Les vives qualités de son talent, de son cœur, de sa riche nature intellectuelle, y sont appréciées ; ses écarts y sont réprouvés, expliqués, et l’explication, à quelques égards, les atténue. […] Il n’était tout à fait à son aise que dans une société familière et intime, et alors il se déployait en plein abandon, avec des facultés riches, puissantes, colorées et affectueuses, qui enchaînaient à lui tous ceux qui l’écoutaient : il était impossible de le connaître et de le haïr.
Son père, riche manufacturier, avait, si je ne me trompe, fondé dans le faubourg Saint-Antoine une fabrique de papiers peints dans laquelle il eut pour successeur Réveillon, celui même qui fut odieusement pillé dans les premiers troubles de 1789. La riche bourgeoisie parisienne a, de tout temps, produit des esprits fins, des railleurs distingués et libres, ayant le ton de la meilleure compagnie et parlant la plus pure des langues ; au xviie siècle, Mme Geoffrin, cette douairière de la bonne société, en était sortie.
Un théâtre riche, qui fit faire son inventaire en 1598, possédait « des membres de maures, un dragon, un grand cheval avec ses jambes, une cage, un rocher, quatre têtes de turcs et celle du vieux Méhémet, une roue pour le siège de Londres et une bouche d’enfer. » Un autre avait « un soleil, une cible, les trois plumes du prince de Galles avec la devise : ICH DIEN, plus six diables, et le pape sur sa mule. » Un acteur barbouillé de plâtre et immobile signifiait une muraille ; s’il écartait les doigts, c’est que la muraille avait des lézardes. […] Vers la fin du siècle, il était assez riche pour que le 8 octobre 1598 un nommé Ryc-Quiney lui demandât un secours dans une lettre dont la suscription porte : à mon aimable ami et compatriote William Shakespeare.
Le plus beau, le meilleur de ce repas a été dévoré, mais à ces reliefs on peut juger encore de la magnificence de ce prodigue qui, sans avoir un sou, donna aux riches de son temps des fêtes merveilleuses avec son esprit seul, et y mangea sa gloire en y dépensant son génie. […] Mais il était né riche comme tous les grands dissipateurs.
C’est un fait hors de toute discussion, semble-t-il, que toute nation civilisée, dans son ensemble et dans ses parties, entretient des rapports d’importance vitale, avec les autres nations, et qu’au plus complexe développement social correspond l’ensemble le plus riche de rapports inter-nationaux. […] Pendant cette période, l’homme se sentira en communion avec l’homme pour reconstituer, avec une solidarité plus grande des éléments et une complexité plus riche de l’ensemble, tout ce qui était épars, dissous ; pour, aussi, harmoniser ce qui était antagonique » ?
Il aura, dans son langage habilement extrait de tous les dialectes vulgaires de l’Italie, l’énergie populaire et la sublimité, ou la douceur mystique ; il empruntera sans cesse à la riche nature dont il est entouré, au spectacle des champs, au souvenir de ses fuites à travers tous les lieux et parmi toutes les conditions humaines, à ses combats, à ses souffrances, bien des images de la vie réelle et des mœurs de son temps et il sera pourtant, à certaines heures de son inspiration, le plus idéal et le plus recueilli des poëtes religieux. […] Ce n’est pas en effet une seule imagination humaine, quelque riche qu’on la suppose, qui a pu construire ces idéales hiérarchies de douleurs, d’expiations et de béatitudes, où se complaît le poëte de la Divine Comédie ; c’est la pensée chrétienne qui travaillait, depuis des siècles, sur quelques versets de l’Évangile, sur quelques cantiques d’Isaïe ou de saint Jean.
Feuillet de Conches, je ne puis mieux faire que d’exprimer publiquement le regret que je lui ai témoigné à lui-même : « J’ai regret, lui ai-je dit en terminant et en brisant des relations qui m’avaient été agréables, qu’une Collection aussi considérable, aussi précieuse que la vôtre, un si riche Recueil, contienne un début et une mise en train de drame, qui demeurent à bon droit suspects. » Il sera question encore de Marie-Antoinette dans les volumes suivants, à l’occasion des publications de M. d’Arneth.
Il est d’ailleurs beaucoup trop riche de substance pour pouvoir être résumé commodément en quelques lignes.
Il est étrange de songer que ce cerveau, en qui la réalité avait reflété des images si nettes, qui avait su interpréter, ramasser, coordonner ces images avec une vigueur et dans des directions si décidées, et nous les renvoyer, plus riches de sens, à l’aide de signes si fortement ourdis, n’ait plus, à partir d’un certain moment, reçu du monde extérieur que des impressions confuses, incohérentes, éparses, aussi rudimentaires et aussi peu liées que celles des animaux, et pleines, en outre, d’épouvante et de douleur, à cause des vagues ressouvenirs d’une vie plus complète ; et que l’auteur de Boule-de-Suif, de Pierre et Jean, de Notre Coeur, soit entré, vivant, dans l’éternelle nuit.
Si le christianisme commande aux pauvres, au nom de la vie future, la résignation, il ne commande pas moins en vue de cette même vie future, aux riches comme aux pauvres, la charité.
Kahn, qu’il veuille « unir la clarté philosophique profonde du xviiie siècle à la riche ornementation romantique et les mettre au service d’idées imprévues » ; tel est en effet son beau dessein, et insister aujourd’hui serait prématuré.
. — Ce succès à faux, quoique mérité, ne tourmente que les désireux de vente, inquiets de voir la clientèle riche se dépenser en volumineuses acquisitions.
Célèbres, au même titre que la plupart des gens, grâce au hasard qui les fit naître assistés d’une riche écuelle, ils voisinent avec les notabilités de la science, des lettres, des arts, du barreau, de la finance, de la noblesse et des cabinets particuliers.
Comme, dans « les hauts pays » ( er broïo huel ) où j’ai été, il n’y a qu’à se baisser pour récolter l’or, ils trouvent tout simple que je sois un peu plus riche qu’eux.
Combien je sens qu’ils s’appliqueront à s’emparer de nos pensées, et à prendre enfin cette riche aptitude qui nous porte à être extasiés, perpétuellement, ici et là, au sujet d’une coquille marine, d’une belle demoiselle dénouant sa ceinture, ou bien d’un rouge grain de grenade.
., il en avoit, dit-on, de périodiques : l’abbé Lan… reçut un pareil salaire, un jour, en plein midi, pour avoir tenu des propos indécens sur la femme d’un riche libraire.
Enfin, à son départ, on lui fait de riches présents, si mince qu’ait paru d’abord son équipage ; car on suppose que c’est un dieu qui vient, ainsi déguisé, surprendre le cœur des rois, ou un homme tombé dans l’infortune, et par conséquent le favori de Jupiter.
Un homme riche qui voudrait avoir un beau morceau en émail, devrait faire exécuter ce tableau de Greuze par Durand qui est habile avec les couleurs que M. de Montami a découvertes.
Les hommes riches et ruinez par le jeu passent en nombre les gens robustes que les medecins ont rendus infirmes.
Pour qu’il tombe de plus haut et qu’il se brise mieux, il l’élève ; puis, quand il l’a mis au plus haut de ses facultés exagérées, il le précipite dans cette conclusion (page 129) : « Il est le modèle achevé, pour ainsi dire idéal, de ces riches et pauvres natures, communes à toutes les époques, mais qu’il était donné à notre xixe siècle de mettre en pleine lumière… qui sont à la fois sincères et fausses, aptes et inaptes à tout, font le bien avec ardeur, le mal avec passion, aiment l’idée pour l’idée, l’art pour l’art, et, sublimes égoïstes, se prêtent toujours pour ne se donner jamais.
Les milieux de grande culture variée où il allait se développer ne firent que fournir une riche abondance d’arguments aux opinions qu’il avait dans le sang.
Ce site avait été, dès son enfance, propice au Tasse ; il y vit représenter l’Aminta avec les mêmes applaudissements qu’à Ferrare ; il y composa en l’honneur de Lucrézia, toujours belle dans sa maturité, ce fameux sonnet de la rose, devenu depuis le proverbe poétique et consolateur des beautés dont la fleur survit à leur printemps : « Dans l’âpre primeur de tes années, dit le poète à Lucrézia, tu ressemblais à la rose purpurine qui n’ouvre encore son sein ni aux tièdes rayons ni à la fraîche aurore, mais qui, pudique et virginale, s’enveloppe de son vert feuillage ; ou plutôt (car une chose mortelle ne peut souffrir la comparaison avec toi) tu étais pareille à l’aube céleste qui, brillante et humide dans un ciel serein, emperle de ses pleurs les campagnes et embaume les collines de ses senteurs ; et maintenant les années moins vertes de ta vie ne t’ont rien enlevé de tes charmes ; et bien qu’indifférente et négligée dans ta parure, aucune beauté puissante, parée de ses plus riches atours, ne peut s’égaler à toi : ainsi plus resplendissante est la fleur à l’heure où elle déplie ses feuilles odorantes ; ainsi le soleil, à la moitié de son cours, étincelle de plus d’éclat et brûle de plus de flamme qu’à son premier matin. » Le duc et la duchesse d’Urbin, sachant que les grâces faites au Tasse étaient les plus douces flatteries au cœur de Léonora, lui firent présent d’un anneau orné d’un magnifique rubis, qu’il vendit plus tard à Mantoue comme sa dernière ressource contre la faim, pendant ses misères. […] La contrée était délicieuse en toutes saisons et favorable aux méditations de l’esprit, mais particulièrement riche en fraîcheur et en douceur d’atmosphère, pendant ces étés où des chaleurs excessives rendent les autres sites inhabitables. […] Comment la douce et tendre Léonora, devenue riche par l’héritage de sa mère, et confidente nécessaire de la fuite du Tasse, aurait-elle laissé son amant s’évader, sans habits et sans argent, de Bello Sguardo ?
Le monde le plus riche et le plus influent de Paris lui offrit ce qu’il voulut, places, honneurs, importance, argent. […] Cette paroisse, qui tirait son nom du champ de chardons bien connu des étudiants de l’Université de Paris au moyen âge, était alors le centre d’un quartier riche, habité surtout par la magistrature. […] Les sommes très considérables dont les familles riches achetaient cette faveur servaient à l’éducation gratuite des jeunes gens sans fortune qui étaient signalés par des succès constants.
