Quel artiste, en effet, ayant le respect de son art et de lui-même, quand il s’agit de l’ensemble de ses travaux, ne pratique pas sur ce qu’il écrivit, à des époques distantes et dans des inspirations différentes, la retouche suprême qui affermit et qui achève, et après laquelle il n’y a plus pour l’homme que le désespoir de l’idéal ? […] Je veux rapprocher deux hommes placés dans des milieux différents sur lesquels ils ont influé, chacun à sa manière, et qui ont même participé à la création de ce milieu ; je veux simplement mettre en regard deux organisations analogues, supérieures toutes deux par une délicatesse exquise et une très grande force, — une force qui donne d’autant plus de plaisir qu’elle est cachée sous la grâce et sous l’harmonie. […] Il est si profondément poète dans ses Poèmes que partout ailleurs c’est l’homme de ses Poèmes, diminué, voilé, modifié par les exigences d’œuvres différentes, mais le même cependant, identique et ineffaçable.
Il y en eut, dit-on, en quarante idiomes, ou langues différentes. […] Là se trouvent toutes les espèces différentes de mérite. […] D’autres écrivains dans différents genres, tels qu’Amyot, traducteur de Plutarque, et grand aumônier de France ; Marguerite de Valois, célèbre par sa beauté comme par son esprit, rivale de Boccace, et aïeule de Henri IV ; et ce Rabelais, qui joua la folie pour faire passer la raison ; et ce Montaigne, qui fut philosophe avec si peu de faste, et peignit ses idées avec tant d’imagination.
Engagés dans une carrière différente, on n’a point à craindre que leurs regards soient trop pénétrants ; on leur trouve précisément le degré de lumière que l’amour-propre peut désirer pour son repos. […] Pour répond re à cette objection, je remarque que parmi les gens de lettres qui courent une même carrière, comme il est différents degrés de talents, il est aussi différentes classes ; ces classes sont d’elles-mêmes assez marquées, et les gens de lettres par une espèce de convention tacite les forment presque sans le vouloir : chacun, je l’avoue, cherche à se mettre dans la classe la plus élevée qu’il lui est possible ; mais il n’est pas à craindre que les rangs soient trop bouleversés par cette prétention ; car la vanité n’est aveugle que jusqu’à un certain degré ; il arrivera seulement de là qu’il y aura moins de classes, jamais qu’elles se confondent en une seule : celui surtout qui aspirerait à la monarchie universelle et perpétuelle, quand même il en serait digne, courrait risque de trouver bien des rebelles ; l’anarchie qui détruit les États politiques, soutient au contraire et fait subsister la république des lettres ; à la rigueur on y souffre quelques magistrats, mais on ne veut point de rois. Ces différentes classes ainsi formées, et chacune n’ayant rien à démêler avec ses voisines ; si on n’est pas toujours équitablement jugé dans sa propre classe, on l’est au moins à peu près dans toutes les classes supérieures et inférieures. Qu’on interroge séparément, s’il le faut, ces différentes classes ? […] Parmi les différents Mécènes de notre siècle, il s’en trouve quelquefois qui s’étant enrichis par les lettres, prennent sous leur protection d’autres hommes de lettres moins riches et plus éclairés qu’eux.
Il est trop aisé de déclamer alors dans un sens ou dans un autre ; le thème est tout donné, on n’a qu’à le suivre ; mais l’appréciation véritable et distincte des œuvres de l’esprit demande plus de précaution et l’emploi d’un art tout différent, qui a ses principes aussi sans les afficher. […] Aristote, je le pense, était un grand critique, et Lessing, et Schlegel, et Gœthe et Schiller lui-même : dites-leur donc d’appliquer dans l’art pour règle et pour mesure le principe du spiritualisme chrétien, c’est-à-dire un principe ascétique et qui appartient à un ordre tout différent ! […] Ce Shakspeare par lequel prophétise la nature, et dont un critique souverain a dit qu’il nous conduit à travers le monde tel qu’il est, bien et mal, lumière et ténèbres, grandeurs et abîmes, tous aspects différents et nécessaires : « Mais nous, hommes raffinés et sans expérience, nous nous écrions, à chaque sauterelle que nous rencontrons : Elle va nous dévorer ! […] Pour mon compte, je dois cependant convenir, sans prétendre faire le généreux, que sa plaidoirie en faveur de Chateaubriand, à l’occasion et à l’encontre d’un livre que j’ai publié, m’a frappé comme très-spirituelle, très bien menée, très-soutenue d’haleine, fort juste en bien des points ; et il me coûte d’autant moins de le reconnaître, qu’au fond ses conclusions à lui (sauf le ton de la chanson) ne sont pas si différentes des miennes, et qu’un abîme, quoi qu’il en dise, ne nous sépare pas. Ce qui nous sépare, c’est l’idée différente que nous nous faisons de l’excellence d’un portrait.
