittance. […] Pour moi, si je l’entrevis jamais, il ne m’en souvient guère, mais ceci tenait sans doute au mauvais état de ma lorgnette.

764. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

) Une conception du monde, si grandiose et si triste, que nous n’y avons guère ajouté. […] Mais vous y retrouverez (avec des vers si beaux qu’il n’y en a guère de supérieurs dans notre littérature) l’implacable génie de M.  […] Mais il n’y en a guère de comme vous, allez ! […] Il s’ensuit que, pour les femmes, elle ne doit guère survivre à la trentaine. […] Il y a comme une mécanique des passions, une mécanique traditionnelle et qui ne peut guère changer dans son fond.

765. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Enfin, il ne séparait guère la littérature de la morale et de l’utilité publique. […] Car il est certain qu’il n’y a guère de passion sans jalousie. […] Vous n’avez guère qu’à transporter ce dénouement dans un milieu rustique. […] Il a plus de dramatique extérieur que ce rare ouvrage, et guère moins de « dessous ». […] Son cadavre ne les gênera guère.

766. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il ne fait pas d’ailleurs attention que, n’ayant pas même encore publié son Voyage à l’Île de France, on ne pouvait guère soupçonner à Rennes qu’il y eût un homme de lettres en lui. […] Ce qui n’est guère moins grave, c’est la naïve impudeur des déclarations qu’il lui adresse : « Ne voudriez-vous être que la gouvernante de mes enfants ? […] Je ne connais guère non plus de dénouements plus cruels que les siens. […] Feuillet ne s’est guère intéressé qu’à la tragédie de la vie ; et le plus « romanesque » de nos romanciers se trouve être, à cet égard, celui dont l’œuvre enferme le plus de sens et le plus de moralité. […] et, certes, nous ne nous attendions guère qu’il dût nous quitter sitôt.

767. (1927) Approximations. Deuxième série

Je sais peu de lectures qui divertissent à ce point ; je n’en sais guère où le divertissement soit aussi subtilement provoqué. […] Pendant le travail de la construction, il ne quittait guère le chantier. […] Et ceux-là, ce n’est guère qu’en France qu’on les trouve sans défaut. […] Milsand, immobile, observait et écoutait, avec une affection et une fierté visibles ; mais il ne dit presque rien et ne bougea guère davantage. […] Je n’en ai guère pour l’avoir lue jusqu’au bout ; j’en ai moins encore pour l’avoir gardée.

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