Tout homme qui le premier s’applique avec succès à un genre, le choisit et l’adopte, parce qu’il est analogue à son esprit et à son âme ; c’est lui qui fait le genre et en constitue le caractère. […] Qui ne sait d’ailleurs qu’outre les beautés de tous les temps et de tous les lieux, il y a pour chaque genre, des beautés analogues au climat, au gouvernement, à la religion, à la société, au caractère national ? […] Mais ses succès en ce genre ne soutinrent pas sa réputation. […] On voit qu’il était plus fait pour instruire les rois que pour les célébrer, tant il est vrai que les plus grands talents ont des bornes dans les genres qui se touchent. […] L’éloge funèbre du grand dauphin et celui de la duchesse d’Orléans sont dans le même genre ; mais celui de Louis XIV a un caractère un peu différent.
. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. […] Enfin la corruption des hommes, les règnes de Tibère et de Néron, firent naître le dernier genre de l’histoire, le genre philosophique. […] Ce n’est pas, au reste, que ces grands historiens brillent exclusivement dans le genre que nous nous sommes permis de leur attribuer ; mais il nous a paru que c’est celui qui domine dans leurs écrits. […] Davila, Guicciardini, et Fra-Paolo eurent plus de simplicité, et Mariana, en Espagne, déploya d’assez beaux talents ; malheureusement ce fougueux Jésuite déshonora un genre de littérature dont le premier mérite est l’impartialité. […] Laissons donc ce style à ces génies immortels, qui, par diverses causes, se sont créé un genre à part ; genre qu’eux seuls pouvaient soutenir, et qu’il est périlleux d’imiter.
Ce genre de gloire, quand même il lui appartiendroit réellement, seroit des plus médiocres. […] Tout ce qu’on peut dire avec les Panégyristes de M. de la Chaussée, c’est qu’il est le premier qui ait présenté avec succès ce genre bâtard sur notre Théatre. […] Moliere s’étoit bien gardé de donner dans un pareil travers ; son génie créateur, capable d’inventer ou de réhabiliter ce genre, s’il eût été dans l’ordre, rejeta toujours ce caractere de langueur qui dénature la Comédie. […] On a vu Cénie & d’autres Pieces de ce caractere très-accueillies ; mais on n’en peut rien conclure en faveur du genre. […] Rendre justice à ses talens, regarder le Préjugé à la Mode, Mélanide, l’Ecole des Meres, la Gouvernante, comme des Pieces qui méritent de l’indulgence, parce qu’elles sont en vers, & en très-beaux vers ; les préférer à tout ce qu’on a fait de plus supportable en ce genre depuis lui, en soutenant toujours que ce genre est condamnable, & que les Prosateurs qui ont voulu marcher sur ses traces, n’ont pas, à beaucoup près, les mêmes talens, pour espérer les mêmes égards.
Pour que l’état politique et philosophique d’un pays réponde à l’intention de la nature, il faut que le lot de la médiocrité, dans ce pays, soit le meilleur de tous ; les hommes supérieurs, dans tous les genres, doivent être des hommes consacrés et sacrifiés même au bien général de l’espèce humaine. […] Il est un genre d’ouvrages d’imagination, dans lequel les Anglais ont une grande prééminence : ce sont les romans sans merveilleux, sans allégories, sans allusions historiques, fondés seulement sur l’invention des caractères et des événements de la vie privée. […] L’existence des femmes, en Angleterre, est la principale cause de l’inépuisable fécondité des écrivains anglais en ce genre. […] Mais Richardson, en première ligne, et après ses écrits, plusieurs romans, dont un grand nombre ont été composés par des femmes, donnent parfaitement l’idée de ce genre d’ouvrages dont l’intérêt est inexprimable. […] Ce sont les Anglais enfin qui ont fait des romans des ouvrages de morale, où les vertus et les destinées obscures peuvent trouver des motifs d’exaltation, et se créer un genre d’héroïsme.
Ce genre d’ouvrages a souvent changé de forme. […] Madame de Villedieu fut celle qui se signala le plus en ce genre. […] Il y a peu d’écrits de ce genre aussi compliqués. […] Parmi les derniers ouvrages de ce genre, on vante avec raison les ouvrages suivans. […] Aussi tout a donné dans ce genre jusqu’aux Abbés : genre à la fois méprisable & dangereux, lorsqu’on n’a pas le talent qui fait pardonner la frivolité de ces productions.
Les règles des genres. […] Et ce genre tire son origine du sermon. […] Le génie, le genre, le Livre. […] Nul danger de ce genre à présent. […] Créer dans un genre, c’est ajouter à ce genre.
