— ô destinée amère, A qui de mourir à présent ?
Il sera saisi d’une terreur d’autant plus étrange, qu’il n’en connaîtra pas l’objet ; il tremblera dans un cimetière où il aura gravé que la mort est un sommeil éternel ; et, en affectant de mépriser la puissance divine, il ira interroger la bohémienne, ou chercher ses destinées dans les bigarrures d’une carte.
Nul n’échappe à sa destinée. […] Sa destinée frappe l’esprit de stupeur et d’admiration. […] Il a un sentiment de la destinée qui lui ôte presque le sentiment de soi-même, et qui le rend touchant et tragique au plus haut point. […] Le dur Arès des Celtes nous a fait cette destinée. […] C’est l’unique bonté de la nature, de nous laisser dans ignorance de notre destinée.
La femme, au lieu de borner son rêve aux quatre murs qui enclosent les prudentes et ennuyeuses destinées, admire son mari en proportion des entreprises où il se lance, des matches qu’il affronte, des records qu’il détient. […] Polis avec les femmes, mais rarement pour le bon motif, nous avons chargé notre Code civil d’articles qui sont destinés à vexer, à réprimer ce sexe auquel nous prodiguons nos compliments et nos œillades. […] Je détache, au hasard, quelques lignes : Le chevalier Pons de Liguières s’était trouvé, presque enfant encore, maître souverain de sa destinée. […] Le contrat par lequel un homme lie sa destinée à la vie d’une femme n’est pas plus important à leurs yeux qu’un acte de société. […] Les espaces dévorés n’étaient que des symboles : c’était leur destinée qui devenait autre.
Née avant nous, et destinée à nous survivre, il y a longtemps qu’en effet la critique serait morte, si elle n’avait un objet, un rôle, une fonction, extérieurs ou supérieurs à l’idée que s’en font M. […] Puissent mes destinées Vous amener à moi, de dix en dix années, Attentifs à mon œuvre, — et pour moi c’est assez. […] Et, indépendamment de toute idée religieuse, ne peut-on pas croire que, de tous les problèmes, le plus important et le plus tragique pour nous, c’est encore celui de notre destinée ? […] ou qu’est-elle en elle-même, en son fond, qu’est-elle et que pourrait-elle être qu’une certaine façon de concevoir et de résoudre, ou de poser tout au moins le problème de la destinée ? […] C’est une comédie, quel qu’en soit d’ailleurs le sujet, où les circonstances tiennent plus déplacé que les résolutions, et dont les personnages ne sont pas tant les artisans que les instruments de leur destinée.
Aussi j’imagine que la destinée de M. […] Étrange destinée que la sienne ! […] Cela peut convenir à la masse des hommes qui accomplissent machinalement leur destinée et laissent leurs regards s’arrêter à l’horizon. […] Cette dernière destinée n’est pas la moins glorieuse ni la moins enviable. » — Dirai-je toute ma pensée ? […] Telle est la destinée des grands inventeurs et des grands écrivains : ils trouvent autre chose que ce qu’ils cherchent.
La mort lui apparut, et il eut des semaines de désespoir où se mêlaient un besoin d’affection féminine, une appréhension des destinées de l’âme, mille effrois devant la vie. […] Et pour ne plus se poser que dans le domaine de l’apparence, le problème de la relation du moi avec le non-moi, le problème de notre devoir et de notre destinée n’en réclame pas moins une solution. […] Un autre point les séparait, l’opposition de leurs vues sur la destinée de la Russie. […] Se résigner, laisser les hommes à leur destinée, ou agir encore, tenter autre chose ? […] Marcellus Emants n’a traité ce sujet avec autant d’émotion et de vérité que dans deux grandes nouvelles parues naguère en volume sous un titre commun, et évidemment destinées à se faire pendant.
III Les deux frères, quoique cordialement unis, suivaient des voies différentes à leur entrée dans la vie : Guillaume, la voie large et universelle de l’homme destiné aux actions vives et généreuses de la vie publique ; Alexandre, les études spéciales et concentrées de la vie scientifique. […] XIV Quant à Alexandre de Humboldt, sa vie, dispersée comme sa pensée, continua à se répandre sur une multitude de sujets scientifiques adressés aux académies comme autant de notices destinées à être recueillies plus tard dans son œuvre capitale : pierres plus ou moins taillées pour élever son monument. […] Mais, en attendant, regardons-le vivre les longs jours que Dieu lui avait destinés.
