Ici je viens pleurer sur la roche d’Onelle De mon premier amour l’illusion cruelle ; Ici mon cœur souffrant en pleurs vient s’épancher… Mes pleurs vont s’amasser dans le creux du rocher… Si vous passez ici, colombes passagères, Gardez-vous de ces eaux : les larmes sont amères ; parce que de Guérin a quelques-uns de ces vers finis parmi les vers non finis, mais charmants dans leur ébauche, qu’il nous a laissés, il n’est pas pour cela le jumeau posthume d’André Chénier dans un genre différent, et l’appeler l’André Chénier du panthéisme est même une expression contradictoire. […] Enfin, l’un est le fini le plus parfait, et l’autre l’infini (qui ne peut pas l’être sans perdre à l’instant même son grand caractère d’infini), seulement semblables en ceci, s’il faut à toute force leur trouver une ressemblance, c’est qu’ils sont, chacun à sa manière, de délicieux poètes tous les deux ! […] Tous les deux écrivirent également en prose et en vers ; mais l’un (André Chénier), le poète du fini, parla mieux la langue des vers, qui est le langage du fini, et l’autre (Maurice de Guérin), le poète de l’infini, parla mieux la langue de la prose, dans laquelle la nature et la pensée semblent avoir plus d’espace pour s’étendre et tenir tout entières.
Je sais bien que ce n’est pas facile à éteindre, ce feu grégeois, ce feu Richepin, qui repart sous le pied mais dont le pied finit pourtant par être le maître. […] Mais on croit toujours cela fini, et toujours cela recommence… IV Seulement, on me dira peut-être : Ce n’est pas là le héros du livre de M. […] Richepin, qui a pu rêver et nous donner pour une réalité cette fée, cette divinité, cette incomparable amoureuse, ce génie ; car elle finit par le génie, madame André, toujours au profit de son amant, à qui elle fait ses livres comme elle lui fait ses chemises. Elle finit par le génie, comme M. […] Jésus-Christ immolé pour le salut du monde, finit par croire à la puissance divine d’un Bas-Bleu qui se sacrifie au plus inepte et au plus ignominieux polisson !
Votre influence, celle de vos amis a dû finir par conquérir un grand résultat qui devait vous être favorable. […] Après avoir attaqué timidement les gloires passées et les célébrités présentes, ils ont fini, comme je l’ai déjà dit, par disputer à nos grands hommes leurs brevets d’immortalité. […] On a reproché à tous nos tragiques anciens d’user trop souvent du poignard pour terminer leurs pièces, ainsi qu’on reproche encore aux auteurs comiques de finir les leurs par un mariage. […] Le moment où vous recommencerez une nouvelle route (car il faudra bien qu’un jour vous en preniez une autre) verra probablement finir la mienne. […] C’est de faire des commandes, d’acheter des produits, d’en répandre l’usage de façon que la manufacture étant en pleine activité se soutienne et finisse pas prospérer.
Ses livres qui se succèdent et se poussent comme les petites vagues muettes d’une rivière, qui va se gonflant, finiront peut-être par la porter à la célébrité du feuilleton. […] Mme Raoul de Navery, un bas-bleu qui se trempe dans l’eau bénite pour y perdre, en s’y lavant, son diable de bleu, mais sans y parvenir, Mme Raoul de Navery, l’homme des Jésuites, a bien fini par envahir le feuilleton catholique, à force d’écrire et de filtrer chez les libraires pieux. […] , pourquoi les femmes, avec leur liquide et inépuisable faculté d’écrire, ne pourraient-elles pas, dans la littérature de feuilleton, qui est maintenant, vu nos gigantesques conceptions, la grande littérature, remplacer Ponson du Terrail, cette vessie littéraire, qui n’en avait jamais fini de ses arabesques… ? […] , oui, je ne sais quelle invention qui s’égare, qui trébuche, qui se coupe comme un cheval vicieux, qui s’aplatit, mais qui se relève pour s’aplatir encore ; une invention dont Ponson lui-même se moquait, avec un cynisme qui avait l’air d’un dandysme, quand les lignes manquant à son feuilleton, il disait : « Apportez-moi un cigare et je finirai ce chapitre », et qu’il le finissait !
