L’église de Saint-Michel, du seuil de laquelle on apercevait la pleine mer, avait été détruite par la foudre, et il s’y passait encore des choses merveilleuses. […] Jamais on ne surprit chez elles un murmure ; cependant, quand elles apercevaient venir de loin les acquéreurs des biens de leur famille, personnes relativement grossières et bourgeoises, roulant équipage et étalant leur luxe, elles rentraient et allaient prier à la chapelle afin de ne pas les rencontrer. […] Il est probable que le vicaire ne s’aperçut de rien, tant nos prêtres vivent à cet égard dans le convenu, dans une sorte de résolution de ne pas voir.
Mais voici assez de pages aujourd’hui, Monsieur le Directeur, et je m’aperçois que, avec une passion nationale pour les théories, je vous ai à peine donné Quelques renseignements sur les choses musicales de notre pays. […] Platen s’en aperçut, et, délaissant dès lors de plus en plus ces formes romanes, il imite plutôt les formes des vers et strophes grecques ; il s’y montrait grand maître aussi, même dans les mesures les plus difficiles, celles des odes. […] Pour une seule fois, laissons cette plaisanterie, ne complotons pas avec nous-mêmes, mais gardons bien ce qui venait de nous ravir ; et alors nous nous apercevrons que chez Bellini c’était la claire mélodie, ce chant si simplement noble et beau qui nous a charmé ; retenir et croire cela n’est vraiment pas un péché ; ce n’en est peut-être pas non plus un que de prier encore le ciel, avant de se coucher, pour que vienne aux compositeurs allemands l’idée de telles mélodies et une telle façon de traiter le chant.
Il demanda qui c’était, on lui répondit : « Mme Récamier. » * * * — Dans la maison en face la mienne, il me semble m’apercevoir qu’une femme regarde, regarde sans cesse du côté de nos fenêtres. […] Parfois, je m’amuse à observer derrière mes persiennes ; m’aperçoit-elle, aussitôt, tout en paraissant occupée pour la bonne à caresser sa petite fille, elle fait monter vers moi des regards de flamme. […] mais, il est spirituel, Nanteuil, je ne m’en étais jamais aperçue !
Hugo est parvenu à apercevoir une grisette moins réelle encore que celles de Murger. […] Mais dans tous les livres du poète aucun récit ne monte plus haut au sublime et au tragique que celui où Gwynplaine mené dans le caveau de la prison de Southwark aperçoit le spectacle misérable de Hardquannone soumis à la peine forte et dure. […] Quand on dit, sans trop y songer : un héros, un vieillard, une jeune fille, une mère, nous apercevons vaguement quelque chose de fort net et de fort simple.
On n’aperçoit que des individus qui se succèdent les uns aux autres et marchent tous dans une même direction parce qu’ils ont une même nature. […] Nous nous moquons aujourd’hui des singuliers raisonnements que les médecins du moyen âge construisaient avec les notions du chaud, du froid, de l’humide, du sec, etc., et nous ne nous apercevons pas que nous continuons à appliquer cette même méthode à l’ordre de phénomènes qui le comporte moins que tout autre, à cause de son extrême complexité. […] De ce point de vue, la sociologie a sur la psychologie un sérieux avantage qui n’a pas été aperçu jusqu’ici et qui doit en hâter le développement.
Il fallait que nos prédécesseurs eussent lu très superficiellement les auteurs du dix-septième siècle pour ne pas s’être aperçus que depuis Malherbe lui-même, et Racan, jusqu’à Fénelon, en passant par Théophile de Viau, par Cyrano, par Saint-Amand, par Voiture même, par La Fontaine, par Mme de Sévigné, et enfin j’arrive à Fénelon, la plupart, presque tous les auteurs du dix-septième siècle ont parlé de la nature avec un sentiment de la nature tout à fait vit, profond avec un sentiment philosophique, métaphysique, symbolique, non, je le reconnais et je leur en fais mon compliment ; mais avec un sentiment de la nature tout à fait pénétrant et fort. […] Non loin de là, nous aperçûmes quelques Philis, je veux dire Philis d’Egypte [Egyptiennes, bohémiennes, évidemment], qui venaient vers nous dansant, folâtrant, montrant leurs épaules et traînant après elles des duègnes détestables à proportion, et qui nous regardaient avec autant de mépris que si elles eussent été belles et jeunes. […] Vous savez que, jusqu’à la fin, l’admiration pour les jeunes filles a été une de ses manies, un de ses péchés légers ; jusqu’à la fin, il a jeté des regards du côté de la jeunesse féminine ; chez les Herwart, à la campagne, il tombait en extase devant une toute jeune fille, à ce point que, pour revenir à Paris, il s’égarait dans ses rêveries et dans les chemins, et finissait par s’apercevoir qu’il avait tourné absolument le dos au but de son voyage.