D’une autre part, les auteurs ont fait le père Poirier trop riche pour nous le montrer d’abord si humble, si mesquin et si faux bonhomme. […] Mais cette ode que je rêve, le grand Gœthe l’a réalisée dans la scène éblouissante du second Faust, où Plutus, le dieu de la richesse, apparaît, non plus aveugle et difforme, comme dans les caricatures de Lucien et d’Aristophane, mais calme, grandiose, vraiment divin, couché sur les tapis d’un char triomphal, et caressant sa barbe asiatique d’une main chargée de bagues. « Sa dignité ne peut se décrire, mais son visage, frais et rond comme la lune pleine, ses joues en fleur qui s’épanouissent sous l’appareil du turban, une riche aisance dans les plis de sa robe ! […] Il aime l’argent, je le veux bien ; il est banal, intéressé, bellâtre, tiré à quatre épingles dans sa médiocrité financière, d’accord ; mais, du moins, il est vivant, facile, naturel, il ne se plaint pas que la mariée est trop riche.
Quand il a réussi à encadrer dans quelques rimes riches et insignifiantes un beau vers, un trait d’imagination ou de sentiment sur lequel s’arrêtera l’attention du lecteur, l’artiste est content, ou plutôt il est à bout. […] La conquête des forces de la nature livrées comme des esclaves obéissantes à l’industrie, allégeant le rude travail des hommes en le multipliant dans des proportions inouïes, ces inventions sans nombre qui augmentent la puissance et l’intensité de la vie, si elles n’ont pu encore en accroître la durée ; la vapeur transportant les produits, les idées et les hommes d’un monde aux extrémités d’un autre monde à travers les mers et les montagnes, victorieuse dans une certaine mesure des puissances hostiles, de l’attraction et de l’espace ; de simples fils de fer jetés sur la surface du globe et l’enveloppant comme dans un réseau nerveux le long duquel court la pensée, la terre revêtue par l’homme d’organes véritables, investie de pouvoirs nouveaux qui dormaient jusqu’alors dans son sein à l’état de forces perdues, devenant ainsi comme un vaste organisme au service de l’humanité, toutes les conséquences morales qui en découlent, le rapprochement des races, la création d’une conscience collective de l’espèce humaine ; l’avenir mille fois plus riche encore que le présent et réduisant de plus en plus le domaine de l’impossible, il y a là des trésors inépuisables pour l’imagination : le danger est qu’elle en soit accablée. […] Avec son imagination savante, quels riches tableaux il aurait pu tracer !
Amateurs éclairés, journalistes, sportsmen, riches nobles, riches bourgeois, sont absolument fantastiques, n’ont pas l’ombre même de réalité, sont sortis tout entiers, de l’imagination ou pessimiste, ou fantaisiste, ou humoristique, ou un peu sadique, de M. […] Un officier d’artillerie, riche et noble et encore s’il est riche et noble, il ne devrait pas être dans l’artillerie), a quelques traits du snobisme particulier à sa profession et à sa classe assez bien observés. […] Sterny, lui, est riche, oisif, artiste, sans famille, et occupé pour le moment à « chercher le sens de la vie ». […] Certain héritage leur est réservé, qui les fera riches un jour. […] C’est le monde de la bourgeoisie riche, manipulatrice d’affaires et corrompue, pour lequel M.
Les légendes pieuses qui lui servaient de thème fournissaient à cet égard une riche matière. […] Frédéric Plessis, poète et latiniste exquis, dans ce riant et riche Bordeaux, je visitais l’an passé la crypte de Saint-Seurin. […] Hennique, c’est de tendre sous nos pieds, comme la reine d’Argos, un tapis trop riche et d’une splendeur inquiétante. […] Il aime tout ce qui caresse le regard et parle du passé : vieux meubles magnifiques, riches tapisseries, étoffes somptueuses. […] Étant d’humble naissance et pauvre, elle fit ce que n’avaient pu faire les riches et les grands.
A la plus riche matière verbale, il impose tous les mouvements et tous les rythmes. […] Il est incontestable, immortel, riche. […] Il réussit assez vite à être riche, aussi le voilà du monde. […] Il trouva en eux riche matière à exercer sa double verve. […] Le fétichisme de la rime riche fut remplacé par un culte plus rationnel.
Là, il vit le lieu où l’impétueux Rhône prend dans son sein la calme Saône et lui fait perdre son nom ; il admira les riches étalages des marchands de soieries et le labeur diligent de maint imprimeur fameux. […] À la fin, quand elle vit que j’avais brisé mes rênes, et que je courais à l’abîme, elle aima mieux m’abandonner que me suivre… … Cette Laure fut-elle réellement la fille d’Audibert de Noves, noble et riche chevalier, et l’épouse de l’acariâtre Hugues de Sade, patricien d’Avignon ? […] À une petite distance de l’abbaye, un frère du poète, Thibaut Desportes, habitait le château de Bévilliers, dressé sur une hauteur et entouré de riches jardins. […] Si votre terre étoit mieux cultivée, Que l’air fust doux, qu’elle fust abreuvée De clairs ruisseaux, riche en bonnes citez, En marchandise, en profondes rivières, Qu’elle eust des vins, des ports et des minières. […] Le front chargé des fruits d’une heureuse vendange, Et penché sur son char, le Dieu vainqueur du Gange Du plus riche des mois nous verse les tributs.
Miss Crawley, vieille femme riche, tombe malade1345. […] Ils sont ordinairement si riches et si économes, qu’il n’y a presque point besoin d’argent pour les aider1351. […] Le marquis de Steyne (lord du cabinet à poudre) et plusieurs autres grands officiers de l’État étaient debout derrière le fauteuil où il était assis…, où il était assis, sa face rouge toute fleurie, sa riche chevelure frisée, son noble ventre tendu en avant. […] Ceux-là sont riches ; probablement l’argent les a corrompus. […] Le mari rentre maladroitement, soufflette lord Steyne, restitue les diamants et la chasse. — Vagabonde sur le continent, elle essaye cinq ou six fois de devenir riche et de paraître honnête.
Cependant des témoignages divers nous forcent à admettre un répertoire plus riche, sérieux et surtout comique ; répertoire disparu, parce que sans forme littéraire ; il s’agissait sans doute de scénarios, remplacés par des textes à l’époque suivante qui sera celle du drame. […] Mais comme il est riche en œuvres intéressantes ! […] Ce xviie siècle, si riche en œuvres et en hommes, nous montre mieux que toute autre époque l’action combinée de trois forces souvent contraires : l’esprit général de la période (qui est épique), la tradition savante (qui enseigne le culte de la tragédie, de l’épopée, et qui donne les règles précises de ces « formes »), l’individualité (qui tend à la liberté) ; de là les résultats les plus variés, dans les œuvres de valeur relative comme dans celles de valeur absolue ; par exemple : le moule rigide étouffant l’esprit (épopée) ; la forme nouvelle et vivante (roman) ; la forme vidée (lyrisme) ; la forme en conflit avec le contenu (tragédie romanesque), mais galvanisée par le génie héroïque (Corneille) ; l’art suprême, original, s’harmonisant avec la tradition savante, méconnu du public (Racine) ; ou se créant une forme personnelle (La Fontaine) ; l’individualité du précurseur, arrêtée à mi-chemin, révélant un monde en fait, et un autre en puissance (Molière). […] À y regarder de près, le siècle fut extraordinairement riche en individualités ; mais les plus grands esprits se soumirent spontanément à la discipline de la raison universelle ; ils sacrifièrent à la société, à un idéal d’autorité, non pas leur vigueur, mais leurs petites « opinions particulières » ; ce n’est pas lâcheté, c’est, je le répète, un sacrifice. […] Tout ce théâtre, si riche en beautés de tout genre, n’a qu’un défaut : malgré la démonstration en trois points de la préface à Cromwell, ce n’est pas du théâtre.
Elle l’a fait en fille de son siècle, riche de sang, libre de tête. […] Jusqu’à ce qu’enfin les riches firent un pacte pour stabiliser les résultats de la violence, pour ériger le fait en droit. […] Les Rêveries plus riches encore de sens pour le psychologue, parues en 1799, n’ont, pour ainsi dire, jamais été lues. […] Mais il n’y a tel pour ne pas surestimer la richesse que d’être riche. […] Les plus riches facultés naturelles ont besoin, pour produire œuvre viable, d’une culture.
Le vocabulaire est à l’a fois, riche et très sobre, d’une justesse et d’une simplicité remarquables. […] Son raisonnement est simple : il y eut un temps où la langue était riche ; on a laissé tomber en désuétude ses richesses, il faut donc aller les reprendre et il faut les utiliser à nouveau. […] Oui, c’est au sang latin la couleur la plus belle, Les plus riches moissons sont toujours à Cybèle. […] Le style des Stances, très sobre, n’est pas riche en images colorées : il n’est pas destiné à l’évocation symbolique, il lui suffit d’être parfaitement clair et expressif. […] Elles sont extrêmement variées aussi, parce qu’on peut suivre dans leur succession le développement d’une pensée très active et très riche.
La bonhomie divertissante du « prosateur familier » persécuté par Caliban a été, cette fois, pleine de suc et riche de pensée. […] Scapin a vieilli ; il est riche, il est marié, il est considéré. […] Il déclare au vieux Carvajan qu’il payera les dettes du marquis, car notre héros est riche, — et qu’il plaidera pour Robert, car il est avocat. […] C’est le plus riche et le plus élégant poème de pierre qu’on ait jamais dressé et ciselé. […] Mais là, devant cette image d’un monde élégant et riche, il restait béat.
Il avait des « goûts d’artiste », comme nous disons maintenant, l’amour des beaux ameublements, des œuvres d’art, d’un intérieur riche et un peu fastueux ; ces goûts étaient assez rares, à cette époque, dans la bourgeoisie. […] Il était glorieux, il était riche, il était bon ; il était « très bien auprès du maître ». […] Il est fils, probablement ; d’homme riche et il a fait certainement un mariage riche » De là son train qui est considérable. […] Si elle avait été riche elle n’eût pas épousé ce grand bourgeois colérique chargé de trente ans de plus qu’elle. […] C’est un bourgeois riche et né avec une certaine largeur d’âme qu’il n’y a aucune raison qu’il ait perdue.
