Ils se trouvaient donc en quelque sorte forcés de pourvoir par eux-mêmes à leur éducation et bien placés pour découvrir un art indépendant. […] peut-il, comme un jésuite, vivre dans la maison de son âme seulement pour découvrir ou saper ses fondements ! […] Si on parvient à le saisir, on découvre tantôt une de ces notions toutes générales, comme la justice, l’humanité, Dieu, en elles-mêmes insaisissables et fluides et défiant la pensée, tantôt une simple opposition d’idées ou de mots. […] Enfin, je dis à Leggiero de s’avancer un peu dans l’intérieur pour découvrir quelque maison dans le voisinage. […] Elle tient continuellement son attention en éveil, elle lui découvre des rapports entre des choses en apparence très dissemblables, elle lui multiplie les curiosités et les satisfactions.
En mai 1817, Leopardi se permettait une autre supercherie qui sent davantage son Chatterton ou son Macpherson ; il publiait dans le Spectateur une traduction en vers d’un prétendu hymne grec à Neptune, qu’il donnait comme nouvellement découvert. […] Ainsi ils rendirent le dernier soupir, et leurs cadavres, abandonnés à découvert sur cette horrible mer de neige, furent déchirés des bêtes féroces ; et le nom des braves et des meilleurs restera à jamais l’égal de celui des lâches et des méprisables. » Mais le sentiment qui sera bientôt la clef du cœur même de Leopardi et que nous surprenons déjà, ce sentiment stoïque du calme fondé sur l’excès même du désespoir, lui inspire cette sublime consolation : « Ames chéries, bien que votre calamité soit infinie, apaisez-vous, et que cela vous serve de réconfort, que vous n’en aurez aucun ni dans cet âge ni dans les suivants. […] Je ne sais si Leopardi rendait toute justice au mouvement italien contemporain, dont il n’était lui-même qu’un des nobles organes, et s’il y reconnaissait autant de signes de parenté avec lui qu’on croit en découvrir à distance, mais je me plais à enregistrer ici le mot de Manzoni sur son talent : « Vous connaissez Leopardi, disait-il vers 1830 à un voyageur, avez-vous lu ses essais de prose ? […] Aujourd’hui, remarque très-bien Leopardi, ces reniements et, pour ainsi dire, ces apostasies des erreurs magnanimes qui embellissent ou mieux qui composent notre vie, et lui donnent proprement ce qu’elle tient de la vie plutôt que de la mort, ces sortes de paroles sceptiques sont très-ordinaires et n’ont plus de quoi surprendre : l’esprit humain, marchant avec les siècles, a découvert la nudité et comme le squelette des choses ; le christianisme a changé le point de vue de la sagesse ; et elle consiste à dénoncer à l’homme sa misère plutôt qu’à la couvrir et à la dissimuler.
Vous m’écrivez à cette heure que je vous en ai tout à fait désabusé, et que je vous ai découvert des choses que vous n’eussiez jamais vues si vous ne m’eussiez connu. […] Je n’ai pas dissimulé les torts et infime les petits ridicules du chevalier, et j’ai le droit, ce me semble, d’en venir maintenant à ses mérites ; ils sont très-réels, très-fins, et ce m’a été un si sensible plaisir de les découvrir que je voudrais le faire partager. […] Comme il cherche partout des honnêtes gens, il s’est avisé de découvrir que le premier en date était Ulysse : « Il connoissoit le monde, comme Homère en parle, dit-il ; mais je crois qu’il n’avoit que bien peu de lecture. » Puis vient Alcibiade, autre honnête homme selon Platon. […] La lettre du chevalier nous le montre devisant et moralisant dans l’intimité ; si fidèle qu’ait voulu être le secrétaire, on sent, à le lire, qu’il n’a pu tout rendre, et l’on découvre bien par-ci par-là quelque solution de continuité dans ce qu’il rapporte : « Il y a, dit La Rochefoucauld, des tons, des airs, des manières qui font tout ce qu’il y a d’agréable ou de désagréable, de délicat ou de choquant dans la conversation. » Mais, quoique tout cela s’évanouisse dès qu’on écrit, on croit saisir dans le mouvement prolongé du discours quelque chose même de ces tons qui faisaient de ce penseur amer un si doux causeur, et qui attachaient en l’écoutant.
