Ni le testament de Charles II, dont Henri Delatouche a fait une comédie, ni le renvoi de la princesse des Ursins, qui en serait une si belle s’il y avait un homme en France capable de manier un sujet de cette force-là, ni sa prise de bec à bec avec la femme qu’elle avait faite reine et qui l’en paya en la faisant jeter, sans une chemise de rechange, à la frontière, ne valent l’impayable comédie de ce mariage de Louis XIII, qui n’a besoin que de trouver un Beaumarchais pour être plus comique que le Mariage de Figaro. […] Quand Marie de Médicis le fit coucher pour la première fois avec Anne d’Autriche, mais veilla, bien inutilement, du reste, à ce que ce ne fût là qu’une messe blanche de mariage que célébraient les jeunes époux, Baschet entre dans la ruelle, s’assied presque sur la couverture, note, note et renote, et ne se doute pas de l’indécence de son récit… Candide à force d’importance.
le grand mot dont la lâcheté optimiste de ce temps a recouvert le dégoût des âmes qui ne voient pas s’allonger devant elles les allées du devoir comme les allées d’un jardin, et qui veulent à toute force aller faire des arabesques sur les plates-bandes ! […] quand on fait du connu de cette force, on doit au moins le racheter par la beauté et la distinction des détails.
… Mais il l’est à un tel degré qu’on est arraché à toute réflexion par la force de sa peinture. […] Cladel ne le croit pas ; mais je le lui affirme, moi dont le métier est de dégager du talent qui se sent la métaphysique qui s’ignore… Et faites le jeu vous-même sur son livre, et voyez si Cladel est autre chose qu’un peintre ; mais un peintre d’une force infinie !
Ainsi s’explique qu’un Descartes, un Pascal, un Rousseau, — pour ne citer que ceux-là, — aient beaucoup accru la force et la flexibilité de la langue française, soit que l’objet de leur analyse fût plus proprement la pensée (Descartes), soit que ce fût aussi le sentiment (Pascal, Rousseau). […] Seulement, elle ne se fie pas au procédé qui consiste à prendre telle ou telle idée et à y faire entrer, de gré ou de force, la totalité des choses.
Lui-même les repousserait de toutes ses forces. […] Il déborde d’allégresse et de force. […] On est alors courageux à force d’indignation. […] Mais on m’y force, et dans des conditions bien fâcheuses pour moi. […] C’est aux autres à ne pas se laisser duper ; on ne force personne.
On le tira par force (Id. […] La force du tempérament de Claude l’emporta sur son art. […] Sénèque se justifie et fait retomber avec force l’accusation sur l’accusateur (TACIT. […] Ses mensonges maladroits, à force d’être exagérés, manquèrent leur effet, même sur la crédulité. […] donc ils furent avares ; la force d’âme ?
Elle donna aux fonctions dialectiques de l’esprit tant de force et de souplesse qu’aujourd’hui encore, pour les exercer, c’est à l’école des Grecs que nous nous mettons. […] De là on pourrait conclure que c’est une force extra-rationnelle qui suscita ce développement rationnel et qui le conduisit à son terme, au-delà de la raison. C’est ainsi que les phénomènes lents et réguliers de sédimentation, seuls apparents, sont conditionnés par d’invisibles forces éruptives qui, en soulevant a certains moments l’écorce terrestre, impriment sa direction à l’activité sédimentaire. […] Elle ne perçoit pas directement la force qui la meut, mais elle en sent l’indéfinissable présence, ou la devine à travers une vision symbolique. […] Il a senti la vérité couler en lui de sa source comme une force agissante.
Il est plus sensible à la grâce qu’à la force, à l’harmonie des nuances qu’à l’éclat des couleurs. […] A-t-il acquis, à force d’exercice, l’aisance qui lui manquait ? […] À force d’étudier uniquement à travers soi-même les œuvres littéraires, on s’expose à leur prêter de fausses couleurs. […] Supposez en revanche que les deux forces se contrarient : le pessimisme est le résultat naturel de leur lutte intime. […] De même on découvre que les effets de force sont surtout des effets de nuance ».
Seigneur, donnez-moi la force et le courage De contempler mon cœur et mon corps sans dégoût. […] Arrive le moment où elle est à bout de forces, puis celui où l’amour la tient comme la maladie un corps épuisé. […] Tous deux naissent de cet examen personnel en lequel Stendhal voit la grande force opposée au catholicisme. […] Le croirons-nous quand il écrit : « La défensive contre mon milieu a usé les deux tiers de mes forces. […] Lui-même écrit : « Ma force est surtout critique : je veux avoir la conscience de toute chose.
