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697. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Et, d’ailleurs, il faudrait d’abord atteindre cette cime, et le parallélisme est faux. […] Lui, dont l’ironie écrite n’est dupe d’aucune parade sociale, d’aucun masque, d’aucun rêve, il se laisse prendre aux faux talents (Sand) et aux fausses amours (Colet) ; il se roule dans la sentimentalité poétique ou bien hurle contré les bourgeois des injures stupides. […] Ce sont des proverbes, des manières de fausses elefs avec quoi on ouvre mille difficultés de raisonnement, toutes les serrures embrouillées par des maladroits. […] Mais s’il est parfois utile de rédiger une description historique, on ne voit pas bien, loin des romans-feuilletons, la place d’un faux naufrage ou d’un faux déraillement. […] Non, mais plutôt la prétention de quelques marchands et le poncif immédiat de quelques faux artistes.

698. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Le public, en applaudissant Tartuffe, est de cet avis, à coup sûr, et bafoue, dans le faux dévot, les partisans stupides du passé. […] Comme acteur, Molière a bien de l’adresse ou du bonheur de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie et de duper tout Paris avec de mauvaises pièces. […] L’auteur, faisant allusion à Molière, écrit qu’il « cache sous une fausse vertu tout ce que l’insolence a de plus effronté ». […] Molière répondit par un placet au roi contre ce curé et « les Faux Monnayeurs en dévotion ». […] Cela est radicalement faux.

699. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

tout est faux dans ce début du livre, nom, principe et base. […] Il avait prévu l’oppression de la Prusse, de la Russie, de l’Autriche ; tout principe faux de liberté, tout sophisme de civilisation porte en lui sa peine. […] Cette dernière considération est radicalement fausse. […] On n’y rencontre qu’une expression toujours ingénieuse et une foule d’idées aventurées et fausses.

700. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Le mot âme, si excellent pour désigner la vie suprasensible de l’homme, devient fallacieux et faux, si on l’entend d’un fond permanent, qui serait le sujet toujours identique des phénomènes. C’est cette fausse notion d’un substratum fixe qui a donné à la psychologie ses formes raides et arrêtées. […] ces phrases, qui sont belles dans l’œuvre du XVIIe siècle, parce que là elles sont sincères, sont ici insignifiantes, parce qu’elles sont fausses et qu’elles n’expriment pas les sentiments du XIXe siècle. […] Mais une imitation de Bossuet faite au XIXe siècle n’est pas belle ; car elle applique à faux des formes vraies jadis ; elle n’est pas l’expression de l’humanité à son époque.

701. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Des moralités insipides, souvent fausses ; rien de persuasif, rien qui puisse éclairer & toucher. […] Il mit à la place de ces faux ornemens, une éloquence douce & naturelle, qui n’a rien de contraire à la sainteté du ministère évangélique. […] Mais on n’y voit point aussi ce style précieux, affecté, surchargé d’antithèses recherchées, & de phrases empoulées de certains discoureurs à la mode, ni ces fausses interprétations de l’Ecriture, que quelques-uns employent pour faire des allusions qu’ils croyent ingénieuses, & qui ne sont souvent que puériles ; en un mot, on y écarte les fleurs pour n’y donner que des fruits. […] Ce genre d’ouvrage n’étoit, avant eux, que l’art d’arranger de beaux mensonges pour relever les fausses vertus des Grands, & souvent l’abus de la grandeur même.

702. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Chaque ouvrage d’un auteur vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre et entouré de toutes les circonstances qui l’ont vu naître, acquiert tout son sens, — son sens historique, son sens littéraire, — reprend son degré juste d’originalité, de nouveauté ou d’imitation, et l’on ne court pas risque, en le jugeant, d’inventer des beautés à faux et d’admirer à côté, comme cela est inévitable quand on s’en tient à la pure rhétorique. […] Quand le maître se néglige et quand le disciple se soigne et s’endimanche, ils se ressemblent ; les jours où Chateaubriand fait mal, et où Marchangy fait de son mieux, ils ont un faux air l’un de l’autre ; d’un peu loin, par derrière, et au clair de lune, c’est à s’y méprendre.

703. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Les comédiens lui en avaient donné un faux air, il l’a rectifié, et il est de mise partout, jusqu’au chevet du lit du roi, où il a l’honneur de lire quelquefois : ce qu’il fait mieux qu’un autre. […] Tout certainement n’est pas faux dans ce portrait à demi satirique, et il y a des traits qui doivent avoir été observés au naturel : le contre-sens est dans l’intention générale et dans l’ensemble.

704. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Si les reproches usuels tombent à faux, il est juste d’avouer qu’une intelligence moyenne, cultivée passablement, trouvait plus vite sa nourriture dans Bouilhet, ou dans Feydeau. […] Dès lors, abstraction faite des puérilités (vraies ou fausses), tout aliment intellectuel, spécialement littéraire, apparaît obscur ou clair suivant la réaction de l’esprit en présence d’une œuvre.

705. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Sentir n’est point connaître ; il est faux de croire que la connaissance ait autant d’étendue que la sensation ou la conscience. […] Il y a ici moins qu’une identité ; de là des comparaisons trompeuses qui ont donné lieu à de fausses conclusions, comme l’assimilation de la société à la famille, ce qui tendrait à faire du souverain un tuteur ou un despote.

706. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

À l’une de ces avances, vraies ou fausses, qui lui furent faites, il répondit « qu’il était très incapable du ministère pour toutes sortes de raisons, et qu’il n’était pas même de la dignité de la reine d’y élever un homme encore tout chaud et tout fumant, pour ainsi parler, de la faction ». […] Un de ses conseillers et domestiques, brouillé avec lui, Gui Joly, a donné là-dessus, dans ses Mémoires, des détails honteux, qui peuvent être très vrais quant aux faits matériels, mais qui sont faux en ce qu’ils sont uniquement bas et que Retz ne l’était point.

707. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Que de faux raisonnemens ! […] Leurs sermons, remplis de pensées fausses, extravagantes, de pointes & d’illusions puériles, de comparaisons basses & burlesques, de toutes sortes de bouffonneries & de peintures qui blessent la pudeur ; le tout, rendu dans un jargon barbare, moitié François, moitié Latin, sont au-dessous de nos farces & de nos parades.

708. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Lors même que l’histoire de la philosophie ne servirait à rien en général, et même ne servirait pas à la philosophie proprement dite (ce qui est manifestement faux), on ne pourrait pas en conclure néanmoins qu’elle ne fût point par elle-même l’objet légitime de la curiosité, de l’examen. […] Jusqu’à quel point les systèmes sont-ils vrais ou faux ?

709. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il la trouve fausse. […] Les observations et les analyses sont de simples accessoires qu’elle emploie pour se donner un faux air de science, et sur lesquels elle ne s’appuie pas.

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