Il y a des places qu’il est bon de créer lorsqu’on a sous la main l’homme le plus capable de les bien remplir : ainsi a cru devoir faire M. le maréchal Randon en créant la place d’historiographe du département de la guerre pour M. […] L’élocution nette, harmonieuse, toutefois naturelle et agréable ; assez d’élégance, beaucoup d’éloquence, mais qui sent l’art, comme avec beaucoup de politesse et de grâce dans ’ses manières, elles ne laissent pas de sentir quelque sorte de grossièreté naturelle ; et toutefois des récits charmants, le don de créer des choses de rien pour l’amusement, et de dérider et d’égayer même les affaires les plus sérieuses et les plus épineuses, sans que tout cela paraisse lui coûter rien.
Pour de petits talents, passe ; mais quand le talent s’élève, quand il est cette puissance supérieure et magique qui sait voir et qui sait rendre, qui devine, qui ressuscite, qui crée de nouveau tout un passé évanoui, qui agrandit du même coup les horizons de la mémoire historique et ceux de la science morale, il mérite aussi quelque respect. Je sais comme vous qu’il ne faut pourtant pas que, sous prétexte de peindre, il se croie en droit d’imaginer, qu’il aille créer tout de bon et au pied de la lettre, et qu’il nous présente un roman au lieu de la réalité.
Malheureusement le sentiment profond qui ferait la grandeur poétique d’une telle scène ne sort pas : Dieu a toutes les allures d’un bon curé de campagne, la paroissienne clabaude à propos de l’offrande et du cierge ; et dans la plus saisissante fantaisie que la foi chrétienne put créer, on croit assister simplement à une messe de village. […] ne serait-ce pas que dans l’une la longue tradition de la pastourelle fournissait au poète de quoi étoffer ses personnages, et dans l’autre il avait tout à créer, tout à marquer de traits tirés de son invention propre ?
Il aime « ses dieux domestiques » et la terreur parfois lui crée une divinité nouvelle. […] L’ingénieux Anatole France, longtemps impuissant à créer un personnage, a enfin réussi — à côté d’un chien peu fidèle qui adopte tous les maîtres et court sur la piste de tous les livres, c’est M.
Il y a quelque temps, je parlais de M. de Montalembert, en l’envisageant au point de vue du talent : aujourd’hui, je voudrais parler au même titre d’un autre orateur, diversement et non pas moins éloquent, qui a passé par plusieurs des mêmes phases, qui s’est aussi dégagé à temps de la voie étroite de l’École, et qui, depuis déjà quatorze ans, s’est créé dans la chaire une place singulière, originale, éclatante. […] Souvent l’orateur joue sur les mots ; il se crée des définitions et en conclut ensuite ce qui serait précisément à prouver.
Ce monde, qu’il avait à demi observé, à demi créé en tous sens ; ces personnages de toute classe et de toute qualité qu’il avait doués de vie, se confondaient pour lui avec le monde et les personnages de la réalité, lesquels n’étaient plus guère qu’une copie affaiblie des siens. Il les voyait, il causait avec eux, il vous les citait à tout propos comme des personnages de son intimité et de la vôtre ; il les avait si puissamment et si distinctement créés en chair et en os, qu’une fois posés et mis en action, eux et lui ne s’étaient plus quittés : tous ces personnages l’entouraient, et, aux moments d’enthousiasme, se mettaient à faire cercle autour de lui et à l’entraîner dans cette immense ronde de la comédie humaine qui nous donne un peu le vertige, rien qu’à la regarder en passant, qui le donnait à son auteur tout le premier.
La Prusse n’était pas comptée parmi les puissances, et quand Frédéric monta à vingt-huit ans (1740) sur ce trône qu’il devait occuper durant quarante-six ans, il avait tout à faire pour l’honneur de sa nation et pour le sien ; il avait à créer l’honneur prussien, il avait à gagner ses éperons comme roi. […] Tout ce qu’il voulait, il le fit ; il dégagea hautement la position et la fonction de la Prusse, créa un contrepoids à la maison d’Autriche, établit dans l’Allemagne du nord un foyer de civilisation, un centre de culture et de tolérance.
Voilà bien l’Arlequin, tel que l’a renouvelé et créé Florian dans Les Deux Billets, dans Le Bon Ménage, dans La Bonne Mère ; un Arlequin bon, doux, ingénu, aussi babillard qu’honnête homme, simple sans être bête, naïf sans être niais. […] Après une critique judicieuse du sujet, de la fable et de la composition, Rivarol y relevait la monotonie de la manière, le défaut absolu de mouvement et de variété : « On a dit que la pureté et l’élégance ne suffisaient pas dans un ouvrage de cette nature : il n’y a que les expressions créées qui portent un écrivain à la postérité.
Mardi 16 décembre Décidément, je n’ai plus d’intérêt à créer un livre. — Créer un massif de fleurs, une chambre, une reliure : voilà, ce qui dans ce moment, amuse ma cervelle.
Le jour où le Christ a créé ce symbole, il a entrevu l’imprimerie. […] Tout nie tout, tout détruit tout, tout crée tout, tout remplace tout.
Enfin, c’est que, comme tous les forts penseurs qui créent leur langue avec leurs idées, Saint-Bonnet a sa langue, réfléchie, exacte, marquée au coin axiomatique d’un esprit puissamment généralisateur. […] La notion de l’Être absolu, pour Saint-Bonnet, donne l’être de l’homme, et c’est en creusant dans la notion de ces deux êtres, dont l’un a créé l’autre à même lui, qu’il arrive à la formation de la personnalité et du mérite dans l’homme, par l’effort et par la douleur.
La Nationalité, dans ces proportions-là, lui aurait créé un génie, et il en aurait eu un ; elle l’aurait décuplé, croyez-le bien ! […] Il y a dans l’éloignement du pays des nostalgies toutes-puissantes à créer, sur la cornemuse des pâtres ou la flûte des poètes, des Ranz des vaches irrésistibles.
Elle est dans le ciel, dans les cœurs, et crée une émotion de fraternité. […] L’aumônier se fait scrupule de rassembler dangereusement les hommes, et de créer une obligation de conscience à des enfants qu’il priverait de leurs heures de repos.