Où pouvons-nous trouver une plus riche matière à représentations que dans l’être qui a lui-même la vie psychique la plus intense, la plus riche, la plus harmonieuse et la plus belle ? […] Elle nous fait l’effet d’un rêve, plus riche, plus coloré, plus pathétique, plus délirant que ceux que peuvent suggérer le haschich ou la fièvre. […] Les poètes qui l’ont employée de préférence ont eu une production plus abondante et plus riche. […] Or le vocabulaire le plus riche est bien pauvre encore pour noter les nuances indéfiniment variables de la pensée. […] Le vers est donc esthétiquement plus riche que la prose ; il met en harmonie des éléments plus nombreux.
Je demande comment on a pu confondre la phrase libre, ample et flottante de cette époque littéraire, cette grande phrase dans laquelle les mots viennent se placer comme d’eux-mêmes, sans travail et sans effort ; cette phrase toujours simple, toujours légère sous les plus riches ornements, avec le style guindé, tourmenté, bizarrement attifé qu’affecte M. […] C’est comme une autre Italie ; un peuple ingénieux, brillant, habitant d’une riche contrée, qui comptait une longue suite de rois et plusieurs siècles d’indépendance, qui avait rendu le monde entier tributaire de son industrie, succombant après de cruelles guerres, ruiné par l’avidité de ses vainqueurs, corrompu par leurs vices et s’endormant dans l’esclavage comme pour en rendre le joug plus léger. […] « Enfin, dit Jacquemont dans une piquante lettre qui résume son séjour à Cachemyr et son expédition dans le Punjaub, j’ai été pendant huit mois un fort grand seigneur, fort riche, fort magnifique, fort bienfaisant, et moyennant cela aussi pauvre aujourd’hui qu’avant ce singulier voyage. […] Nous avons vu Jacquemont à la table des riches Anglais de Calcutta, subjuguant l’étiquette à force de naturel, de franchise et de gaieté ; puis gravissant avec la science les glaciers de l’Himalaya ; géologue intrépide et guerrier sur le Thibet, diplomate éprouvé, orateur éloquent, hardi patriote à Meerut ; prisonnier et maître dans les montagnes du Punjaub, plus que roi à Cachemyr ; mais que n’aurais-je pas à raconter encore, si je voulais puiser moins discrètement dans cette mine intarissable que sa correspondance me fournit ! […] fou d’amour aux pieds de l’enchanteresse qui, tantôt revêtue d’un riche costume oriental, étincelante de diamants, mollement étendue sur de soyeux tapis, au milieu des nuages enivrants du santal, lui demandait avec une voix si douce l’histoire de son enfance ; tantôt, livrée à de silencieuses extases, le contemplait d’un œil mélancolique ; ou bien couchée dans une gondole auprès de lui, se laissait glisser amoureusement sur les eaux tranquilles et le long des saules impénétrables de la Célina7.
du seul archevêque de Bordeaux, mon oncle, lequel était un petit esprit, taquin et triste, grand économe, homme à vues bourgeoises, aimant sa maison avec orgueil, mais sans générosité, plein de lui et vide des autres, dur et sec, haïssable, et échappant seulement à la haine publique par son économie ; mais mon père et mes aïeux ont toujours passé dans leur temps pour gens francs, nobles, courageux et dignes de l’ancienne Rome, surtout de nulle intrigue à la Cour ; aimant la vie de province, ce qui est la vraie vie de la province ; riches ou pauvres, et cependant s’y faisant d’abord distinguer par les lumières de leur esprit et la bonté de leur cœur. […] L’histoire de ce ministère, qui dura jusqu’en février 1747, serait celle de la France pendant cette période : M. d’Argenson en a laissé les éléments les plus riches et les mieux distribués à qui voudra traiter ce point du xviiie siècle.
Dans les lectures d’histoire qu’on lui fait faire, il lui semble qu’il n’y a pas de roi préférable à Louis XII ; l’écho des victoires l’atteint peu ; et cependant elle a aussi la marque de son temps, et lorsqu’il vient là pendant quelques jours un beau monsieur de Paris, très riche, très gai, très galant pour elle, et qui cause politique avec Mme de Coigny, qui apporte les dernières nouvelles et les commente avec cet esprit de dénigrement propre aux salons, elle n’est pas séduite, elle aperçoit d’abord ce qui manque à l’élégant monsieur, en fait de chevaleresque, et celle dont le cœur est destiné à des cœurs braves, finit par ce trait en le dépeignant : « Et puis il n’a été à aucune bataille, et c’est vraiment ridicule30. » Mme de Coigny aime les longues lectures régulières et qui se continuent, qui occupent et reposent : on lit donc Rulhière, Histoire de l’anarchie de Pologne, toutes les Révolutions de Vertot, La Guerre de Trente Ans de Schiller, Le Siècle de Louis XIV ; toutes ces lectures ne sont pas également intéressantes. […] Greffulhe, le frère de Mme de Castellane, le grand ami d’Augustine Brohan, et celui que nous avons vu mourir le plus riche portefeuille de France.
Ce qui est certain et qu’on peut affirmer sans crainte, c’est que Corneille n’a pas copié et qu’il n’a imité qu’en transformant ; il a ramassé, réduit, construit ; et avec ce qui n’était que matière éparse, — une riche matière, — il a fait œuvre d’art, et d’art français. […] » Plus tard Corneille, si riche toujours en vers de pensée, aura trop peu de ces vers d’image qui sont un des charmes du Cid.
Il faudrait commencer par Augias, an nom duquel cette locution d’étables d’Augias a rattaché une idée odieuse et presque infecte, et qui était le plus riche et le plus royal patriarche des pasteurs, tel que nous l’a représenté l’antique idylle. […] Le talent d’expression y est éminent ; je ne serais pas étonné que par endroits, pour quelques yeux chagrins, ce talent ne voilât presque, ne déguisât dans de trop riches images le fin de l’esprit et le réel de l’érudition.
Elle est la femme accomplie, comparable aux plus beaux exemplaires que l’Italie ait offerts : une Isabelle de Gonzague n’a pas eu un plus riche développement. […] Clément Marot Marot171, moins riche de son fonds, fut un écrivain supérieur.
Le fétichisme de la rime riche fut remplacé par un culte plus rationnel. […] Je ne saurais m’empêcher tout au moins de vous nommer les poètes qui, autour de Paul Verlaine et de Stéphane Mallarmé, nous ont donné durant quinze ans une belle et riche période de Poésie individuelle et idéaliste.
Servante depuis l’âge de seize ans dans une famille d’abord riche, elle a donné ses économies à ses maîtres ruinés ; elle continue sans gages son œuvre de fidélité. […] La classe des mineurs est riche en actes de dévouement, qui commandent d’autant plus d’admiration qu’ils ont été accomplis sans témoin.
Déjà riche des libéralités de la Cour, il avait une jolie maison de campagne à Châtenay, et il y reçut la duchesse du Maine, qui l’honora de sa visite dans l’été de 1699, et à qui il donna une galante hospitalité ; elle y demeura étant enceinte, pendant le séjour de la Cour à Fontainebleau. […] Je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous, et leurs flatteurs : mais je leur envie le bonheur d’avoir à leur service des gens qui les égalent par le cœur et par l’esprit, et qui les passent quelquefois.
Mais cette coquetterie féminine de toilette que j’ai relevée dans l’abbé de Choisy, le cardinal de Rohan l’avait au plus haut degré, et une riche dentelle qu’il revêtait avec grâce était pour lui un sujet de satisfaction et de triomphe. […] Nulle passion depuis qu’il avait quitté le vin ; fidèle dans la surintendance, où avant lui on prenait sans compter et sans rendre compte ; riche par les seuls bienfaits du roi, qu’il ne dissipait pas, prévoyant assez, et le disant à ses amis particuliers, la prodigalité de son fils aîné… Esprit solide, mais pesant, né principalement pour les calculs, il débrouilla tous les embarras que les surintendants et les trésoriers de l’épargne avaient mis exprès dans les affaires pour y pêcher en eau trouble… Il faut lire le reste dans l’original.
Il faut l’entendre là-dessus parler avec autorité et conviction : Les grands sujets de cette belle et solide instruction chrétienne, si bien indiqués par l’Église dans l’ordre annuel et la distribution des Évangiles ; ces sujets si importants, si féconds, si riches pour l’éloquence, et sans lesquels la morale, dépourvue de l’appui d’une sanction divine et déshéritée de l’autorité vengeresse d’un Juge suprême, n’est plus qu’une théorie idéale et un système purement arbitraire qu’on adopte ou qu’on rejette à son gré ; ces sujets magnifiques, dis-je, furent plus ou moins mis à l’écart par les orateurs chrétiens qui composèrent malheureusement avec ce mauvais goût, et qui, en s’égarant dans ces nouvelles régions, renoncèrent d’eux-mêmes aux plus grands avantages et aux droits les plus légitimes de leur ministère. […] Maury s’excuse encore de quelques conseils qu’il donne sur le propos des enfants gâtés : « Ne rendez pas ce mauvais service à votre aîné, et excusez le prêcheur Ragotin, prédicateur de grand chemin, qui se permet de vous ouvrir ainsi son cœur sans aucune réserve. » Cet abbé de Boismont, qu’était allé voir l’abbé Maury en Normandie, était riche bénéficier et de plus académicien.
Son vers se tient debout par la seule force du substantif et du verbe sans le secours d’une seule épithète. » C’est en se prenant à ce style « affamé de poésie », qui est riche et point délicat, plein de mâles fiertés et de rudesses bizarres, qu’il espère faire preuve de ressources et forcer la langue française à s’ingénier en tout sens. […] Il montre les gens d’esprit, les gens riches trouvant la noblesse insupportable, et si insupportable que la plupart finissaient par l’acheter : « Mais alors commençait pour eux un nouveau genre de supplice, ils étaient des anoblis, des gens nobles, mais ils n’étaient pas gentilshommes… Les rois de France guérissent leurs sujets de la roture à peu près comme des écrouelles, à condition qu’il en restera des traces. » Cette cause morale, la vanité, qui fut si puissante alors dans la haine irréconciliable et l’insurrection de la bourgeoisie excitée par les demi-philosophes, est démêlée et exposée par Rivarol avec une vraie supériorité.
je lui réponds : Je règne ; et j’ajoute que je plains les esclaves. » Le zèle du philosophe disparaît ici et se confond dans l’orgueil du riche. […] C’est le sentiment de M. le premier président, de M. de Ruffoy, et de nos autres amis communs que vous citez, et qui ne peuvent s’empêcher de lever les épaules en voyant un homme si riche et si illustre se tourmenter à tel excès pour ne pas payer à un paysan 280 livres pour du bois de chauffage qu’il a fourni.