L’Angleterre, où ces poëmes galliques venaient d’être découverts, recueillis, écrits et vraisemblablement retouchés et complétés par un gentilhomme écossais nommé Macpherson, ne fut pas la seule contrée vivement émue par ces chants ; ils se répandirent dans toutes les autres contrées littéraires de l’univers, France, Allemagne, Espagne, Italie, par les traductions, en prose et en vers ; Letourneur, en prose française, Baour-Lormian, en fragments poétiques, Césarotti, en magnifiques vers italiens, à Vérone et à Milan, les consacrèrent dans les différents idiomes ; le trésor des monuments écrits s’enrichit ainsi d’un monument de plus. […] On y découvre toute la filiation historique des chefs et des bardes de ces dynasties de combattants et de chanteurs. […] prends ta harpe pour célébrer mes amours : chante cette belle solitaire, cet astre de Dunscar ; accompagne de ta harpe les louanges de Bragela, de celle que j’ai laissée dans l’île des Brouillards : épouse du fils de Semo, lèves-tu ta belle tête au haut du rocher, pour découvrir les vaisseaux de Cuchullin ? […] Une flèche atteignit enfin son sein robuste… Il dort en paix à côté de sa chère Galvina, au bruit des flots du rivage ; et le matelot découvre en passant leurs tombes revêtues de mousse, lorsqu’il vogue sur les mers du Nord.
Les hommes se levaient, les fronts se découvraient, les enfants et les jeunes filles se rapprochaient. […] Éclairez cette maison et ce cœur de l’homme des rayons de la poésie divine d’Homère, et vous y découvrirez des trésors mystérieux de mœurs, de pittoresque et de sentiment qui dépassent mille fois ceux de la vie héroïque. […] Nous l’ignorions, parce que nous étions trop enfants pour découvrir l’art suprême sous les simplicités de la vie paysanesque dont nous faisions partie ; notre mère, aussi sensible et plus intelligente que nous, ne l’ignorait pas. […] Quand Démodocus suspendait ses accents, le héros séchait ses pleurs, découvrait sa tête et versait le vin à grands flots dans sa coupe ; mais lorsque les convives excitaient Démodocus à chanter, parce qu’ils étaient charmés de ses récits, alors Ulysse de nouveau pleurait en se couvrant le visage. » Nous arrivâmes ainsi de chant en chant jusqu’au dénouement de tant de merveilleuses histoires commentées à des enfants par les lèvres intelligentes d’une mère.
Wollaston a découvert ce fait remarquable ; que sur les 550 espèces de coléoptères qui habitent l’île de Madère, 200 ont des ailes tellement défectueuses qu’ils n’en peuvent faire usage ; et que sur les 29 genres qui sont particuliers à cette île, non moins de 23 ont toutes leurs espèces en cet état. […] La nature du lien de corrélation entre les modifications simultanées de deux ou de plusieurs organes est fréquemment très difficile à découvrir. […] — Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire et Gœthe ont découvert presque simultanément la loi de compensation et de balancement de croissance : « Afin de dépenser d’un côté, disait Gœthe, la nature est forcée d’économiser de l’autre. » Cette règle me paraît s’appliquer assez exactement à nos espèces domestiques. […] La cause originelle de la variabilité des caractères sexuels secondaires est assez difficile à découvrir ; mais nous pouvons du moins nous expliquer pourquoi ces caractères n’ont pas acquis la constance et l’uniformité des autres parties de l’organisation : c’est que les caractères sexuels secondaires ont été accumulés par la sélection sexuelle moins rigide dans son action que la sélection spécifique, parce qu’elle n’entraîne pas la mort des mâles les moins favorisés, mais leur donne seulement une postérité moins nombreuse.
Encore une fois, Sully, comme s’il avait prévu à l’avance ces dénigrements de détail et ces dégradations de l’histoire, a dit ou fait dire par la plume de ses secrétaires : « Que si quelques grands rois, capitaines, magistrats ou chefs d’armées, de républiques et de peuples, qui ont acquis une générale réputation d’avoir été excellents ès faits d’armes, de justice et de police, ont eu quelques vices et passions particulières secrètes et cachées, qui n’aient point porté de préjudice au public, et dont la publication ne peut apporter aucun avantage », il est bienséant à un historien de les taire et de ne point passer sous silence « les vertus, belles œuvres et actions manifestes » pour s’en aller scruter et découvrir « les défauts et manquements secrets ». […] Mais ce dernier le rappelle par lettres ; il lui remet en mémoire les vrais principes d’un homme de cœur ; il lui dit en le revoyant et en l’embrassant : « Mon ami, souvenez-vous de la principale partie d’un grand courage et d’un homme de bien, c’est de se rendre inviolable en sa foi et en sa parole, et que je ne manquerai jamais à la mienne. » Et il l’engage à aller à la cour de France pour y observer prudemment toutes choses et y découvrir le dessein des adversaires, sous air de se rallier à eux et de s’en rapprocher ; car Rosny a des frères ou des neveux qui sont alors des plus avant dans la faveur de Henri III.
L’on vient de m’apprendre, écrivait Roederer à Mirabeau, que M. de Mirabeau axait dit ce matin à l’Assemblée au sujet des folies de M. d’Éprémesnil, qu’elles avaient découvert le secret de ceux qui ne veulent point d’assignats. […] Il s’était élevé en France une multitude d’hommes d’une éloquence forte et barbare, tels que notre fabuliste nous représente le Paysan du Danube, qui avaient bien mieux découvert que les orateurs des Assemblées nationales les voies de la persuasion et de l’entraînement, qui entraient bien plus avant dans les pensées, dans les passions, dans les préjugés, dans les intérêts imaginaires ou réels des dernières classes du peuple, qui sont les plus nombreuses.
