Qu’est-il besoin, pour mettre en pièces un papillon, de faire aller une grande roue ? […] « Puissé-je, dit-il dans une de ses lettres, vivre & mourir dans l’indépendance ; vivre & mourir en paix ; soutenir l’aisance & la dignité d’un poëte ; voir les amis & lire les livres qu’il me plaira ; être au dessus du besoin d’avoir un protecteur, quoique je veuille bien appeller quelquefois un ministre mon ami !
Il n’avoit eu besoin des enseignemens de Pierre Perugin, que pour apprendre comment il falloit étudier. […] Quant aux poëtes, les principes de la pratique de leur art sont si faciles à comprendre et à mettre en oeuvre, qu’ils n’ont pas même besoin d’un maître qui leur montre à les étudier.
Du moins, si elle s’y intéresse, c’est dans la mesure où elle y voit des faits sociaux qui peuvent l’aider à comprendre la réalité sociale en manifestant les besoins qui travaillent la société. […] Non seulement les explications sont autres, mais elles sont autrement démontrées, ou plutôt c’est alors seulement qu’on éprouve le besoin de les démontrer.
Ma vieille mère expire dans le besoin ; ma jeune sœur, une arrière-petite-fille, monsieur ! […] Je comprends, monsieur, que j’ai besoin de me mettre en règle. — Je m’y mettrai.
Or, celle d’Arsène Houssaye l’a été par le bec d’une plume qui n’a pas eu pour cela besoin d’appuyer. […] On n’en a pas besoin, du reste.
Il a besoin de ces grandes secousses. […] Et ce n’est point simplement de sa part conscience, habitude ou prudence, mais besoin et passion. […] Au besoin, le cœur tient lieu de cerveau. […] L’Église protestante au dix-neuvième siècle, comme l’Église catholique au seizième siècle, a besoin d’une réforme. […] Au besoin, ils la violentaient quand ils voulaient vérifier par des textes les suggestions de leur propre cœur.
Un jour, pourra-t-il vous dire, il se trouvait dans une disposition vague de rêverie et d’émotion, il éprouvait le besoin d’adoucir un chagrin ou de fixer un plaisir. […] Et de quel prix serait la vie, avec les passions qui la corrompent et les chagrins qui la désolent, de quel intérêt serait la société que l’erreur égare et que la force ravage, sans le besoin de chercher la vérité et le devoir de la dire ? […] En même temps, il traduisait et extrayait Kant. — En 1832, au lendemain du ministère Périer et pendant les ravages du choléra, sentant le besoin d’une occupation forte, il se remit à Kant, comme on se mettrait à la géométrie. […] Aujourd’hui on étale moins ses vrais principes ; au besoin on en a même de solennels pour les jours de montre ; l’époque est à la fois épicurienne de fait et ampoulée de langage. […] Ce qui en ressort, c’est le besoin qu’a cette raison humaine d’aller en avant toujours et d’aspirer vers la vérité, coûte que coûte, dût-elle ne jamais l’atteindre et rencontrer pour tout prix le martyre.
« Maintenant, après une telle profession de foi, ai-je besoin de dire quelles sont en histoire les conditions du style ? […] Que la France, sortie par sa propre force de la sanguinaire anarchie de 1793, eût besoin, pour constituer l’ordre dans la liberté, de concentrer son gouvernement multiple dans une main d’homme d’État, magistrat, soldat ou dictateur, nous le reconnaissons comme M. […] La troisième armée, dite de réserve, dont les éléments existaient à peine, devait se former entre Genève et Dijon, et attendre là l’issue des premiers événements, prête à secourir Moreau s’il en avait besoin. […] Or le lecteur a souvent besoin que l’écrivain lui arrache le mot ou le cri de la circonstance qui gronde dans la poitrine, mais qui ne peut en sortir faute d’un sublime interprète. […] « Ces hommes, dit-il, méconnaissant le mouvement général des esprits et le besoin du temps, faisaient peu de sensation.
Son imagination, entendez-vous, vaut bien assez par elle-même et n’a pas besoin des fastueux ornements de la syntaxe. […] Il a besoin d’un certificat de capacité, il s’adresse à M. […] Et je n’ai pas besoin d’ajouter que l’action, poétiquement comprise, s’applique aussi bien au langage qu’aux gestes. […] Le duel de la France avec l’Europe, et les voluptés efféminées du Luxembourg n’avaient pas besoin d’être chantées. […] Elle n’a pas besoin des interpellations de la reine pour confesser sa nouvelle passion.