De même qu’en nous transportant à l’objet éloigné nous l’apercevons en vraie grandeur et voyons alors rapetissé l’objet que nous venons de quitter, ainsi le physicien, passant de système en système, trouvera toujours le même Temps réel dans les systèmes où il se sera installé et qu’il aura par là même immobilisés, mais devra toujours, selon la perspective de la Relativité, attribuer des Temps plus ou moins ralentis aux systèmes qu’il aura quittés, et qu’il aura par là même mobilisés avec des vitesses plus ou moins considérables. […] Sans doute il arrive au physicien relativiste, comme à tout autre physicien, de mettre en mouvement le système de référence où il s’était d’abord installé ; mais alors, bon gré mal gré, consciemment ou inconsciemment, il en adopte un autre, ne fût-ce que pour un instant ; il localise sa personnalité réelle dans ce nouveau système, qui devient ainsi immobile par définition ; et ce n’est plus alors qu’une image de lui-même qu’il aperçoit par la pensée dans ce qui était tout à l’heure, dans ce qui va redevenir à l’instant, son système de référence. […] On nous dit qu’un physicien, parti du point O avec une horloge et la promenant sur le disque, s’apercevrait, une fois revenu au centre, qu’elle retarde maintenant sur l’horloge, auparavant synchrone, laissée au point O.
Il ne faut pas que vous imaginiez que Saunderson dût apercevoir ce que vous eussiez aperçu à sa place : vous ne pouvez-vous substituer à personne sans changer totalement l’état de la question. […] Il suffit que j’aperçoive dans leur objet une grande utilité pour eux, assez peu d’inconvénient pour moi. […] Jusqu’à ce moment vous n’entendrez plus parler de moi ; j’irai chez vous sans vous apercevoir ; vous m’obligerez de ne me pas apercevoir davantage. […] Ajoutez à cela que le danger qui nous menace tient à une disposition des esprits qui ne s’aperçoit point. […] Il disjoint les idées ; il aperçoit fort bien les inconvénients des vues de l’auteur, il n’aperçoit pas les inconvénients des siennes.
Il n’est pas rare que les typographes vous fassent dire autre chose que ce que l’on a voulu dire et que l’on s’en aperçoive trop tard. […] Mais, lorsque tout est flou, on n’aperçoit pas bien les points de suture ; en ce cas il est plus sage de l’avouer que de multiplier les hypothèses. […] Mais l’esprit humain est ainsi construit qu’on fait ce pas sans s’en apercevoir (cf. liv. […] Pour apercevoir ces motifs possibles il faut que l’attention y soit attirée d’avance. […] Dès qu’on a aperçu dans un objet un certain caractère, on étend ce caractère à tous les autres objets un peu semblables.
Henriette s’aperçoit qu’il est un peu moins vilain. […] Puis on s’aperçoit un peu trop, bien que M. […] Émile Moreau ne s’en aperçoit pas lui-même. […] Comment ne m’en étais-je pas aperçu ? […] dans vingt ans, je ne m’en apercevrai plus.
On pensa d’abord à quelques bardes décadents comme Ferdinand, Hérold, Souza ou Fontainas, mais on s’aperçut à temps qu’ils manquaient trop de splendeur décorative. […] Rien n’est plus douloureux, plus élevé que la douleur de cet homme qui s’aperçoit qu’il a manqué sa vie, et qui ne se sent pas suffisamment de volonté pour en recommencer une nouvelle. […] Henry Bérenger ; il est à la fois très documenté et plein d’aperçus nouveaux. […] Cependant, Joos ne tarde pas à s’apercevoir que Neele n’est plus la même avec lui ; elle lui semble glacée et lointaine, et des soupçons naissent dans son cœur. […] De sa présence, elle m’entoure : je suis absorbé, je suis enlevé à tout, je suis comme dans un rêve ; il y a quelque chose d’elle autour de moi, et je n’aperçois rien qu’à travers ce quelque chose d’elle.
Il n’appartient qu’au grand maître de les saisir, et aux connaisseurs de les bien apercevoir. […] Où l’on aperçoit l’affectation, on ne reconnaît plus le langage du cœur. […] L’effet du comique résulte de la comparaison qu’on fait, même sans s’en apercevoir, de ses mœurs avec les mœurs qu’on voit tourner en ridicule, et suppose entre le spectateur et le personnage représenté une différence avantageuse pour le premier. […] En effet, l’esprit et les manières de la bourgeoisie sont ce qu’il y a de plus favorable au comique ; le ridicule, dans cette classe d’hommes, se montre bien plus facilement, et n’en est que plus théâtral ; le comique ne consiste pas en des nuances qui ne sont aperçues que des connaisseurs. […] Il s’aperçut bientôt que nous élevons notre voix, et que nous mettons dans nos discours plus de force et de mélodie, à mesure que notre âme sort de son assiette ordinaire.
Pendant sa première ariette un tremblement de terre se fit sentir : le chanteur ne trembla pas ; uniquement occupé de son début, il ne s’aperçut de rien, et continua son ariette jusqu’à la fin, sans se troubler. […] Un jour, dans un rôle tragique, ayant laissé tomber son sceptre, il se hâta de le reprendre, mourant de peur qu’on ne l’eût aperçu, et que pour cela il ne fût exclu du concours. […] Toutes les règles de l’art sont rigoureusement observées, et l’on n’aperçoit aucune trace de gêne ; rien n’est donné à l’effet, au prestige du théâtre. […] Lorsque Achille aperçoit Iphigénie dans un camp où il ne s’attendait guère à la rencontrer, il s’écrie avec une naïveté familière : Vous en Aulide ! […] Au contraire, dans l’amour d’Hippolyte et d’Aricie, il n’apercevait que de la galanterie et de la tendresse, dont l’austère jansénisme était très ennemi.