Ce mode de démonstration appliqué à la littérature suppose tout un art qui se dérobe, et qui n’est au-dessous d’aucune science ni d’aucune supériorité critique, si élevée et si distinguée qu’elle soit ; car il ne s’agit pas ici simplement de se faire petit avec les petits, il faut se faire souple avec les rudes, insinuant avec les robustes, en restant sincère toujours, de cette sincérité qui ne veut que le beau et le bien ; il faut arriver à inoculer une sorte de délicatesse dans le bon sens, en fortifier les parties simples, en rabattre doucement les tendances déclamatoires, plus innées en France qu’on ne le croirait, dégager enfin dans chacun ce je ne sais quoi qui ne demande pas mieux que d’admirer, mais qui n’a jamais trouvé son objet. […] Souvestre de la chronique originale du xvie siècle, a produit sur les auditeurs une vive émotion et leur a fait admirer l’esprit de la chevalerie dans la personne de son dernier rejeton.
Quand Mazarin, pour remettre à la raison les anciens amis de la reine devenus trop importuns et trop importants, et qui revendiquaient le pouvoir comme une dépouille qui leur était due, eut fait arrêter le duc de Beaufort, tout le monde admira, chacun s’inclina. […] Pourquoi donc se mettre si fort à admirer ces hommes qui ont tant méprisé les autres hommes, et qui ont cru que le plus grand art de les gouverner était uniquement de les duper ?
Parlant de cet excellent livre, qui a pour titre De l’imitation de Jésus-Christ, il en dit : L’ascétisme du Moyen Âge a laissé un monument inimitable, que les catholiques, les protestants, les philosophes se sont accordés à admirer de l’admiration la plus belle, celle du cœur. […] C’est le sentiment vif de cette incomparable et idéale agonie qui lui inspira un Dialogue entre Platon et Fénelon, où celui-ci révèle au disciple de Socrate ce qu’il lui a manqué de savoir sur les choses d’au-delà, et où il raconte, sous un voile à demi soulevé, ce que c’est qu’une mort selon Jésus Christ : Ô vous, qui avez écrit le Phédon, vous, le peintre à jamais admiré d’une immortelle agonie, que ne vous est-il donné d’être le témoin de ce que nous voyons de nos yeux, de ce que nous entendons de nos oreilles, de ce que nous saisissons de tous les sens intimes de l’âme, lorsque, par un concours de circonstances que Dieu a faites, par une complication rare de joie et de douleurs, la mort chrétienne, se révélant sous un demi jour nouveau, ressemble à ces soirées extraordinaires dont le crépuscule a des teintes inconnues et sans nom !
J’admire Bayard, soit ; j’admire moins Origène.
Il le décide plus vite à l’admirer. […] Il l’admire et il le répète, fière besogne que nous pourrions tout aussi bien faire sans lui !
Chemin faisant nous n’avons pas dissimulé la part d’erreurs et de faiblesses que comportent les existences les plus admirées et les œuvres les plus accomplies. […] Dans son Génie du Christianisme, il a fait admirer les vraies splendeurs du Paradis perdu. […] Il les admire hautement. […] Telle pièce que l’on a cependant admirée, Sapho, que M. […] C’est quelque chose de si singulier, de si rare que son propriétaire l’admire, l’honore, le révère, le salue chaque matin.
On offre à Ferdinand, qui n’ose dire non, d’admirer tout haut ses projets, à Ferdinand qui emprunte les épargnes privées pour dessécher des marais dans les Indes.
Nous en savions la leçon par cœur : « Cette table, mesdames et messieurs, est faite d’un seul morceau… Cette coupe de malachite fut offerte à Napoléon Ier par l’empereur Alexandre… Admirez la soie toujours fraîche de ces rideaux… » Je me souviens qu’un jour de visite, deux dames en deuil nous avisèrent près de l’orangerie.
L’heureux auteur est admiré, célébré, porté aux nues.
À la cour on n’a ni le droit ni le moyen de se faire écouter, de se faire étudier, de se faire admirer.
Un poëte en peinture tombera dans la même erreur en plaçant au-dessous du médiocre, le tableau qui manquera dans l’ordonnance et dont les expressions seront basses, mais dont le coloris méritera d’être admiré.
Ce n’est pas assez de n’y rien ignorer, il veut encore n’y rien admirer. […] Vous vous intéresserez aux passions par la sympathie de l’artiste ou par la compréhension du philosophe ; vous les trouverez naturelles en ressentant leur force, ou vous les trouverez nécessaires en calculant leur liaison ; vous cesserez de vous indigner contre des puissances qui produisent de beaux spectacles, ou vous cesserez de vous emporter contre des contre-coups que la géométrie des causes avait prédits ; vous admirerez le monde comme un drame grandiose ou comme un développement invincible, et vous serez préservé par l’imagination ou par la logique du dénigrement où du dégoût. […] » Singulière façon d’admirer Vanessa et de lui prouver qu’on l’admire ! […] Là-dessus toute difficulté s’évanouit ; les nœuds d’épaule furent prouvés clairement être d’institution paternelle, jure paterno, et nos trois gentilshommes s’étalèrent avec des nœuds d’épaule aussi grands et aussi pimpants que personne1005. » D’autres interprétations admirent les galons d’or, et un codicille ajouté autorisa les doublures de satin couleur de flamme. […] Swift a éteint un incendie, je le veux, mais comme Gulliver à Lilliput : les gens sauvés par lui restent suffoqués de leur délivrance, et le critique a besoin de se boucher le nez pour admirer la juste application du liquide et l’énergie de l’instrument libérateur.
Nous l’admirons d’être une fresque, et si puissante, et si riche en visions. […] L’amour s’est éveillé en lui, un sentiment à la fois ardent et respectueux, idéal et passionné, pour une femme unie à un mari qu’il admire. […] Quand les Goncourt nous montrent l’âcre distillateur des Poisons, défendant avec passion Hugo contre Taine, nous nous rendons compte qu’il n’a pas cessé d’admirer les nobles côtés de ce génie. […] Il admire « Gavroche et M. […] Les poètes qu’il n’a jusqu’ici connus et admirés que dans leur art, un Homère, un Eschyle, un Sophocle, un Théocrite, un Virgile lui apparaissent dans leur vérité vivante.