terre de gloire et d’amour ! […] L’éclat, la gloire du monde, les triomphes d’amour-propre le séduiraient encore. […] René a la gloire de la parole, la poésie de l’expression, qui est presque une contradiction avec son état d’âme terne et désolé. […] S’ils te prenaient, quelle gloire ! […] Comme dans la pièce de Schiller, la reine incite Don Carlos à la gloire et l’engage à étouffer son amour.
Il constate son isolement, il s’en fait gloire, il y grandit encore à ses propres yeux. […] Leur histoire, c’est alors celle de leurs démêlés avec des ennemis ou des rivaux, ou de leurs luttes contre les circonstances extérieures, toujours plus fortes : escarmouches sans éclat, batailles sans gloire. […] Il n’entendait point en partager la gloire avec la généralité de ses contemporains. […] C’est la question même que Goethe discutait avec Eckermann, et qu’à l’aide des arguments que nous avons cités il résolvait dans le sens le plus favorable à sa gloire. […] Le génie allemand s’est enhardi pour monter au sanctuaire des arts, et sur les traces du Grec et du Breton, il a poursuivi la plus noble gloire.
Aujourd’hui, sa gloire est plus splendide. […] » Et c’est l’oubli de soi-même, l’envahissement total du cœur par l’éblouissante gloire. […] Il a seul préféré toujours, à tous les argents, à toutes les gloires, la création libre et consciente d’une vie artistique. […] Il a construit si loin le temple de son art, qu’il l’a mis à l’abri de la Gloire elle-même. […] Taine, qu’il l’avait précédé dans la vie, dans la gloire, et qu’il l’a précédé aussi, de quelques mois, dans la mort.
L’année précédente, Aragon avait publié « Front rouge », un poème militant écrit à la gloire de l’URSS qui vaudra à son auteur d’être inculpé en janvier 1932. […] Cette tricherie lui valut renom de finesse et de modernisme, partant une gloire, qui, dans cent ans donnera fière idée de l’époque à qui feuillettera les collections de nos journaux et revues littéraires. […] Ce sera d’ailleurs une des gloires de Mme de Noailles que d’avoir exprimé au XXe siècle, entre Jaurès et Barrès, quelque chose de ce principe généreux de la poésie, de cette présence du courant lamartinien dans la vie politique française. […] peut-être même ce maréchal qui a si bien mérité sa gloire romaine, ont joué, jouent ou joueront à Je t’encule et tu me suces. […] Chateaubriand, Byronam, d’un siècle à l’autre, n’ont rien perdu de leur gloire photogénique.
Nulle part ailleurs on n’a vu un groupe d’hommes éminents et populaires enseigner avec succès et avec gloire, comme faisaient les Gorgias, les Protagoras et les Polus, l’art de faire paraître bonne une mauvaise cause, et de soutenir avec vraisemblance une proposition absurde, si choquante qu’elle fût17. […] En effet, comparé à sa gloire, c’est un pays bien petit que la Grèce, et elle vous semblera plus petite encore si vous remarquez combien elle est divisée. […] En été, l’illumination du soleil épanche dans l’air et sur la mer une telle splendeur, que les sens et l’imagination comblés se croient transportés dans un triomphe et dans une gloire ; tous les flots pétillent ; l’eau prend des tons de pierres précieuses, turquoises, améthystes, saphirs, lapis-lazulis, onduleux et mouvants sous la blancheur universelle et immaculée du ciel. […] Au sortir du sanctuaire antique où la Pallas primitive siégeait sous le même toit qu’Erechthée, il voyait presque en face de lui le nouveau temple bâti par Ictinus, où elle habitait seule, et où tout parlait de sa gloire. […] Mais dans cette Attique où la transparence et la gloire de l’éther immaculé sont plus pures qu’ailleurs, elle était devenue Athéné, l’Athénienne.
Le sujet de poésie proposé par l’Académie pour 1831 était la Gloire littéraire de la France. […] Qu’elle ait seulement conscience de son rôle et, pour le mieux remplir, qu’elle le modifie, le transforme et l’approprie en se pénétrant de la différence des temps ; qu’elle se fasse pardonner de paraître une Compagnie aristocratique en se ressouvenant plus souvent de son berceau d’institut national ; qu’en se rattachant sans doute aux gloires séculaires et à l’Académie de l’ancien régime, elle sache bien qu’elle n’en est pas la descendante directe ; que la généalogie de ses fauteuils est artificielle et toute chimérique ; que son titre principal est de date plus certaine et l’oblige plus étroitement, et qu’après tout elle est une fille elle-même de la Révolution. […] Quoiqu’on n’aime aujourd’hui que le saillant et le coloré, je citerai le passage : « En voyant un si grand homme dans le négligé de sa vie domestique, j’admirais encore en lui une simplicité de manières qui encourageait la modestie timide, sans permettre cependant la familiarité ; un entier oubli de sa gloire, mais qui n’excluait pas le goût de la louange ; une habitude de distractions toujours réparées par les retours d’une bonté naïve ; une vivacité de discours qui avait l’air de l’abandon, mais d’où s’échappaient des éclairs de génie. » C’était le goût d’alors, tout en nuances : on ne saurait moins appuyer et mieux dire. — Il y avait une chose que Suard n’eût jamais dite en pleine Académie, mais qu’il aimait à raconter.
