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1152. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

On ne peut nier cependant que cet ouvrage ne vienne d’un homme de beaucoup d’esprit & d’un écrivain très-élégant. […] Il étoit natif de Cheronée dans la Béotie, pays fort stérile en esprit. […] On trouve dans tout ce qu’il écrit un air grand, un esprit juste, un sens admirable. […] Il avoit dans l’esprit plus de force que de légéreté. […] L’Esprit de la Ligue, par M.

1153. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Les arts de l’esprit n’avaient encore aucune grandeur. […] La philosophie de Plutarque n’offre pas moins de problèmes à l’esprit. […] Elles étaient dans le sénat la consolation de quelques esprits généreux. […] La fiction et l’histoire attestent également la décrépitude où était tombé l’esprit humain. […] Mais une étonnante application d’esprit et une facilité merveilleuse suppléèrent à tout.

1154. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 92-93

Qu’on lui pardonne cet oubli, & il pourra occuper une place parmi les Esprits agréables qui font honneur à la gaieté Françoise. […] Une réserve dont on doit lui savoir gré, c’est que la vivacité de son imagination n’a jamais laissé échapper aucun trait contre la Religion, aucun de ces transports qu’on appelle philosophiques, aucune de ces saillies licencieuses qui coutoient si peu aux Grécourt, aux Chaulieu, & à quelques autres qui n’avoient jamais tant d’esprit que pour le vice & contre Dieu. […] Ses Cantiques spirituels lui feront plus d’honneur dans les Esprits sages, que ses Ouvrages de galanterie ne lui ont attiré d’applaudissemens de la part des Esprits frivoles, dont les suffrages ne valent pas la peine qu’on leur sacrifie les devoirs.

1155. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

« La marche de l’esprit moderne a été plus hardie. […] « Dans une première formation, tous les esprits diffèrent. […] Le véritable esprit de l’Université doit être d’abord dans le petit nombre. […] Ces noms en disent assez sur l’esprit des choix. […] L’estomac de son esprit, à lui, n’était pas de cette force-là.

1156. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

C’est une des horreurs les plus capables de faire honneur à l’esprit d’un poëte & de faire tort à son cœur. […] On lui attribue cet esprit de méchanceté & de tracasserie, fléau des sociétés. […] Guillaume Arnould, jeune savetier, esprit foible, fut, dit-on, l’instrument que Rousseau mit en œuvre pour accabler son ennemi. […] Rousseau ne soutint la sienne qu’avec esprit & sans chaleur. […] Rousseau avoit peu de philosophie dans l’esprit.

1157. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Malgré des travaux qui ont eu pour prétention de nous l’apprendre, malgré l’hypocrisie ou la duperie d’impartialité de la critique de ces derniers temps, le Moyen Âge n’a encore été montré par personne dans l’énergie sublime de son esprit et la grandeur cordiale de ses institutions. […] Triste condition de cette femmelette que l’on appelle l’esprit humain ! […] Au Moyen Âge, l’Église n’est pas, comme le croient beaucoup d’esprits qui, en consentant cela, s’imaginent avoir de grandes bontés pour elle, le faîte et le couronnement d’un vaste ensemble de société. […] Or, cette erreur, dans un esprit bien fait, mais un peu faible, ne peut pas venir d’un parti pris, mais d’un parti reçu. […] un peintre d’hommes, et qu’il porte l’esprit d’un jurisconsulte dans l’histoire, il a trouvé, enterrée sous sa correspondance et ses mandements épiscopaux, la figure d’un évêque, d’un grand homme oublié par la gloire, mais payé de Dieu, maintenant, dans le ciel, et il l’a restituée à la mémoire superficielle de notre temps.

1158. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Tous, sans exception, agirent sous la pression de cette tassée d’hommes qui venaient derrière eux, et en qui, millions de poitrines haletantes de haine et d’envie, soufflait l’Esprit qui avait poussé Alaric à brûler Rome. […] Lui, qui a essayé d’écrire l’histoire de la Révolution française, l’histoire prise dans son esprit et dans son idée, a bientôt perdu la tête à cette hauteur d’abstraction, et il est retombé dans les habitudes de l’idolâtrie personnelle. […] À côté de l’aconit, il s’y trouve des laitues assez fades ; mais l’impression générale de cette olla podrida de venin distillé et d’herbes à tisane est une impression dont le cœur ou l’esprit, quand il l’a reçue, doit se ressentir bien longtemps. […] Égalitaire battu par les lois mêmes de sa pensée, il ne peut pas les trouver égales devant la loi de son esprit. […] , ces deux traits saillants du génie, ne se trouvèrent jamais chez elle. » C’était « une bourgeoise enrichie », le fait est vrai ; mais Michelet veut dire qu’elle était restée bourgeoise d’esprit et de cœur, — ce qui est faux !

