Comme la plupart des esprits troublés de notre temps, ils ont pris Paris pour la France, et, au lieu de nous donner l’histoire de la société française pendant la Révolution, ils nous ont donné l’histoire de la société parisienne. […] C’est comme si, voulant écrire l’histoire de la société française sous Louis XIV, par exemple, ils avaient écrit seulement l’histoire de Versailles. […] Dans cette histoire de la société française, c’est la France qui est oubliée, rien que cela ! […] analyser Paris, analyser la province, montrer ce que l’un et l’autre et ce que tous les deux sont à la société française dont on lit l’histoire, voilà ce à quoi un écrivain sérieux était obligé. […] Histoire de la Société française pendant la Révolution (Pays, 26 avril 1854).
Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté La gaieté française, le bon goût français, avaient passé en proverbe dans tous les pays de l’Europe, et l’on attribuait généralement ce goût et cette gaieté au caractère national ; mais qu’est-ce qu’un caractère national, si ce n’est le résultat des institutions et des circonstances qui influent sur le bonheur d’un peuple, sur ses intérêts et sur ses habitudes ? […] Il y avait dans d’autres pays des gouvernements monarchiques, des rois absolus, des cours somptueuses ; mais nulle part on ne trouvait réunies les mêmes circonstances qui influaient sur l’esprit et les mœurs des Français. […] Les Italiens et les Espagnols étaient inspirés par le désir de plaire aux femmes ; et cependant ils étaient loin d’égaler les Français dans l’art délicat de la louange. […] Dans l’ancien régime, tous les Français, plus ou moins, s’occupaient extrêmement du paraître, parce que le théâtre de la société en inspire singulièrement le désir. […] On ne verra plus rien de pareil en France avec un gouvernement d’une autre nature, de quelque manière qu’il soit combiné ; et il sera bien prouvé alors que ce qu’on appelait l’esprit français, la grâce française, n’était que l’effet immédiat et nécessaire des institutions et des mœurs monarchiques, telles qu’elles existaient en France depuis plusieurs siècles.
Les soldats, les courtisans, les dames reçoivent par mode les mots des étrangers auxquels nos Français vont se frotter, ou qui viennent chercher fortune chez eux. […] De là l’extraordinaire extension de la langue française au xvie siècle. […] C’est le cri général : Henri Estienne protestait contre le débordement de l’italianisme, au nom du « pur et simple » français : il est vrai que le latinisme ni l’hellénisme ne l’effrayaient. […] On se demande où est le vrai français ? […] Ainsi, fixation épuration, mise en valeur de la langue française, voilà les trois : articles de la réforme universellement réclamée.
Il est donc très difficile de traduire en françois tous les écrivains qui ont composé en grec et en latin. […] On traduit ordinairement en françois le mot d’ herus par celui de maître, quoique le mot françois n’ait pas le sens précis du mot latin, qui signifie proprement le maître par rapport à son esclave. […] on trouve ici des asnes comme en Europe… etc. devroit-on juger sur nos idées un poëte de ce païs-là qu’on auroit traduit en françois. […] Enfin qu’on interroge ceux qui sçavent écrire en latin et en françois. Ils répondront que l’énergie d’une phrase et l’effet d’une figure tiennent si bien, pour ainsi dire, aux mots de la langue dans laquelle on a inventé et composé, qu’ils ne sçauroient eux-mêmes se traduire à leur gré, ni donner le tour original à leurs propres pensées, en les mettant de françois en latin, encore moins quand ils les mettent de latin en françois.
Corneille est tout ce qu’on voudra, excepté Français. […] Mais qui voudrait retrancher Pascal et Gilbert de la langue française ? […] La Fontaine, en effet, est l’enfant de notre littérature française, mais c’est un enfant vicieux. […] Le français, depuis la Bruyère, devint propre à être au besoin l’algèbre des pensées. […] Heureux les hommes qui parlent ou qui écrivent en français !
