Il ne voit pas l’enfant, c’est-à-dire l’avenir immédiat. Le déchirement de l’enfant par le divorce lui importe peu. […] Certains écrivains demeurent, toute leur vie, des enfants, et qui se font gloire de leur puérilisme exalté, baladeur, lyrique, ou recroquevillé et tremblant, et qui affichent le cynique égoïsme des enfants. […] L’enfant était d’abord une bénédiction et une joie, puis un aide et une grandeur. […] L’air était pur comme une âme d’enfant.
Darwin ayant demandé à un enfant de moins de quatre ans ce qu’il entendait par être content, l’enfant répondit : « cela veut dire rire, babiller et embrasser ; » ce jeune psychologue ne séparait point le sentiment de son expression. […] Tantôt l’excitation nerveuse se transforme simplement en mouvements cérébraux, corrélatifs d’une agitation de l’esprit ; c’est ce qui a lieu, par exemple, quand un enfant écoute un récit qui l’intéresse et l’émeut. […] L’enfant mal nourri a souvent ce que les médecins appellent la main nerveuse, c’est-à-dire agitée de perpétuels tressaillements ; une nutrition encore plus mauvaise peut aboutir à la chorée. […] Wundt objecte à Darwin que les jeunes enfants poussent des cris violents sans verser une larme. […] L’enfant qui pleure, tout en poussant des cris, contracte ses muscles orbiculaires, sourciliers et pyramidaux, afin de protéger ses yeux dans l’engorgement des vaisseaux sanguins, comme nous les contractons devant une vive lumière.
Huet, d’un ton discret et plus fait à la cour, Sans zèle et passion causait de toute chose, Des enfants de Japhet, ou même d’une rose. […] ce jour-là, les simples gens du lieu Avaient fait un lavoir de la source du dieu, Et de femmes, d’enfants, tout un cercle à la ronde Occupaient la naïade et m’en altéraient l’onde. […] Et riant, conversant de rien, de toute chose, Retenant la pensée au calme qui repose, On voyait le soleil vers le couchant rougir, Des saules non plantés les ombres s’élargir, Et sous les longs rayons de cette heure plus sûre S’éclairer les vergers en salles de verdure, Jusqu’à ce que, tournant par un dernier coteau, Nous eûmes retrouvé la route du château, Où d’abord, en entrant, la pelouse apparue Nous offrit du plus loin une enfant accourue13, Jeune fille demain en sa tendre saison, Orgueil et cher appui de l’antique maison, Fleur de tout un passé majestueux et grave, Rejeton précieux où plus d’un nom se grave, Qui refait l’espérance et les fraîches couleurs, Qui sait les souvenirs et non pas les douleurs, Et dont, chaque matin, l’heureuse et blonde tête, Après les jours chargés de gloire et de tempête, Porte légèrement tout ce poids des aïeux, Et court sur le gazon, le vent dans ses cheveux.
Une mère plus voisine de la scène que les autres garantit son enfant avec inquiétude. Il faut voir l’effroi et la curiosité de l’enfant. […] Tout est beau dans le St Benoit qui près de mourir vient recevoir le viatique à l’autel, et l’acolyte qui est derrière le célébrant ; et le célébrant avec son dos voûté, et sa tête rase et penchée ; et le jeune enfant vêtu de blanc qui est à genoux et à côté du célébrant, et le second acolyte qui placé debout derrière le saint le soutient un peu, et les assistants.
L’enfant s’insurgea contre l’égoïsme nécessaire, mais hideux, contre la bourgeoisisme impitoyable et rapace, contre la vie plate et malfaisante, contre les violences hypocrites et sans grandeur. […] Tout le sang de tes veines, Ô préféré d’Héva, faible enfant que j’aimais, Ce sang que je t’ai pris, je le saigne à jamais ! […] Je ressusciterai les cités submergées, Et celles dont le sable a couvert les monceaux ; Dans leur lit écumeux j’enfermerai les eaux ; Et les petits enfants des nations vengées, Ne sachant plus ton nom, riront dans leurs berceaux ! […] » est une plainte d’enfant, stérile et vaine. […] Les deux enfants vont consulter le vieil ascète Viçvamithra.
Mais sa spécialité est le coloriage des enfants morts. […] L’homme va les passer dans une maison de prostitution et fait un enfant à une fille. Cet enfant sera le héros de notre livre. […] Tous alors nous étions des enfants, ne songions qu’à être des enfants, et c’étaient des vacances remplies à déborder de passe-temps sans déboires et de bonheurs qui avaient des lendemains. […] Aussi, quel paradis d’enfants était cette maison !
Le Vieillard et ses Enfants, par exemple je vous l’ai déjà indiqué c’est l’apologie du travail sous une forme allégorique infiniment habile et délicieuse. […] Je dormais tranquillement, Quand un enfant s’en vint faire A ma porte quelque bruit. […] Le vent, le froid et l’orage Contre l’enfant faisaient rage. […] C’est un enfant : Ma couardise est extrême D’avoir eu le moindre effroi ; Que serait-ce si, chez moi, J’avais reçu Polyphème ? […] On le voit à genoux sur son tombeau, quatre enfants aux coins.
Mesureur, Amélie (1854-1926) [Bibliographie] Nos enfants, poésies, avec lettre-préface de F. […] Eugène Ledrain Quelle forme précieuse et familière bien appropriée au sujet, dans Nos enfants !
