/ 1691
25. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Comment donc forcer l’esprit humain à rétrograder, et lors même qu’on aurait obtenu ce triste succès, comment prévenir toutes les circonstances qui pourront donner aux facultés morales une impulsion nouvelle ? […] Les mots les plus remarquables, les discours les plus éclatants ont été prononcés à la veille des batailles, au milieu de leurs dangers, dans ces circonstances périlleuses qui élèvent l’homme courageux et développent en lui toutes ses facultés à la fois. […] Les tremblements de terre de la Calabre, la peste de la Turquie, les glaces éternelles de la Russie et du Kamtschatka, tous les fléaux de la nature enfin, sont les véritables alliés du système qui voudrait arrêter le développement des facultés de l’homme. […] Si l’on pouvait faire goûter à l’homme la sorte de repos dont jouissent les êtres qui n’ont reçu de la nature que l’existence physique, ce serait un bien peut-être, puisque la faculté de souffrir serait diminuée. […] Oui, tout est moralité dans les sources de l’enthousiasme ; le courage militaire, c’est le sacrifice de soi ; l’amour de la gloire, c’est le besoin exalté de l’estime ; l’exercice des hautes facultés de l’esprit, c’est le bonheur des hommes qu’il a pour but ; car on ne trouve que dans le bien un espace suffisant pour la pensée.

26. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

La littérature est destinée à nous fournir un plaisir, mais un plaisir intellectuel, attaché au jeu de nos facultés intellectuelles, et dont ces facultés sortent fortifiées, assouplies, enrichies. […] Thomas, chargé de cours à la Faculté des lettres de Paris ; A. Jeanroy, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse ; E. Rigal, professeur à la Faculté des lettres de Montpellier. […] Lebreton, maître de conférences à la Faculté des lettres de Bordeaux, qui m’avaient communiqué quelques rectifications intéressantes.

27. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Et quel qu’ait été le renfort de l’idée chrétienne, il y est arrivé pourtant par sa voie propre d’études habituelles et de facultés profondes, intuitives et réfléchies tour à tour. […] Or, de toutes les facultés de l’homme, la plus gauchie, la plus radicalement altérée, c’est précisément celle-là que la philosophie croit avoir le plus développée ; c’est la faculté qui sert à concevoir le vrai, la Raison ! […] Saint-Bonnet nous explique ce qu’il entend par cette faculté, d’ordinaire si vaguement définie. […] Saint-Bonnet, la Raison, c’est la faculté divine, impersonnelle, qui nous met en rapport avec l’infini. […] Nous voulons parler de cette analyse de la Raison, avec les huit facultés qui la composent, et qui sera peut-être pour la gloire philosophique de M. 

28. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Amplifiées et surtendues, ce sont les facultés et les plaies mêmes de son âme que Poe extrait et résume en chacun des personnages de son œuvre. […] Le lecteur est ému en ses facultés de calculateur et d’analyste, qui ne correspondent dans son expérience à rien de passionnant ou de tendre. […] Il semble qu’en envisageant ces facultés comme les forces d’une mécanique cérébrale, on oublie leur caractère, de manifestations vitales et transitoires. […] Il semble que le pouvoir même de se détacher de soi dans l’exercice de ses hautes facultés, les ait retranchés de sa vie entière. […] Niais de même que ses hautes facultés ne régirent pas sa vie, elles n’en furent pas atteintes.

29. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

L’une de ses principales conséquences a été la doctrine courante des facultés. […] De là, en psychologie, un premier résultat qui consiste à substituer une étude verbale (celle des facultés) à une étude réelle (celle des phénomènes). Un second résultat, c’est de faire naître des questions vaines, factices, comme celle-ci : La conscience est-elle une faculté distincte ? […] La vie mentale a ses degrés et pour ainsi dire ses étages ; il n’y a pour les séparer que des limites vagues que la doctrine des facultés donne comme fixes et absolues. […] Samuel Bailey, a fait une critique vive et quelquefois piquante de la phraséologie inexacte qui est inhérente à la méthode des facultés, qui les érige en entités distinctes de l’homme lui-même.

30. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Qu’importent ces laideurs morales passagères chez les poètes, où tout est de passage ; chez les poètes, ces innocents coupables lorsqu’ils sont coupables, pour qui, en raison même des facultés qui font leur génie, la liberté humaine est moins grande que pour les autres hommes dans ce malheureux monde tombé ! […] Pour ma part, je n’ai jamais cru à ces facultés ogresses qui mangent toutes les autres, et ma notion de la Critique est un peu plus complexe que celle d’un faiseur de paquets qui emballe et ficelle toutes les facultés d’un homme dans une seule, sur laquelle il campe une étiquette : « Imagination ! […] Henri Heine n’est pas plus une seule faculté que Shakespeare. Il est varié, ondoyant, contrasté, ayant dans sa tête une hiérarchie de facultés qui s’accompagnent, se tiennent, fondent leurs nuances comme l’arc-en-ciel, et non pas une grande faculté solitaire qui se dresse, pyramide isolée, dans le désert de son cerveau. […] Qualité plus étonnante que les autres, que cette faculté philosophique, se retournant contre la philosophie, en cette ironique tête de poète !

31. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Les habitants énervés du Midi, se mêlant avec les hommes du Nord, empruntèrent d’eux une sorte d’énergie, et leur donnèrent une sorte de souplesse qui devait servir à compléter les facultés intellectuelles. […] Je crois de plus que les méditations religieuses du christianisme, à quelque objet qu’elles aient été appliquées, ont développé les facultés de l’esprit pour les sciences, la métaphysique et la morale. […] Les facultés de l’âme n’avaient qu’un seul usage parmi ces hommes, c’était d’accroître la puissance physique. […] Néanmoins c’est un genre d’effort intellectuel, qui a singulièrement développé les facultés de l’esprit. […] L’attention et l’abstraction sont les véritables puissances de l’homme penseur ; ces facultés seules peuvent servir aux progrès de l’esprit humain.

32. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

Avant d’user de cette méthode et de la mettre à profit en l’appliquant à divers ordres de phénomènes, on peut rechercher à quelles conditions mentales est liée la faculté bovaryque ; à mieux connaître le mécanisme de cette lorgnette, il sera possible d’en faire par la suite un meilleur usage. À vrai dire ce n’est point la cause et l’origine première de cette faculté que l’on va tenter de découvrir. […] À première vue, la faculté de se concevoir autre apparaît liée au fait de la conscience : il s’agit ici de la conscience psychologique, un miroir où se viennent refléter les images des réalités. […] Mais il résulte de ce privilège que sa faculté de connaissance excède de beaucoup sa faculté de réalisation. […] Une telle richesse comporte divers périls, à mesure que s’accroît le trésor accumulé par les générations successives, et dont la faculté d’éducation saisit les dernière venus, la disproportion s’accroît aussi entre le pouvoir d’invention dont chaque individu est doué et la somme des connaissances qui lui sont livrées, entre sa valeur ’propre et la richesse multiple qui lui vient de l’éducation.

33. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Ces inventeurs, sans réflexion, n’ont pas vu ou n’ont pas voulu voir que, dans toute critique digne de ce nom, se trouvait précisément l’emploi des deux facultés à l’aide desquelles l’esprit invente : l’observation qui cherche et l’intuition qui devine. […] Et, quand il a fini son terrible réquisitoire en action, il ne doit pas conclure dogmatiquement par ce mot faux, qui ressemble au mot d’un niais d’honnête homme vertueux qui se trompe ou d’un misanthrope littéraire vexé qui se venge : « La Critique n’est point un chemin, mais une impasse  », car la Critique est un chemin qui mène au même but que tout emploi des facultés humaines, quand cet emploi accuse de la puissance ou de la profondeur dans les facultés. […] Mais on n’a pu rien contre le fait de sa haute individualité poétique, et c’est en vertu même de cette haute individualité qu’il a troublé les facultés d’un homme qui a le sentiment très animé de la poésie, mais qui ne l’a pas, ce sentiment, au point de devenir une puissance. […] En effet, malgré les quelques mièvreries libertines de son Monsieur de Cupidon, le dessein de ce livre est sérieux, — ou, du moins, il révèle des facultés d’observation qui peuvent un jour faire la fortune intellectuelle de leur auteur. […] L’anecdote est le lierre de son esprit ; elle envahit opiniâtrément ses facultés primesautières de conteur, auxquelles il devrait — qu’il nous croie !

34. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. Si l’on veut que des étudiants reçoivent dans une faculté de médecine toute l’instruction qui leur est nécessaire pour exercer l’art de guérir d’une manière utile à leurs concitoyens, il faut se rappeler que la santé publique est peut-être le plus important de tous les objets. […] Un inconvénient des grandes facultés de médecine dans les capitales, et surtout pour les principaux personnages de la société, c’est l’assujettissement du médecin à une certaine pratique ou routine de faculté, sous peine de risquer sa réputation et sa fortune ; s’il s’en écarte et que le succès ne réponde pas à son attente, il est perdu ; s’il réussit, que lui en revientil ? […] Les femmes accoucheuses ne pourront être admises, je ne dis pas à l’exercice de leur profession, mais même à l’examen des commissaires de la faculté, sans avoir assisté plusieurs années et aux leçons de l’anatomie qui leur est propre et aux leçons de pratique de leur art.

35. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Le sentiment est une faculté motrice de l’âme. […] La conscience est une faculté innée, chargée par le Créateur de juger et de gouverner l’âme. […] Dieu a donc associé, dans l’âme, à la faculté de comprendre, la faculté de sentir, ou le sentiment. […] Cette troisième faculté de l’âme, c’est la conscience. Cette troisième faculté est celle qui achève véritablement notre âme, car elle lui donne ce que les deux autres facultés, l’intelligence et le sentiment, ne lui donnent pas : la moralité.

36. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Il semble bien, en effet, que la vie de l’homme n’est point en proportion, pour la durée, avec tout l’ensemble de son existence et de ses facultés. […] En un mot, l’homme, s’il était seul, serait un être incomplet, sans but, sans facultés, sans avenir. […] Les végétaux ont été faits complets, avec la faculté de se perpétuer tels qu’ils furent dès l’origine. […] Remarquons bien que la faculté de parler n’aurait point suffi : dès l’origine il a dû nécessairement parler, puisque dès l’origine il a été nécessairement dans la société. […] La faculté que nous avons de recevoir la transmission de la parole est une faculté assez inexplicable en soi pour qu’on ne doive pas être tenté d’y ajouter encore la faculté de l’inventer.

37. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Tout le monde sent bien qu’elles n’expriment rien de l’au-delà et n’impliquent aucune faculté supra-expérimentale. […] S’ils se ressemblent, c’est qu’ils sont l’œuvre d’une seule et même faculté. […] Il n’y a donc et il doit n’y avoir qu’une seule faculté de juger. […] Et ainsi la faculté de juger fonctionne différemment selon les circonstances, mais sans que ces différences altèrent l’unité fondamentale de la fonction. […] Dans la faculté d’idéal, elle voit une faculté naturelle dont elle cherche les causes et les conditions, en vue, si c’est possible, d’aider les hommes à en régler le fonctionnement.

/ 1691