Savoir est de tous les actes de la vie le moins pro-fane, car c’est le plus désintéressé, le plus indépendant de la jouissance, le plus objectif pour parler le langage de l’école. […] Il y a, je le sais, dans cet acte hardi par lequel l’homme soulève le mystère des choses, quelque chose d’irrévérencieux et d’attentatoire, une sorte de lèse-majesté divine. […] C’est le moment correspondant à celui où l’enfant, conduit jusque-là par les instincts spontanés, le caprice et la volonté des autres, se pose en personne libre, morale et responsable de ses actes. […] La vie n’est pas autre chose : aspiration de l’être à être tout ce qu’il peut être ; tendance à passer de la puissance à l’acte.
Les pensées intimes et profondes d’un individu se traduisent dans sa conduite : parfois, pour les deviner, mieux vaut interpréter ses actes qu’écouler ses paroles, et s’en tenir à ce qu’il fait qu’à ce qu’il dit. […] Mais sont-ce des parts égales que ces reformes tendent à faire aux hommes, si différents qu’ils soient, ou — comme il le faudrait pour qu’elles répondissent à notre définition, — sont-ce des parts proportionnelles à la valeur des actes ? […] Oserait-on déclarer, dans une même société moderne, la coexistence de deux droits différents, fixant, pour un même acte, une forte peine s’il a été commis par un artisan, une faible peine s’il a été commis par un propriétaire ? […] Et sans doute ces tendances humanitaires, comme les tendances individualistes, sont encore loin de passer toujours et partout à l’acte.
Beaucoup d’états d’âme et d’actes dont nous devenons conscients sont la conséquence de causes dont nous n’avons pas conscience. […] Dans l’acte de penser, l’attention supprime une partie des aperceptions arrivant à la conscience (par association d’idées ou perception) et en laisse seulement subsister un groupe dominant. Dans l’acte de la vision, l’attention supprime une partie des objets du champ visuel, pour percevoir avec netteté seulement la partie fixée à ce moment par l’œil. […] La personnalité consciente a la tâche ingrate d’inventer des motifs pour les actes de l’inconsciente. […] Un tel acte lui faisait l’effet d’une indécence, d’une perversion, comme ce vice qu’on nomme : l’exhibitionnisme.
Rapetti, qui ne se contente pas de discuter le fait unique de cette défection dans laquelle tous les autres actes plus ou moins glorieux de la vie de Marmont se sont perdus comme dans un abîme, nous a résumé, en quelques pages fermes et profondes, cette existence que le maréchal nous a fastueusement étalée dans plusieurs volumes de Mémoires, et c’est de l’ensemble étreint de toute cette vie que le vigoureux et habile critique a déduit et fait sortir la défection. […] Il faut donc renoncer à faire de l’acte de Marmont le coup de vertige, qui n’explique rien du reste, puisque ce vertige, qui pourrait frapper les connétables de Bourbon, ne frapperait jamais les Bayard.
Pour représenter aux yeux un tel phénomène, les créateurs de l’écriture hiéroglyphique ont fait appel aux rapports de la pensée avec la parole et de la parole avec la bouche, et, comme la pensée est un acte, un fait passager, ils l’ont représentée par un homme en action, qui fait un geste, le geste de montrer sa bouche, organe de l’expression audible de la pensée. […] Ce sont les actes d’imagination. […] La même distinction s’applique aux actes de l’âme. […] citation du dialogue d’Arcabonne avec Arcalaus à la scène 2 de l’acte II d’Amadis, livret de Ph. […] Racine, Britannicus, acte III, scène 1, v. 777 (Néron à Burrhus) : « Je vous entends, Burrhus.