La royauté s’est perdue dans les esprits par son isolement, et c’est par un enfant qu’on espère lui rendre de l’ascendant ! Si cette minorité était arrivée d’une manière naturelle, peut-être aurait-elle été favorable au développement de nos libertés ; mais à travers deux abdications, toujours et nécessairement conditionnelles, avec le besoin cruel de séparer un enfant de ses parents-exilés, de ne pouvoir former sa raison sans lui apprendre à les juger au moins aussi sévèrement que l’histoire le fera, avec le danger de les voir un jour se rapprocher de lui, il n’aurait été qu’une cause de soupçons, d’agitation, que l’étendard d’un parti qui n’a que trop prouvé ses fureurs et son incapacité. […] Après le massacre des citoyens, pendant que nos pieds glissaient encore sur le sang répandu, nous aurions abandonné le soin des blessés, oublié les souscriptions pour les parents des morts ; les pouvoirs de la société auraient négligé de régler le présent qui seul nous appartient, pour discuter où on placerait le berceau d’un enfant, les thèmes qu’on lui ferait faire, et les petits honneurs à lui rendre. […] « A l’époque de la vie où on n’est plus un enfant, où on ne sait pas encore positivement si on est un homme, le plus grand bonheur qu’on puisse éprouver est de rencontrer une occasion de tâter son courage.
L’œil clair et doux de ces âmes simples contemplait l’univers en sa source idéale ; le monde dévoilait peut-être son secret à la conscience divinement lucide de ces enfants heureux, à qui la pureté de leur cœur mérita un jour de voir Dieu. […] Heureux les pacifiques ; car ils seront appelés enfants de Dieu ! […] Les oiseaux du ciel, la mer, les montagnes, les jeux des enfants, passaient tour à tour dans ses enseignements. […] Enfin, dans un moment où, moins exagéré, Jésus ne présente l’obligation de vendre ses biens et de les donner aux pauvres que comme un conseil de perfection, il fait encore cette déclaration terrible : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu 502. » Un sentiment d’une admirable profondeur domina en tout ceci Jésus, ainsi que la bande de joyeux enfants qui l’accompagnaient, et fit de lui pour l’éternité le vrai créateur de la paix de l’âme, le grand consolateur de la vie.
Ce livre m’a paru, en général, plein d’éclairs et de fumée, de chaleur et de détails puérils, de lumière et de contradiction, de logique et d’écarts ; en mille endroits l’ouvrage d’un écrivain du premier ordre, et en quelques-uns celui d’un enfant. […] Vous voulez, lui dirais-je, former un enfant qui doit vivre parmi des magots, et vous voulez en faire un géant : cela n’est pas praticable ; le géant choquera les magots, qui se réuniront tous contre lui, et le chasseront de chez eux à coups de pierre. Faites donc de votre enfant un magot comme les autres, mais à la vérité le moins magot qu’il soit possible ; qu’il le soit assez pour ne pas déplaire à ses semblables, et pas assez pour se déplaire trop à lui-même. […] Le dialogue n’est pas le talent de l’auteur : des quatre qu’il y a dans son livre, celui du jardinier est fort au-dessous de ce que le sujet fournissait ; celui du gouverneur et de l’enfant très mauvais ; celui de la bonne et de la petite, médiocre ; celui même de l’inspiré et du raisonneur, moins bien qu’il n’aurait pu être.
II C’est qu’en réalité, — au fond, — Henri Heine n’est qu’un poète, et que, comme tous les poètes, il porte dans la vie morale des impuissances particulières à ces enfants terribles et charmants. […] Mais, comme un enfant vigoureux qui s’ennuie de ces grêles amusettes et qui s’en retourne à la récréation en plein air, il a fini par jeter le jeu de cartes sous la table et il est retourné, sans foi ni loi, à la Sensation, qui a décidé de sa vie ; — car Henri Heine est le poète de la Sensation, du Doute et de l’Impression personnelle, comme, du reste, le plus grand du χιχe siècle, l’auteur du Childe Harold et du Don Juan. […] Il dut être ironique, enfant, même avec sa bonne ou avec sa mère ; ironique et tendre, comme il le fut plus tard avec les femmes qu’il aima. […] L’Allemagne n’a présentement personne qui puisse faire oublier son dernier enfant, et ce n’est, certes !
Il ne faut pas qu’on sache que cet abbé des Vaux de Cernay qui ne veut pas aller ailleurs qu’en Terre Sainte ou en Egypte, parle au nom du pape, et avoué par lui : il faut qu’on croie que Home n’a eu que des pardons et de la joie pour ses enfants qui lui ont rendu l’empire grec. […] Même après les diplomatiques confidences du maréchal de Champagne et de Romanie, on peut lire avec intérêt les souvenirs d’un soldat obscur de la quatrième croisade : Robert de Clari, petit gentilhomme de Picardie, nous représente l’état de l’opinion publique dans l’armée, approuvant la direction générale, la déviation de la croisade, critiquant et maugréant sur les détails des opérations, tout émerveillé de ce qu’il voit, et nous mettant au fait de toutes ses remarques avec une vivacité d’enfant. […] Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ? […] Son humanité, aimable et faible, éclate à chaque page de son récit, comme lorsque, au départ, il n’ose se retourner vers son beau château de Joinville où il laisse ses deux enfants, de peur que le cœur ne lui fende. […] Il avait deux enfants quand il partit pour la croisade (avril 1248).