On le vit s’ouvrir une nouvelle carrière, créer un genre dont on n’avoit point d’idée. […] Or, si le genre attendrissant a lieu, l’objet du véritable comique sera manqué. […] Elle se passionna pour ce nouveau genre d’amusement. […] Peut-être même les avons-nous effacés dans le genre dont ils nous ont donné l’idée. […] La Mothe s’est élevé fortement contre ce genre de plaisanterie.
il est comme impossible, dit Platon, que le même homme excelle en des ouvrages d’un genre different… etc. . […] Chaque genre de poësie demande un talent particulier, et la nature ne sçauroit gueres donner un talent éminent à un homme, que ce ne soit à l’exclusion des autres talents. […] Il est donc également important aux nobles artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie et de peinture leurs talens les destinent, et de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. […] Tel peintre demeure confondu dans la foule qui seroit au rang des peintres illustres, s’il ne se fût point laissé entraîner par une émulation aveugle, qui lui a fait entreprendre de se rendre habile dans des genres de la peinture, pour lesquels il n’étoit point né, et qui lui a fait négliger les genres de la peinture ausquels il étoit propre. […] Or rien n’est plus propre à faire appercevoir les bornes du génie d’un artisan, que des ouvrages d’un genre, dans lequel il n’est point né pour réussir.
Dès lors, entre autres productions de ce genre, on vit éclore les fables milésiennes. […] Il seroit donc possible qu’elle nous dût le genre qu’on prétend que nous lui devons. […] Il en devina le génie dans son genre, comme Pascal & la Bruyere l’avoient deviné dans des genres différents. […] Celles d’une Duchesse à un Duc sont d’un genre plus tempéré. […] Bornons-nous aux détails précédents sur le genre romanesque, & ajoutons ici quelques réflexions sur ce même genre.
la fable me paraît un petit genre, et assez insipide. […] Pourquoi donc La Fontaine a-t-il su être un grand poète dans ce même genre de la fable ? […] Je vous répondrai d’abord qu’il ne goûtait pas assez le genre dans lequel ce conteur charmant excella. […] Lui aussi, il a naturellement le goût noble, celui de l’harmonie régulière et des grandes lignes en tout genre. […] On a eu, du temps de d’Urfé, un essai de roman qui rappelle à quelques égards le genre métaphysique et analytique moderne.
Or, les « maximes et réflexions », c’est un genre connu, qui a ses procédés. […] Après le genre tranchant, fendant, le genre suave, poétique, idéaliste. […] Nous appellerons cela la pensée genre Vauvenargues ou genre Joubert. […] Pour conclure, les « pensées et maximes » sont un genre épuisé et un genre futile. […] Il prétend nous démontrer que ce genre littéraire a peut-être bien ses procédés, comme les autres : belle découverte !
C’est sous ce point de vue surtout, que le travail du peintre d’histoire est infiniment plus difficile que celui du peintre de genre. Il y a une infinité de tableaux de genre qui défient notre critique ; quel est le tableau de bataille qui pût supporter le regard du roi de Prusse ? Le peintre de genre a sa scène sans cesse présente sous ses yeux ; le peintre d’histoire ou n’a jamais vu ou n’a vu qu’un instant la sienne. […] Il me semble qu’il y a autant de genres de peinture que de genres de poésie : mais c’est une division superflue. […] On appelle du nom de peintres de genre indistinctement et ceux qui ne s’occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bois, des forêts, des montagnes, et ceux qui empruntent leurs scènes de la vie commune et domestique ; Tesniere, Wowermans, Greuze, Chardin, Loutherbourg, Vernet même sont des peintres de genre.
Son pinceau vraiment tragique l’éleve au dessus de tous ceux qui ont cultivé, après lui, & même de son temps, ce genre de Poésie où il est si difficile de réussir. Sans être sublime comme l’Auteur de Cinna, sans être naturel & tendre comme celui de Phédre, il s’est fait un genre particulier qu’il ne doit qu’à lui-même, & il excelle dans ce genre. […] N’y a-t-il pas de l’injustice à chercher à obscurcir la gloire des Hommes de génie, en relevant avec affectation & avec amertume, de légeres imperfections, presque inévitables dans le genre tragique, celui de tous qui offre le plus à une critique même raisonnable ? […] N’eût-il pas mieux fait de se rappeler que, dans la carriere du Théatre, il avoit suivi la route que son génie lui permettoit de suivre, & que M. de Crébillon, en se livrant au sien, étoit digne d’un genre de gloire, auquel il ne pouvoit prétendre lui-même, malgré ses efforts ? C’est renverser les notions du goût, que de vouloir dégrader les genres pour lesquels on n’a nulle disposition ; & c’est outrager la raison, que d’exhaler contre ses Rivaux les vapeurs de l’envie, qui retournent bientôt sur celui qui les a soufflées.