Ils ne se démentirent pas dans le succès, ils ne s’enivrèrent pas dans leur gloire, comme Alexandre à Persépolis. […] Je n’ai pas la prétention de juger ici en quelques mots un personnage comme Bonaparte, qui offre tant d’aspects, et dont la venue a introduit dans le monde de si innombrables conséquences ; mais pour rester au point de vue qui m’occupe, j’oserai dire qu’il est l’homme qui a le plus démoralisé d’hommes de ce temps, qui a le plus contribué à subordonner pour eux le droit au fait, le devoir au bien-être, la conviction à l’utilité, la conscience aux dehors d’une fausse gloire. […] En parlant de Mirabeau, il était difficile qu’une imagination amante des gloires sombres et fortes, qui s’était attaquée déjà à Cromwell, à Richelieu, à Charles-Quint, à Louis XI, à Napoléon, ne se prît pas au côté purement et simplement grand, et n’y sacrifiât point les considérations autres qui tempèrent et corrigent, qui agrandissent les fonds du tableau, mais diminuent la hauteur de la principale figure.
On a pourtant acquis des résultats incontestables de bien-être sinon de gloire, l’égalité dans les mœurs sinon la grandeur dans les actions, les jouissances civiles sinon le caractère politique, la facilité à l’emploi des industries et des talents, sinon la consécration de ces talents à l’intérêt général d’une patrie. […] Le désintéressement que réclame la chose publique trouve sous sa plume une vertueuse énergie d’expression : « Quand on ne s’est pas habitué, dit-elle, à identifier son intérêt et sa gloire avec le bien et la splendeur du général, on va toujours petitement, se recherchant soi-même et perdant de vue le but auquel on devrait tendre. » Mais au même moment son noble cœur, si désintéressé des ambitions vulgaires, se laisse aller volontiers à l’idée des orages, et les appelle presque pour avoir occasion de s’y déployer. […] Elle aussi se sentait faite pour un rôle actif, influent, multiplié, pour cette scène principale où l’on rencontre à chaque pas l’aliment de l’intelligence et l’émotion de la gloire ; elle aussi, loin de Paris, exilée à son tour de l’existence agrandie et supérieure qu’elle avait goûtée, elle aurait redemandé, mais tout bas, le ruisseau de sa rue de la Harpe.
Il osa désobéir à ce bon père qu’il vénérait, et seul, sans appui, brouillé avec sa famille (quoique sa mère le secourût sous main et par intervalles), logé dans un taudis, dînant toujours à six sous, le voilà qui tente de se fonder une existence d’indépendance et d’étude ; la géométrie et le grec le passionnent, et il rêve la gloire du théâtre. […] D’Alembert, qui s’y était attaché surtout par convenance d’intérêt, et dont la Préface ingénieuse a beaucoup trop assumé, pour ceux qui ne lisent que les préfaces, la gloire éminente de l’ensemble, déserta au beau milieu de l’entreprise, laissant Diderot se débattre contre l’acharnement des dévots, la pusillanimité des libraires, et sous un énorme surcroît de rédaction. […] Diderot savait mieux que personne les défauts de son œuvre ; il se les exagérait même, eut égard au temps, et se croyant né pour les arts, pour la géométrie, pour le théâtre, il déplorait mainte fois sa vie engagée et perdue dans une affaire d’un profit si mince et d’une gloire si mêlée.
Il nous a redonné — énervés, diffus, alambiqués, dans un style plus lâché que simple — l’amour-estime, les discours sur les matières d’État, et la politique en maximes, les grandioses scélérats qui raisonnent leur scélératesse, les orgueilleuses princesses qui combattent leur amour par leur gloire. […] Timocrate est le parlait amant, qui ne connaît pas de loi, de devoir, de gloire, hors l’amour. […] Le vieux Corneille, quand il fit sa rentrée, dut se mettre, en grommelant, à l’école de son heureux successeur, et l’imita trop pour sa gloire.
Théodore de Banville Quant à l’idée du drame Justice, elle a la gloire et aussi le tort, si je la comprends bien, d’être une idée purement abstraite, que l’auteur a traduite matériellement, cela va sans dire, sans quoi il n’eut pas fait une pièce de théâtre, mais qui, néanmoins, force le spectateur à lever les yeux un peu plus haut que le niveau ordinaire de la vie. […] Cent fois digne du grand artiste qui l’emplit non seulement de sa verve charmante, mais encore de son radieux, de son lumineux bon sens, il m’apparaît comme une des expressions les plus définitives de son génie et de sa noblesse, car il n’en est pas une page, il n’en est pas une ligne, un mot, qui ne hurle, ne chante, ne proclame le triomphe et la gloire des Lettres ! […] Il vous fallait un héros, comme à Byron : vous avez, l’un des premiers, reconnu le génie de Richard Wagner ; son apothéose éblouissante n’est pas le moindre de vos titres à la gratitude des artistes et à la gloire qu’elle vous donne !
Nous avons payé de ce prix une gloire mal acquise et des conquêtes impolitiques. […] Jusqu’au moyen âge elle est la langue de la science et du génie ; elle règne, elle est universelle ; on fait gloire à Dante du courage qu’il a eu au xiiie siècle, d’oser créer la langue italienne. […] Ce n’est pas, comme l’a imaginé le paradoxe, dédain ou incurie de sa gloire : c’est justice.
C’est cette mode que Rabelais attaquait dans sa Chronique Gargantuine, le germe de cette œuvre étrange qui a fait sa gloire, qu’on ne peut pas estimer, et qu’on n’ose pas ne point admirer. […] Cette gloire est belle, et pourtant il serait injuste d’y réduire Rabelais ; et s’il n’a rien de plus excellent que ce qu’il a tiré de la Renaissance, une certaine part des créations de son esprit n’est pas moins durable. […] Un écrivain du temps, Antoine Leroy, traduisait ainsi un distique de Théodore de Bèze, où celui-ci tâchait d’allécher Rabelais : par la gloire des écrits sérieux Qui les serieux passe en ses discours joyeux, Dis-moi quel Usera, devenant sérieux63.