Il était membre de l’Académie des sciences morales et politiques : M. de Talleyrand se dit que c’était pour lui l’occasion toute naturelle d’un dernier acte public, et, sous couleur de payer une dette d’amitié, il se disposa à faire ses adieux au monde. […] M. de Talleyrand avait enfin fixé son heure pour accomplir les actes religieux et signer sa rétractation. […] J’ai connu, lorsque j’étudiais dans Port-Royal les actes sincères du vieux christianisme français et gallican, des confesseurs et directeurs de conscience qui, au chevet d’anciens ministres prévaricateurs et repentants, exigeaient une réelle et effective pénitence, une pénitence de bon aloi, la restitution des sommes mal acquises, une réparation en beaux deniers comptants à ceux à qui l’on avait fait tort. […] il eût fait beau voir un prêtre venir redemander à Talleyrand expirant de rendre tout le bien mal acquis (comme on disait autrefois), de le restituer au moins aux pauvres, de faire un acte immense d’aumône — une aumône proportionnée, sinon égale, au chiffre énorme de sa rapine ! […] Il pouvait se faire à lui-même illusion sur ces actes, en se disant qu’il ne se faisait pas payer la vente du bon droit, mais seulement des services laissés à sa discrétion.
Mais il ne tint pas à l’épreuve, et dès le lendemain sa vocation l’emportait : il faisait une comédie en un acte et en vers qui réussissait au boulevard ; il arrangeait en opéra-comique le Médecin malgré lui de Molière, dont son père faisait la musique, et qu’on jouait à Feydeau en 1791. […] Une couple de fois, il parut vouloir tenter une scène plus haute : en 1806, il donna seul le Mari intrigué, comédie en trois actes et en vers, très-faible, qui fut jouée au théâtre de l’Impératrice, autrement dit théâtre Louvois ; en 1820, il atteignit aux cinq actes, également en vers, et fit jouer à l’Odéon, une comédie, l’Homme aux précautions, dont je n’ai rien absolument à dire. Le joli acte de l’Hôtel garni, fait en sociéte avec M. […] Le vaudeville de Monsieur et Madame Denis, tableau conjugal en un acte, fut représenté pour la première fois aux Variétés en juin 1808.
Il y aurait six pages certainement, car il y a là au moins quatre actes. Le premier acte, c’est l’exposition : Certaine fille, un peu trop fière, Prétendait trouver un mari…, etc. Le second acte, ce sont les bons partis qui se présentent ; le troisième acte, ce sont les moindres ; le quatrième acte, c’est le déclin et la déchéance avec quelques réflexions malicieuses que vous avez saisies au passage, et enfin, il y a le dénouement.
Ces derniers actes de la tragédie humaine sont les plus fortes scènes du drame humain, celles qui se gravent le mieux dans la mémoire des peuples. […] Je ne rougis point de m’entretenir de niveau avec eux, de leur demander raison de leurs actes, et ces grands hommes ne dédaignent pas de me répondre avec leur indulgente bonté. […] Ce secrétaire rédigeait les actes du gouvernement, il les inspirait et les discutait en les rédigeant ; il était à la république ce que le souffleur est au drame, invisible, mais âme de tout. […] César Borgia, sans bornes dans son ambition, sans scrupule dans ses actes, est le véritable héros du moyen âge. […] L’esprit de Joseph II et de Léopold, ses frères, les deux souverains les plus hardis contre les routines de gouvernement, respirait dans ses propres actes ; elle avait autant de philosophie et de hardiesse : plus puissante, elle aurait été la Catherine II du midi de l’Europe ; mais, fille de Marie-Thérèse, elle était reine avant tout, et, femme autant que reine, elle mêlait le goût du plaisir à celui de la domination.
Cet homme essayera de ne pas nuire, de ne pas accomplir des actes qui lui répugnent. […] Cela est vrai ; mais une perception n’est nullement un acte simple, passif, constant pour tous devant un objet identique ; les facultés les plus hautes, la mémoire, l’association des idées y participent ; on doit l’assimiler rigoureusement à une opération aussi compliquée qu’un raisonnement17 de sorte que, dès qu’il s’agit de perceptions complexes et esthétiques, les différences individuelles deviennent énormes. […] Cet homme intérieur, parfois extrêmement différent de l’homme social, on ne peut le connaître que par ses actes libres, ses actes non intéressés, par le choix de ses plaisirs, par le jeu de ses facultés inutiles. […] C’est par des recherches de ce genre qu’on pourra fonder véritablement une « psychologie des peuples »eb exacte et sérieuse, surtout si on complète les renseignements qu’elle pourra exiger par ceux d’une science connexe à fonder, la psychologie des grands hommes d’action, des fondateurs de religions, de morales, de lois et d’états, qui comprendra, de même que l’esthopsychologie, trois parties : l’analyse des actes des héros, la détermination de leur organisme mental spécifique et individuel, les faits sociologiques d’adhésion à ces actes et de ressemblance avec cet organisme.
