III Elles meurent justement parce qu’elles sont des écoles, parce que la poésie collective, la poésie analogue, qui se tient et qui se ressemble par une communauté de parti pris ou de doctrines, est une poésie qui s’épuise vite, — les hommes de talent qui se donnent à elle, par cela même qu’ils se donnent, n’étant pas de force à la renouveler.
En effet, pour bien juger un livre, il faut être au-dessus de ce livre par la doctrine ou le point de vue central, et Alexandre Dumas n’est qu’au niveau de celui-ci.
Il doit être un matérialiste de doctrine comme il l’est de style, car une telle nature ne saurait être inconséquente.
C’est en somme une déviation profane de la doctrine de l’« amour pur » de Molinos et de madame Guyon, doctrine où les actes sont indifférents pourvu qu’on aime Dieu. […] L’absurdité de cette doctrine, qui saute aux yeux, est surtout révoltante dans un homme comblé des biens de toute espèce, qui, du sein du bonheur, cherche à désespérer ses semblables par l’image affreuse et cruelle de toutes les calamités dont il est exempt. […] Il considère si peu son roman commencé comme un développement ou une application de sa doctrine, qu’il le regarde, au contraire, comme une sorte de démenti à son rôle public : Après les principes sévères que je venais d’établir avec tant de fracas, … après tant d’invectives mordantes contre les livres efféminés qui respiraient l’amour et la mollesse, pouvait-on rien imaginer de plus inattendu, de plus choquant que de me voir tout à coup m’inscrire parmi les auteurs de ces livres que j’avais si durement censurés ? […] Et, cinq ans après, la France connaissait les bienfaits des doctrines du Contrat social, et de l’universelle égalité, et de la souveraineté du peuple, et du droit absolu de l’État, et des magistratures d’exception telles que le Comité de Salut public et le tribunal révolutionnaire. […] Or ce prêtre emmène un matin son jeune ami dans la campagne, et, en présence d’une nature dont le spectacle fortifie ses discours et les appuie d’un magnifique témoignage, il expose à son disciple la doctrine du plus pur et du plus émouvant spiritualisme.
S’il faut regretter qu’il l’ait trop prouvé par son exemple, il faut confesser aussi qu’en doctrine il a raison, et qu’il n’était pas si facile alors d’avoir raison. […] Diderot : « Le législateur donnera le gouvernement d’un seul aux États d’une certaine étendue. » Diderot : « Une doctrine si énorme ne doit pas être discutée dans l’école, mais punie par les magistrats. » Et il s’agit de la doctrine de Spinoza. […] Les prêtres sont payés soit par l’État, soit par les fidèles, ça dépend des pays, pour approfondir une doctrine et pour l’enseigner. » — Pardon ! […] On entend bien que je parle de la doctrine de l’évolution des genres. […] Enfin qu’il donne à cette belle théorie, par la doctrine et par les applications, toute la rigueur dont elle est susceptible, — et l’on sait si l’on peut se fier à M.
C’était bien, en effet, pour nous le livre par excellence, le livre qui contenait la pure doctrine. […] S’il eût fait son apparition plus tard, nul doute qu’il n’eût pleinement adhéré aux doctrines nouvelles, et il fût resté ainsi plus longtemps contemporain. […] Il faisait de l’art pour l’art : excellente doctrine, quoi qu’on en ait pu dire, et il ne se souciait de rien prouver, sinon qu’il était un maître. […] Heureusement Eugène Delacroix eut tout d’abord la sympathie du cénacle romantique, quoique plus tard il ait nié, par une sorte de dandysme, avoir jamais partagé les doctrines des novateurs, imitant en cela Byron, qui exaltait Pope aux dépens de Shakespeare. […] Il a fait longtemps le feuilleton de musique au Journal des Débats, où il soutenait ses doctrines, attaquait tout ce qui lui semblait vulgaire, et célébrait ses dieux, Glück et Beethoven, à qui il dressait des autels de marbre blanc comme à des immortels.
Lorsque je rentrai en France en 1800, après une émigration pénible, mon ami, M. de Fontanes, rédigeait le Mercure de France ; il m’invita à écrire avec lui dans ce journal, pour le rétablissement des saines doctrines religieuses et monarchiques. […] Elle a ses sceptiques, ses pyrrhoniens, ses éclectiques ; et la seule doctrine qu’elle n’ait pas embrassée est celle des privations. » Sur la cause de nos erreurs M. de Bonald fait cette observation profonde : « On peut préjuger en physique des erreurs particulières ; on doit préjuger en morale des vérités générales ; et c’est pour avoir fait le contraire, pour avoir préjugé la vérité en physique, que le genre humain a cru si longtemps aux absurdités de la physique ancienne ; comme c’est pour avoir préjugé l’erreur dans la morale générale des nations que plusieurs ont, de nos jours, fait naufrage. » L’auteur est bientôt conduit à l’examen du problème des idées innées. […] Quand l’auteur parle ensuite des ouvrages de Rollin, et qu’il entre dans des discussions importantes, il montre un esprit nourri de bonnes doctrines, et une tête capable de concevoir des idées fortes et sérieuses. […] Quelques-uns même ont vu sortir des collèges, les doctrines d’anarchie et de révolution. […] J’ai le bonheur de croire qu’il existe encore en France des écrivains de génie, remarquables par la force de leurs pensées ou le charme de leur style ; des poètes du premier ordre, des savants distingués, des critiques pleins de goût, dépositaires des saines doctrines, des bonnes traditions.
