Sept cents ans d’histoire passent au pied ou pivotent autour de ce monastère et de cette forteresse tout ensemble, et ces sept cents ans sont racontés avec un détail d’érudition qui étonne encore plus que l’éloquence du récit.
Je ne dis point que les Harmonies ne forment pas un ensemble plus lié, et plus harmonieux en effet. […] Mais, bien que les pièces de ce volume aient été, entre toutes, écrites sans labeur, uniquement pour soulager l’âme du poète, et que la disposition d’esprit propre à l’homme de lettres professionnel et la préoccupation du métier en soient plus absentes encore que de Jocelyn ou de la Chute, jamais, je crois, la forme de Lamartine n’a été plus drue, plus chaude, plus colorée, ni certains passages un peu nonchalants mis à part plus savante que dans les Recueillements (la rime même s’est enrichie, et l’ancienne fluidité des images, fréquemment, s’est concrétée) ; soit qu’il subît en quelque mesure, sciemment ou non, l’influence de Victor Hugo ; soit plutôt qu’il fût dans l’âge de la maturité pleine et des sensations d’autant plus fortes qu’on sait que la puissance de sentir décroîtra demain Et d’autre part, bien que nul dessein préconçu ne relie entre eux ces morceaux, tous ensemble se trouvent principalement exprimer les deux sentiments contrastés de l’arrière-saison des grandes âmes : la tristesse de leur vie individuelle, chaque jour plus isolée, et, dans le même moment, leur foi dans la Vie ; bref, l’éternelle mélancolie et l’éternel espoir.
Nous fîmes tous ensemble une observation qui parut assez plaisante, ce seroit de réunir dans un même lieu, des habitans de chaque climat, & de les voir tous ensuite à une même table, où ils se feroient servir selon leur maniere de boire & de manger. […] Mais l’on ne verra jamais l’Europe dans sa perfection, qu’en faisant une chose absolument impossible, ce seroit d’incorporer ensemble les diverses nations, & de n’en faire absolument qu’une. […] On se promenoit, & c’étoit le moment où l’on vient en foule étaler des graces, des ridicules, des vertus, des vices, enfin tout ce qui forme l’ensemble des différentes sociétés.
Mais quoique ce soit un poète, chez nous, qui ait eu ce pouvoir, quoique ce doive être un autre poète aussi, Boileau, qui, pour la seconde moitié du siècle, achèvera et confirmera l’œuvre de Malherbe, il ne faudrait pas conclure, de cette espèce de préséance et de priorité de la poésie sur la prose, qui se rencontre également à des époques tout autrement primitives, que le caractère poétique, un caractère d’imagination et de fantaisie, dominera et s’imprimera à l’ensemble de la littérature.
Car elle forme un ensemble complet, harmonieux, dont les parties, bien proportionnées, sont ordonnées avec art39.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.
Les deux veuves montaient ensemble après le dîner dans la chambre de Mme Vauquer, et y faisaient de petites causettes en buvant du cassis et en mangeant des friandises réservées pour la bouche de la maîtresse.
Paraissez, Navarrois, Maures et Castillans, Et tout ce que l’Espagne a nourri de vaillants ; Unissez-vous ensemble, et faites une armée Pour combattre une main de la sorte animée12.
… Le directeur m’entretenait des ruses de ces femmes, murées dans le silence, des ruses pour correspondre entre elles, d’une lettre d’amour envoyée à une compagne par une lesbienne, qui en avait découpé les lettres dans le Pater et l’Ave d’un livre de prières, et les avait cousues ensemble sur un bout de chiffon.
Sauf en quelques pages qui demeurent excessives et comme blessantes, l’ensemble se tient.
XXI Parmi tous les romans illustrés par Hokousaï de 1805 à 1808, l’illustration du Rêve du camphrier du sud eut un immense succès, succès dont se montra jaloux le romancier, et un refroidissement se fit entre Bakin et Hokousaï et, avec ce refroidissement, la volonté chez chacun d’eux de ne plus travailler ensemble. […] Et je parlais alors de la peinture érotique de l’Extrême-Orient, « de ces copulations comme encolérées, du culbutis de ces ruts renversant les paravents d’une chambre, de ces emmêlements des corps fondus ensemble, de ces nervosités jouisseuses des bras, à la fois attirant et repoussant le coït, de ces bouillonnements de ventres féminins, de l’épilepsie de ces pieds aux doigts tordus battant l’air, de ces baisers bouche-à-bouche dévorateurs, de ces pâmoisons de femmes, la tête renversée à terre, la petite mort sur leur visage, aux yeux clos, sous leurs paupières fardées, enfin de cette force, de cette énergie de la linéature qui fait du dessin d’une verge un dessin égal à la main du Musée du Louvre, attribuée à Michel-Ange. » Ces lignes, je les écrivais d’après trois albums d’impressions merveilleuses dont j’ignorais encore l’auteur, et que je sais maintenant être Hokousaï, et avoir pour titre : Kinoyé no Komatsou, Les Jeunes Pins , dont la publication est de 1820 à 1830.
Sa main était très belle ; ses dix doigts, réunis et collés ensemble, s’étendaient avec un mouvement régulier et calme vers son interlocuteur, comme dans la démonstration la plus pacifique : ce geste de vieillard portait la conviction, jamais la colère, dans l’âme de ceux qui l’écoutaient ; c’était le geste de la conviction.
Ils n’emportent jamais leurs marchandises de la place, mais ils l’enferment la nuit dans des coffres qu’ils attachent l’un à l’autre, ou bien ils en font des ballots légèrement attachés ensemble par une grosse corde, qui passe tout autour, et ils laissent tomber dessus leur petit pavillon, et s’en vont sans laisser personne à la garde.