/ 1383
219. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Jamais et nulle part ils ne l’ont été si habituellement et au même degré. « Pour un homme de science et de génie, dit un voyageur anglais, ici le principal plaisir est de régner dans le cercle brillant des gens à la mode456. » Tandis qu’en Angleterre ils s’enterrent morosement dans leurs livres, vivent entre eux et ne figurent dans la société qu’à la condition de « faire une corvée politique », celle de journaliste ou de pamphlétaire au service d’un parti, en France, tous les soirs, ils soupent en ville, et sont l’ornement, l’amusement des salons où ils vont causer457. […] Si l’auteur développe le paradoxe, c’est avec une gravité presque anglaise. […] L’ Œdipe de Voltaire est de 1718, et ses Lettres sur les Anglais , de 1728. […] Correspondance de Gouverneur Morris (en anglais), II, 89. (24 janvier 1790.) […] — Lettres sur les Anglais, passim. —  Candide , passim. —  La princesse de Babylone , ch. 

220. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Comme lui, il ne fut d’Église que pour avoir part aux revenus de l’Église, du reste l’esprit le plus laïque qu’on puisse voir : comme lui, il recueillait de toutes bouches l’exact détail des événements, à grands frais et fatigue de corps, aujourd’hui à Londres, demain en Écosse, cette année à Paris ou en Auvergne, l’autre en Avignon, en Béarn, en Hollande, toujours interrogeant et notant, et de loin en loin se reposant dans son Hainaut pour classer et rédiger ses notes : indifférent du reste aux intérêts vitaux des peuples et des temps dont il fait l’histoire, ni Anglais, ni Français, ni même Flamand de cœur et de sentiment national, clerc aujourd’hui de Madame Philippe reine d’Angleterre, demain chapelain de Mgr le comte de Blois, à l’aise dans tous les partis, sans amour et sans haine, parce qu’il est sans patrie, curieux seulement de savoir et de conter. […] Il est Anglais chez les Anglais, Français chez les Français, parce que son récit reflète les passions des acteurs ou des témoins qui l’ont renseigné ; mais il ne concède rien sciemment à la passion de ceux qui l’entretiennent. […] Il refera trois fois son premier livre, deux fois le second et le troisième, pour corriger, étendre, compléter : il effacera de plus en plus du premier, primitivement tout anglais, l’air de nation et de parti. […] Il aimait leur entretien, tandis que par des bourgeois il administrait le royaume, que par Clisson et Du Gueselin, ces soldats si avisés et si peu féodaux, il chassait les Anglais et écartait les Compagnies de ses provinces. […] Gerson et Christine de Pisan sont connus ; Jean de Montreuil, que les Bourguignons égorgent en 1418, avait écrit en latin et en français des traités contre les Anglais ; il y a de l’ampleur et de la passion oratoire dans ses libelles en langue vulgaire.

221. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

C’est le petit hôtel, le domestique en cravate blanche, l’appartement au confort anglais, où l’artiste se révèle par quelque japonaiserie d’une fantaisie ou d’une couleur admirablement exotique. […] On dîne : un dîner, commençant par un macaroni, que de Nittis cuisine lui-même, en sa qualité de Napolitain, et finissant par un pudding anglais. […] Un grand feu flambe au milieu du pré, où de temps en temps, les trois femmes vont sécher les semelles de leurs bottines mouillées, montrant des bas écossais et des pantalons brodés, en se soutenant par la taille avec des gestes de caresse : groupe au milieu fait par la charmante Mme G…, dans une de ces blanches toilettes anglaises, que Gravelot donne, en ses vignettes, à ses héroïnes de romans. […] Vendredi 25 octobre Je ne mangerai plus dorénavant à la Taverne anglaise. […] Une pendule en forme de chalet suisse, de faux meubles de Boule, un service de table en affreuse porcelaine anglaise, représentant des scènes de chasse d’après les dessins de Victor Adam et de Grenier, c’est là, le mobilier de cette résidence japonaise.

222. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Non seulement il rencontra un bon et flatteur accueil auprès d’un roi qui ne craignait point de paraître savant jusqu’au pédantisme, et avec qui il conversait en français ou en latin (Casaubon ne savait pas l’anglais), non seulement il fut gratifié d’une pension et de deux prébendes à Cantorbéry et à Westminster, mais il trouva une sorte d’apaisement à ses inquiétudes morales et un point d’appui à ses tendresses de conscience dans le culte anglican qui était comme fait à sa mesure, tant pour la part de réforme introduite que pour celle d’antique tradition conservée. […] Il blâmait dans Plutarque son injustice envers Jules César ; dans Commynes, la légèreté des jugements et un malicieux éloge du peuple anglais. […] À propos de cette critique de Commynes dans la bouche de Jacques Ier, faisons pourtant remarquer nous-même que, loin d’être léger dans son jugement des Anglais et des institutions anglaises, Commynes est bien informé, plein de sens, de prévoyance, et que dans la différence qu’il établit entre la manière dont les choses se passaient de son temps en France et en Angleterre, il devance tout à fait les publicistes modernes et Montesquieu.

223. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ford Maddox Ford estime que cette action du sentiment religieux se manifeste de façon notoire et vigoureuse aux origines du roman anglais, de la littérature anglaise, dans Chaucer, Bunyan, Milton, bien d’autres encore. […] Ford ne cite pas d’autres exemples de l’influence du roman anglais sur le nôtre, mais il aurait pu les multiplier à l’infini. […] Vous ne trouverez pas le même trait chez les personnages du roman anglais de la même époque, ni plus tard chez les Russes. […] Il se retrouvait à l’aise dans l’œuvre du grand Anglais. […] C’est un piratage de Madame Bovary, sans doute destiné aux Chinois qui lisent l’anglais, mais aussi, j’imagine, à un bon nombre d’Anglais.

224. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Ce qui peut y suppléer aujourd’hui de la manière la plus satisfaisante, c’est une réunion des diverses notices qu’il avait ajoutées à une récente édition de ses poésies ; cette réunion, habilement faite par une Revue anglaise, a été reproduite dans le cinquante-huitième numéro de la Revue britannique, sous le titre de Mémoires autobiographiques de sir Walter Scott. […] Dans cette première partie de sa vie littéraire, Scott ne fit pourtant que continuer et soutenir avec éclat le mouvement imprimé à la poésie anglaise à la fin du siècle par Beattie, Gowper, les ballades de Percy.

225. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Le père du comte est général au service de l’Autriche ; sa sœur mariée en Angleterre à un grand seigneur ; et lui-même jouit du bien-être et de la dignité d’un grade élevé dans les armées anglaises. […] (Étude anglaise, tableau d’intérieur.)

226. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Mais ce point acquis, je m’étonne un peu de la persistance que met Taine à vouloir trouver en province un gentleman anglais…‌ Oui ! […] Ils se désolent de ne pas voir, en place des contemporains que nous a nécessairement créés notre civilisation, soit un Turc dans son harem (rêve de Gautier), soit un grand seigneur anglais dans ses terres (rêve de Taine), soit un savant revêtu des pouvoirs et privilèges qu’eurent jadis les princes de l’Eglise (rêve de Renan).

227. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Il lisait Byron, soyez en sûr, bien moins dans le texte anglais que dans ses propres sentiments à lui et dans son âme. […] Ils étendirent même leurs études sur le reste de la littérature anglaise dont M.  […] Chez lui c’est l’imitation anglaise qui prédomine. […] Ces premières imitations du drame anglais ne produisirent même sous la plume d’un homme de talent, que de mauvaises tragédies. […] D’après lui le drame n’avait été national que chez les Anglais et les Espagnols, avec Shakespeare et Lope de Vega.

228. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

L’un a enseigné à un autre en anglais l’épître de saint Jacques. […] Tandis que la réforme allemande, selon l’usage allemand, aboutissait aux gros livres et à une scolastique, la réforme anglaise, selon l’usage anglais, aboutissait à des actions et à des établissements […] Les deux derniers poëtes de la Réforme survivaient ainsi, au milieu de la froideur classique qui séchait alors la littérature anglaise, et de la débauche mondaine qui corrompait alors la morale anglaise […] Comparez le psaume 104, dans l’admirable traduction de Luther et dans la traduction anglaise. […] En anglais, classical.

229. (1887) Essais sur l’école romantique

quand, puissance brisée, Des porte-clefs anglais misérable risée, Au sacre du malheur il retrempe ses doigts, Tient au bruit de ses pas deux mondes en haleine, Et, mourant de l’exil, gêné dans Sainte-Hélène, Manque d’air dans la cave où l’exposent les rois ! […] Les romans anglais particulièrement nous donnent sur ses mystères infinis, sur ses erreurs, sur ses peines, une instruction aussi délicate que profitable. […] À cet art-là, la critique ne veut aucun mal ; qu’il prospère donc, qu’il fleurisse et qu’il multiplie, qu’il produise dans ses bonnes matinées de cent vingt à cent soixante vers, maximum des belles inspirations, qu’il se fasse relier par Thouvenin, et se recommande prudemment du talent des graveurs anglais ; personne ne s’intéresse plus que moi à ses succès. […] une actrice qui pleure agréablement, qui tombe avec grâce sur les deux genoux, qui dit avec accent des choses communes ; des acteurs, gens d’esprit, dont l’un porte à merveille une phtisie du troisième degré, et dont l’autre sait faire tomber dramatiquement son chapeau ; un duel dans le jardin, à bout portant ; le phtisique honnête homme vainqueur du scélérat valide ; une boîte à pistolets, un testament fait sur le bout d’une table, un chapeau qui tombe à propos ; tous ces éléments dramatiques combinés avec un certain mouvement de scène que tout le monde n’a pas, je le sais, et que j’ai moins que tout le monde ; un succès de nerfs, où la raison n’est pour rien, le style pour rien, la philosophie pour rien, la vérité des caractères pour rien ; mais où l’art des acteurs, hommes et femmes, est pour deux quarts, la réputation de l’auteur pour un quart, et pour l’autre quart ce qu’il y a mis de talent : tout cela vaut-il mieux qu’une phrase de vérité dite du fond du cœur, dans un langage qui n’est ni allemand ni anglais ?

230. (1925) Dissociations

Ce sont des mœurs anglaises et je n’ai rien à y reprendre. […] Cependant il y a un neveu, mais en jeune Anglais froid et raisonnable, il ne porte sur sa jeune tante nul regard concupiscent. […] Or, étant donné le milieu anglais, le dénouement est purement idéal, les Anglais, quels que soient le degré et la nature de leur intimité, ne se tutoyant jamais, comme tout le monde le sait, excepté l’auteur étourdi de ladite nouvelle. […] Vraiment, j’aimerais mieux le système anglais. […] Il n’y a que des Anglaises libres. » Nous sommes loin de concevoir ainsi la dignité humaine et la dignité nationale.

231. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Les agents anglais ont, en effet, joué un certain rôle dans les massacres de septembre. […] « Je vis alors, dit-il, deux Anglais, un de chaque côté de la haie, vis-à-vis l’un de l’autre. […] Sa redingote était d’un duvet clair tirant sur l’olive ; l’autre Anglais était plus maigre. […] Le commandant des Anglais, un colonel Yeo, trouva que la peine était trop douce. […] Il a rendu l’âme là où vous êtes… Oui, ils ont fait ça, les Anglais ! 

/ 1383