Riche d’images, le style tend à l’obscurité ; une image nouvelle, étant la représentation presque directe d’un fragment de vie, est beaucoup moins péremptoire que le cliché, lequel est, si l’on ose dire, une image abstraite. […] Le répertoire politique est si riche en abstractions qu’on serait tenté de croire que les intérêts dont on charge un député sont tout à fait immatériels et semblables à ceux que défendent dans leurs discours les rhétoriciens du concours général.
Le dessin, généralement facile, est plus riche et plus bonhomme que celui de Carle Vernet. […] mon ami, quelle riche organisation vous possédiez !
Alors elle perdit une foule de termes qui ne furent point remplacés ; et semblable à ces arbres que le fer émonde avec sécurité, non pour leur faire porter plus de fruits, mais pour satisfaire à un vain luxe de décoration, elle fut moins riche et plus soignée, elle acquit en même temps du goût, de la réserve et de la noblesse. […] Enfin, comme dans les monarchies ce sont les grands, les riches, et tous ceux qui composent ce qu’on appelle le monde, qui distribuent la gloire des arts, et décident du prix des talents ; comme la plupart des hommes de cette classe, par leur oisiveté, par leurs intrigues, par la lassitude et le besoin des plaisirs, par la recherche continuelle de la société, par la crainte de blesser l’amour-propre encore plus que l’orgueil ; enfin, par la politesse et le désir de plaire, qui donne une attention continuelle et sur soi-même et sur les autres, ont, en général, plus d’esprit et de délicatesse de goût, que de passions et de force de caractère ; ils doivent tendre sans cesse à atténuer, et, pour ainsi dire, assassiner le style, la langue et l’esprit.
La riche variété des tons lyriques élancés de cette jeune âme se rapportait cependant à quelques sources principales : les souvenirs d’enfance et de premier séjour, la passion du soleil, du bruit et de la renommée, bientôt l’amour paternel et ses vives tendresses, partout l’éblouissement prolongé de l’Empire et de l’Empereur. […] Mais non : au milieu d’eux rien ne s’évanouit ; L’Orientale d’or, plus riche, épanouit Ses fleurs peintes et ciselées ; La Ballade est plus fraiche, et, dans le ciel grondant L’Ode ne pousse pas d’un souffle moins ardent Le groupe des strophes ailées.
La versification proprement dite n’est pas toujours assez strictement observée ; les images en foule sortent d’elles-mêmes à tous les points d’un si riche sujet, et décorent comme en se hâtant une pensée vive, continuelle, qui s’échappe au travers et que rien n’empêche.
Mais encore un coup, tout ce que nous disons à l’avantage de M. de Bernard n’est pas pour dégager son talent de l’obligation qu’il a contractée envers celui de M. de Balzac ; quand l’auteur d’Eugénie Grandet et de la Femme de trente ans finirait comme il a commencé, c’est-à-dire quand ses volumes heureux se trouveraient suivis d’autant d’œuvres illusoires qu’ils ont été précédés d’œuvres insignifiantes, quand lui-même, l’auteur de la Femme de quarante ans et de Gerfaut, serait devenu, par bien d’autres productions dont il est capable, le romancier régnant, il ne devrait pas, en avançant, séparer tout bas son progrès de son point de départ, car en littérature il est un peu comme un fils de famille ; il entre de plain-pied dans un genre ouvert, il arrive le lendemain d’un héritage riche, qu’il n’a qu’à grossir après l’avoir débrouillé.
En acquérant Plutarque, notre public acquiert d’un coup un riche fonds de philosophie pratique.
Il les aime comme le peuple le plus sérieux d’allures, le plus préoccupé de morale et aussi comme celui qui a le plus complètement réalisé son rêve de la vie élégante et riche.
« J’avais dix-neuf ans ; j’étais étudiant en droit, pas riche », etc… Donc il entre, la nuit de Noël, au bal Bullier.
Une grande intelligence universelle n’est pas souvent unie à une riche sensibilité naturelle.
J’en sais d’autres qui, avec plus ou moins de succès, employèrent un volume à appeler : « Quelle femme riche veut m’acheter, corps et âme ?
Sur de miroitantes étendues, cet homme fit poudroyer, pour nous, les riches teintes des sites maritimes, l’eau sinueuse, la forêt, les saintes architectures, les prairies et de blanches collines.
Longet et son Traité du système nerveux, où nous avons puisé beaucoup de faits ; mais l’ouvrage le plus riche et le plus complet sur la matière qui nous occupe est le grand ouvrage de MM.
Elle me rappelle le trait d’un riche particulier qui avait fait dîner ensemble un antiquaire, qui hors de là ne savait rien, et un physicien célèbre dénué de toute espèce d’érudition.
Il en résultait des glorioles d’enfant, et n’en est-ce pas la meilleure preuve que cet exemplaire raturé de Louis Lambert, rehaussé d’une riche reliure romantique et offerte par lui en cadeau à M.
Ces poëtes comiques sans modeles, et peut-être sans genie, trouvant que les espagnols nos voisins étoient déja riches en comedies, ils copierent d’abord les comedies castillanes.
À notre sens, il y avait donc deux manières d’écrire ou de concevoir cette histoire de la Sorcellerie qui n’a pas encore été carrément abordée, malgré l’essai de Walter Scott, et qui, riche en détails, en monographies, ressemble à un bloc de marbre dégrossi attendant le ciseau du maître !
Spirituel dans une certaine mesure, frotté d’esprit plu ; encore que spirituel par les gourmets intellectuels avec lesquels il a vécu, comme un crouton est frotté d’ail, riche, facile, ayant des goûts fastueux, une bonne table surtout, l’autel des illusions et de la fédération universelle, Véron, avec de la tenue et du silence, aurait pu passer pour un esprit politique.
Mais quelle surprise tout d’abord, à laquelle il faudra bien nous accoutumer, de voir une femme, de riche et intense culture, faire tenir l’amour dans ce culte de la sensation exclusive, dans cette sorte de fatalité qui réduit tout au geste de l’instinct et n’hésite pas à généraliser avec cette rigueur. « Les femmes, toutes les femmes n’ont-elles point de tendres corps qui se penchent et avancent, tendues vers les mains des hommes ? […] Mme Lucie Delarue-Mardrus est donc une fille de la riche Normandie : circonstance qu’il faut se garder de négliger, puisque tel élément, d’apparence extérieur à l’être, par la suite devient cause efficiente et constitutive de sa personnalité. […] Qui de nous, l’ayant une fois traversée, n’a conservé dans le précieux répertoire où s’enregistrent les souvenirs, les images de la riche campagne normande ? […] La littérature objective, cette forme d’art où l’imagination de l’auteur lui permet de dresser debout des personnages parfaitement différents de lui-même, et s’opposant entre eux par la stature physique autant que par la contexture morale, c’est tout simplement l’œuvre balzacienne, triomphe de la virilité créatrice et qui égale en majesté les plus riches monuments du passé. […] Évidemment l’adultère n’est pas près de disparaître, la plus riche matière littéraire où s’exerça et continuera de s’exercer utilement l’imagination des écrivains, pour en dégager des conflits propres à passionner l’intérêt.
La vie des riches, au contraire, avec leur galanterie et leur mécontentement de tout, lui paraissait une matière à jamais inépuisable. […] La vie ouvrière est une matière artistique tout aussi variée et profonde que la vie des riches, par cela seul qu’elle est une manifestation de la Vie. […] Des œuvres s’occupant de la vie des riches peuvent être aussi profondes, aussi générales, aussi universelles que celles émanant de la vie des pauvres, cela tombe sous le sens ; tout dépend de l’auteur et de ses facultés. […] Elle est riche ; elle est précise. […] Aussi longtemps qu’on est encore enfant, encore wagnérien, on considère Wagner comme riche, comme le summum de la prodigalité, comme un grand propriétaire dans le domaine du son.
Bien autrement riche est la littérature populaire. […] Ici il s’agit d’une langue dont Mérimée disait avec raison : « Elle est le plus riche des idiomes de l’Europe. […] De même pour Mourasof, le riche et pieux industriel. […] La langue, elle aussi, est plus riche, plus souple, plus moelleuse, telle qu’aucun écrivain ne l’avait encore portée à ce degré d’expression. […] Un de ces jeunes gens s’engage en qualité de précepteur chez un riche fonctionnaire qui l’emmène en province.
Dans chaque objet, dans chaque événement, il y a quelque fait primitif et constant qui en est comme le noyau solide, autour duquel viennent se grouper les riches développements qui l’achèvent. […] C’est pourquoi « celui qui est sage n’est pas riche, comme disent les stoïciens, mais celui qui est riche est sage559. » Pour la religion, elle n’est que la « crainte d’un pouvoir invisible feint par l’esprit ou imaginé d’après des récits publiquement autorisés560. » En effet, cela est vrai pour l’âme d’un Rochester ou d’un Charles II ; poltrons ou injurieux, crédules ou blasphémateurs, ils n’ont rien soupçonné au-delà. — Nul droit naturel. « Avant que les hommes se fussent liés par des conventions, chacun avait le droit de faire ce qu’il voulait contre qui il voulait. » Nulle amitié naturelle. « Les hommes ne s’associent que par intérêt ou vanité, c’est-à-dire par amour de soi, non par amour des autres. […] Ils sont riches, ils ont tâché de se polir à la française, ils ont ajouté à la scène des décors mobiles, de la musique, des lumières, de la vraisemblance, de la commodité, toute sorte d’agréments extérieurs ; mais le cœur leur manque. […] Sa riche imagination le retient à demi dans la comédie romanesque. […] Il est comte, chambellan, riche ; il pensionne et patronne les poëtes comme il ferait des coquettes, c’est-à-dire pour se divertir sans s’attacher.