1159. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Malgré tous ses efforts et l’ardeur qu’il mettait à les faire, car il avait la prétention d’être ardent, comme nous le verrons tout à l’heure, cet esprit au visage si froid, il n’était et ne fut jamais qu’un écrivain sans personnalité accusée, sans le perçant et l’étincelant que l’épigrammatique Montesquieu n’avait pas, lui ! […] Historien d’analyse et de microscope, Alexis de Tocqueville est dans l’ordre politique ce qu’est Sainte-Beuve dans l’ordre littéraire, et on n’a point d’idée combien ces esprits-là sont communs dans les vieilles civilisations ! […] Cette Correspondance, dans laquelle Tocqueville a cherché à plus d’un endroit à s’expliquer sur le sens de son ouvrage et à répondre à ceux qui persistaient à le regarder comme confus et contradictoire, atteste à quel point son esprit tout entier ressemblait à son livre. […] » écrivait-il au fils d’un de ses amis qui ne réalisait pas tout à fait son idéal de flamme, tant étaient grandes, sur le diable au corps et sur lui-même, les illusions de cet esprit froid, lesquelles étaient aussi complètes que s’il avait été un esprit chaud. […] Le malheur est que tout pour lui finit par être trop une question mise à l’étude, jusqu’à son esprit même, qu’il n’oublie jamais pour en jouir ou pour en faire jouir !

1160. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Depuis longtemps on réagit contre lui, même en Allemagne, selon la loi facile à calculer que les esprits réagissent passionnément contre ce qu’ils aimèrent avant de complètement s’en détacher. […] Or, par un de ces tours que les faits jouent parfois aux gens d’esprit, ces documents sont la meilleure réponse qu’on puisse adresser aux opinions de Champfleury sur Hoffmann. […] Esprit de réverbération, système nerveux de harpe éolienne, Hoffmann avait été tellement remué par la main toute-puissante de Goethe, que l’air terrible resta éternellement vibrant dans ses cordes et qu’il le répéta toujours. […] Grâce à Hoffmann, la notion du fantastique serait faussée dans beaucoup d’esprits, si à côté de lui nous n’avions pas des modèles de ce surnaturel attaqué de front et grandement réussi. […] L’illustre poète de l’Astrologue et de la Dame du lac n’hésita pas à déclarer alors que l’esprit d’Hoffmann lui semblait troublé, et que ses inventions n’étaient rien de plus que de moqueuses extravagances.

1161. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Matter, qui n’a rien de follet, lui, ni même d’enflammé, mais qui est attiré vers les mysticités naturelles à l’esprit humain ; M.  […] Il m’a été impossible de voir dans les œuvres de cet esprit, puissant par d’autres côtés, ce que beaucoup de gens sont accoutumés d’y admirer, sur la foi de certains mirages. […] Rappelez-vous ce livre, le plus difficile à écrire de tous les livres de Balzac, le plus sublime et le plus incompréhensible aux esprits vulgaires… heureusement ! […] Jusque-là, il n’avait été qu’un de ces travailleurs prodigieux qui semblent n’avoir qu’une pensée dans l’esprit, et d’un calibre trop solide pour se rompre jamais en deux tronçons. […] Swedenborg rase de bien près les esprits frappeurs de notre âge imbécile.

1162. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur. […] L’esprit, qui emporte la pièce par le mordant de l’expression, marque profondément de son caractère ce livre, qu’on trouvera cruel. Madame Sand, fille en tout de Rousseau, ne reconnaît pas cet esprit-là qu’elle va subir. Elle a le talent facile, abondant, et cette simplicité coulante qui charme le bourgeois chez Rousseau ; mais l’esprit, l’esprit qu’avait madame de Staël toujours, madame de Girardin quelquefois, elle ne l’a jamais. […] On y verra que, pour manquer d’esprit, on ne remplit pas toutes les conditions du génie.

1163. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de M. de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du dix-septième siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes. […] L’esprit qui emporte la pièce par le mordant de l’expression marque profondément de son caractère ce livre qu’on trouvera cruel. Mme Sand, fille en tout de Rousseau, ne reconnaît pas cet esprit-là qu’elle va subir. Elle a le talent facile, abondant, et cette simplicité coulante qui charme le bourgeois chez Rousseau ; mais l’esprit, l’esprit qu’avait Mme de Staël toujours, Mme de Girardin quelquefois, elle ne l’a jamais. […] On y verra que, pour manquer d’esprit, on ne remplit pas toutes les conditions du génie.

1164. (1890) Dramaturges et romanciers

Une pensée diabolique lui traverse l’esprit. […] Feuillet semble penser que, lorsque les hommes sont méchants, c’est qu’ils n’ont pas assez d’esprit. […] Feuillet a donc réussi à unir deux esprits en apparence inconciliables : l’esprit judicieux et moral du bonhomme Chrysale, ou plutôt de la charmante Henriette, avec l’esprit des personnages d’Alfred de Musset. […] Cherbuliez du contact d’un esprit aussi plein de saillies et aussi exempt du joug de la routine. […] Sans cette condition étrange et anormale, pas d’esprit primesautier et pas d’œuvre originale.

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