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721. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Nous devions nous en servir pour donner un corps aux abstractions de la théorie de la Relativité et aussi pour dégager les postulats qu’elle implique. […] Lors donc que, dans ce qui va suivre, nous nous servirons de notre Espace à trois dimensions, réellement perçu, pour donner un corps aux représentations d’un mathématicien assujetti à un univers plat, — représentations pour lui concevables mais non pas imaginables, — cela ne voudra pas dire qu’il existe ou puisse exister un Espace à quatre dimensions capable à son tour de réaliser en forme concrète nos propres conceptions mathématiques quand elles transcendent notre monde à trois dimensions. […] Moi qui suis inséré dans le monde organisé par mon corps, dans le monde conscient par l’esprit, je perçois la marche en avant comme un enrichissement graduel, comme une continuité d’invention et de création. […] Et il y aura beaucoup gagné, car l’expression qu’on lui apporte est celle d’une vérité physique nouvelle : elle indique comment la « transmission » de la lumière se comporte vis-à-vis de la « translation » des corps.

722. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Jamais elle n’est plus approuvée que lorsqu’elle prête du sentiment et de la passion aux choses insensibles, en vertu de cette métaphysique par laquelle les premiers poètes animèrent les corps sans vie, et les douèrent de tout ce qu’ils avaient eux-mêmes, de sentiment et de passion ; si les premières fables furent ainsi créées, toute métaphore est l’abrégé d’une fable. — Ceci nous donne un moyen de juger du temps où les métaphores furent introduites dans les langues. […] Il est digne d’observation que, dans toutes les langues, la plus grande partie des expressions relatives aux choses inanimées sont tirées par métaphore, du corps humain et de ses parties, ou des sentiments et passions humaines. Ainsi tête, pour cime, ou commencement, bouche pour toute ouverture, dents d’une charrue, d’un râteau, d’une scie, d’un peigne, langue de terre, gorge d’une montagne, une poignée pour un petit nombre, bras d’un fleuve, cœur pour le milieu, veine d’une mine, entrailles de la terre, côte de la mer, chair d’un fruit ; le vent siffle, l’onde murmure, un corps gémit sous un grand poids. […] Homme est une abstraction qui comprend génériquement le corps et toutes ses parties, l’intelligence et toutes les facultés intellectuelles, le cœur et toutes les habitudes morales.

723. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 366-368

Cet art de complimenter de tant de façons différentes, devoit lui donner une grande considération dans un Corps complimenteur comme celui dont il étoit membre ; mais cette distinction est une pauvre gloire pour quiconque prétendroit s’y borner.

724. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XIV. Le procès funèbre de la bouche »

Le procès funèbre de la bouche (Gourmantié) Quand la bouche fut morte, on consulta les autres parties du corps pour savoir d’elles laquelle se chargerait de l’enterrement.

725. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

On ne s’y battait point à distance, avec l’arc ni avec l’arbalète, mais on se frappait bel et bien de masses et d’épées, et corps à corps. […] Mais Dieu le sauve à l’aide du bon Sarrasin qui parvient à le mener jusqu’au château de la galère, où se trouvaient les personnes de distinction et les chevaliers de l’armée musulmaneac : Quand je vins parmi eux, ils m’ôtèrent mon haubert, et, pour la pitié qu’ils eurent de moi, ils me jetèrent sur le corps une mienne couverture d’écarlate fourrée de menu vair que madame ma mère m’avait donnée97 ; un autre m’apporta une ceinture blanche, et je me ceignis sur ma couverture, à laquelle j’avais fait un trou pour la revêtir ; et un autre m’apporta un chaperon que je me mis en ma têtead.

726. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

L’armée romantique, qui avait à sa tête la Revue d’Édimbourg et qui se composait de tous les auteurs anglais, de tous les auteurs espagnols, de tous les auteurs allemands, et des romantiques italiens (quatre corps d’armée), sans compter Mme de Staël pour auxiliaire, était campée sur la rive gauche d’un fleuve qu’il s’agissait de passer (le fleuve de l’Admiration publique), et dont l’armée classique occupait la rive droite ; mais je ne veux pas entrer dans un détail très ingénieux, qui ne s’expliquerait bien que pièce en main, et qui de loin rappelle trop la carte de Tendre. […] Quand il ne fait que se prendre corps à corps aux adversaires du moment, à ceux qui parlent de Shakespeare sans le connaître, de Sophocle et d’Euripide sans les avoir étudiés, d’Homère pour l’avoir lu en français, et dont toute l’indignation classique aboutit surtout à défendre leurs propres œuvres et les pièces qu’ils font jouer, il a raison, dix fois raison.

727. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

La démoralisation, commencée par la tête du corps, avait gagné tous les membres, et c’est encore dans les derniers rangs, parmi les officiers subalternes, qu’il fallait chercher ce qui restait de ressort et de constance. […] Fénelon, ne l’oublions pas, inclinait à croire que tout était perdu et sans ressources ; il le dit en termes nets, écrivant au duc de Chevreuse au commencement de 1740 : « La discipline, l’ordre, le courage, l’affection, l’espérance, ne sont plus dans le corps militaire : tout est tombé, et ne se relèvera point dans cette guerre. […] On traversa l’Escaut sur des ponts improvisés ; on arriva à cette double ligne établie pour la sûreté des convois, et que les ennemis avaient appelée le chemin de Paris ; on assaillit d’emblée le camp surpris, et on défit totalement le corps qui y était retranché.

728. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

L’Académie l’était allée féliciter en corps dans son palais archiépiscopal le 22 mars suivant, et avait parlé par la même bouche de Pellisson avec le zèle, l’effusion et le transport quasi-apostolique d’un nouveau converti. […] Quoi qu’il en soit du mobile, il fut le principal auteur et acteur dans cette élévation d’un cran et cet anoblissement définitif de la Compagnie ; il obtint que l’Académie eût désormais ses séances dans une salle du Louvre et fût considérée comme un des ornements ou accessoires du trône ; il usa de tout son crédit pour la faire valoir en toute occasion et la maintenir dans l’intégrité de son privilège ; et un jour qu’allant complimenter le roi elle n’avait pas été reçue avec tous les honneurs rendus aux Cours supérieures, il s’en plaignit directement à Sa Majesté, en rappelant « que François Ier, lorsqu’on lui présentait pour la première fois un homme de Lettres, faisait trois pas au-devant de lui. » La querelle engagée entre l’Académie et Furetière intéressait au plus haut degré l’honneur de la Compagnie : « car c’est grand pitié, comme remarque très sensément Legendre, quand des personnes d’un même corps s’acharnent les uns contre les autres, et qu’au lieu de se respecter et de bien vivre ensemble comme doivent faire d’honnêtes gens, elles en viennent à se reprocher ce que l’honneur de la Compagnie et le leur en particulier aurait dû leur faire oublier. » Il s’agissait, au fond, de l’affaire importante de l’Académie, le Dictionnaire, et de savoir si un académicien avait le droit d’en faire un, tandis que l’Académie n’avait pas encore publié le sien. […] Le 1er juin 1695, il allait à Versailles comme président de l’Assemblée du Clergé, et il harangua au nom de cet illustre corps pour la neuvième fois.

729. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

C’est alors que Catinat fut désigné pour général du corps de troupes qui devait opérer conjointement avec le duc de Savoie. […] De petits corps de volontaires catholiques s’étaient mis en campagne, devançant le mot d’ordre, et l’on escarmouchait déjà. […] Il n’avait pas en lui l’entrain, l’essor, le diable au corps et le démon.

730. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Nous ne finirions jamais si la vigueur de l’esprit et du corps était égale dans tous les âges : joignez à cela que j’ai une infirmité qui ne laisse pas de me rendre dures et pénibles les grandes fatigues à cheval. » Il continua donc de servir, en évitant tout air de plainte. […] Il déplorait les fautes signalées qu’il voyait se succéder sans cesse, l’extinction suivie de toute émulation, le luxe, le vide, l’ignorance, la confusion des états, l’inquisition mise à la place de la police ; il voyait tous les signes de destruction, et il disait qu’il n’y avait qu’un comble très-dangereux de désordre qui pût enfin rappeler l’ordre dans ce royaume. » Le corps de Catinat, enterré en l’église de Saint-Gratien, y reposa en paix jusqu’en 1793. […] De nos jours, il y a quelques années, le 25 juin 1860, le corps du vertueux maréchal fut exhumé et déposé dans un sarcophage qui se voit dans la nouvelle église du pays.

731. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Madame est Italienne de corps et d’âme ; le caractère de Monsieur y est très-conforme : notre pli est pris, nous vivrons toujours sans division ni confiance, et je crois que le roi est comme moi sur cet article. (14 juillet 1775.) » Cet article des deux beaux-frères revient fréquemment sur le tapis. […] On pourra sourire de quelques détails qui sentent la maman. — Ayez plus soin de vos dents, on dit que vous les négligez. — Mettez un corset, crainte, comme on dit en allemand, d’élargir et de paraître déjà la taille d’une femme sans l’être. — Le monter à cheval gâte le teint, et votre taille à la longue s’en ressentira et paraîtra encore plus. — Les premières lettres sont remplies de ces prescriptions qui tiennent au corps, à la santé, et qui ont des conséquences morales aussi pour les personnes en évidence et dont toute la vie se passe en public : « Je vous prie, ne vous laissez pas aller à la négligence ; à votre âge cela ne convient pas, à votre place encore moins ; cela attire après soi la malpropreté, la négligence et l’indifférence même dans tout le reste de vos actions, et cela ferait votre mal ; c’est la raison pourquoi je vous tourmente, et je ne saurais assez prévenir les moindres circonstances qui pourraient vous entraîner dans les défauts où toute la famille royale de France est tombée depuis longues années64 ; ils sont bons, vertueux pour eux-mêmes, mais nullement faits pour paraître, donner le ton, ou pour s’amuser honnêtement, ce qui a été la cause ordinaire des égarements de leurs chefs qui, ne trouvant aucune ressource chez eux, ont cru devoir en chercher au dehors et ailleurs. On peut être vertueux, gai et en même temps répandu ; mais quand on est retiré au point de n’être qu’avec peu de monde, il en résulte (je dois vous le dire à mon grand regret, comme vous l’avez vu dans les derniers temps chez nous), nombre de mécontents, de jaloux, d’envieux, et des tracasseries ; mais si on est répandu dans le grand monde, comme cela était ici il y quinze ou vingt ans, alors on évite tous ces inconvénients, et on s’en trouve bien pour l’âme et le corps.

732. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

L’unité géographique de l’Europe a beau être brisée en une quantité d’États, n’y a-t-il point des éléments communs à ces États comme aux membres d’un même corps ? […] Une guerre qui heurte deux peuples l’un contre l’autre les rapproche dans ce corps à corps ; elle leur apprend à se mieux connaître ; les prisonniers deviennent entre eux un lien vivant ; le séjour des armées sur territoire ennemi amène des contacts journaliers et prolongés ; les négociations entamées en vue de la paix donnent lieu à des congrès où l’on discute autrement qu’à coups de canon.

733. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Mais ce que je vous conseille de faire, c’est de ne jamais attaquer des corps entiers, quels qu’ils soient. Les individus pardonnent quelquefois, mais les corps et les sociétés ne pardonnent jamais. […] Jouissez de votre esprit et conservez la santé de votre corps.

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