Ribot, n’admet guère que la troisième hypothèse. […] Quand nous pensons à la faim après un bon dîner, nous n’avons guère que le mot dans l’esprit. […] Les actes purement automatiques qui disparaissent en dernier lieu ne sont plus guère qu’un mouvement de machine ; pourtant, sous ces actes mêmes subsiste le sentiment primordial de l’existence, du bien-être ou du malaise, la faim, la soif, etc., et par là l’automatisme est encore une mémoire.
Villemain, si disert, du moins de renommée, n’a guère donné de vif et de montant aux petites rancunes et aux petites afflictions de la maison dont il fait partie : il est émoussé et il est triste. […] Ceux qui, depuis trente ans, l’invoquent comme un classique, ne se doutent guère des incorrections dont fourmille le livre qu’on republie aujourd’hui. […] À ses yeux, les Prophètes ne sont guère que des hommes parfaitement élevés.
Il nous semble, d’autre part, que l’Allemagne, si savante d’ailleurs, et si féconde en œuvres d’un autre genre, n’est guère plus en mesure de disputer le prix à l’Angleterre de nos jours. […] On ne peut guère davantage lui contester une certaine manière, sinon de raisonner, du moins d’associer ses impressions, quand on voit les animaux chasseurs subordonner les impulsions de l’instinct aux nécessités de la chasse, et exécuter des combinaisons de mouvements, des artifices de stratégie qui ne sont pas sans analogie avec les ruses du sauvage et même du civilisé dans la poursuite du gibier ou de l’ennemi, quand on observe les animaux même d’un ordre inférieur, tels que la fourmi et l’araignée, modifier à chaque instant leur itinéraire ou leur plan de conduite, selon les convenances du moment ou les obstacles qui se dressent tout à coup devant eux. […] Que certaines affections résultent de l’association habituelle de tels phénomènes sensitifs ; qu’on puisse expliquer tels mouvements d’amour ou de haine, de sympathie ou d’antipathie par des sensations répétées de plaisir ou de peine, sans recourir à un principe spécial de la nature humaine : cela n’est guère douteux.
On ne s’en serait guère douté en lisant son livre de début. […] Ce n’est guère moins grave. […] « J’admets, ce qui n’est guère vraisemblable, que tu sois au-dessus de tout reproche. […] On ne sait guère que M. de Curel a commencé par s’essayer dans le roman. […] D’autres livres paraissent tous les jours, qui ne sont guère meilleurs et qui sont à peine moins prétentieux que les siens.
Nous n’avons guère, en Europe, d’institutions qui correspondent aux grands collèges féminins des États Unis. […] Déjà César remarquait que les Gaulois parlaient facilement, abondamment : c’est une tradition qui n’a guère varié depuis. […] Orateurs, ils ne le sont guère. […] Ils n’ont guère connu l’appétit de la mort ; au contraire, ils ont contribué à défendre les valeurs sociales qui sont la condition de notre durée. […] La philosophie d’Épicure, en effet, plus ou moins complaisamment interprétée, n’a guère cessé d’être présente à l’évolution de la conscience française.
Victorieux, cela n’importe guère. […] Armand d’Artois, je n’ai guère à dire que du bien. […] Chacun n’a guère qu’une attitude. […] (Il n’y a guère que Racine qui ait su presque se passer du hasard.) […] Mairaut, petit banquier dont les affaires ne vont guère mieux que celles de M.
En général, on ne connaît guère de son poème que l’invocation à Vénus, la prosopopée de la nature sur la mort, la peinture énergique de l’amour et celle de la peste. […] Ses motifs, mal connus il y a dix-huit siècles, ne seront guère devinés aujourd’hui. […] Ce dernier mérite n’intéressera guère la foule des lecteurs ; mais, ce qui vaut mieux peut-être pour eux, le livre est court, et il amuse. […] Car les chroniqueurs de Byzance, dans ce siècle et les âges suivants, ne valent guère mieux que ses romanciers. […] Il les entretenait de ses lectures et de ses vers ; car il paraît n’avoir eu guère d’autre pensée.
