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748. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

En vain les grands esprits de l’époque, Montesquieu, Buffon, Rousseau, tentèrent de s’élever à de hautes théories morales ou scientifiques ; ou bien ils s’égaraient dans de pleines chimères, dans des utopies de rêveurs sublimes, ou bien, infidèles à leur dessein, ils retombaient malgré eux, à tout moment, sous l’empire du fait, et le discutaient, le battaient en brèche, au lieu de rien construire. […] La gêne et le besoin, une singulière facilité de caractère, une excessive prodigalité de vie et de conversation, la camaraderie encyclopédique et philosophique, tout cela soutira continuellement le plus métaphysicien et le plus artiste des génies de cette époque.

749. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Homme d’ordre, de probité ferme, de régularité judicieuse et laborieuse, d’amélioration sociale moyennant l’action administrative, il a surtout apprécié l’époque par cet aspect ; lui-même, dans son rang secondaire, il avait mérité l’estime de l’empereur ; son excellent travail de premier commis passait tous les soirs sous cet œil d’aigle. […] Vers l’époque du Concordat, une proclamation injurieuse au premier Consul, dans laquelle il s’agissait des capucinades du Corse, ayant été adressée de Rennes, où commandait Bernadotte, à M. 

750. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

« Il ne se fera, quoi qu’on en ait dit, l’organe d’aucune coterie, d’aucune secte : il n’a pas de couleur littéraire ; il est et restera ouvert à toute tentative originale, il prêtera son concours le plus entier à tous ceux qui luttent pour arriver au jour, à une époque où il devient de plus en plus difficile de percer la couche épaisse de sottise qui sépare les jeunes écrivains du grand public. ». […] La nouvelle série s’ouvre par un manifeste : la Décadence, où on lisait ceci : « Notre époque, fleurie de crimes habilement forfaicturés, de cabarets et de tavernes aux prétentions littéraires et aux vitraux peints, de prostitution étonnamment raffinée, de perversité cruelle et de blasement général, nous est l’image fidèle de l’ère des derniers Césars… Notre fin de dix-neuvième siècle, en notre Paris fait un peu de Rome, s’écartant de l’ornière creusée par le Roi-Soleil, dans les lettres, devait être taxée de Décadence.

751. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

De notre temps (de notre temps qui, selon les uns fait époque, et selon les autres lacune dans la littérature française) on pense que les genres en se démêlant se sont appauvris, que les tons en se soutenant se sont affaiblis. […] La Bruyère qui a publié ses Caractères en 1687, mais qui a passé vingt années à les écrire, nous dit en peu de mots quel était l’état de la langue au milieu du siècle, à l’époque des Provinciales et des écrits de Port-Royal.

752. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Cette aïeule vit longtemps, traverse des époques très différentes et se confie dans le style de chacune de ces époques, déclamatoire et humanitaire aujourd’hui, rieuse et nonchalante hier.

753. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

VIII Pour quiconque lit attentivement les chefs-d’œuvre littéraires des époques que nous appelons la naissance des lettres, il est évident que ces chefs-d’œuvre ou ces fragments de chefs-d’œuvre que nous croyons des commencements, n’étaient que des continuations ou des renaissances de littératures dont les monuments ne nous sont pas parvenus. […] Nous ne nous interdirons pas de redescendre de temps en temps des hauteurs de l’antiquité jusqu’à nos jours : s’il a paru ou s’il paraît pendant que nous écrivons un de ces livres qui honorent notre nation ou notre époque, nous nous arrêterons avec prédilection sur ces œuvres, nous en parlerons avec impartialité.

754. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

À l’époque de la publication des Césars du comte de Champagny, on ne connaissait guères que l’histoire officielle, drapée et classique. […] Nous demandions pour notre part que cette lubie des temps actuels lui passât très vite, et nous avions appris avec bonheur qu’il préparait un livre d’histoire sur une époque limitrophe à celles que, dans les Césars, il avait déjà étudiées et sur lesquelles il s’était montré si vivant, si compétent et si renseigné.

755. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Si nous consultons les mémoires de son temps, qui n’en parlent pas assez, ce grand Spectateur ne se mêla guères à l’action de son époque, et voilà pourquoi il la vit si bien ! […] de cette clef systématique… Néanmoins, — ajoute-t-il avec un retour de bon sens, — il n’est pas sans intérêt de connaître les interprétations de l’époque… » Assurément, ce n’est pas sans intérêt !

756. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

. ; tous ces traits chauffés au feu du moment, aiguisés sur la circonstance, firent de lui le grand sagittaire de l’époque, l’outlaw de ce régime bâtard du juste milieu qu’il méprisait. […] Ceux que nous attendions du peintre pamphlétaire, c’étaient des orateurs vivants des orateurs de son époque, qu’il a vus, entendus, pratiqués, — et pas du tout !

757. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Fait, s’il l’eût voulu, pour devenir un moraliste énorme, il s’est ratatiné jusqu’à n’être qu’un pamphlétaire souvent immoral ; il a écrit enfin sur cette poussière que font les passions, politiques d’une époque, mais la plume dont on écrit là-dessus n’en change pas la nature, fût-elle une plume d’aigle ! […] La toilette, pour ce bœuf qui écrit, dans ses Résolutions pour l’époque où il deviendrait vieux, cette ligne affreuse : Ne point aimer les enfants , la toilette était ce qu’est le rouge pour le taureau.

758. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

C’est une loi du temps et de tous les temps que quand des poètes grands ou petits, vrais ou faux, immortels ou éphémères, ont été la chimère de leur époque, comme dit saint Bernard. — l’admiration ou la mystification de leurs contemporains, — ils laissent sur l’imagination publique des teintes dont elle reste colorée. […] Mais ici, dans une histoire littéraire de toute une époque, on le signale, et c’est tout.

759. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Wagner : Kunst und Religion. — L’Art révélateur de la conscience morale d’une époque. […] Mauvais, l’art qui ne s’inspire pas de la conception religieuse de son époque ! […] Cela remonte à l’époque où il était encore maître de chapelle du roi de Saxe, à Dresde. […] Mozart seulement a rendu en métal sonore l’époque de Louis XIV, l’art de Racine et de Claude Lorrain. […] Les timorés sont de tous les temps et ils n’ont manqué à aucune époque de transition.

760. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ropartz, Guy (1864-1955) »

Ropartz, à qui je trouve un air de famille avec les romantiques d’autrefois, de la bonne époque, de par ses Chevauchées, etc.

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