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353. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Le pauvre salue la Mort comme la consolatrice divine ; l’artiste espère par-delà le tombeau l’achèvement de la destinée et un incorruptible avenir ! […] Il en a l’avenir. […] Baudelaire, on savait qu’il existait quelque part, dans les entrailles fécondes de cette ville qui contiennent tant de germes pour l’avenir, un poète original, un esprit bien trempé, trop poète ou trop artiste selon quelques-uns, mais dont les qualités vivaces et surabondantes devaient faire diversion à l’ennui et à la médiocrité générale. […] Si je m’arrête tout d’abord à ce résultat, c’est qu’en s’ajoutant à d’autres observations, elle confirme une opinion que j’ai depuis longtemps sur l’avenir de la poésie.

354. (1887) Essais sur l’école romantique

Il pouvait être de quelque intérêt d’examiner l’origine de ce genre, sa résurrection et presque sa réhabilitation de notre temps, ses chances de popularité et d’avenir. […] Ainsi, tout ce qui doit vivre a-t-il dû être d’un enfantement long et laborieux, et, comme les exemples ne manquent pas pour prouver que le présent est dur aux hommes qui sont taillés pour l’avenir, ils ne manquent pas non plus pour prouver que l’avenir échappe aux enfants gâtés du présent. […] À ce prix, cet avenir lui viendra demain, et moi, critique obscur, je ne serai traité ni de disciple, ni d’enthousiaste, pour lui avoir prédit une place dans la postérité. […] Je m’en inquiète vraiment, moi qui l’aime tant, et me laisse si facilement aller à croire à son avenir. […] Qui peut penser, en effet, à occuper le public de l’histoire de sa vie passée, quand il est incessamment tourmenté de son avenir ?

355. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. […] Si, dans les actes publics, le roi semble accepter franchement quelques-unes des conditions de la société nouvelle, Monsieur s’empresse de rassurer ses amis plus impatients et qui réclament l’Ancien Régime tout pur : « Jouissons du présent, Messieurs, leur dit-il, je vous réponds de l’avenir. » Chaque ministre fonctionne à part sans s’inquiéter de ses collègues, sans se concerter avec eux.

356. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Elles peuvent se rapporter au passé, par la mémoire ; à l’avenir par l’anticipation. […] Quant « à l’anticipation de l’avenir, elle consiste dans la même série d’associations, avec cette différence que, dans la mémoire, l’association des états de conscience qui convertit l’idée en mémoire va du conséquent à l’antécédent, c’est-à-dire à reculons ; tandis que dans le cas d’anticipation, l’association va de l’antécédent au conséquent, c’est-à-dire en avant46. » Quand une sensation agréable est conçue comme future, mais sans qu’on en soit certain, cet état de conscience s’appelle espoir ; si l’on en est certain, il s’appelle joie.

357. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Disciple alors de M. de Lamennais et rédacteur très actif du journal L’Avenir, il y faisait ses premières armes en réclamant, au nom de la Charte, cette entière liberté d’enseignement qu’il n’a cessé de revendiquer depuis. […] M. de Montalembert a donc encore à gagner dans l’avenir, surtout s’il est vrai, comme l’a remarqué l’antique Solon dans de beaux vers qu’on a de lui, que l’accord parfait de la pensée et de l’éloquence ne se rencontre avec plénitude que de quarante-deux à cinquante-six ans.

358. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Exister, c’est sourire du présent, c’est regarder l’avenir par-dessus la muraille. […] Toutes-les révolutions de l’avenir sont incluses, amorties, dans ce mot : Instruction Gratuite et Obligatoire.

359. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Il serait impossible de surprendre une vue politique de quelque nouveauté et de quelque importance dans les Paroles d’un croyant, dans le Livre du peuple, dans l’Esclavage moderne, dans le Passé et l’avenir du peuple. […] C’est par là, c’est par le journal l’Avenir que Lamennais a droit à une place importante dans l’histoire des idées politiques au xixe  siècle.

360. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Assurément, c’est là une opinion qu’on peut appuyer et défendre, mais un homme d’une certaine vigueur de jugement nous aurait donné la raison de la préférence de son esprit dans une question qui contient, en ce moment, l’avenir du monde. […] Politiquement, il n’y a point de peuple, ni pour le présent ni pour l’avenir, chez lequel l’aristocratie parle une langue étrangère, et, socialement, il n’y a à Saint-Pétersbourg que des Kalmouks sans originalité.

361. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

La vie en commun qu’il mène avec cette maîtresse, exigeante de passion, exigeante de caprice, et, par dessus le marché, exigeante des raffinements de l’existence matérielle, l’oblige à des dépenses qui menacent sa fortune et compromettent son avenir. […] L’avenir que j’aimais à prévoir pour M. 

362. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Et pour en commencer l’énumération, Jupiter fut le ciel chez les Chaldéens, en ce sens qu’ils croyaient recevoir de lui la connaissance de l’avenir par l’observation des aspects divers et des mouvements des étoiles, et on nomma astronomie et astrologie la science des lois qu’observent les astres, et celle de leur langage ; la dernière fut prise dans le sens d’astrologie judiciaire, et dans les lois romaines Chaldéen veut dire astrologue. — Chez les Perses, Jupiter fut le ciel, qui faisait connaître aux hommes les choses cachées ; ceux qui possédaient cette science s’appelaient Mages, et tenaient dans leurs rites une verge qui répond au bâton augural des Romains. […] Le ciel était pour les Perses le temple de Jupiter, et leurs rois, imbus de cette opinion, détruisaient les temples construits par les Grecs. — Les Égyptiens confondaient aussi Jupiter et le ciel, sous le rapport de l’influence qu’il avait sur les choses sublunaires et des moyens qu’il donnait de connaître l’avenir ; de nos jours encore ils conservent une divination vulgaire. — Même opinion chez les Grecs qui tiraient du ciel des θεωρήματα et des μαθήματα, en les contemplant des yeux du corps, et en les observant, c’est-à-dire, en leur obéissant comme aux lois de Jupiter.

363. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Une circonstance imprévue dérangea tous ses projets et tout son avenir. […] Il réalisait personnellement, et avec une littéralité déplorable, le vice tel que l’ont défini les économistes, en ne tenant compte que de l’étroite spécialité qui les préoccupe ; il sacrifiait sans cesse et à tout propos l’avenir au présent. […] Il estime d’un premier regard les traditions qui régissent les familles, les lois qui veulent corriger les traditions sans les détruire ; dans son ardeur de sagacité, il va plus loin, il prophétise l’avenir de ses hôtes. […] Quand on est comme lui en possession de l’admiration européenne, il ne faut pas douter de ses forces, il faut marcher hardiment, invoquer son étoile, et ne pas reculer devant l’avenir, dans la crainte de gâter le présent. […] Ce nouvel embarras déconcerte ses calculs : il voudrait profiter de l’occasion, mais échapper à l’avenir ; il la renvoie et lui recommande ses devoirs : c’est un infâme !

364. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

. — Mais c’est moins la pièce en elle-même que l’avenir du talent qui compte désormais.

365. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

J’espère que cette vue, qu’il ne met d’ailleurs en avant que comme un aperçu lointain, ne se trouvera pas vérifiée dans l’avenir des sociétés libres et démocratiques.

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