X On sait que Canova était de Possagno, village de Venise dans la terre ferme ; on y extrait et on y sculpte la pierre monumentale qui servait aux riches constructions de Palladio. […] XI Quelques riches amateurs de Venise, frappés de ses dispositions, l’avaient encouragé, soutenu, adopté : il avait répondu à leurs espérances par des ébauches devenues classiques en naissant. […] XLIII Plus loin, au pied de l’Acropolis, vous passez sous une porte obscure et basse, sous laquelle quelques Turcs en guenilles sont couchés à côté de leurs riches et belles armes ; vous êtes dans Athènes.
À Waterloo, ils ont fait une riche moisson ; ils ont recruté un vieux colonel de l’Empire évanoui, en lui enlevant ses habits. […] Je me suis caché sous un nom ; je suis devenu riche, je suis devenu maire ; j’ai voulu rentrer parmi les honnêtes gens. […] S’il s’agit de Valjean le riche, saint industriel, le monde n’est pas fait ainsi.
Quand il eut reproduit avec son crayon et ses pinceaux (car il peignait le paysage comme il écrivait) les plus beaux sites, les plus riches pampres serpentant sur les remparts et les eaux les plus limpides de la vallée d’Aoste, les heures s’écoulaient fastidieusement pour lui. […] C’est dommage que les Savoyards ne soient pas riches, ou peut-être serait-ce dommage qu’ils le fussent ; car, tels qu’ils sont, c’est le meilleur et le plus sociable peuple que je connaisse. […] Semblable à l’enfant déshérité, j’ai sous les yeux le riche patrimoine de la famille humaine, et le ciel avare m’en refuse ma part.
C’était un robuste Bourguignon, de sang riche, de tempérament bien réglé, simple, lucide, franc, sans brutalité comme sans flatterie, ennemi du tortillage et du mensonge. […] Dans les paroisses aristocratiques de Paris, à Saint-Germain, au Louvre, il ne se lasse pas de rappeler qu’il faut payer ses dettes, et qu’il faut faire l’aumône : il remet sans cesse sous les yeux des riches leurs créanciers et les pauvres. […] Voyez comment il fait parler Dieu ou Jésus ; la méditation de Bernard dans le Panégyrique ; le chœur des démons dans le Sermon sur les dénions ; la mort du mauvais riche dans le Sermon sur l’impénitence finale ; le second point du Sermon sur l’ambition.
Le morceau entre-croise avec ampleur ses thèmes essentiels nourris des sonorités les plus riches, et se coupe d’intermèdes capricieux, tout en sonneries claires, quasi railleuses. […] Lorsqu’il s’enfuit, riche de ce trésor, sa haute cuistrerie exulte, oublieuse des coups de trique, et de la boiterie, et des meurtrissures, et c’est en bondissant qu’il quitte la place, aux strépitements des violons gagnés de son délire. […] Riches et manants ont part égale de liesse.
Dans les drames indiens, dit le philosophe que nous citons, le dialogue est en prose lorsqu’il exprime des pensées tempérées ; mais cette prose est si harmonieuse, si riche, si élégante, qu’elle pourrait servir de modèle à une belle expression poétique. Une réflexion puissante vient-elle à jaillir de la profondeur de la contemplation ou de la force de la situation ; le poète a-t-il à réduire en sentences énergiques une morale élevée ; se livre-t-il à une imagination aussi exubérante que le ciel, le sol et le climat de l’Inde ; s’élance-t-il jusqu’à la plus grande hauteur de l’expression poétique pour rendre la délicatesse de la passion, le charme de la sensibilité, le pathétique de la pensée, la fureur de la colère, l’extase de l’amour ; en un mot, tout ce que l’âme humaine a d’émotions terribles et profondes : alors la prose de l’écrivain devient de plus en plus cadencée, et, par des modulations qui suivent les ondulations et les transports de la passion, elle s’élève peu à peu jusqu’à une diversité infinie de rythmes, tantôt simples, tantôt compliqués, brefs ou majestueux, lents ou rapides, harmonieux ou véhéments ; et cette diversité même rend souvent le théâtre indien tout aussi difficile à étudier que celui d’Eschyle et de Sophocle, également riche, également fécond en jouissances et en difficultés que les langues modernes ne connaissent pas. […] « Le portique de la salle dans laquelle les danses auront lieu sera élégant et spacieux, couvert d’une draperie soutenue par de riches pilastres, auxquels des guirlandes seront suspendues.
Nous avons une preuve évidente de cette loi dans le grand nombre de variétés fournies par les plantes dominantes, c’est-à-dire les plus communes et les plus répandues dans le monde, qui sont proportionnellement beaucoup plus riches en formes subordonnées que les espèces végétales confinées dans une patrie étroite. […] J’ai dit quelles raisons j’ai de croire que la plupart de nos plus importantes formations, riches en fossiles, se sont déposées pendant des périodes d’affaissement. […] — J’ai essayé de montrer que nos archives géologiques sont extrêmement incomplètes ; qu’une très petite partie du globe seulement a été géologiquement explorée ; que seulement certaines classes d’êtres organisés ont été conservées à l’état fossile ; que le nombre des espèces et de leurs spécimens individuels, conservés dans nos musées, n’est absolument rien en comparaison du nombre incalculable de générations qui doivent s’être écoulées pendant la durée d’une seule formation ; que l’accumulation de dépôts riches en fossiles, d’une puissance suffisante pour résister à des dégradations ultérieures, n’étant guère possible que pendant des périodes d’affaissement du sol, d’énormes intervalles de temps doivent s’être écoulés entre la plupart de nos formations successives ; que les extinctions d’espèces ont probablement été plus fréquentes et plus rapides pendant les périodes d’affaissement, mais qu’il doit y avoir eu des variations plus considérables pendant les périodes de soulèvement, beaucoup moins favorables que les autres à l’enfouissement des fossiles, de sorte qu’elles forment autant de lacunes dans les archives de la terre ; que chaque formation elle-même s’est accumulée avec intermittence ; que la durée de chaque formation a peut-être été courte en comparaison de la durée des formes spécifiques ; que les migrations d’espèces ont joué un rôle important dans la première apparition des formes nouvelles en chaque région et en chaque formation ; que les espèces très répandues sont les plus variables, et, conséquemment, celles qui doivent avoir le plus souvent donné naissance à des espèces nouvelles ; enfin que les variétés ou espèces naissantes ont presque toujours commencé par être locales.
Qu’elle vienne, et l’occupation ne lui manquera pas ; elle aura fort à faire ; car en ne touchant pas aux idées qui remuent le monde maintenant, nous semblons capitaliser notre propre fortune pour rendre plus riche encore notre jeune héritière. […] X avec Mme Z surveillée par un mari jaloux qui surprend le secret de la naissance de X et le force à épouser Mlle K, afin d’être libre de torturer à son aise cette pauvre Mme Z à laquelle il doit la fortune qui lui permet de faire des folies pour la petite P dont le père, autrefois condamné aux galères, et maintenant employé dans la police, est devenu, sous un déguisement de diplomate, l’amant de la riche princesse W, etc., etc., etc. […] Nous avons tout ce qu’il faut devant nous ; l’arsenal des temps modernes est bien garni, et les armes y sont assez riches pour que nous daignions les prendre et nous en servir.
Si le roman est bien représenté en 1880, dans le mouvement de l’esprit espagnol, la poésie est encore plus féconde et plus riche en résultats. […] Elle montre de riches palais de marbre et de mosaïques, de beaux minarets que la croix domine. […] Riche, noble et très chrétienne, il n’est point de rue sans boutique ouverte, point de maison sans un écusson, point de faubourg sans église. […] L’oasis est bientôt pour lui la société de Mme Lebreton, riche veuve, qui habite le château voisin de la Mancienne. […] Notre littérature romanesque, si puissante et si riche depuis un siècle, éprouverait-elle un peu de lassitude, après sa fécondité récente ?
Elles étaient riches toutes deux ; on insinua qu’il les avait empoisonnées. […] Quand Beaumarchais écrivit le Mariage de Figaro, il était riche à millions ; il possédait à Paris plusieurs immeubles. […] Sully Prudhomme, plus riche d’idées et de sentiments qu’eux tous, comme on le verra tout à l’heure, ne le cède pour le style à aucun d’entre eux. […] Les images mêmes sont en moindre estime aujourd’hui, et le riche pinceau de Hugo, de Gautier, de Leconte de Liste ne fait plus autant d’ambitieux ; la musique, voilà toute la poésie pour le parti avancé de la jeune école. […] La poursuite de la rime riche et de l’antithèse dispense de plus en plus le poète d’avoir des idées.
Et on ne pouvait accuser Claudie de calcul : elle comptait à ce moment-là sur l’héritage d’une tante riche. […] et merci à Dieu pour ses grandes bontés… De tous les présents, mon bon Dieu, voilà le plus riche ! […] Le riche travaille pour ses enfants ; les pauvres sont les enfants de Dieu, et il fait travailler son soleil pour tout le monde… Que Dieu récompense les bons riches ! […] Elle a été riche ; elle nourrit avec son modeste salaire une sœur et ses quatre enfants. […] Le « riche moujik », Petr Ignatitch a épousé en secondes noces Anissia.
Les plus beaux élans de poésie, les plus riches images, ne suffisent pas à la durée d’une œuvre. […] C’est là qu’il a déposé les plus riches trésors de sa fantaisie ; Bertram et Melmoth résument toute sa pensée. […] Si l’on rencontrait par le monde un conteur aussi abondant, aussi riche, aussi habile à vous suspendre à sa bouche, que M. […] Ce dernier sujet ne serait peut-être pas le moins riche des trois. […] Je défie qu’on tire d’une donnée si simple un plus riche parti ; à la bonne heure c’est une perle, un diamant, si vous voulez.
