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1052. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Cependant les circonstances le contraignaient à fréquenter le monde des publicistes, auxquels il est permis de croire que son âpre jeunesse répugnait, et il sut encore tourner à profit des fréquentations qu’il n’avait acceptées d’abord que comme des conditions regrettables de son indépendance. […] Entre tant de mérites qu’à cette date chacun, selon son tour d’esprit, va lui attribuer, je crois mettre le doigt sur l’essentiel : M.  […] Je ne crois pas qu’il y ait dans l’histoire littéraire un exemple de disciples différant de leur maître aussi fort que diffère de M.  […] Je crois qu’il vient de mourir sans s’être rendu un compte fort exact du cul-de-sac où nous a menés la forte impulsion qu’il nous donna sous le Second Empire, — de 1848 à 1875, car c’est là, ce me semble, la période philosophique où il faut le situer.‌

1053. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 179-181

On ne peut croire que la Nature, qui donne à tous les hommes une mesure ordinaire de bon sens, leur en ait dispensé à proportion de leur taille ; on y suppose toujours du vide. Je ne crois pas qu’on puisse louer beaucoup cet avantage, qui ne peut être estimable que dans les poutres ». […] Ne croit-on pas voir Arlequin donner des leçons & des exemples de gravité ?

1054. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Il ne faut pas confondre cette Traduction avec ces Versions seches & littérales, où l’on croit devoir tout sacrifier à l’exactitude, & révérer le Texte jusque dans ses défauts. […] Les Notes qu’il a cru devoir ajouter, pour éclaircir certains points, soit de l’Histoire Littéraire, soit de l’Histoire Sacrée ou Profane, portent l’empreinte d’une érudition étendue & d’une critique éclairée. […] Ils ont cru qu’en y jetant du ridicule, ils viendroient à bout de détruire la véritable piété.

1055. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 210-213

Quant à nous, nous aimons mieux croire que l'amour-propre de M. de Saint-Lambert est trop robuste pour s'être laissé aller à une pareille foiblesse. […] Sans doute quelque subalterne a cru lui témoigner son zele, en surprenant l'autorité pour faire emprisonner son Critique, ou quelque ennemi a voulu le déshonorer en faisant retomber sur lui le blâme d'un procédé aussi peu philosophique. Nous voudrions bien pouvoir croire également qu'il n'est pas l'Auteur de ce Vers blasphématoire en l'honneur de M. de Voltaire : Vainqueur de deux Rivaux qui regnent sur la Scene.

1056. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Croyez-vous qu’un critique relèvera cette réminiscence ? […] Il croit, qu’on lui a fait trois piqûres de morphine. […] si je l’avais su, car j’étais décidé à faire des folies à son égard, lorsque j’ai cru qu’elle serait mise en vente. […] On ne veut pas de faiseurs de livres au théâtre, et il y a une espèce de colère froide chez les journalistes, affiliés aux gens de théâtre, de voir des romanciers prendre possession de l’Odéon… Et cette pauvre Renée je la crois décidément assassinée ! […] Et c’est, je crois, tout.

1057. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Songer à lui, le convoiter, le chercher, croire le trouver en soi, c’est en avoir. […] Je n’en croyais pas mes yeux. […] Je ne crois pas, comme M.  […] Nous ne savons qui croire. […] (Croyez-vous, Monsieur ?)

1058. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

» Le pauvre battu se montre le plus qu’il peut à la Cour, à la ville, mais personne ne le plaint, et ceux qu’il croyait ses amis lui ont tourné le dos. […] On les assemble : on croyait aller trouver un arrangement pour ses affaires ; savez-vous ce qu’on trouve ? […] L’exemple qu’il a donné en ceci est d’une application plus générale qu’on ne croirait. […] Je crois l’avoir dit ailleurs, l’explication morale qu’il convient de donner de Massillon me paraît plus simple. […] Le latin y est tout particulièrement et comme soigneusement écorché ; c’est à n’y pas croire.

1059. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Ce quel-qu’un-là est, à n’en pouvoir douter, La Rochefoucauld… « Je crois que ce quelqu’un-là est plutôt Saint-Évremond que La Rochefoucauld ; et je crois, de plus, ce qui est un moyen de me raccommoder sur-le-champ avec M.  […] C’est là où il arrêterait et déconcerterait Pascal, et où le grand lutteur n’aurait pas de prise sur lui, « Le plus dévot, dit-il, ne peut venir à bout de croire toujours, ni le plus impie de ne croire jamais ; et c’est un des malheurs de notre vie de ne pouvoir naturellement nous assurer s’il y en a une autre ou s’il n’y en a point. » Et, cela dit, il ne s’inquiète point de chercher d’une autre manière que naturellement ; il n’a nul goût pour le surnaturel et n’y donne pas. […] Vous y perdez une de vos meilleures amies : vous ne sauriez croire combien elle a été regrettée du public et des particuliers. Elle a eu tant d’indifférence pour la vie qu’on aurait cru qu’elle n’était pas fâchée de la perdre. […] Cousin, prenait toutes ses précautions pour ne le choquer en rien, et je crois, en effet, qu’il y est parvenu.