« Quant à ceux qui ont voulu assimiler ce drame à une simple pastorale, comme s’il s’agissait ici de bergeries et de moutons à la manière de Florian, nous conviendrons volontiers avec eux que le premier acte se rapproche en effet de ce genre, et qu’il nous offre un modèle de l’idylle aussi parfait qu’il ait été conçu par aucun des meilleurs poètes bucoliques de l’antiquité ; mais, pour le reste, nous leur demanderons dans quelle espèce de pastorale ils ont jamais vu le pathétique, la noblesse, l’élévation des sentiments portés au point où ils le sont généralement dans ce drame, le quatrième acte surtout, qui, sous ce point de vue, nous semble avoir atteint le comble de la perfection. […] Quel dégât il a apporté dans notre sainte retraite, que la vue d’un char a jeté dans cet acte de fureur ! […] » XIX Au second acte, le héros, rejoint par deux de ses officiers, dont l’un est un bouffon gourmand et poltron comme le Falstaf de Shakespeare, s’entretient avec eux, et feint d’être dégoûté du brutal plaisir de la chasse. […] « La distance des lieux où je voudrais être à la fois tient mon esprit divisé, comme sont divisées les eaux d’un fleuve par un rocher qui s’oppose à son cours. » XXI Le troisième acte s’ouvre par une scène courte, où l’on voit les amies de Sacountala cueillir des simples et composer des breuvages pour calmer la fièvre de Sacountala, malade, on ne sait de quel mal secret, dans sa cellule. […] Au dernier acte, le saint anachorète Canoua revient au monastère après sa longue absence.
Enfin (et c’est ici le point essentiel), l’action est exactement proportionnée au sentiment qui l’inspire ; il y a passage graduel de l’un à l’autre, de sorte que notre sympathie ou notre aversion peuvent se laisser glisser le long du fil qui va du sentiment à l’acte et s’intéresser progressivement. […] Donc, dès que notre attention se portera sur le geste et non pas sur l’acte, nous serons dans la comédie. […] Qu’on relise le troisième acte : on verra qu’Armande, Philaminte et Bélise s’expriment régulièrement dans ce style. […] Je veux dire que nous nous mettons pour un très court instant à sa place, que nous adoptons ses gestes, ses paroles, ses actes, et que si nous nous amusons de ce qu’il y a en lui de risible, nous le convions, en imagination, à s’en amuser avec nous : nous le traitons d’abord en camarade. […] Pour frapper toujours juste, il faudrait qu’il procédât d’un acte de réflexion.
Veuillot, pour un tel acte accompli dans le secret de la conscience, n’a besoin d’aucun garant, et il a donné, ce me semble, assez de gages publics et fait assez de sacrifices à sa cause pour que personne ne mette en doute sa sincérité quand il dit : Je crois. […] — Cet autre homme, lui, est chrétien ; il admet la divinité, une émanation plus ou moins directe de la divinité, une inspiration d’en haut dans la vie, dans les actes et les paroles du Christ : mais il se permet de rechercher quels ont été au vrai ces actes et ces paroles ; il étudie les témoignages écrits, les textes ; il les compare, il les critique, et il arrive par là à une foi chrétienne, mais non catholique comme la vôtre : homme pur d’ailleurs, de mœurs sévères, de paroles exemplaires : et cet homme-là, parce qu’il ne peut en conscience arriver à penser comme vous sur un certain arrangement, une certaine ordonnance, magnifique d’ailleurs et grandiose, qui s’est dessinée surtout depuis le ve siècle, vous l’insulterez, vous l’appellerez à première vue blafard en redingote marron !