S’ils quittent la seigneurie, il peut les poursuivre en tout lieu et les ramener de force. […] La force du cœur et du corps donne l’ascendant qu’elle justifie, et la surabondance de sève, qui commence par des violences, finit par des bienfaits. […] Depuis cent cinquante ans, une sorte d’attraction toute-puissante retire les grands de la province, les pousse vers la capitale, et le mouvement est irrésistible, car il est l’effet des deux forces les plus grandes et les plus universelles qui puissent agir sur les hommes, l’une qui est la situation sociale, l’autre qui est le caractère national. […] On trouvera dans ces passages des détails sur les types énergiques de l’ancienne noblesse. — Ils sont peints avec force et justesse dans deux romans de Balzac : Béatrix (le baron de Guénic) et le Cabinet des antiques (le marquis d’Esgrignon). […] Il a développé ce point avec une force et une profondeur admirables.
Un rendez-vous de la force moderne, depuis l’athlète de la lutte à main plate et l’hercule du Nord, jusqu’au gymnaste de l’« Adresse française ». […] Le Garçon avait des gestes particuliers qui étaient des gestes d’automate, un rire saccadé et strident à la façon d’un rire de personnage fantastique, une force corporelle énorme. […] Et voici Saint-Victor et Flaubert à déclarer Voltaire, le plus sincère et le plus ingénu des apôtres, et nous, à nous regimber de toute la force de nos convictions. […] Au milieu un petit pianiste mécanique de quinze ans, de la force d’une nuit de musique, automatique et flave, sans regard, joue éternellement sur un piano. […] Nous retournons à quatre heures pour entendre la prière, et à cette voix grêle, virginale, de la novice agenouillée, adressant à Dieu les remerciements de toutes les souffrances et de toutes les agonies qui se soulèvent de leurs lits vers l’autel, deux fois les larmes nous montent aux yeux, et nous sentons que nous sommes au bout de nos forces pour cette étude, et que pour le moment c’est assez, c’est assez.
L’orgueil du premier veut tout écraser de force en un instant ; l’amour-propre du second mine tout avec lenteur. […] Les Anglais ont été longtemps sans songer à tourner leurs forces vers la marine. […] La force militaire, sous Charles VII, passe au peuple armé ou aux troupes soldées ; la force judiciaire, sous François Ier, passe au peuple lettré, par la vénalité des offices judiciaires. […] On sent que ces écrivains ont découvert la vérité, moins encore par la force de leur esprit que par la droiture de leur cœur. […] Ces écrivains n’ont pas la force de produire la pensée qu’ils ont un moment conçue.
Assez éloigné encore du terme de soixante ans, il aspirait de toutes ses forces à la vie de campagne, à la retraite, à une fin de carrière qui, après tant d’ennuis et de tribulations, fût « du moins tranquille et innocente. » Il avait amassé beaucoup de fatigue et se sentait à bout de la vie active : « Resté veuf de bonne heure, chargé de regrets, de douleurs, de dettes, d’embarras, de devoirs, sans bonheur et sans fortune, j’ai usé une partie de ma force à résister. […] C’est par la comparaison, par la méditation, par l’esprit de suite, que nos idées se multiplient, se rectifient, et que toutes nos forces s’agrandissent. […] Il lit Homère, il lit la Bible ; il associe les plus grands des cultes ; il en a pour toutes les heures et pour toutes les dispositions d’esprit, et chaque fois il parle de chaque chose dans un langage égal à ses sources : « Quand je suis dans l’état de force, je sens mon pouls qui bat héroïquement dans l’Iliade : malade, il bat sagement dans l’Odyssée ; cette lecture me charme. […] Je suis devenu avare : mon trésor est la solitude ; je couche dessus avec un bâton ferré, dont je donnerais un grand coup à quiconque voudrait m’en arracher. » « La solitude est plus que jamais pour mon âme ce que les cheveux de Samson étaient pour sa force corporelle. » Mais cette solitude n’est pas tout à fait aussi farouche qu’elle en a l’air ; et avec toutes ces austères résolutions, si un ami arrive, il est du plus loin le bienvenu : « Il y a des voix humaines que j’aime à entendre résonner dans ma Thébaïde.