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1185. (1885) L’Art romantique

Je défie qu’on découvre un échantillon quelconque de beauté qui ne contienne pas ces deux éléments. […] La vertu, au contraire, est artificielle, surnaturelle, puisqu’il a fallu, dans tous les temps et chez toutes les nations, des dieux et des prophètes pour l’enseigner à l’humanité animalisée, et que l’homme, seul, eût été impuissant à la découvrir. […] Aussi a-t-on sensément fait observer (sans en découvrir la raison) que toutes les modes sont charmantes, c’est-à-dire relativement charmantes, chacune étant un effort nouveau, plus ou moins heureux, vers le beau, une approximation quelconque d’un idéal dont le désir titille sans cesse l’esprit humain non satisfait. […] Dans la vie spirituelle des premiers, une crise se fait infailliblement, où ils veulent raisonner leur art, découvrir les lois obscures en vertu desquelles ils ont produit, et tirer de cette étude une série de préceptes dont le but divin est l’infaillibilité dans la production poétique. […] — Mon cher, répond-il d’une voix douce, je viens de découvrir de nouveaux renseignements très curieux sur le mariage d’Isis et d’Osiris. — Que le diable vous emporte Qu’Isis et Osiris fassent beaucoup d’enfants et qu’ils nous f… la paix !

1186. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Bazin, malgré les actes découverts par M.  […] Fouquet, étonné de ce refus, brûla d’en connaître la cause ; il découvrit bientôt, par des agents secrets, les intelligences encore mystérieuses de Louis XIV et de cette femme, qui fit goûter à ce prince le bonheur si doux et si peu connu des rois d’être aimé pour soi-même. […] C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée, et, quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] Le premier nous avons combattu cette fable, et l’honneur que nous a fait un de nos littérateurs les plus distingués en adoptant notre opinion nous engage à la reproduire ici : On disait généralement encore, du temps de Molière, « truffer » (pour « tromper »), dont on avait fait le mot « truffe », qui convient très bien à l’espèce de fruit qu’il sert à désigner, à cause de la difficulté qu’on a à le découvrir. […] Étienne, après avoir indiqué la même étymologie, viendraient donc de la tartufferie : peut-être n’est-ce point parce qu’elles sont difficiles à découvrir qu’on leur a donné ce nom, mais parce qu’elles sont un moyen puissant de séduction, et que la séduction n’a guère d’autre but que la tromperie.

1187. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Je le découvris en une posture humble, adorante et comme puérile, devant l’autel de la Vierge. […] Quant au Geste ingénu, ingénument, je confesse ne découvrir que l’ingénuité de l’auteur. […] Là voisinaient Viélé-Griffin, Henry de Régnier, Gustave Kahn, Verhaeren, Moréas trop occupé à découvrir Ronsard pour politiquer, moi-même et d’autres… Le procès de « l’En Dehors » par contre, emporta de légères condamnations. […] en attendant Ronsard et Racine : ce « pélerin passionné » découvrait successivement toutes les littératures et tous les temps — et sans se rencontrer soi-même. […] L’on aurait découvert une édition sur laquelle votre nom s’étale  Ces jeunes gens mentent, et voilà tout.

1188. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Le corps de jupe est assez haut par devant ; mais par derrière on leur voit jusqu’à la moitié du dos, tant il est découvert, et ce n’est pas une chose trop charmante, car elles sont toutes d’une maigreur effroyable ; et elles seraient bien fâchées d’être grasses : c’est un défaut essentiel parmi elles. […] « Du reliquaire simple qui entourait jadis la déesse, l’artiste fait un reliquaire à deux enveloppes : la plus intérieure la cella, abritera, pour ne le découvrir qu’à certaines heures, le simulacre divin ; l’autre, la colonnade périptère, le précédera et raccompagnera de son magnifique et solennel cortège. […] Du même coup, elle avait découvert un genre exquis et nouveau. […] Au bout de quelques semaines, on découvrit avec étonnement que son débit s’était ralenti, que ses vices de prononciation avaient disparu, qu’il lisait mieux, puis, qu’il lisait bien. […] Si l’on se reporte aux documents originaux, on découvre que ses analyses sont toujours exactes ; si l’on suit le cours des événements, on constate que ses prédictions sont presque toujours vraies : parmi tant de gens aveugles, aveuglés ou myopes, il reste clairvoyant et voit de très loin.