Certains forçats, rêveurs perpétuels d’évasions, finissent par faire de la force et de l’adresse combinées une véritable science. […] « Toutes ces choses, réalités pleines de spectres, fantasmagories pleines de réalités, avaient fini par lui créer une sorte d’état intérieur presque inexprimable. […] Il a glissé, il est tombé, c’est fini. […] Par une série de catastrophes et de vicissitudes facilement combinées, Valjean vertueux finit par connaître, plaindre et protéger Fantine. […] Si Wellington n’eût pas commencé, Blücher n’aurait pu finir.
Ses deux philosophies sont l’effet de deux facultés diverses : l’une, qui est l’imagination poétique, aidée par la jeunesse, l’emporte vers la philosophie pure et vers les idées allemandes ; l’autre, qui est l’éloquence, chaque jour plus puissante, soutenue par l’âge, finit par devenir maîtresse, et l’entraîne vers le spiritualisme oratoire, dans lequel il s’est assis et endormi. […] « L’immensité ou l’unité de l’espace, l’éternité ou l’unité du temps, l’unité des nombres, l’unité de la perfection, l’idéal de toute beauté, l’infini, la substance, l’être en soi, l’absolu, c’est une cause aussi ; non pas une cause relative, contingente, finie, mais une cause absolue. Or, étant une cause absolue, l’unité, la substance ne peut pas ne pas passer à l’acte, elle ne peut pas ne pas se développer… L’absolu est la cause absolue, qui absolument crée, absolument se manifeste, et qui en se développant tombe dans la condition de tout développement, entre dans la variété, dans le fini, dans l’imparfait, et produit tout ce que vous voyez autour de vous36. » 2° Préface, p. 66. […] Il prouvait qu’il y avait trois époques historiques, « ni plus, ni moins », celle de l’infini, celle du fini, et celle de leur rapport ; puis monté sur un char attelé de quatre systèmes, et traversant l’empyrée philosophique, partout, en Orient, en Grèce, au moyen âge, aux temps modernes, il distribuait en quatre compartiments les doctrines qu’il connaissait et les doctrines qu’il ne connaissait pas39. […] Il finit par composer la Langue des calculs, son chef-d’œuvre, expression définitive de sa découverte, et meurt en achevant le premier volume.
Les acteurs à tout hasard ont alors paru en masse ; mais il s’est trouvé que ce qu’on demandait, était la seule madame Halley (Tullie,) laquelle s’était allée coucher aussitôt après le troisième acte, où son rôle finit. Le parterre avait très-bien jugé qu’elle était la seule à rappeler. — Tout cela a fini à près de une heure du matin. — Grande fête dans tout le quartier. […] La vente qui a lieu depuis lundi dans les appartements du Palais-Royal, et qui finit aujourd’hui mercredi au profit de la Guadeloupe et sous les auspices de la reine, a mis en circulation dans la haute société un charmant recueil de nouvelles inédites, trois nouvelles, Marie-Madeleine, Une Vie heureuse et Résignation, composées par une jeune femme du monde12 pour elle seule et quelques amis ; mais la reine l’ayant su a désiré que ce fût imprimé à l’Imprimerie royale et vendu pour cette infortune extraordinaire : il a fallu obéir.
Bref, l’Étrangère aime Arthur et le repousse ; Izolette délaissée pleure et dépérit : quant au noble héros, il s’élève par tous les degrés de la démence aux plus horribles crimes, et finit par mourir suicide. […] Mais il a rappelé, entre autres éloges indiscrets et malheureux, celui qui compare la popularité de M. d’Arlincourt à celle de Walter Scott ; et il a fini en signalant le but moral de l’Étrangère. […] Non, il n’est pas permis d’avancer que plus d’un jeune homme lira ce livre avec finit : insensé, il le lira avec transport ; et, sage, avec dégoût.