Quelques-uns sont gros de doctrine et nourris de philosophie. […] On voudrait plus d’air et de jour dans cette masse de faits et de doctrines. […] Bien qu’il se flatte d’ignorer la philosophie, il pense, selon la doctrine d’Emmanuel Kant, que la personne humaine doit être considérée comme une fin, non comme un moyen. […] Toutes les Solidaires s’associèrent, comme un seul homme, à l’acrimonie de ses discours ; et plusieurs conférencières promirent, séance tenante, de porter la bonne doctrine dans les provinces. […] Leurs larges vues sur le passé ne prétendent pas imposer à la postérité une doctrine définitive, un catéchisme ne varietur.
La terre, selon cette doctrine, est la prophétie de l’histoire. […] C’est même sur ce seul fait d’expérience qu’est fondée toute la doctrine des médications prises à l’intérieur. […] Mais c’est confondre l’âme avec la vie, et, par excès de spiritualisme, revenir à la doctrine contraire. […] Or, Galien était médecin, par conséquent peu spiritualiste ; et, quant à Aristote, s’il s’était précipité dans cette doctrine, c’était justement par réaction contre les hypothèses et les légendes platoniciennes. […] Contre cette haute doctrine, chère aux âmes mystiques, — dit M.
, n’est lucide que conçue et rédigée par des écrivains sensoriels… Qu’est-ce qu’une doctrine, sinon la traduction verbale d’une physiologie ? » (Une doctrine n’est qu’une physiologie, dit M. de Gourmont ; un arbre, disait Hegel, croît par syllogismes : ces deux contraires paradoxaux disent à peu près la même chose.) […] Mais ensuite, ou plutôt d’abord, et surtout, elle aime Mistral contre quelqu’un, elle le prend comme point d’appui dans une attaque, elle formule une doctrine anti-romantique. […] Et depuis 1850 il est ordinaire que toute doctrine littéraire s’arbore comme une réaction contre le romantisme, mais que chacune de ces réactions soit accusée par la réaction concurrente ou la réaction suivante d’être elle-même une réaction romantique. […] Il y aura bientôt cent ans qu’un académicien classique proclamait que le romantisme n’est pas une doctrine, pas un art, mais une maladie.
Nouvelle encore parmi nous (du moins si on la considère dans sa rigueur), cette méthode, fort distincte d’ailleurs des doctrines philosophiques ou physiologiques que M. […] Taine et ses doctrines littéraires. Mais ce n’est pas, nous le verrons, une médiocre consolation pour lui que ces doctrines existent. […] On se tromperait de croire que le fatalisme soit une doctrine naturellement dure. […] J’en doute ; Il me semble, en revanche, que le système politique de Saint-Simon et ses doctrines sur l’histoire n’ont pas encore été mises dans tout leur jour.
Si j’avais, par exemple, à développer devant mon spirituel auditoire Une théorie ridicule sur la comédie, une critique absurde dans ses principes et dans ses conclusions, dont l’auteur, homme d’imagination d’ailleurs et parfois de jugement, se serait appuyé sur les plus étranges axiomes et sur les définitions les plus arbitraires, pour préparer et amener quelque jugement impertinent sur un grand poêle ; il ne me serait pas difficile de faire rire les gens d’esprit qui m’écouteraient ; je n’aurais qu’à reproduire fidèlement ces doctrines ridicules. […] Rien de plus conséquent avec ses doctrines. […] Selon toute apparence, ce sont ses propres opinions que Molière a exprimées dans la doctrine étroite de Chrysale sur la destination des femmes, dans celle de Clitandre sur le peu d’utilité du savoir, et ailleurs encore dans des dissertations sur la mesure de connaissances qui convient à un homme comme il faut.
La mort, c’est elle qui est l’ouvrière des philosophies, de la morale, puisque toutes les doctrines humaines n’ont été inventées que pour nous préparer au grand passage. […] Il y a, à coup sûr, une doctrine supérieure à celle de Vigny, c’est celle qui consiste, au lieu d’un stoïcisme farouche, à nous donner la confiance dans une volonté suprême et la résignation à ses ordres : mais cette doctrine-là, c’est celle qu’enseigne la religion, et comme philosophie humaine, purement humaine, je crois qu’il y en a peu qui montrent autant de vigueur, autant de noblesse que celle que Vigny a exprimée dans ses Destinées. […] José-Maria de Heredia est parmi tous ces poètes celui qui tient le plus étroitement à la doctrine du Parnasse. […] J’ai analysé, sans les discuter, les doctrines.