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46. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

» À l’Académie française, où il allait quelquefois, et le plus souvent qu’il le pouvait, il a laissé d’assez bons souvenirs : « Il paraissait, a dit d’Alembert, s’intéresser à nos exercices, opinait avec autant de goût que de dignité sur les questions qui s’agitaient en sa présence, et finissait toujours par témoigner à la compagnie les regrets les plus obligeants de ce que la multitude de ses autres devoirs ne lui permettait pas de s’acquitter, comme il l’aurait voulu, de celui d’académicien. » Un jour, dans un de ces moments d’effusion comme il en avait volontiers, il demanda à ses chers confrères la permission, ne pouvant être aussi souvent qu’il l’aurait voulu parmi eux, de leur être présent au moins en peinture et de leur envoyer son portrait. […] La maréchale de Villars, qui y assistait, demanda quel était ce jeune homme qui voulait faire tomber la pièce ; on lui dit que c’était l’auteur : elle le voulut connaître ; il lui fut présenté, et il l’aima bientôt d’une passion vive et sérieuse. […] Le cardinal de Rohan demanda à M. le duc de le faire mettre à la Bastille. […] Cela ne l’empêcha pas de demander en partant d’autres grâces : On me presse de partir, écrit-il à la dernière page de son journal (octobre 1733), et j’ai donné au garde des sceaux un mémoire, par lequel je demande, avant que de partir, des grâces distinguées qu’il est aisé de deviner : et le 19, M. […] Je me suis rendu, d’autant plus que le commandement qu’on m’offre est si important, que je ne crois pas pouvoir refuser à mon roi et au roi d’Espagne, tant qu’il me reste une goutte de sang dans les veines, les services qu’ils me demandent.

47. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Je me suis demandé : Si j’avais un enfant à élever, de quoi m’occuperaisje d’abord ? […] Quand un méchant pourrait être véritablement grand, comme il serait du moins incertain s’il ferait le malheur ou le bonheur de sa nation, je voudrais encore qu’il fût bon. » Je me suis demandé comment je le rendrais bon ; et je me suis répondu : En lui inspirant certaines qualités de l’âme qui constituent spécialement la bonté. […] Je me suis demandé comment on inspirait la fermeté à une âme naturellement pusillanime ; et je me suis répondu : En corrigeant une peur par une peur ; la peur de la mort, par celle de la honte. […] Je me suis demandé comment on rectifiait, on éclairait, on étendait l’esprit de l’homme, et je me suis répondu : On le rectifie par l’étude des sciences rigoureuses. […] Agir devant ses enfants, et agir noblement, sans se proposer pour modèle ; les apercevoir sans cesse, sans les regarder ; parler bien, et rarement interroger ; penser juste et penser tout haut ; s’affliger des fautes graves, moyen sûr de corriger un enfant sensible : les ridicules ne valent que les petits frais de la plaisanterie, n’en pas faire d’autres ; prendre ces marmousets-là pour des personnages, puisqu’ils en ont la manie ; être leur ami, et par conséquent obtenir leur confiance sans l’exiger ; s’ils déraisonnent, comme il est de leur âge, les mener imperceptiblement jusqu’à quelque conséquence bien absurde, et leur demander en riant : Est-ce là ce que vous vouliez dire ?

48. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

me demandait un jour de Vigny… — Turbidus, lui répondis-je, est un poète dévoué. […] Duveyrier père lui demanda : « Eh bien ! […] Asselineau me fit demander (sans me dire l’occasion ni l’objet) ce que je pensais de lui comme poète. […] Il avait demandé à s’en charger, redoutant un retour de M.  […] Leroux et quelques autres ne furent point de cet avis, et ils me demandèrent dans cette crise le secours plus fréquent de ma plume : j’étais jeune, vif, ardent, vacant ; je ne demandais pas mieux.

49. (1802) Études sur Molière pp. -355

Quelques personnes assurent qu’il demanda ce service à M.  […] demandez au révérend père . […] Je demande aux vrais connaisseurs, si Grandval ne faisait pas le contresens le plus impardonnable ? […] Le parterre me répond, belle demande ! […] je ne demanderais pas mieux.

50. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Et d’abord les susdits directeurs, dont la plainte est déjà ancienne, excipent de leur privilège pour demander au Gouvernement une protection directe. […] Dans aucun cas, d’ailleurs, le Gouvernement n’eût pu intervenir comme le désiraient les directeurs, lesquels demandaient une enquête ayant pour but : 1º La révision de la loi du 13 janvier 1791, qui permet aux sociétés d’auteurs de traduire en police correctionnelle tout directeur qui peut se trouver en désaccord avec elles ; 2º La création d’un tarif pour les œuvres des auteurs, quelque minimes que soient ces œuvres, tarif qui, une fois établi et fixé, couperait court à bien des prétentions ; 3º Enfin que les contestations entre auteurs et directeurs, contestations qui sont essentiellement commerciales et rentrant dans le droit commun, soient jugées par les tribunaux civils ou de commerce et non par les tribunaux correctionnels. […] La demande d’un tarif à fixer par l’État est contraire aux idées généralement admises aujourd’hui en bonne économie politique. […] Il semblerait plus raisonnable d’admettre ce que demandent en troisième lieu les pétitionnaires, qu’un tribunal civil ou commercial soit appelé à juger des contestations entre auteurs et directeurs.

51. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Vous me demandez : « quel est mon poète ?  […] » me demandez-vous. […] Irez-vous lui demander ce qu’il pense du temps et de l’espace, ou de l’avenir des sociétés ? […] Vous me demandez quel est mon poète. […] Vous me demandez quel est mon poète.

52. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Je demande ici à faire un court chapitre épisodique, à remettre à la prochaine fois ce que je devais dire aujourd’hui de Bernis comme cardinal et ambassadeur à Rome, et à profiter d’un document imprévu dont je dois la communication à la bienveillance de M. le duc Pasquier, ancien chancelier de France. […] L’insubordination et l’indiscipline sont partout ; personne n’est craint ni obéi ; la rivalité et la désunion du duc de Richelieu et du prince de Soubise ont amené les désastres de la fin de la campagne ; on demande au maréchal de Belle-Isle et à Duverney pour la campagne prochaine des mémoires et des plans qui ne seront pas suivis. […] demandera-t-on. […] ) et lui demander, comme pour l’amour de Dieu, l’argent du roi. […] Je n’ai point fait le mémoire que vous m’aviez demandé sur M. de Stainville (c’est le mémoire au roi qu’il fit trois semaines après, et qu’il appelle son Testament), je ne veux pas proposer une chose qui ne vous plaît pas.

53. (1890) L’avenir de la science « XX »

Dans l’ordre des productions de l’esprit, comme dans tous les autres, on ne reproduit que sur la demande expresse ou supposée, et par la force des choses il arrive que c’est la richesse qui fait la demande. Celui donc qui songe à vivre de la production intellectuelle doit songer avant tout à deviner la demande du riche pour s’y conformer. Or, que demande le riche en fait de productions intellectuelles ? […] Le goût du riche, en effet, faisant le prix des choses, un jockey, une danseuse qui correspondent à ce goût sont des personnages de plus de valeur que le savant ou le philosophe, dont il ne demande pas les œuvres.

54. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

On demanda une épitaphe à Santeul, on l’invita à venir à Port-Royal, où il était déjà allé. […] Ce Bâillon fut ce qui mordit le plus au sang la langue du malheureux Santeul ; il demanda quartier par une élégie où il en appelle à la charité chrétienne. […] Il me demanda des nouvelles de Santeul, et me témoigna qu’il était très fâché de son mal. […] Je leur demandai quel était son mal. […] Vous avez honoré sa mémoire par ce que vous avez dit de lui après sa mort ; messieurs de Saint-Victor devraient être contents et ne rien demander davantage.

55. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Je ne lui demande pas le pouvoir de bien faire : pourquoi lui demander ce qu’il m’a donné ?  […] Rousseau ignore-t-il que ce n’est pas le pouvoir de bien faire que nous demandons à Dieu, mais l’heureuse facilité de faire le bien ?  […] En octobre 1770, il publia une Consultation sur la validité des mariages des protestants, rédigée sur la demande du duc de Choiseul. […] On ne demande pas qu’il les répare ; on demande seulement qu’il n’en profite pas. […] Il est plus aisé de rendre des décrets que de former des hommes. » Il demande donc du temps et du soin pour corriger et ramener les esprits.

56. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Après le succès de Madame Bovary, après tout le bruit qu’avait fait ce remarquable roman et les éloges mêlés d’objections qu’il avait excités, il semblait que tout le monde fût d’accord et unanime pour demander à M.  […] Depuis que Madame Bovary avait paru, la question du réalisme revenait perpétuellement sur le tapis ; on se demandait entre critiques si la vérité était tout, s’il ne fallait pas choisir, et puisqu’on ne pouvait tout montrer indistinctement, où donc il convenait de s’arrêter. […] On demandait à M.  […] Les soldats aussitôt, se croyant méprisés, envoient demander ces coupes d’honneur qui sont conservées dans un temple, et qu’on leur refuse. […] Or, je demande déjà (et chacun en est juge) si introduire et répandre sur le petit nombre de faits positifs donnés par Polybe et répétés par d’autres historiens un élément religieux et mystique de cette nouveauté conjecturale, et bientôt un élément de passion amoureuse et tout à fait romanesque, ce n’est pas faire un poème, une invention au premier chef. — Mais je continue d’exposer.

57. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Je demande alors que quelqu’un veuille bien, en le payant, me ramener à la fête, dont je sors. […] Il vient me demander une lettre de recommandation pour de Béhaine. Il me dit qu’il veut avoir son conseil, et si, oui ou non, il doit faire sa demande d’audience au pape. […] Jamais tant d’œils tendres de femmes, ne m’ont demandé un dîner, jamais tant de voix mourantes d’hommes, ne m’ont demandé un sou. […] lui demandait enfin, un jour, Mistral.

58. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Puis, la pièce jouée et applaudie, l’orage du parterre a recommencé ; on demandait avec cris je ne sais quoi, je ne sais qui. Madame Dorval a paru et est venue saluer ; mais ce n’était pas elle qu’on demandait. […] Ponsard, à travers la scène, pour voir si ce n’était pas lui qu’on demandait, mais le parterre criait toujours tout en applaudissant. Les acteurs à tout hasard ont alors paru en masse ; mais il s’est trouvé que ce qu’on demandait, était la seule madame Halley (Tullie,) laquelle s’était allée coucher aussitôt après le troisième acte, où son rôle finit.

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