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421. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

On comprend immédiatement qu’entre cet art et l’art courant, même le moins banal, il y a un abîme ; il s’agit en effet d’une œuvre entièrement nouvelle. […] On comprend dès lors le rôle de l’ornement dans une pareille conception. […] En effet l’œuvre, dans sa pensée, est toujours adaptée à sa destination, et on comprend quelle richesse d’imagination suppose cette scrupuleuse adaptation de l’édifice à son but. […] La façon dont Horta a compris l’art décoratif lui crée une place bien à part dans l’ensemble des novateurs qui lui ont de nos jours imprimé un nouvel élan.

422. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il n’a pas compris. […] Ceux qui ne comprennent pas la musique ont des raisons de ne pas la comprendre que notre raison ne comprend pas. […] Ceux qui ne comprennent pas la musique ont des raisons de ne pas la comprendre que notre raison ne comprend pas. […] On ne comprit pas tout de suite. […] Vous me comprenez.

423. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Bref, il est démontrable par l’analyse qu’on ne comprend en art que ce que l’on éprouve et l’on peut poser cette loi : Une œuvre d’art n’exerce d’effet esthétique que sur les personnes dont ses caractères représentent les particularités mentales ; plus brièvement : une œuvre d’art n’émeut que ceux dont elle est le signe. […] Il fallut deux siècles à Pascal et à Saint-Simon pour atteindre la renommée, et ils n’ont été compris qu’en ce temps dont ils avaient d’avance, l’un l’angoisse, l’autre l’irrespect et la vision fouillante. […] A l’heure présente, la musique, la peinture, la littérature en France comprennent les triomphateurs les plus divers. […] Une littérature, un art national comprennent une suite d’œuvres, signes à la fois de l’organisation mentale générale des masses qui les ont admirées, signes de l’organisation mentale particulière des hommes qui les ont faites. […] On aura compris qu’Émile Hennequin sépare bien le versant « biologique » du versant « moral », « social », ou « culturel », contrairement à la majorité de ses contemporains : il défend une conception restreinte, et prudente, de l’hérédité.

424. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Ces analogies sont étranges au point de vue de la création indépendante des espèces ; mais, si toutes les espèces existèrent d’abord comme variétés, elles sont aisées à comprendre. […] Cette théorie rend aisé à comprendre l’axiome : Natura non facit saltum, dont chaque nouvelle conquête de la science tend à prouver de plus en plus la vérité. […] Nous pouvons ainsi comprendre pourquoi la nature se meut pas à pas, en dotant différents animaux de la même classe de leurs différents instincts. […] Il semble que dans les organes rudimentaires et dans les homologies de structure, la nature ait pris la peine de nous révéler son plan de modification, et que volontairement nous nous refusions à le comprendre. […] Je ne puis donc douter que la théorie de descendance ne comprenne tous les membres d’une même classe.

425. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Cacault ajoutait que le genre des matières traitées, fort peu comprises par les séculiers et par ceux surtout qui professaient des principes différents, offrait un obstacle de plus à cette persuasion. […] Fouché nous dit qu’il se trouvait là par hasard, mais on comprit parfaitement qu’il n’en était rien. […] Ils nous firent asseoir en cercle, et alors le ministre des cultes commença un long discours qui ne fut compris que du plus petit nombre, car parmi les treize il y en avait à peine trois qui sussent le français. […] Tous les autres se turent, car ils ne comprenaient pas la langue et la parlaient beaucoup moins encore. […] « En écrivant ces mots, le ministre voulait nous faire comprendre qu’il fallait obtempérer aux injonctions reçues et nous dépouiller tout de suite de nos insignes cardinalices.

426. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

L’Antiquité grecque, son théâtre avec son génie et son style, mieux compris, ont donné les points nécessaires, les hauteurs essentielles pour les mesures comparées. […] Enfin, ce qui coupe court à tout, Corneille donna lui-même ces Stances, y compris la dernière, dans le Recueil de Sercy en 1666, et il les prit à son compte. […] On n’a pas découvert soi-même, mais on vient à bout de comprendre ; on a l’air d’égaler le maître ; à certains égards même on l’égale, mais il n’en demeure pas moins le maître. […] Les Anglais, plus faits pour nous comprendre, et qui entrent mieux dans l’esprit de détail de notre littérature, sont loin pourtant d’accepter tous nos jugements : l’un des plus bienveillants et des plus judicieux, Hallam, parlant très-pertinemment et avec beaucoup d’équité de Corneille, ne le place pas dans le premier ordre des génies. […] Rambert, au cœur de pays allemands et dans une cité des plus éclairées, des Cours où le génie français bien compris, maintenu dans ses distinctions et ses supériorités essentielles, est plaidé et démontré avec chaleur dans une excellente langue, mériteraient, quand ils nous reviennent ici sous forme de livres, d’être quelque peu examinés et critiqués à leur tour.

427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Tous ces noms se pressaient et se rencontrèrent un moment dans le cercle des trois années d’études que comprend l’École. […] Il comprit bientôt qu’on ne saurait être un vrai philosophe psychologue sans savoir d’une part la langue des mathématiques, cette logique la plus déliée, la plus pénétrante de toutes, et de l’autre l’histoire naturelle, cette base commune de la vie ; une double source de connaissances qui a manqué à tous les demi-savants, si distingués d’ailleurs, de l’école éclectique. […] Taine ajoute en concluant : « Ce style et ces sentiments sont si éloignés des nôtres, que nous avons peine à les comprendre. […] Il ne faut ni dénigrer ni imiter, mais inventer et comprendre. […] « J’ai admiré souvent, et j’avoue que je ne puis encore comprendre, quelque sérieuse réflexion que je fasse, pourquoi toute la Grèce étant placée sous un même ciel, et les Grecs nourris et élevés de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs mœurs. » C’est cette différence d’homme à homme dans une même nation, et jusque dans une même famille, qui est le point précis de la difficulté.

428. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Les contemporains, en effet, s’ils ont les avantages de leur position, en ont aussi les inconvénients : s’ils savent quantité de points, ils en ignorent une infinité d’autres ; le détail leur dérobe l’ensemble, les arbres les empêchent de voir la forêt ; de plus, ils sont juges et parties ; ils souffrent, ils combattent, ils succombent ou ils triomphent ; vainqueurs ou vaincus, ils aiment ou ils haïssent : comprendre purement et simplement l’objet de leur enthousiasme ou de leur colère est ce dont ils se soucient le moins. […] Il y a donc, pour la postérité, une tâche à part et qui est proprement la sienne, à savoir de dominer les divers points de vue, de les maîtriser, de tenir compte de tout et de tout comprendre. […] Napoléon a compris les terribles devoirs que lui impose sa mission, et il s’est fait le serment de les remplir tous. […] Toutes ses facultés, y compris son imagination grandiose, y trouvaient leur magnifique emploi ; un rêve superbe, une vision charlemanesque le saisit ; il entra tout d’un trait dans une phase nouvelle ; et lorsqu’en 1807, ayant reconnu qu’il n’y avait que la Russie qui pouvait ne pas être irréconciliable, il put se flatter de l’avoir gagnée dans la personne de son jeune empereur, il dut se croire en mesure de tout oser, de tout exécuter dans l’Occident. […] Il reste à l’historien futur à décrire ce vaste mouvement par lequel nous fûmes cernés, à le peindre en toute connaissance de cause, avec un sentiment élevé d’impartialité envers des adversaires dont quelques-uns furent héroïques et dont les autres ne furent qu’acharnés, à faire bien comprendre surtout comment le libéralisme, le patriotisme ulcéré devint un instrument aux mains d’un état-major d’oligarques, qui, après l’avoir caressé et déchaîné pour le grand combat, ne pensèrent ensuite qu’à le réfréner sans pudeur et à le museler.

429. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Une seule idée comprend toutes ces idées ou vérités. […] l’histoire des sociétés humaines nous offre-t-elle donc des époques déshéritées où l’on vit sans idées générales, où celle qui les comprend toutes, l’idée de l’humanité, n’y est pas tout au moins une notion d’instinct ? […] Dans quelle mesure ces idées et l’idée qui les comprend toutes ont-elles été connues de l’esprit français, c’est ce que nous indiquent les écrits en langue latine qui ont paru dans cette période. […] Plus tard, aux jours où la religion aura remplacé la théologie, où le christianisme descendra des hauteurs du dogme dans l’analyse profonde et compatissante des misères de l’homme, l’humanité sera mieux comprise, et l’on verra naître la science de la morale chrétienne, qui en est, pour nos sociétés modernes, l’explication complète et définitive. […] Et même, à certains endroits où saint Bernard subtilise, le traducteur se contente, faute de comprendre le sens, de transporter les mots latins tout entiers dans la traduction après en avoir légèrement francisé l’orthographe.

430. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Seulement, comme il avait plus de profondeur qu’aucun de ses contemporains on le critiquait et on le trouvait trop modéré, parce qu’on ne le comprenait pas. […] Il est facile de le comprendre : Jean-Jacques Rousseau, c’est l’esprit d’indiscipline et de révolte, c’est en outre l’esprit d’utopie, c’est en un mot tout ce qu’il y a de plus contraire au principe de la tradition et de la discipline. […] Nisard sur le xviiie  siècle : il comprend ce siècle, il en accepte, il en approuve les principes, il lui sait gré de les avoir répandus ; mais c’est sa raison seule qui approuve, il n’aime pas. […] Appliquez maintenant à ces écrivains le principe de la discipline et de la tradition, nous n’en comprendrons plus les beautés. […] N’oublions pas que Schlegel, qui avait tant d’esprit, ne comprenait absolument rien à Racine ou à Molière.

431. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

C’est l’Automne des Méditations, mieux comprise, plus sentie, plus intime. […] Comprenez-vous bien ? […] S’il n’en avait eu cure, on comprendrait qu’il eût continué d’y donner prise. […] Il croit que son entretien avec Charles X à propos de Marion de Lorme eût sauvé la monarchie si on l’eût compris ; il le croit, et rien de mieux ; mais il ne comprend pas qu’il est ridicule de le dire. […] L’idée glisse sur Hugo II la comprend peut-être.

432. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Napoléon, conseillé plus tard par le prince de Talleyrand, comprit la politique occidentale comme le duc de Choiseul, et s’allia lui-même avec l’Autriche par son mariage avec Marie-Louise. […] Il ne dépassa jamais la ligne de Mirabeau ; car il avait compris tout de suite qu’en deçà de Mirabeau on était timide, et qu’au-delà on était perdu. […] On ne comprend pas que M.  […] Sa force était de tout comprendre, mais non de tout dominer, même le peuple ; c’était une intelligence suprême, mais une intelligence à demi-voix ; il ne parlait qu’à l’oreille, comme la persuasion ; il n’écrivait même bien qu’avec réflexion, lenteur et clarté, mais sans chaleur. […] Thiers, à en juger par ce qu’il en dit dans son Histoire de l’Empire, ne nous paraît pas avoir compris la supériorité de ce modèle, pas plus que la supériorité de M. 

433. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

C’est ce que le bon sens français a merveilleusement compris en 1793, en 1830, en 1848 surtout. […] je comprends, parce qu’il tombe de là dans la mer. […] Elle ne comprenait pas, et elle avait le front rouge et le visage tout pâle. […] Il me parut qu’elle s’appliquait à comprendre comment sa main droite battrait sa main gauche. […] Il se serait cru déshonoré de comprendre ce qu’il se sentait incapable de dire.

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