1189. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Je ne cède pas au besoin de blâmer ; je n’éprouve aucune joie à compter les taches que je découvre dans les œuvres éclatantes. […] Plus les mots sont ménagés avec avarice, plus la pensée se montre à découvert. […] Il a découvert que Marie de Neubourg regrette les fleurs de son pays, et chaque jour il fait une lieue pour cueillir une fleur bleue dont M.  […] Don Salluste lui ordonne de plaire à la reine, et il se résigne à cette tâche comme pourrait le faire un espion payé pour découvrir un secret d’État. […] Il a donc découvert et il nous annonce qu’au moment où les monarchies sont près de s’écrouler, la noblesse se dissout, et qu’en se dissolvant elle se divise.

1190. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

» A ce cri, qu’il devinait bien être celui du vrai public et de la gloire, à cet universel et sonore applaudissement, Molière sentit, comme le dit Segrais, s’enfler son courage, et il laissa échapper ce mot de noble orgueil, qui marque chez lui l’entrée de la grande carrière : « Je n’ai plus que faire d’étudier Plaute et Térence et d’éplucher les fragments de Ménandre ; je n’ai qu’à étudier le monde. »  — Oui, Molière ; le monde s’ouvre à vous, vous vous l’avez découvert et il est vôtre ; vous n’avez désormais qu’à y choisir vos peintures. […] Au contraire, l’admiration du commentateur pour son poëte va presque en raison du nombre des imitations qu’il découvre en lui, et elle n’a plus de bornes lorsqu’il le voit dans l’Avare mener, à ce qu’il dit, jusqu’à cinq imitations de front, et être là-dessous, et à travers cette mêlée de souvenirs, plus original que jamais. […] Beffara découvrît de nos jours l’acte de mariage qui dérange cette parenté.

1191. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Dans les menus faits de la vie quotidienne, le grand art est de retrouver des émotions divines ; en de frustes objets, de découvrir un symbole toujours changeant d’une loi cosmique et éternelle. […] Si certains poètes firent parfois intervenir les noirs cyprès, les mélèzes et les gris oliviers, ce n’est pas qu’ils y découvraient une| beauté spéciale, ni par prédilection particulière, mais bien pour la rigoureuse signification de vertus fictives. […] Adolphe Retté sut découvrir une raison humaine.

1192. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Celui qui d’un œil attentif observe la nature, la suit pas à pas, perce les replis du cœur humain, en démêle avec adresse les passions diverses, distingue habilement leurs nuances & leur caractère, découvre le jeu de leurs ressorts les plus secrets, arrache le masque au vice, saisit les ridicules, quelque imperceptibles qu’ils soient, & sait tirer d’un fonds aussi riche de quoi nous faire rire à nos dépens sans nous en appercevoir, est véritablement l’homme de génie, le créateur de l’Art, & Molière le fut. […] Hérodote, Xénophon, Thucydide, César, Tite-Live & Tacite forment tour-à-tour son style, lui montrent la route difficile & dangereuse de la vérité, dont il ne doit jamais s’écarter, lui apprennent à tenir le fil nécessaire pour ne pas s’égarer dans le labyrinthe de l’Histoire, & lui découvrent en même temps le secret d’attacher, d’instruire & de plaire. […] Que tout y respire les bonnes mœurs, la raison & le goût ; anoblissons nos travaux & nos veilles, en les consacrant à l’instruction de nos semblables ; si nous sommes plus éclairés qu’eux, n’abusons point de nos lumières, ni de leur foiblesse, pour les corrompre, les tromper ou les égarer ; servons-nous, de notre Philosophie pour faire respecter la Religion, les Loix & les Usages reçus ; que la vérité, la sagesse & la vertu brillent dans tous nos ouvrages ; qu’ils les inspirent & les fassent aimer ; qu’ils ne soient point souillés par cette licence effrenée qui ose tout ; bannissons-en cet égoïsme superbe, qui n’a jamais été & ne sera jamais le ton de la modestie & de l’honnêteté ; qu’on y découvre les sentimens de notre ame, non par un vain & pompeux étalage de mots, mais par une simplicité noble, modeste, intéressante, & par des principes solidement établis ; en un mot, en cherchant à instruire ou à plaire, rappelons-nous toujours que rien n’est beau que le vrai.