Si les Français perdent rieur héritage, la France reste un héritage, et le Français figure, en Europe, le grand héritier. […] Il est en effet le parti de la Révolution française. […] Le radicalisme est le parti du Français moyen. […] Le Français moyen redoute le risque. […] Barrès a donné une profondeur nouvelle au sol français, Maurras a enrichi le sens de la France et la notion de l’héritage français chez les Français.
Mais Mme de Staël n’est pas Française en ce sens, et cela parce qu’elle n’est pas Française d’origine. […] Mais, bien Française en cela, elle porte son effort principal sur le théâtre. […] Elle écrit son livre de l’Allemagne, dont toute l’édition française est détruite par la police impériale ; elle-même reçoit ordre de sortir du territoire français (1810). […] Elle meurt en 1817, ayant à peu près achevé ses Considérations sur ta Révolution française. […] Écriv. français, in-16, 1890 ; F.
(Les Français sont unanimes quand il s’agit de conquêtes.) […] Il a compris son devoir en vrai chevalier français. […] Jamais langage pareil n’avait frappé les oreilles françaises. […] Les Français auront toujours de la peine à sortir des vieilles ornières. […] D’abord le public français écouta la pièce avec plaisir.
Henri Rochefort Les Français de la décadence. […] Le prince de Ligne, le plus Français des hommes par le génie, était Belge ; pourquoi la plaisanterie d’Henri Rochefort, qui est parfaitement Français, ne serait-elle pas anglaise ? […] beaucoup de bon sens, du meilleur bon sens français, sous son chapeau de fou à sonnettes. […] Au Tintamarre, ce sont les Bacchanales de l’esprit français, dans sa verve la plus échevelée. […] L’Histoire des Français de la décadence deviendra-t-elle l’égale de son titre ?
[A. de Montaiglon, dans le Recueil des poètes français, de Crépet.] […] Godefroy pour l’ancien français. […] Gaston Paris, Littérature française au Moyen Âge] ; — termes de guerre, — termes d’architecture, — termes de marine, etc. — Si l’on en peut conclure à une pénétration bien profonde du français par le germanique ? […] Paris, Les Contes orientaux dans la littérature française du Moyen Âge, 1875, Paris ; — J. […] Saint-Marc Girardin : Les Fabulistes français] : — Léopold Sudre, Les Sources du Roman de Renart, Paris, 1892 ; — T.
— Il est donc indispensable que j’établisse devant vous quelques faits généraux antérieurs, que j’expose l’état des choses, et comment le français d’alors était né, — un français intermédiaire et qui n’est pas encore tout à fait le nôtre, mais qui y mène par une route et une pente désormais ininterrompues. […] Fauchet, notamment, dressa un catalogue de cent vingt-sept de ces poètes français vivant avant l’année 1300. […] S’adressant à eux tous avec sa vivacité méridionale, il s’écriait : « Français ! […] Il aime à constater les ressemblances entre le provençal, le français, l’italien, l’espagnol, les tendances connexes de ces quatre langues. […] Ces genres, qui ont changé depuis dans le latin littéraire, se retrouvent les mêmes dans le français.
Lui contester ce rang, ce serait renier les traditions mêmes de l’esprit français. […] C’est là un trait de l’esprit français. […] Tout cela dépend de l’idée qu’on s’est faite de la poésie française. […] Elles n’ont été d’aucune influence ni d’aucune aide pour la poésie française. […] Quelles acquisitions pour l’esprit français et pour notre langue poétique !
Dryden, au jugement même de ses compatriotes, a-t-il copié les auteurs françois dans des ouvrages qu’il donnoit pour être de son invention ? […] L’état se sert de cette langue en plusieurs occasions, et il applique même son grand sceau à des actes redigez en françois. […] Il y a même aujourd’hui des troupes de comédiens françois qui ont des établissemens fixes dans les païs étrangers. […] Ils parlent françois. […] Les allemands et les hollandois disent que l’usage que font leurs concitoïens des mots, et principalement des verbes françois, en parlant hollandois et allemand, corrompt leurs langues comme Ronsard corrompoit le françois par les mots et par les locutions des langues sçavantes qu’il introduisoit dans ses vers.