Le goût des anciens et le goût des modernes était le même au fond. […] J’ai un goût, le Chevalier a un goût, et quand nous nous rencontrons dans un salon, nous causons toujours, nous discutons parfois, non comme des pédants qui ont un système, mais comme des personnes bien élevées qui ont du goût. […] Je suis sûr que si la critique était faite avec goût et par un homme de goût, l’artiste en profiterait, car il y a du bon dans son ouvrage. […] Il a du goût, il a du tact. […] Pour les goûts d’artiste de Molière, voir Eud.
Elle apprécie trop ce plaisir-là pour remettre jamais sous le joug la liberté de son goût. […] Le fait de cette dépendance est la solution de tout le problème du goût. […] Cette prétendue pureté naturelle du goût n’est qu’une supposition chimérique. […] C’est d’après ces exemplaires éternels qu’Uranie forme son goût. […] C’est l’intelligible que le goût a en vue.
Heureusement l’éloquence et le goût s’étaient formés. […] Bientôt cette partie des hommes qui pense, tandis que l’autre se déchire, s’occupa de goût, lorsque ailleurs on s’occupait de carnage. […] Les spectacles peut-être y ont aussi contribué en formant le goût. […] Bientôt ce goût se répand ; alors l’éloquence et le langage réforment ce qu’ils ont encore de barbare. Le goût punit par le ridicule ceux qui s’écartent de ses lois ; la société perfectionnée achève de l’étendre.
Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] Mais que signifient tous ces principes, si le goût est une chose de caprice, et s’il n’y a aucune règle éternelle, immuable, du beau ? Si le goût est une chose de caprice, s’il n’y a aucune règle du beau, d’où viennent donc ces émotions délicieuses qui s’élèvent si subitement, si involontairement, si tumultueusement, au fond de nos âmes, qui les dilatent ou qui les serrent, et qui forcent de nos yeux les pleurs de la joie, de la douleur, de l’admiration, soit à l’aspect de quelque grand phénomène physique, soit au récit de quelque grand trait moral ? […] Qu’est-ce donc que le goût ? […] Si les expériences qui déterminent le jugement sont présentes à la mémoire, on aura le goût éclairé. […] Mais connue on voit des hommes qui pratiquent la justice, la bienfaisance, la vertu, par le seul intérêt bien entendu, par l’esprit et le goût de l’ordre, sans en éprouver le délice et la volupté, il peut y avoir aussi du goût sans sensibilité, de même que de la sensibilité sans goût.
Nisard pour Descartes et Pascal un démenti donné à sa théorie de la discipline et à son goût de la règle. […] Il a bien pu se joindre à cette noblesse essentielle de notre théâtre une noblesse tout extérieure qui avait son origine dans le goût du temps ; mais ce n’est là qu’un goût accessoire et insignifiant, auquel on a donné à tort beaucoup trop d’importance. […] Que Louis XIV et sa cour aient pu avoir quelque action heureuse sur le goût, je ne me refuse pas à l’admettre. […] La discipline représentée par l’Académie était ennuyeuse, médiocre et sans goût ; la raison représentée par Boileau était alors une indiscipline. […] J’avoue que je partage assez volontiers ce goût suranné ; seulement, je fais deux parts dans Boileau, et, comme un scolastique, je dis à M.
Il était d’un goût incertain, équivoque, en ce qui nous concernait ; et nos destinées littéraires ne dépendaient nullement de ses oracles. […] Le goût, il faut bien le dire, n’est pas tout à fait la même chose que la morale, bien qu’il n’y soit pas opposé. […] alors le goût peut intervenir en son nom et faire valoir ses motifs. […] Dans l’état de démocratie ou plutôt de classe moyenne où nous allons de plus en plus, il y a un écueil, un faux idéal tout à fait à éviter pour l’art et pour le goût. […] L’article en question est, dans son genre, une manière de grossièreté qui vaut (en fait d’offense au goût et à la vraie décence) tout ce qu’il impute à cette littérature un peu relâchée.
Aussi on le représente dans le temple du goût. […] Un grand mérite de cet illustre Ecrivain, c’est que le goût est chez lui le guide du génie. […] La continuelle répétition d’un langage naïf, mais grossier, fatigue ceux qui ont le goût délicat. […] Il sçut la manier en homme de goût. […] Elles sont également propres à former le goût & les mœurs.
