Il est, et je tâcherai de le prouver dans la troisième partie de cet ouvrage, il est des distractions utiles et constantes pour l’homme qui sait se dominer ; mais la foule des êtres passionnés, qui veulent échapper à leur ennemi commun, la sensation douloureuse de la vie, se précipitent dans une ivresse qui, confondant les objets, fait disparaître la réalité de tout.
On y doit goûter d’âpres jouissances par le sentiment d’une communion parfaite avec des âmes véhémentes et frustes, par la conscience qu’on a de déchaîner et l’illusion qu’on se donne de diriger une puissance aveugle qui vous soulève, vous enveloppe et vous roule dans ses tourbillons ; — tout cela exaspéré encore par la lourde atmosphère des salles et par la brutalité même des sensations dont l’ouïe et l’odorat sont assiégés… Il y a une ivresse physique, une sorte d’hystérie dans la révolte, et qui se multiplie quand on la partage avec une foule.
et je t’aime de ne plus me comprendre, dans ta foule, ô Forêt, que comme une floraison très pâle seulement.
Cet ouvrage, dit-il, en fit faire une foule d’autres qui enchérirent sur la puérilité du sien .
Avant qu’il eût rendu vie pour vie, leur patient passait par toute une série de supplices : obsessions et flagellations, angoisses de l’âme et tourments du corps, fuites éperdues à travers des foules hostiles et des solitudes désolées, nuits livrées aux épouvantes des visions spectrales.
Ce fut dans le temps de sa prospérité qu’il composa cette foule de panégyriques que nous avons de lui : car l’enthousiasme pour les hommes puissants n’est guère que la maladie des gens heureux.
Enfin il accorde des privilèges ou à des ordres entiers (ce qu’on appelle des privilèges de liberté), ou à des individus d’un mérite extraordinaire qu’il tire de la foule pour les élever aux honneurs civils.
Le critique a le devoir de les signaler à l’attention des foules. […] La foule aimera toujours les gens qui affirment et qui décident. […] Ils règnent même sur ceux qui les ignorent, ils dominent ceux qui les injurient, ils régissent la foule innombrable de ceux qui ne comprennent pas. […] Mais, loin de la cohue vociférante des foules, il a cherché une retraite propice aux rêves délicats et aux extases choisies. […] Il fréquentait volontiers cette église, parce que la maîtrise y était exercée et qu’il pouvait, loin des foules, s’y trier en paix.
… Il me faudra errer parmi la foule étrangère, ennemie, moi, chanteur ! […] … » et il disparaît derrière la foule. […] que m’importe la foule ? Suis-je poète pour la foule ? […] Malheur à qui épuise pour la foule sa voix ou sa langue !
Les Grecs, on le sait, ne possédaient pas de mots précis pour désigner une foule de teintes ; sans tomber à ce sujet dans les paradoxes de certains physiologistes comme H. […] Les masses étant appelées à toutes les jouissances de l’art et devenant aujourd’hui les véritables juges du beau, l’art même ne tendra-t-il pas à s’abaisser pour se mettre au niveau de la foule ? […] Ce que nous disons de la beauté des locomotives ou des ballons peut s’appliquer à une foule d’autres œuvres de l’industrie. […] Un poète moderne procédera autrement : c’est tout une classe, un peuple, une foule pour laquelle il éveillera notre pitié. […] L’homme intelligent en vient donc à dédaigner les jouissances trop grossières et trop animales, par exemple l’amour purement physique, non enveloppé et voilé sous la foule des idées morales, religieuses ou philosophiques.
La foule comprend ces dogmes, donc ils sont faux ; elle les aime, donc, ils sont mauvais. […] En attendant, rien ne nous empêche de contempler déjà un spectacle frappant, celui de la foule des grands coupables immolés les uns par les autres avec une précision vraiment surnaturelle. […] Au cœur de l’hiver, ils arrivèrent en foule et reprirent domicile dans le délai qui s’était prolongé jusqu’au 27 janvier 93 ; mais, au lieu de la tranquillité qu’ils avaient droit d’attendre, ils ne trouvèrent qu’une persécution cruelle. […] Madame de Staël, qui, à la rigueur, avait déjà débuté par ses Lettres sur Jean-Jacques, et qui devait accomplir un jour sa course généreuse par ses éloquentes et si sages Considérations, laissait échapper alors ses réflexions, ou plutôt ses émotions sur les choses présentes, dans son livre de l’Influence des Passions sur le Bonheur ; mais ce titre purement sentimental couvrait une foule de pensées vives et profondes, qui, même en politique, pénétraient bien avant. […] Une foule de vues qui n’ont prévalu et n’ont été vérifiées que par la suite apparaissent là pour la première fois ; l’auteur, en ayant l’air de tirer à bout portant dans la mêlée, a prévenu et indiqué d’avance les visées de l’histoire.
Le poëte méconnu, étouffé, ulcéré, que les gouvernements haïssent ou dédaignent, et que la foule ne couronne pas, devint pour M. de Vigny un héros favori, dont il revendiqua les douleurs et dont il vengea l’angoisse. […] Son plus beau triomphe dans cette voie fut la soirée de Chatterton, où, après quatre ans d’efforts silencieux et pénibles, il força la foule assemblée, les salons, les critiques eux-mêmes à applaudir et à frémir au spectacle déchirant d’une douleur que la plupart méconnaissent ou enveniment. […] Il en était venu aussi à croire médiocrement à tant de grands hommes, qui sont l’idole de la foule moutonnière et la pâture des imaginations inassouvies ; l’injustice l’avait de bonne heure aguerri sur la gloire.
Du milieu de cette foule de bonnes plaisanteries qui lui échappaient sans cesse, jaillissaient encore des réflexions fortes et profondes, que son bon goût avait soin de revêtir toujours d’une sorte de couleur féminine… » Sans trop m’arrêter sur cet ancien portrait de famille placé aux origines de notre sujet, et qui le domine du fond, sans prétendre non plus pénétrer dans le mystère de la transmission des esprits, ne semble-t-il donc pas, presque à la première vue, que de si amples et si vives qualités maternelles aient suffi à se partager dans sa descendance, et à y fructifier en divers sens, comme un riche héritage ? […] Il frayait la voie à de plus grands, encore rebelles, qui ne firent pas faute pourtant dès que le Consulat se changea en Empire, et qui se précipitèrent en foule. […] On devine, pour une foule de scènes et pour un certain fond permanent, combien M. de Talleyrand a posé ; et la peinture, extrêmement reconnaissable, peut sembler en général adoucie plutôt que déguisée par l’amitié.