En histoire naturelle, en métaphysique, en morale, il se fatigue à découvrir quelque grand principe, et il n’y parvient pas. […] Ces passions sont des espèces de magiciennes qui, par leur prestige, nous font trouver le bonheur, mais ne nous découvrent pas la vérité.
L’épouse elle-même ne put les ignorer, mais elle leur imposa silence, et lorsque le jeune Strogonof se fut résigné à un autre mariage, Mme Swetchine devint l’amie la plus sûre et la plus fidèle de sa femme. » S’il est vrai qu’il y eut une lutte dans le cœur de la jeune fille, et un sacrifice pénible à consommer pour obéir à la décision de son père, si cet amer mécompte, ce renoncement au bonheur dans le mariage, en flétrissant du premier jour l’avenir, la jeta par volonté et de parti pris dans les voies austères du devoir et de la résignation en Dieu, il est impossible d’en rien découvrir dans ce passage du livre de M. de Falloux. […] Il faut une sorte d’analogie, il faut être différemment semblables pour s’entendre tout à fait, pénétrer dans tous les replis, et acquérir cette parfaite connaissance d’un autre qui découvre entièrement son âme à nos yeux… Il me semble toujours que les âmes se cherchent dans le chaos de ce monde, comme les éléments de même nature qui tendent à se réunir ; elles se touchent, elles sentent qu’elles se sont rencontrées : la confiance s’établit entre elles sans qu’elles puissent souvent assigner une cause valable ; la raison, la réflexion viennent ensuite apposer le sceau de leur approbation à ce traité, et croient avoir tout fait, comme ces ministres subalternes qui s’attribuent les transactions faites entre les maîtres, rien que parce qu’il leur a été permis de placer leur nom au bas.
Hume pour qui j’ai la plus grande admiration, en le prévenant d’une chose qu’il découvrira en peu de temps, c’est le désir qu’on sent, d’abord qu’on vous connaît, de vous être utile, et l’impossibilité de l’obtenir de vous. […] Cette mélancolie est antérieure à la crise morale qui suivit la mort de son mari, et je n’en découvre pas la cause.
Outre le droit qu’elle a sur mon admiration et ma reconnaissance, elle en a un tout particulier sur cet agréable travail33, entrepris sous ses auspices : je lui en fais l’hommage avec mystère, parce que je ne puis le faire à découvert ; ceux qui ont éprouvé le doux transport qu’excite dans l’occasion le souvenir d’un bienfait signalé, ne désapprouveront pas que mon cœur cherche à se soulager lorsqu’il ne peut se satisfaire ; ils ne seront pas surpris de me voir ajouter que dans mes regrets d’être obligé de taire l’illustre Objet de sentiments si légitimes, si naturels, et qui ne demandent qu’à se produire, je me console quelquefois par l’espérance qu’on le devinera, sans que j’aie couru le risque de tomber dans le malheur de lui déplaire. » On me dira que c’est là une Épître dédicatoire ; mais cette Épître ne portant aucun nom, elle n’est évidemment pas pour la montre ; c’est la reconnaissance toute pure qui s’épanche, et tout ce que nous savons, c’est que l’humble auteur anonyme, du temps qu’il était moine, ayant été rencontré par Mme de Boufflers dans le jardin d’un couvent où elle était entrée par hasard, avait profité de l’occasion pour l’intéresser au récit de ses malheurs ; il lui avait dit tous les dégoûts qu’il avait à essuyer dans sa profession ; et elle, touchée de son sort, l’avait fait relever de ses vœux, avait pris soin de sa fortune et, avec la liberté, lui avait rendu le bonheur. […] Il a fallu un curieux investigateur des titres de la Commune et de la municipalité d’Auteuil, où il habite, un des ces chercheurs qui fouillent tout sans ennui et sans impatience, pour découvrir peu à peu les dernières traces de cette brillante et divine comtesse.
Dans cette suite de montagnes et de vallées qu’on traverse et qui ont leur grandeur, il rencontre dans la vallée du Chéliff un pays, un lieu extraordinairement aride et qui réalise bien l’idée d’une Afrique entièrement africaine (non pas Boghar plus connu, plus en vue, mais Boghari), qu’on découvre à main gauche en entrant dans la vallée, — un village perché sur un rocher, au fond d’un amphithéâtre désolé, mais flamboyant de lumière : « C’est bizarre, frappant ; je ne connaissais rien de pareil, et jusqu’à présent je n’avais rien imaginé d’aussi complètement fauve, — disons le mot qui me coûte à dire, — d’aussi jaune. […] Il semble que le plus petit objet saillant y devrait apparaître ; pourtant on n’y découvre rien ; même, on ne saurait plus dire où il y a du sable, de la terre ou des parties pierreuses ; et l’immobilité de cette mer solide devient alors plus frappante que jamais.