Ses premiers articles remarqués furent ceux qu’il donna sur Parseval-Grandmaison et sa fastidieuse épopée, sur Luce de Lancival et sa fausse élégance ; il fit apprécier aussitôt les avantages d’un esprit sagement progressif, armé d’une plume excellente, incisive ; dès lors il fut classé et compté parmi les meilleurs sur certains sujets. […] Forcez un peu plus le coloris, dessinez plus nettement tel caractère, prolongez telle situation, transformez enfin le vaudeville en comédie ; au lieu d’une esquisse gracieuse ou piquante, vous aurez un tableau, mais commun, faux ou maussade. » Et M. […] Lerminier n’était qu’un faux génie qui brisa de bonne heure et manqua sa carrière ; la continuité, la patience et l’économie prudente devaient avoir raison contre lui à la longue et l’emporter.
XVIII On a inventé plus tard le principe de l’ambition toujours légitime des cabinets, pourvu que cette ambition per fas aut nefas eût pour objet et pour résultat l’agrandissement de la puissance, ou dynastique ou nationale, des États ; le principe de l’accroissement illimité et toujours légitime des peuples ou des rois, faux principe qui ne se résume que dans ce qu’on a appelé la monarchie universelle, principe qui a été porté à son apogée par les Grecs sous Alexandre le Grand, par les Romains sous les consuls et les Césars, par les Barbares sous Charlemagne, par les Arabes sous Mahomet, par les Espagnols et les Germains sous Charles-Quint et sous Napoléon, principe qui a été chaque fois démenti par le soulèvement du genre humain contre ces ambitions du monde, qui, non contentes d’aspirer à le fondre dans l’unité de la servitude, aspiraient encore à assujettir d’autres planètes pour que l’infini de leur orgueil remplît l’infini de l’espace ! […] S’il n’est pas principe partout, il n’est principe nulle part ; s’il est faux ici, il n’est pas vrai là ; s’il est absurde en Angleterre et en France, il ne peut être absolu nulle part ; ce n’est plus un principe, c’est une convenance, une utilité peut-être, une fantaisie ici, un sophisme là, un intérêt ailleurs, un mensonge partout. […] Cette situation est telle que le moindre faux coup de gouvernail imprimé par le télégraphe du fond du cabinet des Tuileries peut jeter l’Europe dans une nouvelle guerre de Trente ans ou la faire rentrer dans un puissant équilibre.
Je ne me crois ni plus ni moins d’intelligence que la généralité des hommes de mon siècle, et, à mon tour, je vous déclare que j’ai appliqué, pendant la moitié de ma vie, toute l’intelligence telle quelle dont Dieu m’a plus ou moins doué à comprendre ce que vos apôtres et vos faux prophètes vous promettent dans ce que vous appelez l’organisation du travail, et que, malgré toute mon application et tous mes efforts, il m’a été impossible d’y rien comprendre. […] Ce ne fut pas là un triomphe de trois jours contre la démagogie du drapeau rouge, ce fut le triomphe du sens commun contre une idée fausse. […] Je dis un vrai misérable, parce que le titre du livre de Victor Hugo est faux, que ses personnages ne sont pas les misérables, mais les coupables et les paresseux, car presque personne n’y est innocent, et personne n’y travaille, dans cette société de voleurs, de débauchés, de fainéants, de filles de joie et de vagabonds ; c’est le poème des vices trop punis peut-être, et des châtiments les mieux mérités.
Il paraissait donc très faux de prétendre que dans ce cas ce qui était survenu n’aurait pas eu lieu. […] Il était impossible de le voir sans attrait ; le son de sa voix avait toute la délicatesse de son âme ; il n’y avait jamais eu ni un geste faux dans sa main féminine, ni un ton affecté dans sa voix. […] Il y avait beaucoup de ces hommes en ce temps-là à Rome ; résumés dans ce qu’on appelait le parti de la congrégation jésuitique, à tort ou à raison, et résumés plus éloquemment alors par quelques faux prophètes, tels que Lamennais, dans son Essai sur l’indifférence religieuse, dans le comte de Maistre, plus sincère, mais plus fanatique, et par quelques-uns de leurs disciples, brûlant de se donner la grâce du bourreau, à la suite de ces forcenés de doctrines.
Il attaque sans crainte la stupidité de ceux qui s’attachent à des opinions aussi fausses. […] Sous la forme matière, cette œuvre est très grande et assez belle pour que ses investigateurs lui aient donné à faux le nom de science. Faux nom, puisqu’en réalité nous ne savons que ce que nous comprenons, et que, même dans l’ordre matériel, l’homme ne comprend absolument rien. — Donc il ne sait rien. — Rien que des mots qui n’ont aucune signification, sauf des significations matérielles.