Elle n’eut pas d’enfance ; elle grandit et fleurit, comme une plante rare en serre chaude, sous la vertu de sa mère, sous la gloire de son père, sous les caresses et sous les admirations précoces des familiers illustres de la maison : ébauche de statue destinée au piédestal, sans cesse exposée dans le salon de son père comme dans un atelier de gloire à laquelle chacun des hôtes de la maison donnait tour à tour son coup de ciseau ! […] L’un et l’autre se séparaient au moins du scepticisme ou de l’athéisme régnant par une foi vive dans la Divinité, dans la Providence et dans la destinée immortelle de l’âme. […] « Je reviens à vous, femmes immolées toutes dans une mère si tendre, immolées toutes par l’attentat qui serait commis sur la faiblesse par l’anéantissement de la pitié ; c’en est fait de votre empire si la férocité règne, c’en est fait de votre destinée si vos pleurs coulent en vain !
Il était dans sa destinée d’avoir pour monuments des sépulcres, depuis celui de Jules II non achevé, et celui des Médicis qu’il allait construire, jusqu’à celui de l’apôtre saint Pierre qu’il devait bientôt élever dans le ciel. […] « Ô destinée cruelle de toutes mes aspirations trompées ! […] Et n’est-ce pas une trop grande infamie à toi, ô destinée, de t’acharner sur celui qui a déjà perdu le souffle et la vie !
Et encore est-il vrai que bien des boni des hommes attachent leur destinée à des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. […] « Ma sœur avait touché aux portes de la mort ; mais Dieu, qui lui destinait la première palme des vierges lui réservait aussi de mourir avant moi. […] La tempête sur les flots, le calme dans ta retraite ; des hommes brisés sur des écueils, au pied de l’asile que rien ne peut troubler ; l’infini de l’autre côté du mur d’une cellule ; les fanaux agités des vaisseaux, le phare immobile du couvent ; l’incertitude des destinées du navigateur, la vestale connaissant dans un seul jour tous les jours futurs de sa vie ; d’une autre part, une âme telle que la tienne, ô Amélie, orageuse comme l’océan ; un naufrage plus affreux que celui du marinier : tout ce tableau est encore profondément gravé dans ma mémoire.
« Valmore, qui t’aime bien à travers ses grincements de dents contre la destinée… » Etc., etc… C’est d’un comique navrant. […] Je t’ai dit une fois, je te répète ici, que j’ai fait beaucoup d’élégies et de romances de commande sur des sujets donnés, dont quelques-unes n’étaient pas destinées à voir le jour. […] Quant à l’Alice de la rue Miromesnil, cela me paraît fruit vert destiné à devenir fade.
Notre école est exclusivement destinée à l’enfance et par là vouée à un demi-ridicule, comme tout ce qui est pédagogique ; notre club est tout politique, et pourtant il faut à l’homme des réunions spirituelles. […] C’est se suicider que d’écrire des phrases comme celle-ci : « L’homme est destiné à vivre sans religion : une foule de symptômes démontrent que la société, par un travail intérieur, tend incessamment à se dépouiller de cette enveloppe désormais inutile. » Que si vous pratiquez le culte du beau et du vrai, si la sainteté de la morale parle à votre cœur, si toute beauté, toute vérité, toute bonté vous reporte au foyer de la vie sainte, à l’esprit, que si, arrivé là, vous renoncez à la parole, vous enveloppez votre tête, vous confondez à dessein votre pensée et votre langage pour ne rien dire de limité en face de l’infini, comment osez-vous parler d’athéisme ? […] L’athée, c’est l’homme frivole ; les impies, les païens, ce sont les profanes, les égoïstes, ceux qui n’entendent rien aux choses de Dieu ; âmes flétries qui affectent la finesse et rient de ceux qui croient ; âmes basses et terrestres, destinées à jaunir d’égoïsme et à mourir de nullité.