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427. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Tous trois se croient aimés, et on les trompe tous trois ; car ces cœurs de châtelaines superbes et volages n’avaient d’amour que faux-semblants. […] A ses pieds n’avoir pas un cœur   Qu’on traite en vainqueur !  […] si parfois une femme, Pensive, en les lisant, à la fuite du jour, Sent son œil qui se mouille et son cœur qui s’enflamme   A tes récits d’amour ; Si, parmi les amis qu’a chéris ton enfance, Un seul peut-être, un seul qui t’aurait oublié, Y trouve avec bonheur quelque ressouvenance   D’une ancienne amitié ; Ou, si d’enfants chéris une troupe rieuse Qu’amusent tes récits, que charment tes accents, En t’écoutant, devient meilleure et plus joyeuse,   Et t’aime pour tes chants : Ce rêve est assez beau pour enivrer ton âme ! […] Vivre au cœur d’un ami, d’un enfant, d’une femme…   Voilà ton immortalité.

428. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

De la comédie grecque Les tragédies (si l’on en excepte quelques chefs-d’œuvre) exigent moins de connaissance du cœur humain que les comédies, l’imagination suffit pour peindre ce qui s’offre naturellement aux regards, l’expression de la douleur. […] D’ailleurs ce ne sont ni les goûts ni les lumières du peuple qu’il faut consulter pour l’attendrir ; l’émotion de la pitié parvient à tous les cœurs par la même route. […] L’art comique, tel qu’il était du temps des Grecs, ne pouvait se passer d’allusions : on n’avait pas assez approfondi le cœur humain dans ses passions secrètes, pour intéresser seulement en les peignant ; mais il était très aisé de plaire au peuple en tournant ses chefs en dérision. […] Les comédies de Ménandre et les caractères de Théophraste ont fait faire des progrès, l’un dans la décence théâtrale, l’autre dans l’observation du cœur humain ; parce que ces deux écrivains avaient sur Aristophane l’avantage d’un siècle de plus ; mais, en général, les auteurs se laissent aisément séduire dans les démocraties, par l’irrésistible attrait des applaudissements populaires.

429. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

S’il y avait un homme aujourd’hui qui pût réaliser le drame comme nous le comprenons, ce drame, ce serait le cœur humain, la tête humaine, la passion humaine, la volonté humaine ; ce serait le passé ressuscité au profit du présent ; ce serait l’histoire que nos pères ont faite confrontée avec l’histoire que nous faisons ; ce serait le mélange sur la scène de tout ce qui est mêlé dans la vie ; ce serait une émeute là et une causerie d’amour ici, et dans la causerie d’amour une leçon pour le peuple, et dans l’émeute un cri pour le cœur ; ce serait le rire ; ce serait les larmes ; ce serait le bien, le mal, le haut, le bas, la fatalité, la providence, le génie, le hasard, la société, le monde, la nature, la vie ; et au-dessus de tout cela on sentirait planer quelque chose de grand ! […] Il pourrait mener François Ier chez Maguelonne sans être suspect ; il pourrait, sans alarmer les plus sévères, faire jaillir du cœur de Didier la pitié pour Marion ; il pourrait, sans qu’on le taxât d’emphase et d’exagération comme l’auteur de Marie Tudor, poser largement sur la scène, dans toute sa réalité terrible, ce formidable triangle qui apparaît si souvent dans l’histoire : une reine, un favori, un bourreau. […] Jamais, dans ses travaux, il ne perd un seul instant de vue le peuple que le théâtre civilise, l’histoire que le théâtre explique, le cœur humain que le théâtre conseille.

430. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il a porté son cœur en écharpe toute sa vie. […] Quand la maison vibrait comme un grand cœur de pierre De tous ces cœurs joyeux qui battaient sous les toits. […] Il avait le cœur noble, généreux et léger. […] Il le porte avec lui comme une maladie de cœur. […] » Tout mon cœur s’écriait : « Mon Dieu ! 

431. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Abadie, Michel (1866-1922) »

Ils sont d’un amoureux débordant, heureux de jeter aux pieds de l’Aimée toutes les fleurs et tout son cœur. […] Mais enthousiasme ne signifie pas seulement violence et passion, n’oublions pas que ce mot représente encore, et mieux, l’émotion naturelle du cœur. […] Abadie un cœur fraternel ; le simple labeur qui sert de balancier à sa vie épanouit en lui la sympathie et la miséricorde.

432. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mourey, Gabriel (1865-1943) »

. — Trois Cœurs, un acte (1897). — Cœurs en détresse (1898). — Les Arts de la vie et le Règne de la laideur (1899). […] Jules Bois C’est le rêve de l’amour, éclos d’un cœur aux délicatesses féminines, que M. 

433. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Nous avons pour eux je ne sais quel faible dans le cœur, mais c’est un faible, et, pour être juste, nous devons reconnaître que la Peinture, cette sœur jalouse et ivre d’être tant aimée, étouffe un peu sa sœur, la Poésie, en l’embrassant. […] Le peintre de mœurs, chez Topffer, manque de repli, de profondeur, de ce coup d’œil qui fouille, jusqu’au fond, le sac plein ou vide du cœur de l’homme et la besace de sa vanité ! […] Mais l’intérieur de ces vieilles poitrines de grimpeurs de montagnes ou du cœur de rose de cette fillette, mais la manière de concevoir et de sentir la vie de ce mâle et pauvre curé qui, son bréviaire récité, sa messe dite, se rappelant qu’il est un robuste fils des Alpes, s’en va faire la guerre aux oiseaux du ciel pour nourrir les pauvres de la terre, voilà ce que l’on voudrait voir, voilà ce que Topffer ne nous montre pas avec assez de détails et ce qui n’aurait pas échappé à Sterne, par exemple, ce grand moraliste qui sait aussi fixer en trois hachures un paysage d’un ineffaçable fusain, grand comme l’ongle, mais infini d’expression, et qui reste à jamais, dès qu’on l’a vu, dans la mémoire, comme une pattefiche dans un mur ! […] Seulement Sterne a un de ces tranquilles regards qui fendent le cœur sur lequel ils descendent, comme la flèche de Tell fendit la pomme sur la tête blonde de son fils. […] Il n’est séparé du cœur de l’homme que de l’épaisseur de sa palette, « mais il y a des dentelles qui sont des murs d’airain… » dit Diderot.

434. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

depuis la naissance du monde et son éclosion sous ton aile, tu les suscites toujours inépuisés dans les cœurs, et tu les varies. […] Ne dites pas qu’il ne naît qu’une seule fois pour un même objet dans un même cœur, car j’en sais qui se renflamment comme de leur cendre et qui ont eu deux saisons. […] Ces lettres perpétuelles faisaient comme un feu qui circulait par ses mains et qui rejaillissait dans son cœur. […] Que fait donc à certains moments le cœur, et quelles sont ses distractions étranges ! […] Les brillants ambassadeurs des rois, près des belles fiancées qu’ils vont quérir aux rivages lointains, ont souvent touché les prémices des cœurs.

435. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il en a saturé les esprits et les cœurs. […] Elle travaille son esprit et menace son cœur. […] Mais l’esprit y balançait souvent le cœur. […] — Ô triste cœur, me dit Tiberge, cœur excessif ! […] mon cœur ne m’avait pas trompé.

436. (1886) Le roman russe pp. -351

Son cœur a été fabriqué, sous le Directoire, du bois dont était fait le cœur d’un Barras ou d’un Talleyrand ; sa conception de la vie et du monde est de ce temps-là. […] Celui-ci devait être trop vite rassuré, et de la façon la plus douloureuse pour son noble cœur. […] Triste et lourd, le cœur ! […] C’était, comme on dit vulgairement, une âme du bon Dieu ; ce cerveau puissant dominait un cœur d’enfant. […] … Ce n’était plus de l’effroi que je ressentais ; une pitié indicible me poignait le cœur.

437. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Cette doctrine tenait si fort au cœur de M.  […] Vous leur aviez même trouvé un titre : la Danse du cœur. […] Un jour est arrivé où vous avez reconnu que beaucoup de vos compagnons étaient comme vous-même. « Si je racontais leur cœur et mon cœur ?  […] Il le lui a certes révélé, et nous allons savoir par elle le cœur de son cœur, la pensée de sa pensée. […] Son cœur s’est ému devant l’épreuve des siens.

438. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Son cœur se consume dans les tourments qu’il souffre. […] Elle consentit, le cœur brisé, mais avec désinvolture. […] Et il s’écriait : « Tel est le pauvre cœur, le pauvre cœur !  […] c’est que la glace de ton cœur n’est pas rompue. […] Et il nous fait lire dans le cœur humain couramment.

439. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Cette tête, ce cœur sont-ils faits comme les nôtres ? […] Il a fini : le cœur lui bat, mais c’est de joie ; il s’applaudit, il dit dans son cœur : Nul ne roue mieux que moi ! […] On y sent une résignation mal résignée qui murmure au fond du cœur sous un sourire de convention. […] tout est inutile ; le dégoût, la défiance, le découragement sont entrés dans mon cœur. […] L’excès ne convertit pas, il scandalise, et la révolte de l’esprit ne soumet pas le cœur.

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