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207. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

C'est de mauvais goût de rappeler qu’un jour, au bal de la cour, invité par la duchesse de Berry à s’asseoir près d’elle sur une espèce de trône, il refusa humblement : On dit qu’un jour de bal, du temps de Charles dix, Sur les degrés du trône il s’arrêta jadis. […] Les procureurs du roi de chefs-lieux d’arrondissement et même les présidents de cour sont émus et correspondent avec l’auteur pour lui soumettre leurs idées et discuter les siennes ; il répond dans les Débats très-officiellement et sans rire à ces missives qui lui donnent un caractère respectable et qui servent à couvrir son jeu. […] Soyez donc élevé par madame de Maintenon et à l’ombre des charmilles de la plus noble cour, pour venir parler en égrillardes de la rue du Helder.

208. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. […] Celles de la cour de Philippe-le-Bel, qui se piquoient de montrer de l’esprit & des talens, prirent la défense de leur sexe. […] Bientôt toutes celles de la cour de ce même roi Philippe trament une conspiration générale.

209. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

Si on demande quel est l’homme qui a le mieux peint les vices et les crimes, et qui inspire mieux l’indignation et le mépris pour ceux qui ont fait le malheur des hommes, je dirai, c’est Tacite ; qui donne un plus saint respect pour la vertu malheureuse, et la représente d’une manière plus auguste, ou dans les fers, ou sous les coups d’un bourreau, c’est Tacite ; qui a le mieux flétri les affranchis et les esclaves, et tous ceux qui rampaient, flattaient, pillaient et corrompaient à la cour des empereurs, c’est encore Tacite. […] « En attendant, dit-il, je consacre ce livre en l’honneur d’Agricola mon beau-père ; et dans ce projet ma tendresse pour lui me servira ou d’excuse, ou d’éloge45. » Alors il parcourt les différentes époques de la vie de son héros, peignant partout comme il sait peindre, et montrant un grand homme à la cour d’un tyran, coupable par ses services même, forcé de remercier son maître de ses injustices, et obligé d’employer plus d’art pour faire oublier sa gloire, qu’il n’en avait fallu pour conquérir des provinces et vaincre des armées. […] Il semble que Tacite, fatigué des émotions douloureuses et profondes que lui a données l’indignation du crime et le spectacle de la cour d’un tyran, cherche, pour écarter ces images, à se reposer sur les sentiments les plus doux de la nature : c’est la sensibilité d’un grand homme qui tout à la fois vous attendrit et vous élève.

210. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

On ne parle en la cour que de Sa Majesté. […] La cour d’Espagne sous Charles II. […] La cour d’Espagne observait les règlements qu’il avait tracés. […] La Camarera pour faire sa cour, tordit le cou à ces Vert-Vert du cloître royal. […] A eux deux, ce fat effréné et cette femme violente menèrent de front le train et les intrigues de la Cour.

211. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

On lit encore avec plaisir les vers qu’il fit pour les Ballets qu’on représentoit à la Cour de Louis XIV, avant qu’on connût l’Opéra, & dont la musique & la danse formoient toute l’économie. […] Ces Rondeaux eurent néanmoins pour partisans les personnes les plus distinguées de la Cour, ce qui ne tournoit pas à la gloire de leur goût.

212. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Boileau surtout avait besoin que Montausier joignît son suffrage à ceux qu’il obtenait de la cour. […] Je reviens à l’histoire galante de la cour.

213. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henriette d’Angleterre » pp. 7-9

Intellectuellement, c’est tout madame de La Fayette, avec sa douceur de regard, sa pureté de style, sa lueur de perle… Quoique fort bienvenue de cette éblouissante Henriette, qui a laissé inextinguibles dans l’Histoire l’éclair de sa vie et l’éclair de sa mort ; quoique mêlée à ces intrigues, voilées de décence, d’une cour qui commençait alors de mettre la convenance par-dessus toutes ses passions, madame de La Fayette ne nous donne pas sur les hommes et les choses de son temps des lumières bien nouvelles. […] Cousin n’a donc pas lu les Mémoires de madame d’Aulnoy sur la cour d’Espagne ?

214. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Ils furent écrits pendant ce qu’il appelle son exil à Pétersbourg, dans les loisirs d’un ambassadeur sans cour, loisirs interrompus seulement par quelques dépêches sans affaires. […] Le prosélytisme religieux du comte de Maistre commençait à offusquer l’empereur Alexandre et son gouvernement ; la faveur de l’écrivain ultra-catholique baissait à la cour. […] C’était pour cette cour une décoration littéraire qu’elle ne pouvait négliger sans honte, mais ce n’était pas une force qu’elle pût employer sans défiance. […] Il s’arrêta pendant quelques mois dans sa chère Savoie, au sein de cette famille d’élite qui lui faisait une cour de tendresse et d’honneur. […] On le regardait comme un monument que la distance avait grandi et que l’on croyait destiné à grandir encore dans l’avenir par quelque éclatante reconnaissance de la cour de Turin.

215. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

On lui avait rendu son petit domaine ; on l’avait enchaîné à Rome et à la cour par d’autres bienfaits. […] Horace était un homme universel, un homme de bonne compagnie, un délicieux convive de cour. […] Il gagna beaucoup dans ce commerce avec Mécène et la cour d’Auguste. […] Les offres d’Auguste et le danger de la cour, à laquelle il venait d’échapper, rendirent plus fréquents et plus longs ses séjours dans sa métairie de la Sabine ; il la décrit avec un charme toujours nouveau. […] Tibur valait pour toi la cour de l’empereur ; Tibur, dont tu nous fais l’agréable peinture, Surpassa les jardins vantés par Épicure.

216. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

” Sa cuisine, dont les fenêtres grillées donnaient dans la cour, était toujours propre, nette, froide, véritable cuisine d’avare, où rien ne devait se perdre. […] Le pavé de la cour offrait ces teintes noirâtres produites avec le temps par les mousses, par les herbes, par le défaut de mouvement. […] Enfin les huit marches qui régnaient au fond de la cour et menaient à la porte du jardin étaient disjointes et ensevelies sous de hautes plantes comme le tombeau d’un chevalier enterré par sa veuve au temps des croisades. […] Un jour pur et le beau soleil des automnes naturels aux rives de la Loire commençaient à dissiper le glacis imprimé par la nuit aux pittoresques objets, aux murs, aux plantes qui meublaient ce jardin et la cour. […] Elle s’habitua donc par degrés à se laisser traiter en souveraine et à voir sa cour pleine tous les soirs.

217. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Les mœurs espagnoles, les usages de Madrid et de la cour, les bizarreries et les monotonies de cette vie si nouvelle pour une Française et une amie des La Fayette et des Sévigné, y sont touchées avec une discrète ironie. […] Faites-les commander, prenez les officiers que vous voudrez ; et, en suivant l’armée ennemie pendant trois ou quatre jours, vous verrez ce qu’elle deviendra, et ce que vous pourrez faire sans vous commettre. » Le lendemain soir, au retour, Villars ramenant bon nombre de prisonniers qu’il avait enlevés, le maréchal lui dit : « Nous aurions été brouillés ensemble, si je ne vous avais pas donné un détachement pour suivre vos amis que vous ne sauriez perdre de vue. » En 1677, à la bataille de Mont-Cassel près Saint-Omer, commandant une réserve de cinq escadrons, Villars conseilla sur la droite des ennemis une charge qui, faite à temps, eût rendu la victoire décisive ; mais un ordre précis, apporté par l’aide de camp Chamlay, homme de confiance de la Cour, le força de s’abstenir et de se diriger ailleurs. […] Il avait le roi pour lui, mais Louvois était contre ; et, de plus, en cette saison Villars était amoureux, violemment amoureux (il ne nous dit pas l’objet de cette belle passion), ce qui, sans nuire à son service, nuisait peut-être à son assiduité en Cour pendant les hivers. […] Ayant obtenu la commission de porter à l’empereur un compliment de condoléance sur la mort de l’impératrice sa mère, il se rendit à Vienne, y fut reçu agréablement, se mit au fait des intrigues de cour et de cabinet, se hâta d’en informer le roi, et travailla dès lors, par tous moyens auprès de l’électeur de Bavière à le détacher de l’empereur, dont il s’était fait le général, et à le ramener vers la France où sa sœur était dauphine. […] Cependant Villars s’attachait de plus en plus à l’électeur de Bavière ; il eut ordre de le suivre à Munich, et put prendre auprès de lui la qualité d’envoyé extraordinaire de la Cour de France : il alarma par ses progrès celle de Vienne, qui envoya, pour le contrecarrer, ses meilleurs hommes d’État, de ceux qu’il aura plus tard à combattre comme généraux.

218. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Sa surdité l’empêchait de participer aux agréments de cette société très-distinguée, mais sa femme et ses filles attiraient chez lui la cour et la ville. […] Quand elle fut conduite à l’échafaud révolutionnaire pour y mourir avec plusieurs dames de la cour et avec leurs filles, elle demanda à mourir la dernière, et elle partagea avec elles le mouchoir qui protégeait son sein pour sauver au moins la pudeur de celles dont elle ne pouvait sauver la vie. […] De là on repassait la route, et on entrait dans la cour d’honneur de la Roche-Guyon. […] Le duc, pour ne pas perdre l’habitude féodale de ses ancêtres, s’y fit apporter un sac de monnaie par le concierge, et jeta une poignée de pièces d’argent à quelques mendiants qui nous avaient suivis, et qui étaient entrés avec la voiture dans la cour ; puis nous passâmes dans les appartements : c’était une suite de pièces décousues, composées de salle des gardes, de salle à manger, de salons, de chambres de lit ouvrant sur le penchant de la montagne récemment plantée en jardins pittoresques. […] M. de Montmorency prévoyait le jour où l’attachement de la cour, fière de l’estime universelle dont il jouissait, lui offrirait le ministère des affaires étrangères, que la considération de l’Europe l’engagerait à accepter pour être utile à la France. « Le premier acte ministériel que je signerai, ce sera la nomination de Lamartine au poste de ministre à l’étranger », disait-il souvent à ses amis et aux miens.

219. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Elle s’y accoutuma au sein de la cour la plus polie, la plus savante, la plus galante d’alors, y brillant en sa fleur naissante comme l’une des plus rares merveilles et des plus admirées, sachant la musique et tous les arts ( divinae Palladis artes ), apprenant les langues de l’Antiquité, soutenant des thèses en latin, commandant des rhétoriques en français, jouissant de l’entretien de ses poètes et leur faisant rivalité avec sa propre poésie. […] Nourrie à une politique toute de cour et toute personnelle, on lui fit signer à Fontainebleau, lors de son mariage (1558), une donation secrète de l’Écosse aux rois de France, vers le même temps où elle adhérait publiquement aux conditions que les commissaires arrivés d’Écosse mettaient à ce mariage, et où elle leur promettait de conserver l’intégrité, les lois et les libertés de son royaume natal. […] La cour de France lui enseignait cette perfidie imprudente dès l’âge de seize ans. […] La vieille lutte des barons et des seigneurs contre les rois se compliquait et se redoublait désormais de celle des cités et du peuple contre les croyances brillantes de la Cour et contre la hiérarchie catholique. […] Sortie d’une cour littéraire et artificielle, elle n’avait rien pour comprendre ces grands et sourds mouvements des peuples, et pour les retarder ou les détourner à son profit en s’y accommodant : Elle revenait, a dit M. 

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