Il n’est guère de sciences dont on ne puisse instruire l’esprit le plus borné, avec beaucoup d’ordre et de méthode ; mais c’est là pour l’ordinaire par ou l’on pèche. 3°. […] Il est même des mots, comme aveuglement, bassesse, et quelques autres, qu’on n’emploie guère qu’au sens métaphorique : mais quoique ces mots pris au sens propre ne soient plus en usage, la définition doit néanmoins toujours tomber sur le sens propre, en avertissant qu’on y a substitué le sens figuré. […] Le sens qu’on attachera à ces mots sera, ou le sens propre, ou le sens figuré : dans le premier cas, on aura trouvé le vrai sens du mot, et il ne faudra que le rencontrer encore une ou deux fois pour se convaincre qu’on a deviné juste ; dans le second cas, si on rencontre encore le même mot ailleurs, ce qui ne peut guère manquer d’arriver, on comparera le nouveau sens qu’on donnera à ce mot, avec celui qu’on lui donne dans le premier cas ; on cherchera dans ces deux sens ce qu’ils peuvent avoir d’analogue, l’idée commune qu’ils peuvent renfermer, et cette idée donnera le sens propre et primitif. […] Il est vrai qu’une langue vivante, qui par conséquent change sans cesse, ne peut guère être absolument fixée ; mais du moins peut-on empêcher qu’elle ne se dénature et ne se dégrade. […] Les mots tirés des autres langues ont été défigurés en passant dans la nôtre ; ensuite, quand la langue s’est formée et qu’on a commencé à l’écrire, on a voulu rendre à ces mots, par l’orthographe, une partie de leur analogie avec les langues qui les avaient fournis, analogie qui s’était perdue ou altérée dans la prononciation : à l’égard de celle-ci, on ne pouvait guère la changer ; on s’est contenté de l’adoucir, et de là est venue une seconde différence entre la prononciation et l’orthographe étymologique.
Du moment que ces critiques sont violentes et ces attaques passionnées, il y a bien des chances pour qu’elles ne comptent guère… Laissons-les se calmer. […] Quant au xvie siècle il n’est guère, dit-on, qu’une période d’effervescence et de trouble, un chaos qui a eu l’honneur de donner naissance au Grand Siècle. […] Rejeter en bloc le xixe siècle est une plaisanterie, et l’on ne voit guère lequel de nos contemporains pourrait la soutenir sans renier le meilleur de soi-même. […] Cette définition mérite qu’on s’y arrête, encore que je n’en goûte guère le dernier mot.
On voit par les dates qui se rapportent à Tristan, que cette œuvre est tout entière de la période de sa vie à Zurich ; car ce qui a été fait à Venise et à Lucerne n’est guère que la réalisation matérielle d’une chose déjà toute créée. […] Dans toute la légende et la mythologie ou n’aurait guère pu trouver un caractère aussi apte que celui-ci à être le héros d’un drame moderne. Il n’y a aucune violence à lui faire ; on n’a qu’à le prendre tel qu’il est, car le vrai drame, chez lui, était toujours tout intérieur ; et quant au monde qui l’entourait, il ne différait guère que par le costume de celui qui nous entoure. […] Mais dans cette scène, elle va en diminuant ; et dans le dernier duo avant l’entrée du roi Marke, ce n’est guère que l’analogie et la décroissance graduelle qui nous permet d’en découvrir encore.
Par la faute de ces soi-disant Wagnériens, le Wagnérisme n’apparaît guère plus que comme le nom d’une mélomanie de la pire espèce, et la lutte a été déplacée ; au lieu de rester ce qu’elle était, un combat que livrait l’Art à la vulgarité et au commerce, elle est devenue une querelle entre divers engouements. Et j’avoue que l’engouement pour Wagner ne m’est guère plus sympathique que l’engouement contre lui. […] Je crois que cette Revue elle-même n’eut point la marche sûre des grands dévouements : elle nous donna de précieuses informations, nous renseigna, avec netteté et conscience, sur tels faits extérieurs que nous désirions connaître ; mais en refeuilletant sa collection, je ne vois pas que rien s’en dégage de définitif : la figure de Wagner n’y apparaît point, qu’éparse et par ébauches rapides ; le sens de ses œuvres n’y est guère saisi ni exprimé qu’à travers les partis-pris et les rhétoriques de systèmes littéraires bien restreints ; les choses même de l’actualité y sont jugées avec des principes flottants, comme sous l’influence de bonnes ou mauvaises digestions, d’humeurs en va et vient, de colères d’un moment et d’étranges balancements psychologiques, Ici aussi, on a voulu garder sa vie. […] Œsterlein ne les ait guère plus que moi-même.
Chez Tourguénef il ne s’en fallut guère que la catastrophe ne se produisît également. […] Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre. […] Cet auteur n’a guère parmi nous de semblables bien caractérisés. […] Jusqu’à la fin presque du XVIIIesiècle nos écrivains n’ont guère demandé aux auteurs classiques, aux Italiens, que des conseils techniques, des préceptes et des modèles ; ce que l’exemple des Espagnols a inspiré de rodomontades à Corneille, l’exemple des historiens latins de rhétorique et de grandeur austère, fut en somme minime et provenait d’ancêtres et de parents de notre race.
Et pourtant je ne sais quel accent plus grave, plus sincère, plus ému, nous avertit chez ces poètes, les deux derniers surtout, que l’idée de progrès est plus près de leur cœur : celle de décadence n’est guère pour eux qu’un thème obligé, un lieu-commun poétique. […] Au moyen âge, les conditions n’étaient guère favorables au développement de l’idée de progrès. […] Ils disent qu’en ce qui regarde l’antique Orient la formule de Cousin ne convient guère qu’à l’Inde brahmanique. […] Quand il rapporte des faits qui passent pour des présages, c’est d’un ton qui ne rappelle guère la naïve dévotion d’Hérodote.