1060. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Bussy paraît croire qu’il manqua de se concilier l’amitié du grand capitaine, faute d’un compliment qui eût été de convenance le premier jour, et il fait son mea culpa là-dessus. […] La dernière fatuité de Bussy avec Mme de Sévigné était de se croire un partner essentiel à tout l’esprit qu’elle avait. […] Je n’y ai ni maître ni maîtresse, parce que je n’ai ni ambition ni amour ; et j’éprouve, ce que je croyais impossible il y a deux ans, qu’on peut vivre heureux sans ces deux passions. […] Il y eut de petites faveurs, ou du moins qu’il croyait telles, et qui le tenaient en haleine. […] J’avais donc pu croire Bussy moins malicieux et moins mal disposé qu’il ne le fut d’abord envers ce grand homme.

1061. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Si je n’avais lu ce passage dans Fénelon, je l’aurais cru de Bossuet. […] Croirait-on, par exemple, qu’un archevêque, un homme de cette vertu, un Fénelon, se défende d’avoir menti ? […] « Vous croyez, dit-il aux pieuses filles, que j’irai résoudre tous les doutes et contenter vos désirs curieux. […] Voltaire a bien voulu protéger certaines d’entre elles, mais y croire par la foi et s’y dévouer, il ne l’a pas pu. […] Il mourut, à ce qu’on croit, sous Caracalla, en 212.

1062. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Loève-Veimars n’a pas cru devoir résister au vœu de son éditeur ; il lui a donc trouvé pour cette publication, qui certes pouvait autant qu’aucune autre s’en passer, un titre à la fois inconnu, érudit, piquant, et de plus très juste pour peu qu’on y songe. […] Je ne sais quel effet la littérature de ce temps-ci fera dans l’avenir à ceux qui la regarderont à distance respectueuse ; il est à croire que moyennant les inclinaisons de la perspective, et un peu, de bonne volonté et d’illusion chez les spectateurs, tout cela prendra une tournure, une configuration générale et appréciable, une sorte de simplicité. […] Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire, qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main. […] Cette espèce de critique est le refuge de quelques hommes distingués qui ne se croient pas de grands hommes, comme c’est trop l’usage de chaque commençant aujourd’hui ; qui ne méconnaissent pas leur époque, sans pour cela l’adorer ; qui, en se permettant eux-mêmes des essais d’art, de courtes et vives inventions, ne s’en exagèrent pas la portée, les livrent, comme chacun, à l’occasion, au vent qui passe, et subissent, quand il le faut, avec goût, la nécessité d’un temps qu’ils combattent et corrigent quelquefois, et dont ils se rendent toujours compte. […] Nous avons cru néanmoins pouvoir reprendre à l’ancien National ces trois articles in extenso, dans la crainte de nuire à leur clarté, en ne réimprimant ici que ce que l’auteur n’en avait pas voulu admettre.

1063. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

C’est ainsi que les adversaires de l’école dogmatique justifient ou croient justifier leur aversion pour les dogmes littéraires. […] Si nous voulons donner un nom à cette deuxième et petite famille de critiques moins occupés de ce qu’ils croient que de ce qu’ils ne croient pas, nous l’appellerons sans difficulté l’école critique proprement dite. […] Alexandre Vinet croit ressaisir dans les idées de la morale et même de la religion les principes absolu ? […] Ce sont moins des écoles que trois différents esprits de la critique, et, pour ainsi dire, trois moments par lesquels doit passer successivement la pensée de tout homme qui, dans ce siècle où chaque chose est mise en question, examine la question de la critique littéraire : 1º le moment dogmatique (l’esprit humain affirme d’abord) ; 2º le moment critique (c’est vraiment la crise de l’intelligence ; nous ne croyons plus : resterons-nous sceptiques ?) 

1064. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Je crois qu’il n’est point normalien ! […] Il n’est pas faux, mais à la condition qu’on reconnaisse que le sceptique peut être l’homme qui croit au plus grand nombre de vérités et que ne choquent nulles contradictoires, pour qui les contradictoires n’existent même point. […] Il suffit de n’y pas croire. […] Les douces ironies d’Anatole France s’appliquent aux « agités », à ceux qui croient savoir, qui déclament, salle Graffard, ou qui raisonnent en chaire. […] Il faut aimer son esprit ; c’est le diable, cet homme qui ne croit à rien, qui sait tout, et dont l’art ensorcelé, sauf aux jours qu’il écrit le Lys rouge.

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