On en trouverait encore quelques-uns dans les cantons reculés, en Bretagne, en Auvergne, vrais commandants de district, et je suis sûr qu’au besoin leurs paysans les suivront autant par respect que par crainte. […] Pendant l’hiver de 1784, les aumônes sont augmentées dans toutes les maisons religieuses : leurs fermiers distribuent des secours aux habitants pauvres des campagnes, et, pour fournir à ces besoins extraordinaires, plusieurs communautés ajoutent à la rigueur de leurs abstinences. » — Quand, à la fin de 1789, il s’agit de les supprimer, je rencontre en leur faveur nombre de réclamations écrites par des officiers municipaux, par les notables, par une foule d’habitants, artisans, paysans, et ces colonnes de signatures rustiques sont vraiment éloquentes. […] Je suis persuadé que, sauf des hobereaux écartés, chasseurs et buveurs, emportés par le besoin d’exercice corporel et confinés par leur rusticité dans la vie animale, la plupart des seigneurs résidents ressemblaient, d’intention ou de fait, aux gentilshommes que, dans ses contes moraux, Marmontel mettait alors en scène ; car la mode les poussait de ce côté, et toujours en France on suit la mode. […] Chez le duc de La Rochefoucauld-Liancourt lui-même, Arthur Young ayant besoin de renseignements, on lui envoie le régisseur. « Chez un noble de mon pays, on eût invité à dîner trois ou quatre fermiers qui se seraient assis à table à côté des dames du premier rang. […] Il faut qu’il chasse et soit seul à chasser ; c’est pour lui un besoin du corps et en même temps un signe de race.
Le plus ordinaire, qui est déterminé par la concision même du style, l’unicité des mots et la consertion de la phrase, est une période à un seul membre, dans laquelle la proposition présentant d’un coup une vision, un état d’âme, une pensée ou un fait, les pose d’une façon complète et juste, de sorte qu’elle n’a nul besoin d’être liée à d’autres et subsiste détachée du contexte. […] Puis, remuant les bibliothèques, s’étant assimité le peu que l’on sait sur la métropole punique, incertain encore et connaissant le besoin d’emplifier son recueil de faits, il recourt par surcroît à l’archéologie biblique et sémitique, s’emplit encore la cervelle de tout ce que les littératures classiques contiennent de farouche et de fruste. […] Aussi quitte-t-il, sans cesse, la réalité que l’acuité de ses sens et les besoins de son esprit le forçaient sans cesse aussi à apercevoir, et s’essaie-t-il à se créer un monde plus enthousiasmant, en abstrayant et en résumant du vrai ses élément épars d’énergie et de beauté sensuelle. […] Le mot, qui, selon les linguistes allemands (Steinthal, Geiger), est à l’idée ce que le cri est à l’émotion, ne peut constituer l’antécédent de l’idée, que lorsque le langage, énormément développé par des génies verbaux de premier ordre, devient quelque chose que l’on apprend, que l’on emmagasine, et non un mince bagage traditionnel, qu’il faut utiliser et augmenter selon ses besoins. […] Et ce besoin le poursuivit toute sa vie, l’arrachant sans cesse au roman moderne qui ne représentait de ses facultés que quelques-unes, se satisfaisant, s’irritant de nouveau, et croissant sans cesse, de son noviciat artistique à sa mort.
Est-il besoin d’insister sur l’ironie du résultat ? […] Par là, elle se distingue de l’idée de besoin. […] Le besoin implique la nécessité. […] Le besoin ne dépend pas de nous. […] Osons dire qu’il en est besoin.
Il n’eut pas besoin d’épuiser ce fonds de réserve. […] Elle est trop connue pour avoir besoin d’être analysée, et trop récente pour pouvoir être jugée. […] Enfin, il avait vingt-sept ans, il sentait sa jeunesse et sa force et il avait besoin de les dépenser. […] Michelet avait besoin de calme et de tranquillité pour noter ainsi ses pensées. […] Taine a besoin d’être encouragé et tenu en bride.