Partout, il ne fait autre chose que jouer des rôles avec des habits différents. […] C’est toujours la même chose, sous un nom différent. » Le talent et l’art de M. […] Deux sœurs, Mme de Verna et Mme de Goury, très différentes de caractère, ont épousé des hommes d’inclinations et de goûts également différents. […] Ici le rideau se tire, et le second acte nous fait assister le matin à un lever d’une humeur bien différente.
On peignit tout l’extérieur de différentes figures, qui étaient autant d’emblèmes des différentes vertus qui l’avaient plus particulièrement distingué. […] L’usage où l’on était de nommer solennellement un successeur au trône n’a plus lieu aujourd’hui ; celui de donner des provinces en souveraineté, sous différents titres, est aboli depuis bien des siècles ; le partage et la distribution des terres ne sont plus comme autrefois dans les premiers temps de la monarchie. […] Les inondations, les sécheresses et les différentes calamités publiques m’affectent beaucoup plus qu’elles n’affectent aucun de mes sujets. […] Dans les cinquante-sept livres suivants, il y en a deux sur les différentes espèces de blés et de grains, deux sur les plantes médicinales les plus usuelles et les plus communes, un sur les herbages de cuisine, six sur les arbres à fruits, trois sur les fleurs de parterre et de jardin, quatre sur les plantes les plus communes dans les campagnes, six sur les différents arbres de toutes les provinces de l’empire (nous doutons qu’on en connaisse une cinquième partie en Europe), onze sur les oiseaux, huit sur les animaux soit domestiques, soit sauvages, huit sur les amphibies, les coquillages et les poissons, et six enfin sur les insectes. […] L’Amérique alors serait destinée à faire le contrepoids de la Chine ; les deux hémisphères auraient deux principes en contraste, et non en hostilité, dans l’univers : la paternité en Chine, la liberté en Amérique ; ici le fils, là le citoyen ; principes tous deux féconds en moralité, en devoirs et en prospérité pour les différentes races humaines.
À cette conclusion devaient nécessairement aboutir, quoique partis de points tout différents, les deux physiciens du xixe siècle qui ont pénétré le plus avant dans la constitution de la matière, Thomson et Faraday. […] De là deux mondes différents, incapables de communiquer autrement que par un miracle, d’un côté celui des mouvements dans l’espace, de l’autre la conscience avec les sensations. […] La durée vécue par notre conscience est une durée au rythme déterminé, bien différente de ce temps dont parle le physicien et qui peut emmagasiner, dans un intervalle donné, un nombre aussi grand qu’on voudra de phénomènes. […] En réalité, il n’y a pas un rythme unique de la durée ; on peut imaginer bien des rythmes différents, qui, plus lents ou plus rapides, mesureraient le degré de tension ou de relâchement des consciences, et, par là, fixeraient leurs places respectives dans la série des êtres. […] Si les impressions de deux sens différents ne se ressemblent pas plus que les mots de deux langues, c’est en vain qu’on chercherait à déduire les données de l’un des données de l’autre ; elles n’ont pas d’élément commun.
Le jeune Charles étudia avec ardeur les lois dans les différents recueils de Codes, qui existaient alors ; il fut reçu conseiller, le 24 février 1714. […] « Il y a donc une raison primitive ; et les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle et les différents êtres, et les rapports de ces divers êtres entre eux. […] Considérés comme habitants d’une si grande planète qu’il est nécessaire qu’il y ait différents peuples, ils ont des lois dans le rapport que ces peuples ont entre eux ; et c’est le droit des gens. […] On est étonné que Montesquieu n’ait pas su distinguer entre ces deux conditions complétement différentes, et qu’il ait donné faveur à ce misérable sophisme, l’opposé de toute vérité. […] Enfin, cela doit faire des caractères bien différents.
