Qu’importe qu’elle ne soit qu’une créature animale et perverse, puisque sa présence nous emplît d’aise et qu’autour d’elle fleurissent les songes ? […] Au-dessus de l’homme et de la femme, vulgaires, simples animaux reproducteurs, tend à s’élever un Être, d’une finalité plus haute, résumant en lui les vertus du couple, spiritualisées, à leur plus haut point d’expression.
Voltaire, ce prince des moqueurs, écrivait dans son Dictionnaire philosophique 110 ces lignes de généreuse inspiration : Si un animal sentant et pensant dans Sirius est né d’un père et d’une mère tendres qui aient été occupés de son bonheur, il leur doit autant d’amour et de soins que nous en devons ici à nos parents. […] Il est le contemporain des précieuses, qui aiment sans doute la galanterie, mais qui tiennent pour l’amour platonique, qui poussent la pudeur jusqu’à la pruderie, qui proclament, comme Armande dans Les femmes savantes, la suprématie de l’esprit sur la matière, de la raison sur la partie animale.
Le mouvement animal du monde est une décomposition ; et une recomposition de fumier. […] Un chat le suit, blanc comme les animaux qui habitent la mort, comme les souris blanches des cimetières.
La griffe de l’animal n’en sait pas plus long que l’épine du végétal. […] Un prince qui se donne un nom d’animal, cela nous fait rire.
Quoiqu’il y ait dans la nature des plantes plus ou moins saintes, des formes plus ou moins spirituelles, des animaux plus ou moins sacrés, et qu’il soit légitime de conclure, d’après les instigations de l’immense analogie universelle, que certaines nations — vastes animaux dont l’organisme est adéquat à leur milieu, — aient été préparées et éduquées par la Providence pour un but déterminé, but plus ou moins élevé, plus ou moins rapproché du ciel, — je ne veux pas faire ici autre chose qu’affirmer leur égale utilité aux yeux de CELUI qui est indéfinissable, et le miraculeux secours qu’elles se prêtent dans l’harmonie de l’univers.
Georges Leroy, lieutenant des chasses du parc de Versailles, naturaliste spirituel et attentif de l’école en tout (comme on vient de le voir) de La Fontaine, de Buffon et de quelques autres plus modernes, a laissé des Lettres sur les animaux très intéressantes : elles ont été réimprimées en 1862 par l’éditeur Poulet-Malassis, avec une belle et savante Introduction du docteur Robinet.
Je conseillerai donc, si l’on veut apporter quelque récit à l’appui d’un conseil ou pour preuve d’une thèse, de n’entreprendre point de faire parler les animaux et les arbres, et de n’imaginer rien qui soit hors des conditions de la vie commune : que la fable soit un conte, une anecdote, enfin une petite scène du monde réel ; cela aura plus d’intérêt et un tour plus moderne.
Le cinéma fait son apparition et puis il y a le cirque, le cirque avec ses clowns, ses gymnasiarques, ses animaux savants et ses jongleurs ; le cirque, toujours sûr de retrouver son prestige accru aux époques de décadence.
Entre deux espèces animales ou végétales voisines, il y a régulièrement une frontière indécise, une série de formes intermédiaires.
Albalat, désapprouver M. de G… et je passe aussitôt pour un pédantissime docteur, l’animal indecrotabile dont parle le Francion de Sorel, pour un rétrograde pédagogue.
… « Semblables — dit-il — à ces anciens chevaliers raidement enjambés sur leurs palefrois, si pendant qu’ils chevauchaient quelque malin page tirait à l’ΑVΕΝTURE la crinière du noble animal, le voilà qui se cabrait et jetait à terre le magnifique seigneur (même vol.). » Comment de tirer de côté la crinière d’un cheval peut-il faire cabrer ce cheval quand un homme est dessus ?
Or cinq pensées, tombées de l’esprit d’un homme ou du sein d’une femme et nouées ensemble, c’est là un bouquet bien fragile, qui peut être vite écrasé et disparaître sous les mille pieds de l’animal aux têtes frivoles, comme dit La Fontaine.
Mais des hommes tels que ceux qui commencèrent les nations païennes, devaient, comme les animaux, ne penser que sous l’aiguillon des passions les plus violentes.