Cependant, la critique allemande, avec une infatigable ardeur, travaille sur l’œuvre énorme, sur la longue existence si remplie et si riche. […] Il y a une société, puissante et riche, vouée exclusivement à son culte. […] Gnad range parmi « les plus belles qu’il y ait dans la riche correspondance de Goethe » : vous serez frappés, je crois, de leur caractère factice, voulu, arrangé. […] ` — en somme, il produit trop peu maintenant, quelque riche qu’il soit pourtant par l’invention et par l’art. […] Il devient « Édouard, riche baron, dans la force de l’âge », et le vague de cet état civil lui suffit parfaitement.
Tout cela formait un auditoire attentif et redoutable, en qui la nourriture était riche et solide, dont le goût surgissait par éclairs, prompt et fin. […] Née riche ou dans l’aisance, élevée dans le commerce habituel de ce qui brille, elle n’eût pas subi l’étrange fascination à laquelle Rodolphe l’a soumise. […] ce sont ces calculs qui sont corrupteurs… » Oui ; mais il est riche, elle est pauvre ; il ne saurait s’agir entre eux de ces délicatesses. […] Riche, nous le savons, Emma eût été moins coupable ; mais, chose bien plus étrange ! riche, fût-elle tombée dans les mêmes désordres, elle eût rencontré auprès de M.
Vous vous montrez aujourd’hui riche et puissant à mes yeux ; je vous vois roi d’un grand peuple ; cependant, je ne dirai pas de vous ce que vous me demandez de dire, jusqu’à ce que j’apprenne que votre vie a fini heureusement. […] l’homme le plus riche n’est pas plus heureux que celui qui vit au jour le jour, si le sort ne lui laisse pas terminer sa carrière dans cet état de prospérité ; on voit même des hommes avec de grandes richesses être malheureux, tandis que beaucoup d’autres dans la médiocrité sont parfaitement heureux. En effet, l’homme qui possède ces grandes richesses et qui n’est pas satisfait d’ailleurs, n’a sur celui qui, pauvre, est cependant bien partagé en toute autre chose, que deux sortes d’avantages, tandis que celui-ci en a une foule sur l’homme riche et malheureux du reste. […] Il plaça ensuite son propre fils mort dans le berceau, et après l’avoir revêtu des riches vêtements qui avaient servi à l’autre enfant, alla l’exposer dans le lieu le plus désert de la montagne.
Né à Paris le 6 septembre 1780 d’un riche négociant ou commerçant de la capitale, il hérita à vingt ans d’une belle fortune qu’il ne s’inquiéta point de conserver, et que plus d’un fut actif à lui ravir.
Ce poëme descriptif, effrayant à lire, a été commandé, nous assure-t-on, à Barthelemy par un riche médecin empirique, M.
Ses filles trouvent des époux dans leurs amants, et Brizio, le frère avec qui il craignait d’être obligé de partager ses biens, se trouve être très riche et sans famille.
Solitaire et sans le sou, il n’en traîne pas moins, à travers les spectacles quotidiens de la rue et la féerie des choses, une âme plus riche en sensations que celle d’un satrape oriental, mais cette vivacité d’impressions se paye de l’abolition de la volonté.
Répudiées donc les demi-teintes, les nuances crépusculaires, les musiques lointaines, — charme et génie de Verlaine ; — bannies les chastes Aimées, immatérielles on dirait, dont le profil s’indécise en de froides brumes, d’un tel système d’art découlait nécessairement comme Corollaire la rime riche et rare.
Bossuet a dit : Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans votre poussière 94.
Tite-Live finit sa dissertation sur l’origine et le progrès des représentations théatrales à Rome, par dire qu’un divertissement dont les commencemens avoient été peu de chose, étoit dégeneré en des spectacles si magnifiques et si somptueux, que les roïaumes les plus riches auroient eu peine à en soutenir la dépense.
C’est sans doute parce qu’il portait au plus haut degré le mérite de l’expression et du nombre ; deux choses dont l’effet devait être très grand dans une langue riche et musicale comme celle des Grecs, mais dont le prix est fort affaibli pour nous dans une langue morte, que nous ne savons pas prononcer et que nous entendons mal.
C’est un Dumas… Non pas celui que d’aucuns appellent en riant le Grand Dumas, et qui auraient eu peut-être raison de le dire sans rire s’il n’avait pas pris toutes ses facultés, les unes après les autres, et s’il ne les avait pas toutes jetées par les fenêtres comme les riches y jettent quelquefois leur argent.
Des Esseintes est riche.
Il vit que cette nature si riche avait des rapports avec lui ; les astres lui prêtaient leur lumière ; des fruits naissaient sous ses pas, ou se détachaient des branches pour le nourrir ; les arbres le protégeaient de leur ombre et offraient un asile à son repos ; les cieux, pendant son sommeil, semblaient se couvrit d’un voile, et n’envoyaient à son séjour qu’une lumière douce et tranquille.
Extrême en toutes ses passions, il la tua dans un mouvement de colère, la pleura, se détesta lui-même, la fit embaumer avec les plus riches parfums de l’Europe et de l’Asie, et prononça en grand deuil son oraison funèbre sur la tribune romaine.
Il se souvient qu’il est homme, il se souvient qu’il commande à des hommes29… « Les riches ont d’assez grands motifs pour donner des citoyens à l’État, il n’y a qu’un bon gouvernement qui puisse encourager les pauvres à devenir pères.
Un essaim de beautés réfléchi par vingt glaces, Étalait à l’envi ses attraits et ses grâces y De leurs riches atours les yeux étaient charmés.
IV C’est pour elle que Fielding réclame, et certes, à voir ses actions et sa personne, on l’eût cru fabriqué exprès pour cela : un grand vigoureux gaillard, haut presque de six pieds, sanguin, avec un excès de bonne humeur et de verve animale, loyal, généreux, affectueux et brave, mais imprudent, dépensier, buveur, viveur, ruiné de père en fils, ayant roulé par la vie dans les hauts, dans les bas, éclaboussé, mais toujours dispos ; « en somme, disait lady Mary Wortley Montague, plus heureux qu’un prince, et capable d’oublier sa goutte, ses soucis et ses dettes, pour peu qu’il eût sous sa main une bouteille de Champagne et un pâté de gibier. » Le naturel domine en lui, un peu grossier, mais riche. […] Western est un squire de campagne, bonhomme au demeurant, mais ivrogne, toujours à cheval, inépuisable en jurons, prompt aux gros mots, aux coups de poing, sorte de charretier alourdi, endurci et enfiévré par la brutalité de la race, par la sauvagerie de la campagne, par les exercices violents, par l’abus de la grosse mangeaille et des boissons fortes, tout imbu d’orgueil et de préjugés anglais et rustiques, n’ayant jamais été discipliné par la contrainte du monde, puisqu’il vit aux champs, ni par celle de l’éducation, puisqu’il sait à peine lire, ni par celle de la réflexion, puisqu’il ne peut pas mettre deux idées ensemble, ni par celle de l’autorité, puisqu’il est riche et justice, et livré, comme une girouette qui siffle et grince, à tous les coups de vent de toutes les passions. […] Lisez encore le récit de miss William, une jeune fille riche et de bonne naissance réduite au métier de courtisane, rançonnée, affamée, malade, grelottante, errant dans les rues pendant de longues nuits d’hiver, parmi « les misérables créatures nues, en haillons crasseux, entassées comme des pourceaux dans le coin d’une allée sombre », qui appellent les matelots ivres pour obtenir « de quoi apaiser avec du gin la rage de la faim et le froid, et qui descendent dans l’insensibilité bestiale jusqu’à ce qu’à la fin elles aillent mourir et pourrir sur un fumier. » Celle-ci est jetée à Bridewell avec le rebut de la ville, soumise aux caprices d’un tyran qui lui impose des tâches au-dessus de ses forces et la punit de ne pas les remplir, fouettée jusqu’à s’évanouir, puis à coups de fouet tirée de son évanouissement, pendant ce temps volée de tout ce qu’elle a sur elle, bonnet, souliers, bas, « mourant de faim et aspirant à mourir vite. » Une nuit, elle essaye de se pendre. […] D’ailleurs, comme elle était tenue avec une extrême propreté, les plats, les assiettes, les cuivres étant bien nettoyés et tous déposés en rangées brillantes sur les rayons, l’œil était agréablement flatté et n’avait pas besoin d’un plus riche ameublement. » Ils fanent en famille, vont s’asseoir sous le chèvrefeuille pour boire une bouteille de vin de groseilles ; les deux filles chantent ou les petits garçons lisent, et les parents s’amusent à regarder le champ qui descend sous leurs pieds plein de clochettes bleues et de centaurées. « Encore une bouteille, Deborah, ma chère, et toi, Moïse, une bonne chanson. […] Y a-t-il rien de plus agréable à peindre qu’une ivresse de nuit, de bonnes trognes insouciantes, et la riche lumière noyée d’ombres qui vient jouer sur des habits chiffonnés et des corps appesantis ?
