C’est elle qui pousse d’autres imbéciles de la force de Bourget à reprocher à Jésus les cruautés de tels de ses disciples, ou à diffamer le noble Épicure parce que des porcs se vantèrent d’appartenir à son troupeau. […] Voici donc toute la vérité : Je ne crois pas que Léon Bloy ait écrit un livre : bien peu aujourd’hui sont de force à édifier l’œuvre. […] D’une tenue moins hautaine et moins sévère que son ami Barbey d’Aurevilly, trapu et plébéien et souvent grossier, il donne l’idée d’une force plus grande et, moins étonnant peut-être, il est plus sympathique de sincérité brutale. […] Celui qui promettait un penseur original s’est rangé à la banalité catholique et, au lieu de rugir dans la solitude, il bêle avec force parmi le troupeau de la Libre Parole. […] Mais son métier de catholique le force bien souvent à condamner, ou presque, au nom de la religion romaine.
En abordant M. de Lamennais, il sentit, sans se l’avouer peut-être expressément, que ce talent vigoureux, hardi, qui ouvrait comme de vive force des vues et des perspectives, avait besoin tout auprès de lui d’une plume auxiliaire, plus retenue, plus douce, plus fine, d’un talent qui lui ménageât des preuves, qui remplit les intervalles et couvrît les côtés faibles, qui ôtât l’aspect d’une menace et d’une révolution à ce qui ne prétendait être qu’une expansion plus ouverte et un développement plus accessible du christianisme. […] L’Évangile a fait, dans toute la force du terme, une révolution dans l’âme humaine, en changeant les rapports des deux sentiments qui la divisent : la crainte a cédé à l’amour l’empire du cœur. […] Un peu plus loin, voici une tombe dans laquelle il y a une lutte entre la force qui fait le squelette et la force qui fait la poussière : la première se défend, la seconde gagne, mais lentement. […] La nature de l’abbé Gerbet est de celles qui, seules, ne se suffisent point à elles-mêmes et qui ont besoin d’un ami ; on dirait qu’il n’a toute sa force que quand il peut s’y appuyer.
Loin de puiser au fond d’eux-mêmes les forces nécessaires pour résister à l’anéantissement, et de ne chercher que dans la virilité purement humaine le remède nécessaire aux désastres, ils s’en remirent à la pitié infinie de leur Dieu et firent un vœu. […] Il faut vraiment toute la force, tout l’art de dissolvant du catholicisme pour parvenir à transformer ce centre rayonnant de la vie qu’est le cœur en un symbole aussi mesquin. […] Adhérer encore une fois à ce symbole de réaction et d’antique servitude spirituelle, ce serait raturer l’immense effort de la pensée moderne pour son indépendance, souffleter l’humanité qui se lève, consciente de sa force, rejetant une à une toutes les pesantes et funèbres défroques d’erreur. […] Une communion auguste avec l’âme du passé la remplirait de force. […] Élevons à nos grands hommes le plus splendide des monuments et la force dont ils ont débordé sur leur temps nous inondera encore de son flot lustral.
Une preuve de force encore plus grande, c’est que son érudition ne nuit point à sa verve ; si lourde que soit la masse dont il se charge, il la porte sans fléchir. […] Les êtres s’organisent en lui comme dans la nature, c’est-à-dire d’eux-mêmes et par une force que les combinaisons de son art ne remplacent pas120. […] Survient un ami de sir Dauphine avec une bande de musiciens qui jouent ensemble tout d’un coup, de toute leur force. « Oh ! […] Il n’y a point en lui de force permanente et distincte qui maintienne son intelligence dans la vérité et sa conduite dans le bon sens. […] La force machinale de chaque pièce est toujours là prête à entraîner chaque pièce hors de son office propre et à troubler tout le concert.
On lui reproche de n’avoir pas assez de force comique ; mais il répare ce défaut par tant de qualités, qu’en le lisant on ne s’en apperçoit pas. […] Cette curieuse partie du Roman physique de Lucréce est un chef-d’œuvre ; nous ne connoissons rien de cette force dans aucun ouvrage de l’antiquité.” […] Son caractère est la force & la verve. […] C’est une espêce d’inspiration prophétique, un caprice d’imagination, où il y a des portraits touchés avec force & frappés de bonne main. […] Il a été mis en françois avec beaucoup d’élégance & de force par M. de Bougainville, Ecrivain distingué, que la mort a enlevé trop promptement à la république des lettres.
La fable est une vieille monnaie, usée à force d’échanges, refrappée dans chaque pays, mais jamais refondue. […] Toute sa force de pensée se tend sur cette idée fixe. […] À travers le rire, qui ne s’était jamais échappé de moi avec plus de force, le spectateur sentait mon chagrin. […] Ces gémissements vont encore augmenter, jusqu’au jour où le cœur le plus dur se brisera de pitié, où une force de compassion inconnue jusqu’ici suscitera une force d’amour également inconnue. […] Il semblait qu’elle fût en puissance de forces mystérieuses, inconnues à elle-même ; ces forces jouaient avec elle à leur gré, et son esprit limité ne pouvait dominer leurs caprices.