Il y a quelques traits de vérité ; mais l’ensemble du tableau est faux, outré, comme tout tableau qui n’est vu que sous un seul jour, comme toute peinture où l’imagination n’emploie que les couleurs de la prévention et de la haine. Oui, le tableau est faux pour M. de Lamartine. […] Les esprits impartiaux rendront justice aux sentiments de convenances personnelles et politiques qui lui imposent désormais le devoir de ne répondre aux fausses interprétations que par le silence, aux injures littéraires que par l’oubli, aux insultes personnelles que par la mesure et la fermeté que tout homme doit retrouver en soi, quand on en appelle de son talent à son caractère.
On a trouvé le portrait faux, outré et inopportun. […] Au fond, il n’est point si faux. […] Alors il redouble ses investigations ; il cherche un endroit où puisse s’appliquer son microscope ; il trouve une explication qui rabaisse, à la portée de sa vue, la grandeur dont l’aspect l’avait d’abord offusqué, etc. » Rien de plus faux, à mon sens, que ce jugement.
L’immense variété des faits dans Plutarque, le nombre infini de demi-vérités dans Sénèque, de nuances de perceptions douteuses qui font souvent illusion par la fausse précision des mots, telle était la nourriture choisie de Montaigne. […] Il recherche les plus contestables comme prêtant plus aux développements ingénieux ou à la contradiction abondante, et il répand de la même main les vraies lumières, sans injonction de les suivre ; et les fausses, sans s’inquiéter si les esprits faibles s’y laisseront prendre. […] C’était le temps des fausses paix de religion.
Nous méprisons quiconque sacrifie aux faux dieux, argent, réputation, gloire ; quiconque, pour agréer au public, dispensateur de ces biens apparents, consent à déformer son rêve et à banaliser sa pensée. […] J’aime, ici et là, celui qui peut dire avec « l’accent des certitudes » et sans que sa parole sonne faux : Ma vie et sa ferveur, mon geste et sa fierté. […] Aux uns et aux autres il enseigne des vérités, simples comme tout ce qui est profond, claires comme le soleil, mais que les yeux aveugles des faux poètes ne sauraient voir.
Or une représentation peut être en état de jouer utilement ce rôle tout en étant théoriquement fausse. […] Il faut qu’il s’affranchisse de ces fausses évidences qui dominent l’esprit du vulgaire, qu’il secoue, une fois pour toutes, le joug de ces catégories empiriques qu’une longue accoutumance finit souvent par rendre tyranniques. […] C’est de la sensation que se dégagent toutes les idées générales, vraies ou fausses, scientifiques ou non.
Il croit, avec juste raison, que le règne se passe de ceux-là qui, depuis trente ans, débitaient de la rhétorique sur toutes choses, et qu’après la tribune qu’on leur a brisée sous le pied on pourrait bien descendre, au moins d’un degré, la chaire qui leur reste… et voilà le secret de ces plaintes de Josse en déconfiture, que l’on nous soupire aujourd’hui sur le chalumeau d’une fausse nationalité. […] Croiront-ils que cette modiste de style pour le style a des phrases attifées comme celles-ci : « L’inexpérience et le faux zèle ont pu vouloir changer tout cela, mais le changement lui-même était un essai qui ne saurait durer longtemps. — Un souffle d’Athènes pouvait encore animer en la réglant (un souffle qui règle !) […] Ce n’est donc pas l’histoire détachée ni de Fox, ni de Grey, ni de Mirabeau, ni de Royer-Collard, ni de personne, et la conception de Villemain est aussi fausse qu’elle est étriquée.
Héraclite faux, Démocrite manqué, Manichéen de dernière ressource, il est lui-même la contradiction qu’il voit éternellement dans l’histoire. […] L’histoire des Révolutions d’Italie, établie sur la plus fausse et la plus lâche des philosophies de l’Histoire, et qui n’a de valeur, d’éloquence et de jugement que quand elle est, en fait, inconséquente à son principe, cette histoire de la confuse mêlée des villes et des bourgs italiens au Moyen Âge, cette chronique déchiquetée et grouillant de faits lilliputiens, recueillis par cette érudition qui voit l’imperceptible, à grand renfort de bésicles, aurait bien vite cédé la place à une histoire de la littérature italienne et du génie italien dans les arts, la vraie grandeur de l’Italie. […] Quoique tout ne soit pas faux absolument dans ces ressemblances d’évolution que M.
Il n’y a, ici comme là, ni le côté grandement chrétien, ni les bons Évêques, ni les Saints, ni les Héros comme Saint Louis et Joinville… Le Cid lui-même, qui tient tant de place dans le Romancero du second de ces deux volumes, est bien plus féodal que catholique de mœurs et d’accent, ce qui est faux historiquement, mais ce qui, de plus, est un contresens en Espagne. […] … Je n’ai point l’admiration à clos yeux de ceux-là qui avaient découvert dans Hugo la qualité qui fait le dieu : la vie immobile, féconde, éternelle ; le brisement de la faux du Temps. […] L’inspiration en est fausse et monotone sous prétexte d’unité, et l’exécution, au point de vue des sentiments et des images, quoique puissante à beaucoup d’endroits, est très inférieure à celle d’un grand nombre de poésies de Hugo, mais pour le rythme et pour le vers, non !