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626. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

On verra le peu qu’il faut de largeur à l’erreur pour tenir tant d’esprits sous son ombre.

627. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

C’est à propos de ces Récits qu’on a récemment rapproché leur auteur de madame Sand, et l’erreur de ce rapprochement pourrait avoir cours si on ne l’arrêtait au passage, parce qu’elle semble être un éloge pour l’une et pour l’autre.

628. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

Des cerveaux se sont illuminés de conscience, pour lesquels ce qui avait été l’unique vérité devint l’erreur.

629. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Plutarque, dans sa naïve jalousie pour la gloire de Thèbes, ne faisait-il pas une erreur étrange ?

630. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Faudra-t-il alors ne voir là que des exceptions ou des erreurs brillantes mais sans portée ? […] Pour lui, évidemment, toute imitation est condamnée d’avance et les pires erreurs restent préférables aux pastiches les mieux exécutés. […] Louis Ménard a cru devoir le disculper de cette prétendue erreur. […] À notre avis, il y a là une erreur complète. […] Est-il sûr de ne pas tomber dans la même erreur ?

631. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Lisez, plutôt, dans sa Politique, l’article intitulé : Erreurs des hommes du monde et des politiques sur les affaires et les exercices des religions. […] Bossuet a failli commettre cette erreur ; mais c’est Fénelon qui y est tombé, dans la première partie de son Traité de l’existence de Dieu. […] C’est une des grandes erreurs que l’écrivain puisse commettre ! […] Au nom même de la vérité —  si l’on admet que la vérité ne s’éprouve que par la contradiction, — il allait revendiquer le droit de tout homme à l’erreur. […] Or, qui peut révoquer en doute qu’il n’y ait beaucoup d’erreurs capitales qui ont, plus de sectateurs que les doctrines à quoi elles sont opposées ?

632. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

La pire erreur en sociologie est de confondre le changement avec le progrès. […] C’est en analysant précisément cette idée de science que l’erreur de nos maîtres nous est apparue. […] Sa vision étant viciée par essence, ses actes ne sont qu’une suite d’erreurs et de douleurs. […] Il s’est trouvé que Rousseau avait, au service de ses erreurs, le plus remarquable génie d’expression. Il s’est trouvé aussi que ses erreurs se raccordaient d’une façon singulière à quelques-unes des illusions de son époque.

633. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Alors, après bien des erreurs et bien du temps perdu, les peuples autrefois chrétiens fêteront le jubilé du retour de l’homme à la raison, telle que les anciens Israélites la comprenaient déjà et telle que les Chinois ont toujours eu l’honneur de l’entendre. […] Si les collectivités sont faillibles, les individus le sont bien plus encore ; les diverses causes d’erreur qui peuvent fausser un jugement ont beaucoup plus de prise sur l’homme, lorsqu’il est une personne, que lorsqu’il est un simple numéro dans une foule ou dans une armée. […] La formule de Pline le Jeune, rejetant comme non avenu aux yeux de la postérité ce qui n’est pas accompli63, est manifestement une erreur. […] Il y a des erreurs si généreuses qu’elles sont moralement préférables aux vérités dont la pure et froide lumière éclaire l’intelligence sans réchauffer le cœur. […] Des erreurs toutes semblables sur la valeur. relative de leurs talents ou de leurs ouvrages ont été relevées chez d’autres génies d’ailleurs lucides, tels que Pétrarque, Le Tasse, Cervantes, Corneille, Lamartine, etc.

634. (1927) Des romantiques à nous

On ne risque guère l’erreur à faire consister le romantisme dans les inspirations caractéristiques par où la littérature du XIXe siècle, ou du moins de sa première moitié se distingue de celle des précédents siècles. […] Son erreur, dans la mesure où elle existe, ressemblerait à celle de ces paysagistes qui insistent trop sur chaque branche de l’arbre. […] Si ce dogme eut, comme nous le croyons, pour origine la bonne harmonie entre les deux amoureux de Mme d’Houdetot, l’inutile et le militaire, ce serait le cas de penser avec Renan que les religions se fondent sur des erreurs d’exégèse. […] * * * L’erreur de M.  […] C’est une erreur de psychologie de la part de ses ardents adversaires de croire qu’il n’ait pas su ce qu’il faisait.

635. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Mais il est certaines erreurs qui ne doivent jamais arriver jusqu’à l’homme chargé des destinées d’un grand peuple. […] À force de vouloir s’écarter des opinions reçues, on accumule des paradoxes bizarres ; quand on a pris une fausse route, on tombe d’erreurs en erreurs et d’obscurités en obscurités ; on finit par ne plus s’entendre soi-même. […] Ceux qu’avaient prévenus les plaisanteries de l’incrédulité moderne s’étonneront de leur erreur, en découvrant les beautés du système religieux. […] Ils affectent de craindre que l’imagination ne répande à la fois ses enchantements et ses erreurs sur une doctrine qui doit édifier plutôt que plaire. […] Cette erreur est facile à réfuter.

636. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il corrige des erreurs de copie ou d’impression, rétablit des textes, et est fier de ses restitutions. […] Il fallait démêler leurs erreurs, les réfuter, démontrer qu’ils étaient bien hérétiques, puis les faire chasser. […] De nouvelles gloires se levaient, irritantes, d’autant plus qu’elles étaient des erreurs du public. […] C’est presque une erreur. […] Ce n’est pas tout à fait une erreur.

637. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Un Essai sur les erreurs populaires des Anciens (Saggio sopra gli errori popolari degli Antichi), composé par Leopardi dans l’espace de deux mois, au commencement de 1815, nous présente déjà les résultats d’un esprit bien ferme, mais contenu encore dans les limites d’une foi sincère. […] J’ose dire aussi qu’il n’a point un cœur, qu’il ne sent point les doux frémissements d’un amour parfait, qu’il ne connaît point les extases dans lesquelles jette une méditation ravissante, celui qui ne sait point t’aimer avec transport, qui ne se sent point entraîner vers l’objet ineffable du culte que tu nous enseignes… Tu vivras toujours, et l’erreur ne vivra jamais avec toi. […] L’erreur fuira comme le loup de la montagne poursuivi par le pasteur, et ta main nous conduira au salut. » Il y a loin de ces très-jeunes élans aux réflexions amères et inexorables qui ont fait de Leopardi un des plus éloquents poëtes du désespoir ; il fut quelques années encore avant d’en venir à cette transformation, à cette conversion profonde et définitive de tout son être, à travers laquelle ses croyances, en périssant toutes, il faut le dire, ne montrèrent pourtant que plus à nu sa nature généreuse. […] Aujourd’hui, remarque très-bien Leopardi, ces reniements et, pour ainsi dire, ces apostasies des erreurs magnanimes qui embellissent ou mieux qui composent notre vie, et lui donnent proprement ce qu’elle tient de la vie plutôt que de la mort, ces sortes de paroles sceptiques sont très-ordinaires et n’ont plus de quoi surprendre : l’esprit humain, marchant avec les siècles, a découvert la nudité et comme le squelette des choses ; le christianisme a changé le point de vue de la sagesse ; et elle consiste à dénoncer à l’homme sa misère plutôt qu’à la couvrir et à la dissimuler.

638. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

C’est cette versification enchanteresse qui lui a fait pardonner tant d’erreurs de physique qui passeroient aujourd’hui pour le fruit de la plus stupide ignorance. “Quiconque, dit M. de Voltaire, croiroit connoître la nature en lisant Lucréce & Virgile, meubleroit sa tête d’autant d’erreurs qu’il y en a dans les secrets du petit Albert, ou dans les anciens Almanachs de Liége. […] Le charme de la poésie fait pardonner toutes les erreurs, & l’esprit pénétré de la beauté du style ne songe pas seulement si on le trompe. […] Il poursuivit l’erreur dans ses derniers détours, Et contre elle des vers emprunta le secours.

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