J’ai ressenti une joie d’âme, une beauté de cœur, une sincérité de gestes, d’actes, de grâce devant ce petit livre qu’est Toi, de beauté et de bonté si pure, douce et grave… Si nous passons à la Légende blasphémée, le chant du poète se change en un cri d’orgueil et de gloire, en une force et une vaillance de son être rebelle aux codes, aux lois, aux disciplines. […] C’est le Génie qui se fait Verbe, et dans son vers l’on sent une force d’airain, l’on sent le glaive qu’accompagne une lyre d’or, son flamboiement qui s’écarlate, qui devient rouge de sang, rouge de Vie, et le poète passe, la tête altière, la gloire dans les yeux, splendide, à la conquête des Paradis futurs où viendront se rafraîchir de pureté et se baigner de beauté les souffrants, les esclaves, ceux qui demain seront les Hommes !
Marcel Schwob, et il a su les mettre sur le papier dans leur force et leur chaleur, avec tout leur mouvement. […] bref, toute ma vigueur ne valut guère contre la force de résistance que m’opposait cette carcasse informe. […] Il n’avait pas la force nécessaire pour la protéger, si on ne lui venait pas en aide du dehors. […] Il se sentait balancé par deux forces opposées. […] Il a mesuré ses forces contre le destin et il est resté maître du terrain.
Mais enfin le goût du théâtre s’affirme avec une force particulière en de certaines époques, et révèle une psychologie spéciale. […] En bien comme en mal, c’est le même procédé, la même force que nous manions ou subissons sans en connaître exactement la formule. […] Elle a deux forces agissantes : d’une part la raison elle-même, qui critique, qui détruit, par une espèce de suicide ; la raison réduite à la sécheresse matérialiste ; et d’autre part le sentiment, élément nouveau, positif, qui annonce l’avenir. Ces deux forces agissent de concert contre l’ancien régime et se fondent parfois, de façon très curieuse, chez le même individu ; mais au fond elles sont ennemies, et elles aboutissent l’une à Voltaire, l’autre à Rousseau. […] Il dépend d’une idée, et plus souvent d’une situation bâtie à force d’invraisemblances.
Soit qu’on lise, soit qu’on écrive, l’esprit fait un travail qui lui donne à chaque instant le sentiment de sa justesse ou de son étendue, et sans qu’aucune réflexion d’amour-propre, se mêle à cette jouissance, elle est réelle, comme le plaisir que trouve l’homme robuste dans l’exercice du corps proportionné à ses forces. […] Toutes les époques de la vie sont également propres à ce genre de bonheur ; d’abord, parce qu’il est assez démontré par l’expérience, que quand on exerce constamment son esprit, on peut espérer d’en prolonger la force ; et parce que, dut-on ne pas y parvenir, les facultés intellectuelles baissent en même-temps que le goût qui sert à les mesurer, et ne laissent à l’homme aucun juge intérieur de son propre affaiblissement. […] C’est là que l’on voit l’homme véritablement aux prises avec ses propres forces.
Le grand Corneille sembloit avoir fixé sur lui tous les suffrages, & épuisé l’admiration par la force, la hauteur & la fécondité de son génie, qui, comme un souffle impétueux, avoit tout fait plier devant lui ; Racine ne craignit pas de paroître sur la Scène, &, prenant une autre route, il se montra bientôt digne de le remplacer : la tendresse, l’harmonie, une connoissance profonde du cœur humain, furent les nouveaux ressorts de sa Muse tragique, & le conduisirent rapidement aux mêmes succès. […] Après avoir adopté le mot du Duc de Bourgogne, que Corneille étoit plus homme de génie, & Racine plus homme d’esprit, « Un Homme de génie, ajoute-t-il, ne doit rien aux préceptes, & quand il le voudroit, il ne sauroit presque s’en aider : il se passe de modeles, & quand on lui en proposeroit, peut-être ne sauroit-il en profiter : il est déterminé, par une force d’instinct, à ce qu’il fait & à la maniere dont il le fait. […] Ajoutons que le génie, dans la force même de l’âge, n’est pas de toutes les heures, & que sur-tout il craint les approches de la vieillesse.
C’est elle qui est le symbole de toute grandeur, de toute force, de toute beauté. […] Ce n’est pas une doctrine qui passe nos forces. […] J’y ai vu ce que peu de livres laissent transparaître : le souci de l’avenir des races, l’intérêt de leur ordre et de leur force, la passion d’un art plus humain et plus réel, le solennel amour de la vie harmonieuse, la pitié et la charité à toutes les pages.
I Je ne crois pas que par ce livre, d’un titre écrasant : De l’Intelligence, Taine, ce Paradol de la philosophie, à qui la renommée a été tout de suite facile, comme à Paradol, force l’attention et la prenne… Ce n’est plus ici que la critique, animée, superficielle, mais épigrammatique, des Philosophes classiques du xixe siècle en France. […] « Les pouvoirs et les forces — dit Taine — ne sont que des entités verbales et des fantômes métaphysiques. » C’est la négation absolue des facultés de l’âme, ou plutôt la négation de l’âme elle-même. […] il n’est pas possible d’être, implicitement mais plus clairement, matérialiste dans le sens le plus épais du mot, quoique Taine subtilise et prétende ailleurs : « que la matière, substance douée de force, n’existe pas… ».