Y a-t-il deux hommes, j’entends même deux hommes de goût, qui puissent l’être absolument, surtout quand l’élément moral est pris si fort en considération ? […] Le goût n’est pas une doctrine, encore moins une science : c’est le bon sens dans le jugement des livres et des écrivains. […] Cependant, le goût de Voltaire n’est pas le grand goût. […] Le grand goût n’est que le bon sens appliqué au gouvernement des choses de l’esprit ; mais il y a un bon sens gouverné par des principes, et un autre qui dépend de l’humeur de l’homme. Tel est trop souvent le bon sens de Voltaire, et son goût en porte la peine.
Son goût de l’esprit y trouve son compte, ses besoins de cœur commencent à la faire souffrir : « Quel pays stérile en amitié ! […] Sans goût dans sa parure, sans aisance dans son maintien, sans attrait dans sa politesse, son esprit, comme sa contenance, était trop ajusté pour avoir de la grâce. […] En matière de goût, Mme Necker, peu sûre d’elle-même et ne jugeant que par réflexion, ainsi qu’il est ordinaire aux personnes qui ont passé leur jeunesse loin de Paris, crut, en y arrivant, qu’il n’y avait sur ce point qu’à prendre des leçons comme pour tout le reste : « Le seul avantage de ce pays, écrivait-elle après un an de séjour, est de former le goût, mais c’est aux dépens du génie ; on tourne une phrase en mille manières, on compare l’idée par tous ses rapports… » Et elle crut atteindre elle-même au goût en faisant subir à ses idées cette sorte d’épreuve et presque de tourment. […] Ainsi elle dira : « Vouloir contenir le génie dans les bornes du goût n’est pas une chose impossible. […] il sera sûr de s’amuser toute sa vie. » Si elle est un peu trop atteinte par le goût de l’esprit et de l’analyse, qui est la maladie du temps, elle s’en détache par une inspiration plus haute et qui domine les erreurs du goût : « L’instant présent et Chacun pour soi, voilà, dit-elle, les deux devises du siècle ; elles rentrent l’une dans l’autre.
L’homme qui a dit de lui : Tous les goûts à la fois sont entrés dans mon âme, devait être l’historien d’une époque où tous les goûts de l’esprit ont eu leur idéal. […] Il y a de plus un certain goût de la perfection qui nous rend injustes. […] Le goût n’est pas une doctrine, encore moins une science ; c’est le bon sens dans le jugement des livres et des écrivains. […] Cependant le goût de Voltaire n’est pas le grand goût. […] Tel est trop souvent le bon sens de Voltaire, et son goût en porte la peine.
Avec le monde, la Révolution emporta le goût classique. […] Lorsqu’un nouvel ordre s’établit, la littérature n’est plus tout à fait au point où elle était en 1789 : plus affranchie du goût mondain, de l’esprit, de l’analyse, de la finesse piquante, moins intelligente, elle s’est vidée de pensée en harmonisant ses formes. […] Le journal est le véritable héritier de la puissance des salons, pour la direction du goût littéraire. […] Par la Décade se propageront le goût et la connaissance des littératures anglaise et allemande : elle entretient ses lecteurs d’Young. […] Et ainsi ce journal aura sa part d’influence dans la formation du courant romantique, qui apportera un goût si contraire à ceux de ses rédacteurs ordinaires.
Quelques hommes d’un goût bizarre trouvent cette momerie fort plaisante. […] Dans tous ses écrits il inspire à ses lecteurs le goût du beau, du simple & du naturel ; dans son Art Poétique, il donne des leçons pour avoir ce goût. […] Tous les gens de goût en ont dit du mal. […] C’étoit un homme de génie, mais sans regle, sans frein, sans goût. […] Le goût ne s’y fait pas moins sentir que le raisonnement.
Frédéric second, si fameux par ses démêlés avec les papes, fonda dans le même siècle plusieurs écoles en Italie et en Allemagne ; mais ces écoles étaient bien loin d’être des écoles de goût. […] C’était un mélange de plusieurs idiomes corrompus, sans harmonie, sans goût, et qui n’avaient encore été façonnés par aucun de ces hommes de génie qui dominent sur les langues comme sur la pensée. […] Cependant, on peut dire qu’elle eut moins de grandes vertus, que le goût des grandes choses, et qu’elle inspira plutôt l’étonnement que l’admiration. […] Elle sépara trop ses goûts de ses devoirs ; et, destinée à régner, elle eut le malheur de n’estimer assez ni la souveraineté, ni les hommes. […] Ce n’est que par degrés que le goût vient les polir ; et quand ce goût est arrivé, ils ont déjà assez de connaissances et assez d’art pour substituer des beautés grandes et correctes, à ces premières beautés inexactes, mais fières.