Un homme riche adonné à son plaisir et à ses profits trouve que la religion est une affaire si embarrassée et encombrée de tant de comptes obscurs qu’il ne sait comment lui ouvrir un crédit parmi ses livres. […] Il prenait leur mythologie, leurs allégories, parfois leurs concetti487, et retrouvait leur riche coloris, leur magnifique sentiment de la nature vivante, leur inépuisable admiration des formes et des couleurs. […] Il montrait les belles nymphes, « roses vivantes des bois, aux brodequins d’argent, aux robes de fleurs488 », « et le soir, encapuchonné de gris, qui, semblable à un triste pèlerin sous sa robe monastique, se lève derrière les roues fuyantes du soleil, — les îles à la ceinture de vagues, qui, comme de riches diamants bigarrés, parsèment la poitrine nue de l’abîme, — les brûlants séraphins aux éblouissantes rangées dressant vers le ciel leurs angéliques trompettes tonnantes489. » Il amoncelait en buissons touffus les fleurs éparses chez les autres poëtes490, « la primevère hâtive qui meurt délaissée, l’hyacinthe aigretée, le pâle jasmin, la pensée bigarrée de jais, l’œillet blanc, l’ardente violette, la rose musquée, le chèvrefeuille à la gracieuse parure, avec le coucou alangui qui penche sa tête pensive, et toutes les fleurs qui portent une broderie mélancolique491. » Il les appelait autour du tombeau de son ami, et disait « à l’amarante d’y verser toute sa beauté, aux narcisses de remplir leurs coupes de pleurs. » Il parlait aux « creuses vallées où de doux chuchotements habitent dans les ombrages, dans les vents folâtres, dans les sources jaillissantes, et dont Sirius brûlant épargne le frais giron. » Il leur disait « d’empourprer tout le sol de fleurs printanières, de jeter sur cette tombe tous les émaux de leurs yeux rayonnants qui sur le gazon vert boivent les rosées parfumées. » Tout jeune encore et au sortir de Cambridge, il se portait vers le magnifique et le grandiose ; il avait besoin du grand vers roulant, de la strophe ample et sonnante, des périodes immenses de quatorze et de vingt-quatre vers. […] Entendre « l’alouette qui prend son essor et de son chant éveille la nuit morne jusqu’à ce que se lève l’aube tachetée ; le laboureur qui siffle sur son sillon ; la laitière qui chante de tout son cœur ; le faucheur qui aiguise sa faux dans le vallon sous l’aubépine » ; voir les danses et les gaietés de mai au village ; contempler les pompeuses processions et « le bourdonnement affairé de la foule dans les cités garnies de tours » ; surtout s’abandonner à la mélodie, aux enroulements divins des vers suaves, et aux songes charmants qu’ils font passer devant nous dans une lumière d’or, voilà tout497 ; et aussitôt, comme s’il était allé trop loin, pour contrebalancer cet éloge des joies sensibles, il appelle à lui la Mélancolie498, « la nonne pensive, pieuse et pure, enveloppée dans sa robe sombre, aux plis majestueusement étalés, qui, d’un pas égal, avec une contenance contemplative, s’avance, les yeux sur le ciel qui lui répond, et son âme dans les yeux. » Avec elle il erre parmi les graves pensées et les graves spectacles qui rappellent l’homme à sa condition, et le préparent à ses devoirs, tantôt parmi les hautes colonnades d’arbres séculaires dont les dômes entretiennent sous leur abri le silence et le crépuscule, tantôt dans « ces pâles cloîtres studieux, où, sous les arches massives, les vitraux, les riches rosaces historiées jettent une obscure clarté religieuse », tantôt enfin dans le recueillement du cabinet d’étude, où chante le grillon, où luit la lampe laborieuse, où l’esprit, seul à seul avec les nobles esprits des temps passés, évoque Platon pour apprendre de lui « quels mondes, quelles vastes régions possèdent l’âme immortelle, après qu’elle a quitté sa maison de chair et le petit coin où nous gisons499. » Il était rempli de cette haute philosophie. […] Elle appelle ses frères ; « le doux et solennel accent de sa voix vibrante s’élève comme une vapeur de riches parfums distillés, et glisse sur l’air dans la nuit », au-dessus des vallées « brodées de violettes » jusqu’au Dieu débauché qu’elle transporte d’amour.
Toi, tu aimes ce jeune homme, qui est riche ; laisse-toi épouser, fais du bonheur. […] Mais cela entraîne-t-il la condamnation du décor exact, riche ou pauvre ? […] Les coupes des vêtements étaient changées, mais les étoffes trop riches demeuraient. […] c’est le rêve, et les gens très riches peuvent seuls se permettre une pareille tentative. […] Talray reste en elle-même excellente, et qu’on ne saurait trop engager les auteurs riches à l’imiter.
Rebell ; mais c’est tout de même une œuvre vivante, amusante et riche. […] Des idées, il en est riche, autant que le plus opulent penseur d’hier et d’aujourd’hui : il ne lui manque que de savoir les insérer plus solidement dans le cerveau de ses personnages. […] Elle est banale au degré où la vérité est banale ; riche des significations que son auteur seul peut lui donner ; pauvre, s’il la délaisse. […] Il ressemblerait à ces rivières qui coulent avec une fluidité riche sur un fond de sable doré mêlé de cailloux dont la résistance se résout en une musique lente, profonde et continue. […] C’est un défaut assez fréquent dans les anciennes proses latines où le rythme et la rime riche empiètent sur le sens.
On entrait par une porte latérale que cachait une riche portière en tapisserie et qui faisait face à une fenêtre. […] En ce siècle de rimes riches, Méry a été millionnaire. […] Il trouvait naturel d’être beau, élégant, riche, plein de génie, et de soulever autour de lui l’admiration et l’amour. […] De tout temps l’on a orné les livres d’enjolivements plus ou moins riches. […] Hugel, riche seigneur prussien, Marilhat comprit sa vocation, et l’avenir de son talent fut décidé.
Le monde naturel, visible, si vivant et si riche en ces belles contrées, s’ouvrait à lui dans ses secrets, comme le monde de l’espace et des nombres. […] Parmi ses notes dernières et ses instructions d’économie à sa femme, je trouve encore ces lignes expressives, qui se rapportent à ce fils de qui il attendait tout : « Il s’en faut beaucoup, ma chère amie, que je te laisse riche, et même une aisance ordinaire ; tu ne peux l’imputer à ma mauvaise conduite ni à aucune dissipation. […] Ampère, au Collège de France, aborda la psychologie, peuvent seuls dire combien, dans sa description et son dénombrement des divers groupes de faits, l’intelligence humaine leur semblait tout autrement riche et peuplée que dans les distinctions de facultés, justes sans doute, mais nues et un peu stériles, de nos autres maîtres.
Nul écrivain de nos jours ne saurait mieux prêter à nous définir d’une manière vivante le littérateur indéfini, comme je l’entends, que ce riche, aimable et presque insaisissable polygraphe, — Charles Nodier. […] Mais ce qui sauva surtout Nodier et le lira hors de pair d’entre tous ces faux modèles secondaires auxquels il faisait trop d’honneur en s’y attachant, et qui ne devaient bientôt plus vivre que par lui, c’est tout simplement le talent, le don, le jeu d’écrire, la faculté et le bonheur d’exprimer et de peindre, une plume riche, facile, gracieuse et vraiment charmante, et le plaisir qu’il y a, quand on en est maître, à laisser courir tout cela. […] Nombre de ses images, qui expriment des nuances, des éclairs, des mouvements presque inexprimables (comme celle du goëland qui tombe, citée plus haut), étaient faites pour illustrer et couronner l’audace ; et, dans une Poétique de l’école moderne, si on avait pris soin de la dresser, nul peut-être n’aurait apporté un plus riche contingent d’exemples.
« Quoique j’aie encore de riches habits, écrit-il à cette date à son ami le prieur des Saints-Apôtres, vous me prendriez pour un paysan ou pour un pasteur, moi qui fus autrefois si recherché dans ma parure. […] Cincinnatus, Curius, Fabrice, Régulus, après avoir subjugué des nations entières et mené des rois en triomphe, n’étaient pas si riches que moi. […] Je me trouve assez riche ; faut-il encore que je paraisse tel aux yeux des autres ?
Depuis que la France, objet des égards et des empressements de l’Europe, était remplie des ministres de toutes les puissances, ou d’étrangers de distinction qui venaient la visiter, il était frappé de la curiosité avec laquelle le peuple et même des gens au-dessus du peuple suivaient ces étrangers, et étaient avides de voir leurs riches uniformes et leurs brillantes décorations. […] Les diplomates y trouveront des monuments de diplomatie savante, admirablement scrutés et éclairés d’un jour qui ne laisse rien dans l’ombre ; mais la masse des lecteurs superficiels, qui s’attache exclusivement aux événements et aux hommes, laisseront ces riches études aux érudits. […] N’avez-vous pas de riches appointements, un hôtel, des terres ?
Le génie riche, léger et naturellement éloquent d’Horace, est en effet ce qu’il y a de plus attique dans les écrivains romains : l’eau pure de la source se reconnaît jusque dans l’égout. […] C’est une branche allongée des montagnes des Abruzzes, si riches en paysages. […] À mes habits, aux esclaves qui me suivaient en traversant la ville, on eût cru qu’un riche patrimoine fournissait à tant de dépenses.
… Je vivais heureuse de mon sort, aimée, jeune, riche, honnête et belle ; je suis maintenant avilie, misérable, malheureuse… Mon père allait assister à quelque tournoi dans la ville de Bayonne ; parmi les chevaliers qui venaient pour y figurer, soit qu’Amour me le fît ainsi apparaître, soit que sa valeur éclatât d’elle-même en lui, le seul Zerbin me sembla digne de louange ; c’était le fils du grand roi d’Écosse, « Pour lequel, après qu’il eut donné dans la lice des preuves merveilleuses de sa chevalerie, je me sentis prise d’amour, et je ne m’aperçus que trop tard que je n’étais plus à moi-même ; et, malgré tout ce que je souffre pour lui, je ne puis m’arracher de l’esprit que je n’avais pas mal placé mon cœur, mais que je l’avais donné au plus digne et au plus beau des paladins qui soit sur la terre. » Elle raconte comment ils s’aimèrent. […] Ils ensevelissent ensemble le corps embaumé de Zerbin dans un riche cercueil ; ils le chargent sur le cheval du jeune guerrier, et voyagent ensemble à pied derrière le cercueil. […] Bagues, joyaux, diamants, perles, riches habillements même, il me fournit tout ce que je veux.
Rousseau, presque Allemand par la Suisse, sa patrie, presque sectaire par le fanatisme de Genève, son berceau, presque factieux par l’esprit de démocratie humiliée respiré dans la boutique de l’artisan son père, presque Français par la vigueur de sa langue et par le classicisme de l’éloquence française, contigu à la Suisse, frontière d’idées comme de territoire ; républicain dans une petite république toujours en fermentation ; ennemi des grands et des riches, parce qu’il était petit et pauvre, J. […] Rousseau fût ce qu’on appelle une belle âme, une âme plus riche que les autres ; loin de nous cette pensée. […] Abandonné à lui-même, il est réduit à chercher du pain dans la domesticité d’une riche famille piémontaise ; des folies et des larcins l’en chassent.