1193. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Il se défend un moment de le dire, se plaignant d’avoir un gilet qui l’a laissée à découvert, puis il avoue que c’est une chaîne d’or, au bout de laquelle, il y a un médaillon contenant des cheveux de son père, et je l’entends à la fin du dîner discuter avec Daudet, et soutenir que l’homme de maintenant vaut mieux que l’homme d’il y a deux cents ans. […] Samedi 4 avril Je crois vraiment, que lorsqu’on sait regarder, découvrir tout ce qu’il y a dans une image, on n’a pas besoin d’aller dans les pays à images. […] des séances, où il semblait à Montesquiou, que Whistler, avec la fixité de son attention, lui prenait sa vie, lui pompait quelque chose de son individualité, et à la fin, il se sentait tellement aspiré, qu’il éprouvait comme une contracture de tout son être, et qu’heureusement il avait découvert un certain vin de coca, qui le remettait de ces terribles séances.

1194. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Sous les clartés du dehors, ce que le poète veut découvrir, ce sont les clartés de l’intelligence, les vérités, que le monde physique, au moment même où il semble les faire éclater aux yeux, enfouit et dérobe. […] Ce tabernacle du firmament, c’est le suaire sous lequel l’âme cherche en vain à découvrir non plus les lois physiques et mathématiques, mais les vraies lois du monde moral, qui semblent ensevelies dans la mort. […] lumière… Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres peuvent être employés à la conquête de l’idéal… Ce vil sable que vous foulez aux pieds, qu’on le jette dans la fournaise, qu’il y fonde et qu’il y bouillonne, il deviendra cristal splendide ; et c’est grâce à lui que Galilée et Newton découvriront les astres. » Hugo conclut que « les deux premiers fonctionnaires de l’Etat, c’est la nourrice et le maître d’école221. » Il se persuade que « l’éducation sociale bien faite peut toujours tirer d’une âme, quelle qu’elle soit, l’utilité contient qu’elle222 ».

1195. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

C’est là qu’il commença ses études entomologiques, ses collections, s’attachant aux coléoptères particulièrement : il y acquit des connaissances réelles, découvrit l’organe de l’ouïe chez les insectes : une dissertation publiée à Besançon en l’an VI (1798) en fait foi. […] Il connut Victor Hugo de bonne heure, à la suite d’un article qui n’était pas sans réserve, si je ne me trompe, sur Han d’Islande ; il découvrit vite, au langage vibrant du jeune lyrique, les dons les plus royaux du rhythme et de la couleur.

1196. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Nous n’y découvrons point d’autres éléments, et, par cette première réduction, nous ramenons les sensations tactiles à trois types et seulement à trois. […] — Donc, d’après la correspondance connue entre la sensation et l’action nerveuse, les sensations diverses en quantité sont les mêmes en qualité ; nous arrivons par la déduction au but que nous indiquait l’analogie. — Au fond de tous les événements corporels, on découvre un événement infinitésimal, imperceptible aux sens, le mouvement, dont les degrés et les complications constituent le reste, phénomènes physiques, chimiques et physiologiques.

1197. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Négligées des hommes affairés, ces femmes vivent généralement à l’ombre comme les odalisques d’Orient ; il faut les découvrir soit dans les églises, soit aux fenêtres hautes de leurs maisons noires, semblables à des monastères espagnols. C’est ainsi qu’étant encore enfant je découvris, en face de la maison qu’habitait en passant ma mère, la céleste apparition de mademoiselle Virginie Leroy (depuis madame Pelaprat), compatriote de madame Récamier, plus jeune qu’elle et aussi accomplie en charmes.

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