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675. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Il n’est pas dans mes conditions de faire des voyages si rapides. […] Si l’épopée admet des apparitions, c’est qu’elle raconte et ne représente point : les conditions d’un spectacle sont incomparablement plus rigoureuses que celles d’un récit. […] L’imitation est ici une simple copie, là un tableau original : selon les uns, il n’y a pas de théorie entre la nature et l’art ; selon les autres, l’art n’existe que par le goût, profond système d’études attentives, de conditions rigoureuses et de conventions raisonnables.

676. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il transporta plus tard son goût et ses maximes dans l’opéra405, à qui il imposa dès sa naissance la fadeur et la fausseté des sujets comme conditions essentielles du genre. […] Il a peint, non l’amour, mais cinq, dix amours, dont pas un ne ressemble à l’autre : chaque individu aime à sa façon, avec son tempérament, son esprit, toutes les modifications que l’âge, la condition, la situation peuvent imprimer à l’éternel élément de la passion. […] Il ne croyait pas qu’on pût mettre en tragédie la réalité immédiatement perçue : il voulait envelopper l’observation dans une vision agrandie par l’éloignement, et par là poétique : à cette condition seulement, il crut pouvoir traiter Bajazet, parce qu’il sentait les Turcs aussi loin de lui que les Romains.

677. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il réconcilie chacun avec sa condition. […] Le maître du chien n’a ni âge, ni condition, ni fortune : le faible est pour le chien le seul puissant de ce monde ; le vieillard lui est un enfant aux fraîches couleurs, le pauvre lui est roi. […] Tel est le privilège du génie ; la physionomie même par laquelle le génie est une personne, l’humeur, l’abandon, y paraissent armant de conditions du genre.

678. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Un papier timbré qu’il avait apporté stipulait des conditions qui me parurent étonnamment généreuses ; si bien que, quand il me demanda si je voulais que tous les écrits que je ferais à l’avenir fussent compris dans le même contrat, je consentis. […] On n’est pas obligé au charlatanisme ni au mensonge pour obtenir un mandat dont la première condition est l’indépendance et la sincérité. […] C’est par lui que je connus la famille Scheffer, à laquelle je dois une compagne qui s’est toujours montrée si parfaitement assortie aux conditions assez serrées de mon programme de vie, que parfois je suis tenté, en réfléchissant à tant d’heureuses coïncidences, de croire à la prédestination.

679. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Schiller chantait la liberté morale, l’effort de la vertu, et tendait au sublime ; Goethe, cherchant la beauté calme et fine, reproduisait plutôt, comme un miroir fidèle, les conditions naturelles de la vie. […] Parlons sérieusement : aux prises avec l’impossible, l’auteur de Salammbô s’est senti arrêté à chaque pas, et, violant les conditions du vrai savoir, il a passé outre avec une intrépidité de matamore. […] Flaubert d’avoir oublié l’humanité de Gélon, tyran de Syracuse, lequel, vainqueur des Carthaginois en Sicile le jour même où Thémistocle détruisait la flotte des Perses à Salamine, avait épargné les vaincus en leur imposant la seule condition de renoncer au sacrifice des enfants ; il est trop certain pourtant que l’horrible culte ne tarda point à reparaître.

680. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Rome a-t-elle fait un pas, je ne dis pas vers la tolérance, mais vers l’intelligence des conditions sur lesquelles repose la société européenne ? […] Qu’elle ait tort ou raison en cela, peu importe ; seulement, comme on ne risque pas beaucoup de se tromper en prophétisant que cette société ne sera pas vaincue, il semble bien que le plus sage serait d’en accepter de bon cœur les conditions nouvelles, au lieu de l’anathématiser et de ne s’y soumettre que comme à une nécessité douloureuse quand il est tout à fait impossible de faire autrement. […] N’est-ce pas ce que vous dites vous-même, quand vous dites : « Je ne crois pas ma pensée adéquate à l’essence des choses. » Il n’y a de science que là où la pensée est adéquate à l’objet qu’elle étudie, quand il y a connaissance effectivement et possiblement complète et claire des faits et de leurs lois, de l’enchaînement des causes et des effets ; à ces conditions seulement, la science existe, et l’esprit scientifique est satisfait.

681. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

D’abord l’imagination, qui garde longtemps, peut-être toujours, la fatigue ou la flétrissure de ce boulet des rhétoriques que nous avons traîné dans nos jeunesses, n’a plus de ferveur pour ces esprits avec lesquels elle a vécu dans des conditions souvent ineptes et douloureuses. […] … Dans cette ferveur d’oraison funèbre qui nous transporta et dura encore quelques jours, ne transforma-t-on pas cette flexibilité que j’accorde à Sainte-Beuve, mais aux conditions où elle lui a été donnée, en une faculté qui n’est pas nécessaire au critique, la faculté d’entrer dans une autre personnalité que la sienne ? […] Dans ces conditions-là, on ne saurait écrire le moindre billet.

682. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

La suppression des classes, l’égalité relative des conditions rend l’homme sympathique à son semblable, parce que celui-ci devient son semblable. […] Si l’on m’a promis telle rémunération à condition que je fisse tel ouvrage ; cet ouvrage fait, la promesse de l’autre devient mon droit. […] C’est une des misères de la condition humaine que ce qui devrait mener à une conviction empêche presque nécessairement d’en avoir une. […] Du reste, il ne marche point ; car on n’invente qu’à la condition d’abolir les anciennes inventions pour les réinventer et recommencer la course. […] Nous en voyons les conditions, non en quoi il consiste.

683. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — Post-scriptum » pp. 154-156

Je donnerai ici une partie de la réponse que j’ai faite dans L’Athenaeum du 29 décembre 1855 : Il m’en coûte de ne voir dans le fils de M. d’Argenson qu’un éditeur critiqué et mécontent, qui vient faire l’apologie d’une édition dont je n’ai relevé les défauts qu’incidemment, qui pouvait être suffisante pour le temps où elle parut, mais qui ne remplit aucune des conditions d’exactitude exigées aujourd’hui dans ces sortes de travaux.

684. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

Au reste, quel que soit le plan que Ion adopte, on devra toujours se soumettre à certaines conditions, sans lesquelles l’œuvre ne saurait se tenir.

685. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

On n’y verra pas surtout des secrets merveilleux, qui opèrent par une sorte de vertu magique, pour donner sans aucune autre condition une perfection accomplie à ce qu’on fait.

686. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

sa préoccupation et sa gloire de mépriser ses conditions de vie, le sens naturel dont elle vient, le sens naturel qui la perçoit.

687. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

Paillard signifia jadis misérable, homme qui couche sur la paille ; paître, nourrir, Dex est preudom, qui dos gouverne et pest (117) ; souffreteux, besoigneux ; labourer, travailler, souffrir ; et tous les mots indiquant la condition : valet, autrefois écuyer ; garce, autrefois jeune fille.

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