Je ne crois pas que dans l’histoire de la censure, si riche pourtant en sottises, on puisse trouver allégation plus baroque où plus hypocrite. […] Les droits électoraux, réservés aux plus riches, sont étendus à tous les citoyens ; un second et un troisième essai de république, une première et une seconde explosion de socialisme menacent les derniers privilèges des classes dirigeantes. […] A ceux-là, nous devons des œuvres niaises et plates, ou criardes et enluminées comme des images d’Epinal, n’ayant souci ni de style ni de vraisemblance, relevant moins de l’art que de l’industrie : chansons dont la musique aigrelette est digne des paroles ineptes ou grossièrement bouffonnes ; romans interminables déroulés durant des mois au rez-de-chaussée d’un journal, débités par tranches à des abonnés patients et promenant du bagne à la cour, du boudoir à l’hôpital, tout un monde de personnages comme on n’en voit qu’en rêve ; mélodrames naïfs et voyants, pauvres de psychologie, mais riches de coups de théâtre et de coups de fusil, rouges de sang et de feux de Bengale, fertiles en miracles de la Providence et du machiniste, étourdissant les yeux et les oreilles par l’éclat des costumes, des décors et des tirades ; littérature faite Sur commande pour un public friand de grosses émotions et de spectacles qui parlent aux sens, parce qu’il ne sait pas encore apprécier des mets plus délicats, parce qu’il n’est initié que d’hier aux jouissances esthétiques, parce qu’il n’a pas fait son apprentissage littéraire.
J’ai lu trois fois son Jeune Homme pauvre… qui a une place de 10 000 francs… Et savez-vous à quoi on reconnaît que son jeune homme est distingué : c’est qu’il sait monter à cheval… Oui, et puis, tu sais, il y a dans tous ses livres, des jeunes gens qui ont des albums et qui prennent des sites… — Savez-vous, vous autres, avec quoi un jeune homme était riche, il y a vingt ans, soupire un dîneur, lisez Paul de Kock, vous y trouverez : Charles était riche, il avait 6 000 livres de rente, mangeait tous les soirs un perdreau truffé, entretenait un rat de l’Opéra, — et c’était vrai ! […] » Ensuite il nous parle avec enthousiasme, presque avec une cupidité amoureuse de cette fameuse « Voûte verte », que nous allons voir, de ces diamants, de ces pierres précieuses, sur lesquelles il semble que la lumière soit heureuse, il semble que le rayon jouisse… S’il était riche, il aimerait à en avoir, à les tirer de leur écrin, à les faire chatoyer au soleil, comme un avare tire de l’or au jour.
La multitude elle-même n’est pas assez riche pour se donner à prix d’or, tous les soirs, ces heures délicieuses de rassemblement, d’oisiveté et de représentations scéniques. […] Quels plus riches matériaux de langue un grand poète éclectique comme Racine pouvait-il trouver sous la main pour construire à sa gloire et à la gloire de sa nation le chef-d’œuvre achevé et insurpassable de la langue poétique française, si ce poète surtout savait choisir avec la sûreté de bon sens, la délicatesse de goût et le tact infaillible du caractère français ce qui convenait le mieux dans ces matériaux étrangers au génie sensé, clair, simple et naturel de la nation ? […] Cet oncle, chanoine et grand vicaire d’Uzès, possédait de riches bénéfices et se proposait d’en résigner un à son neveu aussitôt que ce neveu serait entré dans l’Église.
Là, en effet, où le ciel est moins beau, la nature moins riche, la vie moins extérieure et moins libre, la cité moins retentissante de fêtes et de triomphes, l’homme moins jeune, moins ardent, moins passionné de patrie et de gloire, la voix la plus expressive, n’ayant pas pour s’animer les grands spectacles du dehors, aura besoin des méditations les plus intérieures de l’âme ; et l’élévation, la contemplation abstraite et lyrique devra naître surtout de la solitude. […] Issu d’une noble et riche famille, dans la belle colonie grecque de Cyrène, il a senti de bonne heure l’orgueil de sa race, la tradition patriotique des sentiments de ses ancêtres ; et, entre les missions difficiles que lui confiaient ses concitoyens à la cour des empereurs chrétiens, et les heureux loisirs qu’il goûtait dans ses vastes domaines de Libye, il a cultivé les lettres avant tout ; il les a cultivées d’abord, sans autre foi que la science même, sans autre pratique religieuse qu’un reste de polythéisme spiritualisé par la raison. […] Sans avoir la riche variété des mètres de Pindare ni l’audace de son langage, partout elle est élégante, neuve, singulière avec grâce, pleine du sentiment de la nature, et çà et là de quelques reflets égarés de l’imagination des sectaires orientaux.
Là eût-on pu voir grand’noblesse de riches armures, de belles armoiries, et toutes sortes de pennons et bannières ; car là étoit toute la fleur des seigneurs de France, et nul chevalier ni écuyer n’osoit demeurer à l’hôtel s’il ne vouloit être déshonoré. […] Froissart, qui ne perd aucune occasion de nous faire assister au spectacle, nous montre pendant ces heures de répit le roi de France qui fait tendre sur le terrain, dans le lieu même où il s’est arrêté, un pavillon de soie vermeille, très élégant et très riche ; le roi rompt et congédie pour le reste du jour ses divers corps d’armée, sauf les deux troupes du connétable et des maréchaux.
Sa sœur Frédérique Brun, femme d’un riche banquier, était elle-même un écrivain distingué, sentimental ; c’était Matthisson qui l’avait liée avec Bonstetten, dans un voyage de cette dame en Suisse. […] M. de Circourt, le plus savant et le plus obligeant des hommes, avait bien voulu autrefois et sur ma prière, dans un temps où je songeais déjà à Bonstetten (1844), écrire tout un mémoire où il avait rassemblé ses riches souvenirs.
Ce qui est triste pour nous et ingrat, ce qui est terne et gris, leur paraissait relativement gai, riche, fin et incomparable. […] L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement.
Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche. […] Quelle indigence même chez ceux qui se sont crus les plus riches !
Arago, à propos des classiques grecs et latins ; et, s’il déploie dans la discussion moins de prestesse sémillante, ou de riche et poétique abandon, que nos champions de France, il y porte des raisons encore mieux enchaînées, une politesse ingénieuse non moindre. […] En rencontrant ces bouts de landes arides qui reviennent de temps en temps à travers une si riche nature, un homme d’esprit disait : « Ce sont là de ces petites mortifications que M.
Nous confessons que la vie du prophète berger et du poète roi dans la Bible est par elle-même un poème mille fois plus riche en aventures, en pittoresque, en intérêt, en pathétique, en drame, que l’Iliade. […] XVIII David, sachant qu’un homme riche, nommé Nabal, habite sur le plateau du Carmel, ordonne à ses compagnons mourants de faim de respecter ses troupeaux ; puis il lui envoie demander des vivres pour lui et pour eux.
Entre la fin de la guerre de Cent Ans et le commencement des guerres de religion s’étend une période de paix intérieure, où, sous la domination protectrice d’une royauté qui se fait absolue, la bourgeoisie, moins opprimée, moins inquiète, plus riche, s’attache avec passion aux représentations dramatiques. […] On a ainsi des moralités de l’Enfant prodigue, du Mauvais Riche et du Ladre : on a celle de l’Enfant ingrat, qui offre à son père un morceau de pain bis, lorsqu’il a lui-même pour son repas un succulent pâté ; il en sort un crapaud qui lui saute au visage, et ne se relire que par commandement du pape.
On peut se moquer des savants, des poètes, des philosophes, des hommes religieux, des politiques, des plébéiens, des nobles, des riches bourgeois. […] Littérature d’épicuriens, bien faite pour plaire à une classe riche et sans idéal, mais qui ne sera jamais celle du peuple : car le peuple est franc, fort et vrai ; littérature au petit pied, renonçant de gaieté de cœur à la grande manière de traiter la nature humaine, où tout consiste en un certain mirage de pensées et d’arrière-pensées : nulle assise, un miroitement continuel.
Or cette prédominance des associations synchroniques produit une tendance à concevoir les choses sous des formes concrètes, colorées, riches d’attributs et de détails : disposition d’esprit qu’on appelle l’imagination et qui est une des facultés du peintre et du poëte. […] C’est là une conséquence naturelle chez les hommes qui possèdent un riche fonds de faits particuliers et ont été habitués à conclure de ces faits aux faits nouveaux, sans se préoccuper d’établir les propositions générales correspondantes. » Les propositions générales sont de simples registres des inférences déjà effectuées, et de courtes formules pour en faire d’autres103.
Et autour de moi, mes compagnons ont été égorgés, comme des porcs aux dents blanches, qu’un homme riche et puissant fait tuer pour une noce ou un repas de fête. […] Et le père lui-même, après l’invocation, ordonna aux sacrificateurs de la saisir comme une chèvre, et de l’étendre sur l’autel, enveloppée de ses vêtements et la tête pendante, et de comprimer sous un bandeau sa belle bouche, pour étouffer les mots funestes qu’elle aurait pu dire. — Tandis qu’elle versait sur la terre son sang couleur de safran, d’un trait de ses yeux elle saisit de pitié les sacrificateurs, belle comme dans les peintures ; et on voyait qu’elle voulait leur parler, comme aux jours où elle charmait par ses douces paroles les riches festins paternels.
Son mari a une sœur riche en province ; peut-être aidera-t-elle son frère, dans cette crise extrême. […] Son amant fait son devoir de galant homme, mais elle est bien sa maîtresse, elle s’est donnée à lui parce qu’elle l’aime et qu’il est riche.
Jeanne-Antoinette Poisson, née à Paris le 29 décembre 1721, sortait de cette riche bourgeoisie et de ce monde de finance qui s’était si fort poussé dans les dernières années de Louis XIV, et dans lequel il n’était pas rare de rencontrer un épicuréisme spirituel et somptueux : elle y apporta les élégances. […] Mme de Pompadour avait une belle bibliothèque, très riche surtout en matière de théâtre, une bibliothèque en grande partie composée de livres français, c’est-à-dire de livres qu’elle lisait, la plupart reliés à ses armes (trois tours), et quelquefois avec de larges dentelles qui ornent les plats.
En voulant lui couper la moustache, l’autre jour, la lèvre est venue avec les poils… La dernière fois que j’ai vu Murger, au café Riche, il y a de cela un mois, il avait la mine d’un bien portant, était gai, heureux. […] * * * — J’ai parfois l’idée, si je devenais riche, de me faire peindre, pour l’été, un paysage, un paysage très bien peint — et rafraîchi par un vrai courant d’air.