Il laisse trop à faire aux lecteurs pour démêler les différens degrés de ce progrès. […] Mr. de Voltaire excite tour-à-tour ces différentes impressions, mais dans un moindre degré. […] La destinée de Quinault, le premier Poëte qui travailla avec succès pour la scène lyrique, fut bien différente. […] Ces différentes productions plaisent à ceux qui aiment à retrouver la nature dans sa plus grande négligence ; mais il ne faut pas le lire de suite. […] Mais si le fond est presque toujours le même, la forme est bien différente.
La lecture de ces observations fait tout de suite penser à quelque chose d’assez différent de la fausse reconnaissance. […] Mais le phénomène dont il s’agit ici est très différent. […] Pierre Janet est arrivé de son côté, par des voies différentes, à des conclusions tout à fait conciliables avec les nôtres. […] De là deux moi différents dont l’un, conscient de sa liberté, s’érige en spectateur indépendant d’une scène que l’autre jouerait d’une manière machinale. […] Des observateurs qui ne se connaissent pas entre eux, qui parlent des langues différentes, s’expriment ici en termes qui sont la traduction textuelle les uns des autres.
Ici en effet, ce n’est plus de rapports entre objets différents qu’il s’agit, comme entre les objets de la géométrie, de la chimie, de l’histoire naturelle. […] On a constaté par des exemples nombreux des états physiologiques entièrement différents et même contraires chez les individus dont le crâne offrait les mêmes apparences à la surface. […] Comment identifier des phénomènes aussi différents par leurs caractères propres et par les organes d’observation qui les constatent ? […] On peut à la rigueur, dans la doctrine des physiologistes, soutenir que les uns ne sont que la transformation des autres ; mais on ne peut aller jusqu’à n’y voir que les mêmes faits sous des expressions différentes. […] Ces principes élémentaires, s’agrégeant tantôt par juxtaposition, tantôt par combinaison, tantôt par intussusception, forment des composés de toute sorte dont les propriétés, toutes différentes de leurs éléments, constituent les êtres des divers règnes de la nature.
M. de Tocqueville posait un peu pour l’observation méthodique, profonde et raisonnée… » Il ne posait pas, c’était l’attitude naturelle de son esprit, de toute sa personne ; mais il faisait un peu cet effet aux militaires, à ceux qui ont l’esprit prompt, l’observation facile et nette, et même brusque : ce sont des familles d’esprits différentes et même opposées ; il n’y a rien d’étonnant que quelque antipathie se prononce. […] Quels produits différents de l’intelligence que la pensée qui fait écrire et celle qui fait agir ; la pensée qui se resserre dans les limites d’un acte à accomplir, et celle qui s’étend dans un grand espace et veut juger en général les résultats et les causes ! […] Pour celui qui étudie les formes différentes et caractéristiques des esprits, il est curieux de suivre M. de Tocqueville en Allemagne, dans son voyage à la recherche de cet ancien régime qui le préoccupe tant : il ne parvient pas d’abord à trouver ce qu’il espérait, et à découvrir un ordre de symptômes précurseurs de 89 et corrélatifs aux nôtres. […] [NdA] Dans l’étude des esprits de différents ordres, rien ne me plaît comme les rapprochements, les comparaisons, les contrastes.
Après avoir rempli différentes missions et même exercé de pleins pouvoirs d’administrateur financier dans les pays conquis, il fut envoyé à Varsovie en qualité de résident français au commencement de 1811. […] Dans le cas présent il va se trouver engagé à continuer de représenter à Paris un souverain qui aura une autre inclination et inspiration politique que la sienne ; il va passer, même à Dresde et dans son pays, pour un partisan du système français, sans l’être pour cela devenu, et en ayant au cœur une politique toute différente. […] M. de Senfft fut avec lui à Berlin, et depuis à Paris, sur un pied d’amitié et de confiance, auquel il dut, en 1809, la satisfaction de soustraire le fils aîné de Mmc la duchesse d’Esclignac, fait prisonnier en Espagne, à la rigueur des lois portées contre les Français pris les armes à la main. » On peut le remarquer, les parfaites liaisons de M. de Senfft à cette époque ne furent jamais qu’avec ceux qui, tout en servant alors la politique de Napoléon, avaient des restes d’ancien régime ou des avant-goûts et des prédispositions de régime futur différent. […] La politique était sa passion ; il avait publié, à différentes époques, des ouvrages qui en traitaient.