… Mesure circonscrite d’une chose circonscrite, histoire de peu, qu’il devait écrire avec le sang-froid d’un homme calmé qui sait bien qu’il n’y a pas de quoi exciter le moindre enthousiasme dans cette besogne, car de toutes les histoires de l’esprit humain, toutes si tristes et si vite finies, la plus triste et la plus vite finie c’est encore celle-là ! […] J’ai toujours été, au contraire, beaucoup plus frappé de ce qu’il y a de fini, d’impatientant et de fini dans les facultés de l’homme, que de l’infini qu’on y suppose avec tant d’orgueil. […] C’est la mesure du fini humain. […] Je suis dans une position singulière… Je sais ce qu’il y a sous le domino d’un homme qui a masqué jusqu’aux dents son esprit, en se faisant savant, et dont le masque, qui finit par adhérer à nos fronts quand on l’a porté trop longtemps (punition légitime !) […] Ce n’est plus ici une histoire comme celle de Signorelli, qui finit par s’évaporer à force de se généraliser dans la confusion de toutes les choses du Théâtre.
Ne considérant que les abstractions, il a fini par prendre les abstractions pour des choses. Ne considérant que les facultés et les puissances, il a fini par prendre pour des êtres les facultés et les puissances. Platon, à force d’étudier le même, l’un, la différence, et toutes les qualités générales, avait fini par déclarer que ces qualités sont des substances. M. de Biran, à force d’étudier la volonté, a fini par déclarer qu’elle était l’âme et le moi lui-même, véritable substance indépendante des organes et distincte des opérations. […] On a commencé, avec Duns Scot, par métamorphoser les rapports en substances, et l’on finit, comme les mystiques, par fabriquer des théories de la grâce et de l’illumination23.
Toutes ces Maintenons, occupées à distraire des rois malheureux et irrités, finissent toujours par laisser éclater leur ennui. […] Bien accueilli à Florence par les deux amants, il fit par reconnaissance un très beau portrait d’Alfieri et finit par cohabiter assidûment chez eux, bien qu’alors il n’y eût pas son logement. […] Il est heureux, il a fini de voir tant de malheurs ; sa gloire va augmenter : moi seule, je l’ai perdu, il faisait le bonheur de ma vie. […] Je n’ai aucun projet de déplacement ; je vis au jour la journée, heureuse quand j’en ai fini une, et au désespoir d’en recommencer une autre. […] Tout est fini.
Le long de ces lignes finira par se distribuer la partie la plus excitable du protoplasma, et un nerf prendra ainsi naissance. […] C’est ainsi que le contact souvent répété d’un aimant finit par aimanter un barreau d’acier, parce que les molécules de l’acier, souvent dérangées, finissent par rester dans la position qu’on leur fait prendre ; ainsi l’organe passager devra se transformer en organe permanent. […] Tout se réduit toujours à des manières différentes de vibrer, et l’organisme tout entier pourrait être comparé à une lyre vivante dont les cordes, d’abord à l’unisson, finiraient par se tendre de diverses manières et par rendre des sons divers sous la diversité des ondes vibratoires qui viennent les ébranler du dehors. […] Chez ceux qui sont atteints de strabisme, l’oeil non exercé et dont on fait abstraction finit par s’affaiblir et perd souvent la vision. […] Par l’habitude, et surtout par l’hérédité, des sensations d’abord simples finissent par faire un tout tellement bien lié et continu que l’analyse n’en distingue plus les éléments.
Mais ce n’est pas assez dire ; un poème épique, ce sont les deux mondes, c’est-à-dire le monde matériel et le monde surnaturel, le fini et l’infini. […] Rien n’est fini quand tout est fini ; car tout s’enchaîne et tout recommence. […] Le poème qui finit au tombeau finit dans une énigme, et l’humanité ainsi n’a pas de dénouement. […] Quand le sillon finit, le soc le multiplie. […] Voilà pourquoi nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître dans la littérature française les trois grands caractères qui finissent par dominer un monde et une ère de l’esprit humain.