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447. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Celui qui venait de développer dans une belle et lumineuse narration la marche et les progrès de la plus parfaite des sciences, cette série et cette gradation ascendante des grands hommes, Hipparque, Copernic, Galilée, Kepler et Newton, celui-là même s’amuse à noter le ton qui différencie les poésies fugitives des divers siècles ; comme quoi Chapelle, plus débauché que délicat, a peint un siècle où les mœurs n’étaient pas déguisées, et où le langage gardait de la grossièreté dans la franchise ; comment Chaulieu, venu après, appartenait à une époque plus polie, où l’on était déjà aimable, où l’on était encore passionné ; comment Gresset, enfin, n’a plus retrouvé ces sources du génie de Chaulieu : Il est venu, dit Bailly, lorsque la galanterie penchait vers son déclin. […] Quand je trouverai chez un peuple une connaissance qui n’aura été précédée d’aucun germe, ni suivie d’aucuns fruits, je dirai que cette connaissance a été transplantée et quelle appartient à une nation plus avancée et plus mûre.

448. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

» Je crois qu’ici il y a trop d’envie de tirer à soi et à son sujet ce qui réellement n’y appartient ni de près ni de loin. […] Il aime à suivre dans les portions de Ronsard qu’on lit le moins, et qui ont peu prêté jusqu’ici aux extraits, dans les discours, les hymnes, les poèmes moraux, des preuves de cette disposition altière et généreuse qui appartenait proprement au tour d’esprit et au talent du poète.

449. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Doué d’une mémoire heureuse pour toutes les choses extérieures, il a retracé quelques tableaux d’enfance avec plus de vivacité, ce semble, qu’à lui n’appartient. […] Aimer d’un haut amour platonique comme Dante et Michel-Ange n’appartient qu’à une âme forte ; aimer comme Pétrarque sa Laure est d’une âme encore adorable et charmante.

450. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Les lettres de Buffon n’appartiennent ni à l’un ni à l’autre genre ; elles n’ont rien de l’improvisation animée ni de la rédaction curieuse. […] Nadault de Buffon qui appartient, comme son nom l’indique, à la famille du grand écrivain, et qui est son arrière-petit-neveu.

451. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Né le 5 août 1810, il appartenait à cette seconde génération du siècle, lequel n’avait plus deux ou trois ans, mais bien dix ou onze lorsqu’il produisait cette volée nouvelle des Musset, des Montalembert, des Guérin ; je joins exprès ces noms. […] Mais s’il devait s’affranchir par l’intelligence, il appartenait bien radicalement à ce monde de La Chênaie par la sensibilité, par les impressions profondes, par les premiers et sincères témoignages du talent : tellement que, dans la perspective littéraire du passé, il s’y vient placer comme une figure dans son cadre, en s’en détachant ; il en est et en demeurera dans l’avenir le paysagiste, le peintre, le véritable poète.

452. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Ses notices, qui réussissaient dans les séances publiques, et auxquelles on n’a pas rendu peut-être assez de justice à la lecture, me font l’effet d’appartenir à ce que j’appellerai l’éloquence décorative : comme dans la peinture de décoration, il y entre bien des draperies et de l’arrangement, pas assez de vérité. […] Entre le frère d’Halévy, porté par insigne et spéciale faveur sur la liste des candidats, quoiqu’il n’appartienne pas à l’Institut ; M. 

453. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet dont nous parlerons tout à l’heure, appartient comme lui à cette génération infatigable et généreuse, pure, avide d’espérance, insatiable de beaux désirs, de laquelle lui-même il a dit en un endroit : Toute une nation puissante qui s’éprend Pour le bien, pour le bon, pour le beau, pour le grand ; Et toute une jeunesse ardente et sérieuse, Qui pâlit de travail, et, les larmes aux yeux, Cherchant son avenir, au plus profond des cieux Suit l’étoile mystérieuse. […] Heine, n’a pas mal caractérisé d’un mot en disant que ce n’était qu’un grand espoir, Ahasvérus me semble appartenir à l’espèce de ces poëmes confus dont je parle ; il les résume suffisamment, il en dispense presque, il est le seul qui ait réussi et que le public connaisse.

454. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

., dans la strophe que vous me citez de mon Ode à la Fortune ; et je vous avoue, puisque vous approuvez la manière dont je me suis approprié la pensée de cet ancien, que je m’en sais meilleur gré que si j’en étois l’auteur, par la raison que c’est l’expression seule qui fait le poëte, et non la pensée, qui appartient au philosophe et à l’orateur, comme à lui. » L’aveu est formel ; on conçoit maintenant que Saurin ait dit qu’il ne regardait Rousseau que comme le premier entre les plagiaires. […] C’est que ce brillant et ce beau appartiennent tantôt à Platon, tantôt à Pindare, tantôt même à Boileau et à Racine : Rousseau s’en est emparé comme un rhétoricien fait d’une bonne expression qu’il place à toute force dans le prochain discours.

455. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

I Jusqu’ici, nous avons considéré nos événements, sans nous occuper de l’être auquel ils appartiennent et que chacun de nous appelle soi-même. […] Quand on dépasse cette proposition vague, on veut dire que, telles conditions étant données, cet être aura telle sensation, image, idée, résolution, en d’autres termes, que dans la trame qui le constitue il y a une liaison constante entre tel événement intérieur ou extérieur. — J’ai le pouvoir de me rappeler un tableau, les Noces de Cana par Véronèse ; cela signifie qu’à l’âge où je suis, et avec la mémoire que j’ai, la résolution de me rappeler le tableau est constamment suivie, au bout d’un certain temps, par la renaissance intérieure, plus ou moins nette et complète, des figures et des architectures qui composent le tableau. — J’ai la faculté de percevoir un objet extérieur, cette table, par exemple ; cela signifie que dans l’état de santé où je suis, sans amaurose ni paralysie tactile ou musculaire, si la table est éclairée, si elle est à portée de ma main et de mes yeux, si je tourne les yeux vers elle, ou si j’y porte la main, ces deux actions seront constamment suivies par la perception de la table. — Les forces, facultés ou pouvoirs qui appartiennent à la trame ne sont donc rien que la propriété qu’a tel événement de la trame d’être constamment suivi, sous diverses conditions, externes ou internes, par tel événement interne ou externe.

456. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

La poésie défait donc l’oeuvre de la science ; elle reconstruit ce que l’autre avait décomposé ; elle rend à l’objet abstrait ses détails, et, ainsi, le change en chose complexe ; elle rend à l’être général ce qui lui appartient en propre, et ainsi le change en être particulier. […] Il est déjà tout préparé, puisqu’il contient les personnages, et nous n’avons qu’à leur rendre ce qui leur appartient.

457. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

La raison n’a pas elle-même de force pour faire dominer ses jugements : c’est le rôle de la volonté, à laquelle il appartient de déterminer ceux « sur lesquels elle résout de conduire les actions de la vie ». […] Il s’assure ainsi de l’existence de sa pensée, où consiste son être essentiel, de l’immatérialité de son esprit, de l’existence de Dieu, de l’existence du monde extérieur ; et dès lors le monde intelligible lui appartient : il n’est plus rien qui puisse se dérober à la raison bien conduite ; les premiers résultats garantissent l’universelle efficacité de la méthode.

458. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Mais il n’y a en somme qu’une œuvre de Marmontel qui appartienne aujourd’hui à ce que j’appellerais la littérature vivante : ce sont ces Mémoires si naïfs, où il nous décrit sa carrière de beau gars limousin lancé à travers la plus libre société qui fût jamais, où il promène avec un si parfait contentement de soi-même sa robuste médiocrité parmi les cercles les plus distingués de ce siècle intelligent : corps, esprit, moralité, tout est solide, massif, insuffisamment raffiné chez ce paysan parvenu de la littérature. […] Rien n’était plus contraire aux doctrines libérales et individualistes du groupe économiste, auquel appartenait Turgot537.

459. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Caractère et esprit de Mme de Staël Mme de Staël636 appartient au xviiie  siècle, elle est le xviiie  siècle vivant, le xviiie  siècle tout entier : car les courants les plus traitres se rassemblent en elle sans s’affaiblir. […] Elle professe encore que « la poésie est de tous les arts celui qui appartient de plus près à la raison ».

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