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708. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Il ne fait en quelque sorte que promulguer et reconnaître les choses de l’esprit en homme sûr qui n’a pas combattu depuis longtemps les combats intérieurs ; c’est l’homme de toutes les autorités et de toutes les stabilités qui parle, et qui se plaît à considérer partout l’ordre ou à le rétablir aussitôt par sa parole. […] Non content de croire avec Bossuet et Fénelon, et avec tous les chrétiens, à un Dieu caché, il aime à insister sur les caractères mystérieux de cette obscurité ; il se plaît à déclarer expressément que Dieu « a voulu aveugler les uns et éclairer les autres ».

709. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Il est quelquefois pour eux une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu’ils n’entendent point : on s’ennuïe bientôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs, où l’esprit ne prend point de part, est bien courte. […] Il est facile de conclure après ce que je viens d’exposer, que la peinture se plaît à traiter des sujets où elle puisse introduire un grand nombre de personnages interessez à l’action.

710. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Ajoutez le panégyrique du roi, commencé par Bussy-Rabutin, dans le temps même où il était, par ordre du roi, à la Bastille ; ouvrage où, avec toute la sincérité d’un homme disgracié qui veut plaire, Bussy parle à chaque ligne et de sa tendresse passionnée, et de sa profonde admiration pour le plus grand des princes, qui n’en voulut jamais rien croire. […] Je ne parle pas de la quantité innombrable de poètes, qui, n’ayant que du zèle sans talents, étaient vils ou empressés sans plaire, et composaient de petites épîtres obscures et des sonnets sur le roi, que ni lui, ni personne ne lisait.

711. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

La meilleure postérité de Priam, à tes yeux, c’est une autre que moi : ma douleur, c’est que je sois importune et eux utiles, que je gêne et qu’ils plaisent. » Bientôt, d’une douleur en apparence résignée, la jeune fille, emportée par sa terreur prophétique, s’élève à ce langage : « La voici, la voici la torche enveloppée de flamme er et de sang : elle resta cachée, longues années. […] Plut.

712. (1886) Le naturalisme

» La cause pour laquelle le livre ne plut pas mérite qu’on la raconte. […] Il fuit la société et se plaît avec sa femme à caresser l’espérance de se retirer, un jour, dans quelque village, dans quelque coin fertile et paisible. […] Comment pourrait nous plaire, par exemple, la prédicante méthodiste qui est l’héroïne d’Adam Bede ? […] Quelques scènes rurales de Trueba plaisent comme il plaît de contempler le cours d’un ruisseau peu profond et aux bords agréables>12. […] Alarcon plaît-il parce qu’il a conservé un certain parfum romantique ?

713. (1864) Études sur Shakespeare

Elle a des goûts plutôt que des besoins ; elle porte rarement dans ses plaisirs cette disposition sérieuse et naïve qui s’abandonne avec transport aux impressions qu’elle reçoit, et bien souvent elle traite le génie comme un serviteur tenu de lui plaire, non comme un pouvoir capable de la dominer par les joies qu’il lui procure. […] Chez les gens de moindre condition, les ménestrels mêmes ne pourront entrer s’ils ne sont appelés ; et ils devront se contenter alors de « manger et de boire, et de telle courtoisie » qu’il plaira au maître de la maison d’y ajouter. […] Composées sur un plan plus national que dramatique, écrites d’avance en quelque sorte par des événements connus dans leurs détails, et déjà même en possession du théâtre sous des formes déterminées, la plupart des pièces historiques ne pouvaient s’assujettir à cette unité individuelle que Shakespeare se plaisait à faire dominer dans ses compositions, mais qui domine si rarement dans les récits de l’histoire. […] Dans cette situation, on hésite, comme au moment de détruire ce qu’on ne remplacera point ; on a peur de se trouver sans loi, et de ne rien découvrir que l’insuffisance ou l’illégitimité des principes sur lesquels on se plaisait à s’appuyer sans inquiétude. […] Mais, tant que le spectateur se plaît à l’oublier, l’art doit éviter avec soin, ce qui pourrait lui rappeler que le spectacle qu’il contemple n’a rien de réel.

714. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Les âmes tendres et naïves se plairont à l’entendre et retiendront son nom entre ceux d’aujourd’hui qui cheminent aux mêmes sentiers.

715. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Bien que le don de poésie soit de sa nature une chose essentiellement imprévue, et que ce souffle, comme celui de Dieu, aille où il lui plaît, on ne peut s’empêcher d’être surpris chaque fois qu’on voit ce talent se déceler tout d’un coup, et sortir de terre avec fraîcheur dans de certaines circonstances qui semblaient faites plutôt pour l’étouffer ; s’il n’y a pas lieu toujours de crier au miracle, ce n’est jamais le cas non plus de faire les inattentifs et les dédaigneux.

716. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Son livre, Le Geste ingénu, se plaît à de bizarres dispositions typographiques : au bas d’une page blanche, par exemple, on trouve deux vers, en caractères minuscules.

717. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

Vicaire de mettre au service de cette chanson vivace une technique trop immobile, on peut se plaire et beaucoup à l’histoire de Fleurette, à celle du Joli Rossignol qui languit pour une rose et renaquit à la joie grâce à une jolie clochette, et surtout goûter le curieux travail d’art de Rainouart au Tinel, un exemple de fabliau renouvelé, alerte et neuf, volontairement exhaussé de quelques expansions lyriques peut-être, un peu bien brèves ; mais enfin, cela, en son but, tel quel, est réussi.

718. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Son éloquence y est soutenue, mâle, abondante & naturelle ; elle dédaigne le faux brillant des antitheses, ces tours emphatiques qui ne prouvent que la sécheresse de l’imagination & la disette de l’esprit, ces details recherchés, ces portraits fantastiques, plus faits pour plaire que pour corriger ; elle s’abandonne à la chaleur qui l’enfante, & n’emprunte de l’art que ce qu’il faut pour l’embellir, ou plutôt elle embellit l’art même.

719. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

L’antiquité n’est pas déjà si familière au public pour qu’on se plaise à en obstruer les abords.

720. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Nous n’avons pas besoin d’aller au spectacle pour y apprendre les secrets de notre famille ; la fiction ne peut nous plaire, quand la triste réalité habite sous notre toit.

721. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

Il l’aveugle, il la précipite, il la confond par elle-même : elle s’enveloppe, elle s’embarrasse dans ses propres subtilités, et ses précautions lui sont un piège… C’est lui (Dieu) qui prépare ces effets dans les causes les plus éloignées, et qui frappe ces grands coups dont le contrecoup porte si loin… Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse, quand il lui plaît, le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres, tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens, que de longues prospérités. » Que l’éloquence de l’antiquité est peu de chose auprès de cette éloquence chrétienne !

722. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre III. Massillon. »

Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.

723. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Laissez votre Andromaque prosternée comme elle l’est, car elle est très bien ; qu’elle saisisse seulement d’une main son fils ou le soldat, comme il vous plaira ; que son autre bras, sa tête, son corps, ses regards, son mouvement, toute son action soient portés vers Ulysse, comme il arrivera, sans y rien changer, lorsque vous aurez écarté ce soldat.

724. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Nous avons donc vû Quinault plaire durant un temps sans que ceux ausquels il plaisoit osassent soutenir qu’il fut un poëte excellent dans son genre.

725. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

Au temps de la jeunesse d’Homère, la fierté d’Agamemnon, l’insolence et la barbarie d’Achille plaisaient aux peuples de la Grèce.

726. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il plut à un certain nombre de demoiselles et de veuves, mais il ne se décida à en épouser aucune, et mourut célibataire. […] Ce qui me plaît, c’est qu’elle ne cède pas encore à l’imitation, et qu’elle se décide par elle-même. […] Il plaisait moins à des jeunes gens qui prisent une chaleur impérieuse et communicative. […] Elle dit un jour à Amiel qu’elle se plairait à passer sa vie avec lui. […] Il revoit les portraits des anciennes élèves, songe à celles qui auraient pu plaire.

727. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Il faut sans doute, pour s’y plaire entièrement, ou bien un esprit très ingénu, ou bien, au contraire, un peu de curiosité érudite. […] La société impose ainsi à ses membres les vérités qu’il lui plaît. […] Molière n’a rien de ce qu’il faut pour plaire ni à nos plus récents psychologues, ni aux tolstoïstes ou aux néo-mystiques. […] Il ne peut plaire et « faire de l’argent » qu’à cette condition. […] Sardou et qui, on ne peut le nier, paraît plaire encore au public, mais à laquelle je n’ai jamais pu me faire complètement.

728. (1887) Essais sur l’école romantique

Le poète va-t-il venir lui prouver qu’il cesse indûment de lui plaire ? […] Au reste, je ne compare pas, à Dieu ne plaise ! […] Dans les poésies de Joseph Delorme, il y avait une âme découragée, sans ressort, qui se plaisait à étaler un certain cynisme de douleur. […] C’est une âme libre de soucis, sans amertumes, qui se plaît aux forêts, et qui a du loisir pour boire aux sources d’Aonie. » Je me suis borné ici à rendre l’impression générale que m’ont faite les deux nouveaux volumes de M. de Lamartine. […] C’est de la poésie pour les lecteurs des romans de madame Cottin ; cela plaît aux femmes de chambre, qui aiment qu’on leur parle un langage qui ne soit pas peuple ; cela semble du sentiment aux grisettes.

729. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Peut-être ; en tout cas il me plaît de la voir ainsi. […] Sera-t-elle coquette, pour plaire à Sarcey ? […] fidèle à son défunt tant qu’il vous plaira ! […] … — Qu’il donne à qui lui plaît son âme ! […] — Il ne me plaît pas de la répéter. » Sur quoi, M. 

730. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il dut plaire plus vivement peut-être aux contemporains ; il a plus passé aujourd’hui. […] M. de Fontanes fut président du Corps législatif depuis le commencement de 1804 jusqu’au commencement de 1810 ; en tout, six fois porté par ses collègues, six fois nommé par Napoléon ; mais, comme tel, il cessa de plaire dès 1808, et son changement fut décidé. […] Mais, fort avant dans la soirée, l’Empereur le fit mander et lui dit en l’accueillant d’un air tout aimable : « Vous êtes un peu vif, mais vous n’êtes pas un méchant homme. »  — Il se plaisait beaucoup à la conversation de Fontanes, et il lui avait donné les petites entrées. […] Inspire-moi ces vers qu’on aime, Qui, tels que toi, plaisent toujours ; Répands-y le charme suprême Et des plaisirs, et des maux même, Que je t’ai dus dans mes beaux jours. […] A la mort de Voltaire, comme aux funérailles d’un monarque absolu, il y eut redoublement de sédition littéraire ; le nom du mort était invoqué contre un disciple trop faible pour son héritage ; on se plaisait à remarquer que le grand homme ne l’avait pas mis sur son testament.

731. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Plus que jamais, en ce sens, l’immortelle Gironde est la limite à laquelle notre pensée se plaît et s’obstine à s’arrêter. […] Les derniers événements l’ont alimenté ; les lumières de la raison se sont unies à l’instinct du sentiment pour l’entretenir et l’augmenter… Je finirai de mourir quand il plaira à la nature, mon dernier souffle sera encore le souffle de la joie et de l’espérance pour les générations qui vont nous succéder. » Les jugements de Mme Roland sur La Fayette en particulier ont lieu de nous frapper par le contraste qu’ils offrent avec l’unanime respect dont nous avons entouré cette patriotique vieillesse. […] S’il y avait encore de nos jours quelque similitude éloignée de situation où (ce qu’à Dieu ne plaise !)

732. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Le petit chevalier, qu’on n’avait désiré que pour suppléer à la perte possible de l’aîné, poussa comme il plut à Dieu, sur le pavé de Saint-Malo, au bord des grèves, plus rudoyé que surveillé, polissonnant tout le jour, rentrant au logis les vêtements en loques et l’oreille parfois déchirée. […] Il se plut à prédire, à remarquer l’essor de la démocratie qui allait venger la légitimité. […] Pour amuser sa douleur, il se plut à s’en exagérer les causes : son orgueil ne voulait pas avoir de communes misères.

733. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Nous l’aimons, parce que toutes choses nous y paraissent plus conformes à la raison, à la possession de laquelle il nous plaît de convier et d’associer tout le monde. […] Elle flatte également deux dispositions contraires, soit l’extrême impatience, qui ne peut pas s’accorder de la lenteur de l’ordre logique, soit l’extrême paresse, qui ne veut pas aller droit aux choses, et qui se plaît aux détours, comme la menant au but du pas qu’elle y veut arriver. […] On y a tant de temps à soi, qu’on s’y plaît aux énigmes.

734. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On me le peint encore, dans cette même demi-teinte à la fois fidèle et adoucie, arrivant tard à la littérature sérieuse, ne s’y naturalisant qu’avec effort ; s’en distrayant souvent ; s’essayant de bonne heure à des sujets de poésie plus ou moins imités de l’anglais, de l’allemand, à de petites pièces remarquables de ton et de coloris, mais où l’expression trahissait la pensée, et qu’il a corrigées et retravaillées depuis, sans les rendre plus parfaites et plus faciles ; « nature exquise pour l’intelligence, avec des moyens de manifestation insuffisants ; point d’amour-propre en tête-à-tête, humble aux observations dans le cabinet, douloureux et hargneux devant le public ; généreux de mœurs et désintéressé, mais faisant mille tours à ses amis et à lui-même. » D’un cœur ardent, passionné, d’un tempérament vif et amoureux, il avait un grand souci de sa personne et de tout ce qui mène à plaire. Il n’était pas beau, et il plaisait pourtant. […] On avait peine à quitter sa conversation caressante, trop caressante, voluptueuse, bien que le perfide se plût toujours à vous lancer à la fin quelque parole amère qui corrompait le miel de ses cajoleries.

735. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Et, Sieyès lui-même, ce puissant cerveau, doué au plus haut degré de l’intensité de la conception, accorderait-il ainsi à l’idée pure le premier rôle, s’il était également en possession de cette langue dorée et de ces chaînes électriques dont l’éloquence se plaît à jeter le réseau autour d’elle32. […] Les hommes veulent, souffrent qu’on leur plaise ; ils ne souffrent pas qu’on les instruise. […] Ces calomnies sont réfutées par les pièces mêmes de la comptabilité officielle : elles le sont mieux encore par les Mémoires de Napoléon, qui reconnaît à la fois le faible de l’homme et son fonds d’intégrité ; il y est dit : « Il aimait l’argent, mais il était d’une probité sévère, ce qui plaisait fort à Napoléon ; c’était la qualité première qu’il estimait dans un homme public. » Il fut, en 1832, assez malade de la grippe pour que sa tête s’en ressentît.

736. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Blasé de grâce et de décence, écœuré de ce bonbon qu’on lui fait manger depuis des années, Octave Feuillet a voulu montrer que l’internellement gracieux et décent pouvait très bien être fort, si cela lui plaisait, — et même pas trop décent. […] C’est à peu près tout le talent d’Octave Feuillet, esprit mince, flexible, bien élevé, qui plaît au public honnête comme les petits jeunes gens bien sages plaisent aux vieilles femmes.

737. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Zola, qui se plaît à parler de Balzac, de M.  […] Il y a sur la terre des gobe-mouches qui prennent au pied de la lettre tout ce qu’il plaît à des écrivains français d’écrire sur la société française, ou plutôt contre elle, et il y a de sa-vans politiques qui trouvent leur compte à entretenir ces gobe-mouches dans leur douce candeur. […] Le spectacle est nouveau, il émoustille, il plaît.

738. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

La plus sanglante satyre étoit donc sûre de plaire à ce peuple jaloux, lorsqu’elle tomboit sur l’objet de sa jalousie. […] Le poëte pastoral n’a donc pas de plus sûr moyen de plaire, que de peindre l’amour, ses desirs, ses emportemens, & même son desespoir. […] Mais la Motte a raison de dire, que quoique rien ne plaise que ce qui est naturel, il ne s’ensuit pas que tout ce qui est naturel doive plaire. […] Un esprit né chagrin, plaît par son chagrin même. […] Il plut du sang ; cette image lui paroît encore foible.

739. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle avait sa place dans le salon, sur un petit tabouret de bois, près du fauteuil de Mme Necker, qui l’obligeait à s’y tenir droite ; mais ce que Mme Necker ne pouvait contraindre, c’étaient les réponses de l’enfant aux personnages célèbres, tels que Grimm, Thomas, Raynal, Gibbon, Marmontel, qui se plaisaient à l’entourer, à la provoquer de questions, et qui ne la trouvaient jamais en défaut. […] disais-je, ce calme où se plaît la nature Ne peut-il pénétrer dans mon cœur agité ? […] Le patricien méprisant, l’orthodoxe paradoxal et dur se plaît à montrer aux contemporains et aux victimes leurs neveux qui danseront sur leurs tombes ; cette cervelle puissante juge les désastres à froid et avec une offensante rigidité : Mme de Staël, à travers quelques vapeurs d’illusions, pénètre souvent les choses aussi avant que M. de Maistre, mais comme un génie ému et qui en fait partie. […] Déjà, lors de la composition de Delphine, avait eu lieu cet incident du dîner dont il est question dans les dix Années d’Exil : « Le jour, dit Mme de Staël, où le signal de l’opposition fut donné dans le Tribunat par l’un de mes amis, je devais réunir chez moi plusieurs personnes dont la société me plaisait beaucoup, mais qui tenaient toutes au Gouvernement nouveau. […] Pour moi, j’aimerais mieux quelques détails précis, sur lesquels ensuite l’imagination de ceux qui n’ont pas vu se plairait à rêver ce qui a dû être.

740. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Les uns la nient, les autres l’altèrent, ou la décomposent et n’en gardent que ce qui leur plaît ; d’autres encore l’éludent et lui interdisent l’entrée de la science. […] Libre à vous de lui donner le nom qui vous plaira. […] tu te venges de tous ceux qui t’attaquent en t’imposant à eux sous la forme qui leur plaît le plus. […] Bien plus, certaines paroles qui, à un autre point de vue, peuvent paraître ou trop dures, ou trop superficielles, prennent un sens singulièrement grand et profond qui plaît à l’esprit. […] C’est pour avoir trop voulu plaire au monde que la philosophie spiritualiste s’est affaiblie.

741. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Il y a certainement dans cette grande toile menée à bonne fin, sans souci aucun d’imitation, quelque chose qui plaît et attire le flâneur désintéressé. […] Quant à la couleur, elle a quelque chose de mystérieux qui me plaît plus que je ne saurais dire. […] Les jeux les plus bizarres et les plus invraisemblables de l’ombre et de la lumière lui plaisaient avant tout. […] La beauté rougeaude qui allume les désirs de ces messieurs est d’une bonne touche, et bien faite pour plaire aux connaisseurs. […] En général, leurs portraits ont cela d’excellent qu’ils plaisent surtout par l’aspect, qui est la première impression et la plus importante.

742. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ici, avant de procéder plus avant dans ce très sérieux et très sincère et pénible et douloureux travail, il me sied et me plaît de remercier mes amis Dujardin et Kahn, Fénéon, et ce trop méconnu, trop modeste Anatole Baju, de leur intervention en un cas si beau, mais, à l’époque, périculeux, je vous l’assure, car je ne le sais que trop. […] Évidemment il se « vieillissait » pour mieux plaire à quelque belle… de, très probablement, son imagination. […] Barbey d’Aurevilly, ainsi que ses œuvres de critique et de polémique, se plaisent à lui reconnaître un style, une vraiment manière à lui, style de race, certes, et manière originale ! […] Je l’aurais mis dans les Nouveaux Châtiments. » Et vingt et trente mots du même acabit qu’il me plaira peut-être un jour d’éditer, entre bien d’autres de toutes sortes. […] Ce qui suit ne sera donc, s’il vous plaît, qu’une humble analyse uniquement destinée à diriger votre admiration vers quelques détails d’un ensemble prodigieux.

743. (1897) Aspects pp. -215

« Sans doute, me fut-il répondu, ils lui plaisent fort. […] Et c’est justement ce parti-pris qui plaît aux esprits cultivés. […] Le grand Pan lui plaît intégral. […] Dans leur théâtre, la Patrie en danger plaît assez. […] Barrès, ce dilettantisme qu’il me plaît de définir : le génie négatif des Impuissants.

744. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Autorisé par son sujet, le poète négligeait l’habit noir traditionnel, élidait la voyelle du même droit qu’un vaudevilliste, sacrifiant quand il lui plaisait la rime à l’œil… L’Imitation de Notre-Dame la Lune, tantôt parlant à Séléné, tantôt à cette bonne lune, à une lune d’autres paysages, à des lunatiques, à des lunaires, d’un art plus concentré que les Complaintes, et semé au long de belles chansons personnelles sans égotisme, et de grands vers picturaux s’amoncelant aux petits détails… Et formulons, en terminant, que M. 

745. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

La Fontaine se plaît toujours à développer le caractère du renard, et il le fait sans cesse d’une manière gaie et comique.

746. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Restout » pp. 187-190

Il est entouré de quelques-uns de ses ministres qui ont à la vérité l’air rustique : ce caractère déplaît fort à nos artistes modernes dont l’imagination captivée par des idées de dignité du dix-huitième siècle, ne remonta jamais dans l’Antiquité ; mais cela me plaît à moi.

747. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Tant que les peintres portraitistes ne me feront que des ressemblances, sans compositions, j’en parlerai peu ; mais lorsqu’ils auront une fois senti que pour intéresser, il faut une action, alors ils auront tout le talent du peintre d’histoire, et ils me plairont indépendamment du mérite de la ressemblance.

748. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

C’est lui qui sait aussi, quand il lui plaît, dissiper la tempête, et rendre le calme à la mer et la sérénité aux cieux.

749. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Eh bien, mon ami, voilà ce qu’il plaît à l’artiste d’appeller le repas de Tantale .

750. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

L’inquietude que les affaires causent, ni les mouvemens qu’elles demandent, ne sçauroient plaire aux hommes par eux-mêmes.

751. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

De suite on le ressent, de suite on se plaît dans cet air plus vif et plus franc, et bien qu’on se trouve porté à considérer cette jolie nouvelle comme une inspiration un peu directe de Manon Lescaut, on doit reconnaître que l’auteur y a apporté beaucoup du sien. […] Voici, quelques pages plus loin, la Nuit de Cléopâtre ; cette petite composition nous plaira davantage. […] Fortunio achète un hôtel quand il lui plaît et résolu de vivre à Paris pendant quelques mois, il a acquis un quartier tout entier pour y établir son harem indien. […] Si nous partagions les opinions politiques de ces républicains, nous voudrions, dans l’intérêt de la cause commune, qu’ils missent plus de retenue dans le luxe d’instruments de torture dont ils se plaisent à épouvanter de souriants aristocrates : alors, probablement, il leur resterait plus de temps pour songer au côté sérieux de l’affaire. […] C’est un sentiment qui plaît à tout le monde, et ce mot si piquant dans la bouche des femmes : Comme cet auteur ressemble peu à ce qu’il écrit, montre combien il est naturel de supposer le livre confident de l’homme.

752. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Signoret me plaisent singulièrement. […] Il me plairait que ce templier eût vendu des chasubles. […] Et l’on enrageait de voir que, plaisant aux femmes, il plaisait aussi aux hommes. […] Maurice Spronck se plaît encore à révéler sur quelque point la lésion cachée. […] Il est absurde si vous voulez, et fou tant qu’il vous plaira.

753. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Il est plus aisé de mépriser l’art d’écrire que de savoir en user ; mais, quoi qu’en ait dit un ancien dégénéré, l’histoire ne plaît pas de quelque manière qu’elle soit écrite. […] Hasardez donc un mot dur, sévère, une boutade injuste peut-être, contre un talent qui n’a pas le bonheur de vous plaire, mais qui est le champ dont la moisson fait vivre un galant homme et sa famille ! […] Le roman plaît au plus grand nombre parce qu’il ne monte jamais en chaire et qu’il devise au coin du feu. […] Il osa parler de Vénus, d’Apollon et des nymphes ; ces beaux noms le séduisaient et lui plaisaient comme des camées d’agate ou d’onyx. […] Si cela me plaît, je cueillerai ici des fleurs ; si cela me plaît, je vouerai à la liberté un chant, mais jamais je ne me laisserai enrôler par vous.”

754. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

C’est l’intelligence assaisonnée de prescience : un des plaisirs de Dieu, s’il vous plaît ! […] Plaît-il ? […] D’ailleurs, merveilleusement habillée ; un vrai « Saxe », sans doute pour mieux plaire à son amant. […] Si jamais, ce qu’à Dieu ne plaise ! […] que cela me plaît peu !

755. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Il n’est point l’homme de la douleur ; il ne plaît point aux cœurs véritablement malheureux. […] À Dieu ne plaise que nous observions misérablement quelque tache dans les écrits d’un homme aussi supérieur que M. de Bonald. […] » Louis prit le billet, et, le jetant par-dessus sa tête, répondit à haute voix : « Quand il plaira à Dieu. […] J’espère que le chevalier béarnais sera satisfait de mes sentiments : plût à Dieu qu’il le fût de mon style ! […] À Dieu ne plaise que nous tombions aujourd’hui dans ces déclamations sur la liberté et l’esclavage, qui ont fait tant de mal à la patrie !

756. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« — Et qu’en feriez-vous, s’il vous plaît (ce fut la question de ses deux amis parlant à la fois) ? […] Pour moi, qui, dans les camps nourri dès mon enfance, Laissai toujours aux cieux le soin de leur vengeance, je vous avoue que je ne suis pas trop informé de quelle manière il plaît à Dieu d’exercer sa justice, quoique, à vous dire vrai, il me semble, en réfléchissant sur ce qui se passe dans le monde, que, s’il punit dès cette vie, au moins il ne se presse pas. […] Vous pourrez, quand il vous plaira, vous donner le plaisir de vérifier ce texte. […] L’aristocratie lui plaît comme image de la monarchie innée dans la famille ; la démocratie lui soulève le cœur de mépris comme élément d’abjection ou de révolte.

757. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

L’une, génie inquiet et politique, consacra sa vie à se grandir, l’autre à plaire ; belles toutes deux, l’une fut belle pour posséder les esprits, l’autre pour entraîner les cœurs. […] Madame Récamier ne négligea aucune de ses séductions cordiales et caressantes pour plaire à ma mère ; quant à ma mère, elle était la séduction personnifiée ; elle entrait naturellement comme une lumière dans les yeux, comme une musique dans l’oreille, comme une persuasion dans le cœur. […] À ces amitiés près, madame de Montcalm recherchait plus les hommes politiques que les esprits littéraires, ou plutôt elle ne recherchait, en réalité, personne ; elle aimait ou elle n’aimait pas, voilà tout ; languissante, dégoûtée, capricieuse comme une malade, passionnée d’attraction comme de répugnance, il fallait lui plaire ou la choquer. […] Je ne savais pas même, pour plaire, feindre par complaisance une hostilité que je n’éprouvais pas contre la cour.

758. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Quintus, lui dis-je alors, vous avez très bien et en bon stoïcien défendu l’opinion des stoïciens ; et ce qui me plaît surtout, c’est que vous vous êtes appuyé sur des faits éclatants et mémorables, tirés de notre propre histoire. […] « Volontiers : c’est un lieu où je me plais, quand je veux méditer, lire ou écrire quelque chose. […] Je m’étonnais auparavant (car dans ces lieux je ne m’imaginais que rochers et montagnes, trompé par vos discours et par vos vers), je m’étonnais que ce séjour vous plût si fort. […] Mais j’ai encore une autre raison de m’y plaire, et qui ne vous touche point comme moi : c’est qu’à proprement parler, c’est ici ma vraie patrie, et celle de mon frère Quintus.

759. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Ceux qui sont inspirés, à mon avis, sont ceux qui ont bien philosophé ; si tous mes efforts n’ont pas été inutiles, et si j’y ai réussi, c’est ce que j’espère savoir dans un moment, s’il plaît à Dieu. […] XXII « L’âme, continue-t-il, qui est immatérielle, qui va dans un autre séjour, de même nature qu’elle, séjour parfait, pur, immatériel, et que nous appelons pour cette raison l’autre monde, auprès d’un Dieu parfait et bon (où bientôt, s’il plaît à Dieu, mon âme va se rendre aussi), l’âme, si elle sort pure, sans rien emporter du corps avec elle, comme celle qui pendant sa vie n’a eu aucune faiblesse pour ce corps, qui l’a vaincu et subjugué au contraire, qui s’est recueillie en elle-même, faisant de ce divorce son principal soin, et ce soin est précisément ce que j’appelle bien philosopher ou s’exercer à mourir ; « L’âme donc, en cet état, se rend vers ce qui est semblable à elle, immatériel, divin, immortel et sage, et là elle est heureuse, affranchie de l’ignorance, de l’erreur, de la folie, des craintes, des amours déréglées et de tous les maux des humains, et, comme on le dit des initiés, elle passe véritablement l’éternité avec les dieux (les êtres divins). […] Les philosophies et les morales ne sont pas si neuves que chaque génération se plaît à le croire : les vérités s’engendrent comme les générations ; elles sont aussi nécessaires à l’existence de l’âme humaine que la lumière du soleil est nécessaire à la vie des êtres. […] Et moi, je pense que je sers Apollon aussi bien qu’eux, que je suis consacré au même dieu ; que je n’ai pas moins reçu qu’eux de notre commun maître l’art de la divination, et que je ne suis pas plus fâché de sortir de cette vie ; c’est pourquoi, à cet égard, vous n’avez qu’à parler tant qu’il vous plaira, et m’interroger aussi longtemps que les onze voudront le permettre. » Il badine ensuite avec une grâce véritablement divine, comme s’il était déjà un homme divinisé, avec ses amis, en jouant avec les beaux cheveux de Phédon, qui était assis à ses pieds, sur un siège plus bas que le lit.

760. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Un peu plus grand que nature, il plaisait dans les sentiments surhumains ; il était l’art, Talma était la nature. […] J’aime à voir comme vous l’instruisez… Enfin, Éliacin, vous avez su me plaire ; Vous n’êtes point sans doute un enfant ordinaire. […] Les marques d’attention de la part du roi, dont il fut honoré pendant sa dernière maladie, durent bien le convaincre qu’il avait toujours le bonheur de plaire à ce prince. […] « Madame de Maintenon, qui avait pour lui une estime particulière, ne pouvait le voir trop souvent, et se plaisait à l’entendre parler de différentes matières, parce qu’il était propre à parler de tout.

761. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Sigurd, Sigefried, Attila, les héros du Nord, se jouent des accidens naturels ; ils se plaisent au milieu des tempêtes de l’Océan, soupirent après les combats comme après des fêtes, sourient à la mort comme à une amie, et joignent à un profond mépris de la vie un sentiment énergique du devoir, et le goût d’un amour infiniment plus pur que celui des peuples du midi. […] Frédéric se plaisait à cette lutte des vieux théologiens avec les nouveaux philosophes. […] La raison demande à la nature de l’instruire, non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge légitime qui force les témoins de répondre aux questions qu’il leur adresse. […] Or, comme il plaît à Kant, dans la langue qu’il s’est faite, d’appeler transcendental ce qui porte le double caractère d’être indépendant de l’expérience et de ne point s’appliquer aux objets extérieurs, il appellephilosophie transcendentale le système parfait de recherches qui porteraient sur la connaissance à priori.

762. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Le public ne le reconnaît plus, il lui crie en vain d’un ton dolent : « Monsieur de Balzac, faites-nous donc un de ces beaux contes que vous faisiez si bien, s’il vous plaît !  […] Un De profundis, s’il vous plaît ! […] Vous pouvez passer auprès du fragile roseau tant qu’il vous plaira, et sans danger pour vous, Nisard ! […] Causse, il faut obéir aux obits, et je ne veux pas m’exposer, pour vous plaire, à la vengeance des fondateurs d’obits qui nous font vivre depuis tant de siècles. […] » Elle se plaisait à ces tours de force, qui ont bien étonné ses condisciples et madame la supérieure des Ursulines.

763. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Tels qu’ils sont, ces récits en vers du Renart, ouvrage de divers auteurs, la plupart anonymes, plaisent, amusent, rebutent et dégoûtent quelquefois, mais instruisent toujours sur les mœurs et les opinions de nos pères. […] s’écrie-t-il en s’adressant dans son transport à dame Hersent, gentille baronnesse, plût à Dieu qu’aussi loyale fût mon ânesse, Et Chien et Loup et autres bêtes, Et toutes femmes comm’ vous êtes !

764. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Or, dites ce qu’il vous plaira. […] Daunou se plaît à remarquer, d’après M. 

765. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Morvonnais) devait écrire quelques pages sur Maurice3, elle le suppliait de ne pas omettre ce trait final essentiel, mais absent des écrits, et sur lequel la notice de la Revue des deux mondes n’avait pu que se taire : « Mais vous tous, ses amis, qui l’avez connu, faites mieux, et écartez, s’il vous plaît, de cette figure chrétienne, tout nuage philosophique et irréligieux. » Sollicitude touchante, et qui tenait aux plus profondes racines de l’âme ! […] C’est ainsi qu’elle disait adorablement, en parlant de certaines dévotions rurales et familières auxquelles elle aimait à prendre part : Ces dévotions populaires me plaisent en ce qu'elles sont attrayantes dans leurs formes et offrent en cela de faciles moyens d’instruction.

766. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On est amené, même sans viser au parallèle, à rapprocher ces deux ouvrages, ces deux noms d’écrivains, et à dire quelque chose de ce genre de mémoires tout anecdotiques qui, sous des formes différentes, réussissent à se faire lire et à plaire après tant d’années. […] Parlant tout d’abord de M. de Candale, l’un des beaux les plus à la mode en son moment, Bussy le définissait de la sorte : « Le génie en était médiocre ; mais, dans ses premiers amours, il était tombé entre les mains d’une dame qui avait infiniment de l’esprit, et comme ils s’étaient fort aimés, elle avait pris tant de soin de le dresser, et lui de plaire à cette belle, que l’art avait passé la nature, et qu’il était bien plus honnête homme que mille gens qui avaient bien plus d’esprit que lui. » — Mme de Châtillon, accueillant avec une faveur marquée la déclaration de M. de Nemours et lui laissant voir qu’elle a bonne opinion de son mérite, s’attire cette réponse : « Ah !

767. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il faut avoir confiance dans l’avenir et se plaire dans le nuage où la vie est suspendue. […] Ce fut un rude coup pour le jeune homme, de qui Bonnet se plaisait à dire : « Il a du génie, un cœur droit, la passion de la vertu et du savoir. » On brisait sa vocation au moment où il croyait l’avoir rencontrée ; on intervenait brusquement dans sa crise morale au moment où elle allait trouver sa solution intérieure.

768. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Le bonhomme Hésiode, tout positif qu’il est, se plaît à ces fables ; il les raconte comme plus voisin de la source, avec redondance et crédulité. […] Que d’autres plus longtemps fassent mieux s’il leur plaît, D’autres n’auront point fait un plus noble service ; Tout petit, mon Fernand la nommait sa nourrice ; Et maintes fois, vraiment, la Blanche mérita Ce titre qui la fit chérir et lui resta.

769. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne sais pourquoi, peut-être est-ce parce qu’elles sont rares, mais ces rencontres me plaisent toujours ; j’y gagne, j’y apprends de ces gaies et folles nouvelles qui autrement courraient risque de ne m’arriver jamais, j’entends de ces mots spirituels que toute la méditation ne donnerait pas, je m’y aiguise ; je crois même voir, sauf quelques rares exceptions, une bienveillance réelle à mon égard sur ces visages fins et travaillés. […] Et puis, quand je rentre dans mes quartiers non lettrés et tout populaires, quand je m’y replonge dans la foule comme cela me plaît surtout les soirs de fête, j’y vois ce que n’offrent pas à beaucoup près, dit-on, toutes les autres grandes villes, une population facile, sociable et encore polie ; et s’il m’arrive d’avoir à fendre un groupe un peu trop épais, j’entends parfois sortir ces mots d’une lèvre en gaieté : Respect à l’âge !

770. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Il y a même de ces lecteurs ombrageux et susceptibles dans leur ignorance, qui, lorsqu’on ne les aide pas suffisamment, s’imaginent qu’on se plaît à les dérouter. […] C’est au sortir de là qu’Hamilcar se met à visiter sa maison qu’il a depuis si longtemps quittée, et ses magasins, ses entrepôts, ses cachettes secrètes, les caveaux où gisent accumulées des richesses de toute sorte qui nous sont énumérées avec la minutie et l’exactitude d’un inventaire : exactitude est trop peu dire, car nous avons affaire ici à un commissaire-priseur qui s’amuse, et qui, dans le caveau des pierreries, se plaira, par exemple, à nous dénombrer toutes les merveilles minéralogiques imaginables, et jusqu’à des escarboucles « formées par l’urine des lynx. » C’est passer la mesure et laisser trop voir le bout de l’oreille du dilettante mystificateur.

771. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

La proie est délicate et lui plaît : « On n’a pas tous les jours un poète à se mettre sous la dent. » Carnioli, qui d’abord est aux anges du succès de sa manœuvre, s’aperçoit trop tard qu’il a trop bien réussi ; et quand, au retour d’un voyage, il veut ensuite détacher, arracher la victime du lien funeste où elle est enlacée, il ne la retire qu’en lambeaux. […] Je sais qu’il y a en tout ceci bien du jeu, que l’art est une chose fort différente de la nature, que ce qui s’appelle roman en particulier est fait pour plaire et amuser à tout prix, et le plus souvent moyennant illusion : je ne voudrais pourtant pas qu’on y mentît par trop, qu’on y donnât des idées par trop fausses et chimériques. et j’ai présent à l’esprit en ce moment la boutade d’un moraliste un peu misanthrope, qui écrivait pour lui seul après la lecture de quelqu’un de ces romans à la Sibylle ou à la Scudéry : « Quand je me reporte en idée aux débuts de l’espèce humaine sur cette terre, à cette longue vie sauvage dans les forêts, à ces siècles de misère et de dureté de l’âge de pierre qui précéda l’âge de bronze et l’âge même de fer ; quand je vois, avant l’arrivée même des Celtes, les habitants des Gaules, nos ancêtres les plus anciens, rabougris, affamés et anthropophages à leurs jours de fête le long des fleuves, dans le creux des rochers ou dans les rares clairières ; — puis, quand je me transporte à l’autre extrémité de la civilisation raffinée, dans le salon de l’hôtel de Rambouillet ou des précieuses spiritualistes de nos jours, chez Mme de Longneville ou chez Mme de…, où l’on parle comme si l’on était descendu de la race des anges, je me dis : L’humanité n’est qu’une parvenue qui rougit de ses origines et qui les renie.

772. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Je me considérerai donc comme parfaitement délié envers la nouvelle administration ; je ne déserterai personne, mais j’irai où il me plaira : c’est bien le moins. […] Sainte-Beuve pouvaient y parler librement et sub rosa, — selon le mot favori qu’il se plaisait à répéter dans ses lettres d’invitation.

773. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

À Dieu ne plaise que nous ayons cette pensée-là ! […] point de mais, monsieur, s’il vous plaît ; faites-nous cette amitié-là.

774. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

C’est un étrange rétrécissement d’esprit que d’aimer une science pour haïr toutes les autres ; il faut laisser ce fanatisme à ceux qui croient qu’on ne peut plaire à Dieu que dans leur secte. […] Cette bouffonnerie, qui ira en augmentant avec l’âge, ne plaît pas toujours, et elle dégénère vite en laideur.

775. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Mon congé et mon repos cette semaine sera, s’il vous plaît, de parler à propos et autour d’un livre que vient de donner un de nos camarades et amis, et qui l’est aussi du public, M.  […] La singularité me convient, la subtilité ne me déplaît pas ; l’excès est un écueil, un bel écueil… C’est le droit de l’écrivain, qui ne cherche qu’à plaire un instant, de chercher avant tout la forme, le son, le bruit, la couleur, l’ornement, la prodigalité, l’excès.

776. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Comme son père, il avait un art singulier pour plaire quand il le voulait. […] Les vastes conceptions me plaisent, et je m’associe volontiers et d’instinct, par la pensée, aux belles créations, aux grandes entreprises.

777. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

L’abbé Barthélemy ne pousse pas le scrupule si loin ; il est le Tillemont de la Grèce, en ce sens qu’il compose volontiers son texte de la quantité de ses petites notes mises bout à bout ; mais, cherchant de plus l’agrément et animé du désir de plaire, il a donné à tout cela le plus de liaison qu’il a pu ; il a dissimulé les sutures ; il a insinué avec sobriété les explications ingénieuses ; il y a mêlé, comme par un courant secret, une vague allusion continuelle, un tour de réflexion qui porte sur nos mœurs, sur notre état de société. […] Cependant les ressorts de la vie étaient usés chez lui ; on a remarqué que le désir de plaire, « qui fut peut-être sa passion dominante », l’abandonnait insensiblement ; un deuil habituel enveloppait son âme ; la Révolution lui semblait, comme il l’appelait, une révélation qui déconcertait les idées modérément indulgentes qu’il s’était formées jusque-là de la nature humaine.

778. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Que les choses que vous inventez pour rendre votre sujet plus capable de plaire, soient compatibles avec ce qui est de vrai dans ce sujet. […] Je suis encore persuadé que le magnifique tableau qui répresente l’accouchement de Marie De Medicis plairoit davantage, si Rubens au lieu du genie et des autres figures allegoriques, qui entrent dans l’action du tableau, y avoit fait paroître celles des femmes de ce tems-là qui pouvoient assister aux couches de la reine.

779. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

… où prenez-vous la fantaisie, s’il vous plaît ? […] La Tempête et Comme il vous plaira l’échappent belle !

780. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît et, à mesure qu’il y comprend moins, l’admire davantage ; il n’a pas le temps de respirer ; il a à peine celui de se récrier et d’applaudir. […]Plût à Dieu !

781. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Comme Alexandre Dumas, cet autre conteur facile, elle a toujours eu l’affreuse fortune de plaire à tous les publics ! […] Elle ne choque personne par ce grand côté de l’esprit que les forts seuls savent aimer et que les moyennes intellectuelles qui lisent, détestent. — À la place, elle a ce qui plaît, avant tout, aux moyennes, l’abondance et la facilité.

782. (1887) La banqueroute du naturalisme

Et il peut plaire à quelques-uns de l’oublier aujourd’hui, mais il nous plaît, à nous, de le leur rappeler.

783. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Appelez l’éloquence à votre aide, faites des panégyriques, prononçez des oraisons funèbres, enseignez la morale au public, établissez des théories sur le beau, rassemblez des documents inédits ; soyez orateur, professeur, prédicateur, tout ce qu’il vous plaira : vous ne parviendrez qu’à écrire longuement une histoire froide. […] Cousin à La Rochefoucauld, ce n’est pas pour plaire à Mme de Longueville que vous vous êtes engagé dans la Fronde ; vous vous y êtes jeté de vous-même par la passion du mouvement et de l’intrigue. » — Voulez-vous des rentrées d’éloquence philosophique et de l’indignation vertueuse ?

784. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Il aime bien mieux, dans sa naïve jactance pour la gloire de son maître, ne nous faire grâce en rien de ces confessions et communions dérisoires, dont le seigneur de Ferney donnait le spectacle aux grands jours dans son église paroissiale, et de celles, plus dérisoires encore, pendant lesquelles, couché sur un lit de mort supposé, il jouait la solennité de l’agonie tête à tête avec un capucin effrayé, et, par une inexplicable débauche d’imagination, se plaisait à célébrer le scandale avec mystère.

785. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

En s’étendant un peu longuement sur ce séjour en Russie, M. de Ségur a cédé sans doute à plus d’un attrait ; là où lui-même a rencontré tant de plaisirs et de faveurs qu’il se plaît à redire, d’autres qui lui sont chers ont recueilli dans les dangers d’assez glorieux sujets à célébrer.

786. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Mais si sa matière n’est peut-être pas intacte, du moins n’est-elle pas encore si rebattue ; et ces fiertés me plaisent quand elles sont soutenues, comme ici, par un vrai talent.

787. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

— Ce qui plaît aux femmes, trilogie (1860). — Le Lion amoureux, cinq actes (1866). — Galilée, trois actes (1867).

788. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

Et plût à Dieu que je ne m’en fusse pas mêlé !

789. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

L’expression du christianisme de sainte Thérèse, par exemple, n’est pas la sienne, et voilà pourquoi il plaît tant aux gens du monde et aux philosophes.

790. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Il connaissait les misérables vilenies qui se commettent chaque jour, sous prétexte de publications posthumes, et les perfides représailles des ennemis, et les maladresses des amis trop zélés, et l’éternelle niaiserie des badauds amusés par le scandale. » Loge de concierge me plaît, voilà le mot exact.

791. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Quand on remercie, il faut louer ; et quand on loue, on veut plaire : rien de plus naturel ; et ce qui ne l’est pas moins, c’est de vouloir ajouter chaque année à ce qui a été dit l’année précédente ; ce qui n’était donc qu’un remerciement devint peu à peu un discours, et le discours devint un panégyrique, et le panégyrique fut ce qu’il devait être, c’est-à-dire, qu’on y louait toujours un peu plus les mauvais princes que les bons.

792. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Mesdames eurent la curiosité de l’entendre ; il sut leur plaire, et elles voulurent prendre des leçons de lui. […] On trouve un moyen toujours sûr de lui plaire en suivant sa volonté ; elle est aussi la règle de nos devoirs et la source de nos plaisirs. […] Le comte en parla à sa fille, et elle lui répondit que bien lui plaisait. […] Le bien où je me plais change-t-il de nature ? […] Je les entr’ouvris en rougissant, avec une curiosité craintive, et je les refermai avec horreur… Je ne pouvais m’y plaire.

793. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Elle lui plut beaucoup, et il ne parvint point à l’émouvoir. […] Il désirait plaire et y parvenait, dit-on. […] Il se plaisait à le rabaisser aux yeux de tous, en feignant de veiller sur lui. […] Elle écrivait à Chateaubriand, sexagénaire : « Je me ferai belle pour vous plaire, ô René !  […] Elle pouvait donc plaire à notre paralytique.

794. (1902) La poésie nouvelle

Mais cette théorie a, d’abord, le défaut suivant : elle est destinée à rendre compte des raisons pour lesquelles tels rythmes plaisent, tels autres déplaisent. […] La route est longue, la saison mauvaise, mais il se plaît aux ciels changeants, aux parfums de la terre, aux émotions, aux jouissances de la vie bohémienne. […] Peut-être alors trouverais-je un endroit qui me plaise à peu près… » Il sait bien que non : il est à jamais une âme en peine. […] Kahn ne se contente pas d’y analyser et juger les livres récents, mais, à leur sujet, il plaît à développer ses théories personnelles. […] Elles plaisent par leur justesse et leur simplicité.‌

795. (1925) La fin de l’art

C’est que la tête de la femme n’est pas faite pour plaire par son caractère, mais seulement par une certaine rectitude de lignes, qui ne doit pas être trop individualisée. […] Et comme on donne la préférence à la femme qui pousse le plus loin l’art de plaire, on choisirait le livre le mieux rempli de bonnes intentions. […] C’est là le vrai raisonnement, et il me plaît. […] Molière, ayant à plaire au public, devait feindre de partager ses préjugés. […] Je vous donne les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que peuple de France. » Cependant il les trouve un peu complimenteurs et ils ne lui plaisent point.

796. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

La mélodie le pénètre comme une aiguille d’acier, l’asphyxie sous les parfums qu’il aime à respirer, et l’aveugle dans la lumière où il se plaît à jouer. […] Parlons pour nous, s’il vous plaît. […] Plût au ciel que son rêve fût une réalité et qu’il rendit en effet justice aussi bien qu’il se flatte de la rendre ! […] De cette façon, le dessinateur, restant libre de choisir tels épisodes qu’il lui plairait, pourrait satisfaire à la fois à ces deux conditions contraires. […] À Dieu ne plaise que je veuille pédantesquement reprocher à Goethe le vagabondage des premières années !

797. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

“Je suis le Seigneur, dit-il par la bouche de Jérémie ; c’est moi qui ai fait la terre avec les hommes et les animaux, et je la mets entre les mains de qui il me plaît. […] Un simple gouverneur de ville se fera moquer de lui, s’il change ses règlements et ses ordres autant de fois qu’il plaît à quelqu’un de murmurer ; et Dieu… sera tenu de déroger à ses lois, parce qu’elles ne plairont pas aujourd’hui à l’un et demain à l’autre ? […] … L’Être parfait se peut-il plaire à élever une créature au plus haut degré de sa gloire, pour la précipiter ensuite au plus bas degré de l’ignominie ? […] Inventez tant de distinctions qui vous plaira, vous ne montrerez jamais que cette maxime ne soit pas démentie par ce grand mystère. » Ce dogme est-il trop métaphysique, peut-être ? […] À Dieu ne plaise que je me mêle ici d’analyser ou de commenter la bulle Unigenitus !

798. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Des Grieux s’avilit ; il triche au jeu, mais ce n’est pas pour s’enrichir, c’est pour plaire à Manon. […] Ce qu’il plaît à M.  […] Il sait où il va, et il marche vers le but prévu du pas qui lui plaît, hâtant ou ralentissant son allure selon les besoins du récit. […] Claude me plaît d’ailleurs par sa candeur et son dévouement. […] À Dieu ne plaise que je confonde les devoirs du poète et les devoirs de l’historien.

799. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Tous se plurent à répéter à leur dernière heure, comme pour s’étourdir : J’ai été bon père, bon époux.

800. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Quant aux jeunes gens qui supportent cette tyrannie et qui, l’ayant supportée, la réclament encore (« Et s’il me plaît, à moi, d’être battu ? 

801. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

et cette étrangeté troublante, dans laquelle, comme le dit si bien Edgard Poe, la beauté rajeunie et transfigurée ne saurait nous plaire ; et cette modernité que réclame impérieusement le siècle de Balzac, eh bien !

802. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

On était de meilleure humeur autrefois ; on n’exigeait point que les femmes, pour plaire, fussent « décomposées ».

803. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Edward Sansot-Orland La Souffrance des eaux, d’Emmanuel Signoret, est une œuvre qu’il nous plaît de saluer avec une admiration toute spéciale et comparable à celle qui pouvait emplir l’âme d’un Athénien quand un marbre nouveau de

804. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Ce petit écolier consciencieux, laborieux, désireux de plaire à ses maîtres, c’est bien moi tout entier ; j’étais doué dès lors ; j’avais tout ce que j’ai maintenant ; je n’ai rien acquis depuis, si ce n’est l’art douteux de le faire valoir.

805. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Mais il est peut-être d’autres lecteurs qui n’ont pas trouvé inutile d’étudier la pensée d’esthétique et de philosophie cachée dans ce livre, qui ont bien voulu, en lisant Notre-Dame de Paris, se plaire à démêler sous le roman autre chose que le roman, et à suivre, qu’on nous passe ces expressions un peu ambitieuses, le système de l’historien et le but de l’artiste à travers la création telle quelle du poëte.

806. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Elle se plaît à se confesser au tribunal suprême, parce que lui seul la peut absoudre, et peut-être aussi (reste involontaire de faiblesse !)

807. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Pourquoi les acteurs qui se passionnent veritablement en déclamant, ne laissent-ils pas de nous émouvoir et de nous plaire, bien qu’ils aïent des défauts essentiels : c’est que les hommes qui sont eux-mêmes touchez, nous touchent sans peine.

808. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Le peuple qui se donnoit la liberté qu’il prend encore en France et en Italie de faire repeter les endroits qui lui plaisent : le peuple, dis-je, à force de crier bis, le mot est latin, fit réciter si long-temps le pauvre Andronicus qu’il s’enroüât.

809. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui estre agréables et s’adonne aux complexions contraires à soi-mesme, comme celui qui porte le bouquet en main… » Tout ce passage du plaidoyer d’Apollon est comme un traité de la bonne compagnie et du bel usage. […] Ses trois élégies, coulantes et gracieuses, sentent l’école de Marot ; elle y raconte comment Amour l’assaillit en son âge le plus verd et la dégoûta aussitôt des œuvres ingénieuses où elle se plaisait ; elle s’adresse à l’ami absent qu’elle craint de savoir oublieux ou infidèle, et lui dit avec une tendresse naïve : Goûte le bien que tant d’hommes désirent, Demeure au but où tant d’autres aspirent, Et crois qu’ailleurs n’en auras une telle, Je ne dis pas qu’elle ne soit plus belle, Mais que jamais femme ne t’aimera Ne plus que moi d’honneur te portera. Maints grands seigneurs à mon amour prétendent, Et à me plaire et servir prests se rendent ; Joûtes et jeux, maintes belles devises, En ma faveur sont par eux entreprises ; Et néanmoins tant peu je m’en soucie, Que seulement ne les en remercie.

810. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Elle est toute bonne, toute sensible, rêveuse, enthousiaste, « bête », comme elle disait ; elle ne se plaît nulle part autant que dans son Nohant, au milieu de son Berry, dont elle a si complaisamment décrit les aspects. […] La même coquetterie se fait paraître par d’autres procédés ; ainsi quand dans la Chronique de Charles IX il laisse au lecteur le soin de choisir le dénouement qui lui plaira : grossier défaut, mais défaut voulu. […] Il se plaît à déconcerter nos intelligences, à troubler nos nerfs, par des récits étranges, qui nous laissent dans le doute, si nous avons affaire à un mystificateur ou réellement à un miracle.

811. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Voilà pourquoi les poëtes ne sont pas des penseurs ; ils emploient les dons de l’imagination à exprimer, sinon à exagérer ce qui plaît à leur temps ; et s’ils sont savants, c’est que la science elle-même est une mode. […] La vérité ne lui plaît que là où elle ne se présente pas sous la forme d’une affirmation. […] A combien peu d’esprits le doute ne plaît-il pas, soit à cause de la faiblesse de notre attache à la vérité, soit, quelquefois, à titre de morale commode !

812. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Ce qui me plaît surtout en lui, c’est l’absence complète de pédantisme. […] Donc, si mademoiselle Élisa de Roncourt veut bien accepter ses humbles millions, il fera sa cour et tâchera de plaire. […] Encore une fois, il intéresse, ce Jean Giraud, il plaît, il amuse, on lui sait gré de la bonne envie qu’il a de se décrasser, et de faire les fonds nécessaires pour devenir un homme comme il faut.

813. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Ce flexible Protée était né pour séduire : Fort de tous les talents, et de plaire et de nuire, Il sut multiplier son fertile poison ; Armé du ridicule, éludant la raison, Prodiguant le mensonge, et le sel, et l’injure, De cent masques divers il revêt l’imposture, Impose à l’ignorant, insulte à l’homme instruit ; Il sut jusqu’au vulgaire abaisser son esprit, Faire du vice un jeu, du scandale une école. […] » Louis XIV songeait à tout ; il protégeait les Académies, et distinguait ceux qui se signalaient ; il ne prodiguait point sa faveur à un genre de mérite, à l’exclusion des autres, comme tant de princes qui favorisent, non ce qui est beau, mais ce qui leur plaît ; la physique et l’étude de l’antiquité attirèrent son attention. […] C’est la Religion ; oui, cette enchanteresse Se plaît à nous unir d’un nœud mystérieux À tous les monuments consacrés par les cieux.

814. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

J’en reviens, Monsieur, au talent poétique que je me plais à vous reconnaître dans tout autre genre que celui du théâtre ; mais comme je crois que si vous avez échoué sur la scène, c’est que vous êtes parti d’un faux principe, je crois de même que du moment où vous voudrez l’abandonner et revenir à la raison de nos pères, vous retirerez un grand avantage de votre conversion. […] Il suffisait pour cela qu’une phrase blessât la coquetterie de l’actrice en faveur, qu’on y parlât mal de l’âge ou de la beauté du personnage qu’elle représentait, que l’acteur son rival fût plus applaudi qu’elle, qu’elle eût un congé pour aller faire ses récoltes départementales, ou enfin qu’il lui plût de ne pas jouer la pièce par un simple caprice, pour une partie de plaisir de quelques jours. […] si mon utopie venait à se réaliser, s’il plaisait au gouvernement de rétablir le Théâtre-Français sur des bases durables, si nous pouvions être débarrassés tout à fait des cabaleurs, des billets donnés et de tous ces publics portant la livrée de tel ou tel auteur, enfin, Monsieur, si je retrouvais le théâtre ce qu’il était autrefois, j’oserais peut-être encore rentrer dans la lice, et me mesurer avec nos jeunes auteurs.

815. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

On trouva sur son cœur son memento : « Seigneur, mon Dieu, dès maintenant, quel qu’en soit le genre et selon qu’il vous plaira, d’un cœur tranquille et soumis, j’accepte de votre main la mort avec ses angoisses, ses peines et ses douleurs ». […] Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie. […] En termes que sa modération fait d’autant plus émouvants, l’un des survivants, Eugène Marsan, me disait hier : « Jamais groupe plus uni ne s’est peut-être rencontré… Nous nous plaisions tant… » Et voici que sur ces trente compagnons d’apprentissage, quatorze sont morts pour la France et deux disparus.

816. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Du moment que l’écrivain ou le poète, au lieu de s’isoler en eux-mêmes, se mêlaient au monde, et, pour lui plaire, commençaient par accepter la discipline que le monde leur imposait, Richelieu conçut la pensée de faire servir cette docilité nouvelle aux desseins de sa politique. […] On ne se propose que de plaire aux honnêtes gens. […] Parce qu’il sait bien « qu’en France on ne considère que ce qui plaît », que « c’est la grande règle et même la seule » pour ainsi dire, il s’est donc bien gardé d’y manquer ! […] Que Boileau rime donc, s’il lui plaît, sa Satire des femmes : ……………………… Bon ! […] On n’écrit vraiment plus déjà que pour les autres, pour les amuser, pour leur plaire, pour être applaudi ; — et un peu pour leur être utile.

817. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Mais montrez-moi une seule action qui ne soit pas un sacrifice, le sacrifice de ce qui nous plaît moins à ce qui nous plaît davantage ? […] Cette doctrine lui ; plut comme une belle hypothèse, avec les touchantes rêveries qu’elle lui suggérait. […] Un beau jour, ce groupe cessa de plaire, et les autorités du collège le vendirent au poids du bronze, sans que Pater levât le doigt pour empêcher cette profanation. […] Balfour ne pouvait donc lui plaire. […] Ainsi Ostrovsky, avec ses maladresses, a de quoi plaire à ses compatriotes ; mais je suis sûr, en outre, qu’à nous aussi il a de quoi plaire, et que ses pièces, pour peu qu’on s’y habitue, peuvent devenir chez nous de précieuses sources d’émotions et de plaisir.

818. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Son ouvrage plut beaucoup, et n’instruisit guères ; tâchons de plaire autant, et d’enseigner mieux. […] Puisse une telle invocation, exaucée, m’affermir dans la marche que m’ont fait prendre le désir et l’espérance de plaire à mes auditeurs ! […] J’ai dit expressément : La Harpe plut beaucoup et n’instruisit guère ; tâchons de plaire autant, et d’enseigner mieux. […] En ce cas, mes leçons subséquentes, encore pleines de réfutations nécessaires, passeront pour de nouveaux griefs, si je ne veux abandonner l’intérêt des bons préceptes, et plaire aux dépens de leur exactitude. […] Peut-être mon silence sera-t-il plus prudent que cette indiscrète passion d’une âme dévote qui, par un reste d’infirmité humaine, semble se plaire un peu aux images du mal qu’elle condamne en supputant toutes les circonstances qui l’aggravent ?

819. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il écrivait sur ce qui lui plaisait. Or tout lui plaisait. […] A Dieu ne plaise ! […] Il plut beaucoup à la reine ; il plut encore davantage à la lectrice de la reine, Mlle de Courtin, qui était juste du même âge que lui et qui était très intelligente et très aimable. […] … C’est alors qu’elle change de nom, s’il vous plaît, et qu’elle devient quelque chose de plus que le talent.

820. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Ce que je m’en vais lire…Il ne me plaît pas, moi ! […]                                Quel tourment de cesser de plaire, Quand on a fait l’essai du plaisir d’être aimé ! […] Quels lauriers me plairont, de son sang arrosés ?.. […] Dans Armide, le don de plaire est un prestige ; dans Renaud, l’amour est un enchantement : les plaisirs qui les environnent, les lieux même qu’ils habitent, ce qu’on y voit, ce qu’on y entend, la volupté qu’on y respire, tout n’est qu’illusion, et c’est le plus charmant des songes. […] C’est parmi nos bergers que l’amour est vraiment un enfant : simple comme la nature qui le produit, il plaît sans fard et sans déguisement, il blesse sans cruauté, il attache sans violence.

821. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Depuis l’art de plaire, qui est le sujet d’un des plus intéressants de ces poëmes, le Chatoiement des Dames, par Robert de Blois19, jusqu’à l’art d’élever les oiseaux de chasse, on rimait des. préceptes sur toutes choses. […] Les savants, les philosophes, les théologiens, les alchimistes, les physiciens, les légistes même, trouvèrent pendant deux siècles de quoi se plaire dans le Roman de la Rose. […] Espoir est le médecin de ce vaste royaume ; encore se plaît-il souvent à leurrer ses victimes de belles paroles. […] Quoique résigné à mourir, comme le jeu ne lui plaisait pas, dit-il gaiement, il eut l’idée d’en appeler, contre l’usage, au parlement de la sentence du Châtelet.

822. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Un bon buveur, c’est l’usage Boit à l’objet qui lui plaît ! […] Les écrivains détraqués se plaisent aussi à décrire des scènes de crime et de sang, tout comme Ribeira, le Caravage et les autres peintres homicides se plaisent dans les représentations horribles. […] Tous les cerveaux de décadence, depuis Pétrone jusqu’à Baudelaire, se plaisent dans des imaginations obscènes, et leurs voluptés sont toujours plus ou moins contre nature ; leur style même est contre nature : ils cherchent partout le neuf dans le corrompu.

823. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

L’abbé de Pons veut qu’ils cherchent uniquement à plaire. […] La Barre, voulant qu’un poëte épique donne tout à l’agréable, qu’il ne présente à ses lecteurs que des tableaux gracieux, des situations neuves & intéressantes, sans qu’il ait le moindre projet de moraliser, désapprouvoit beaucoup l’auteur des Voyages de Cyrus qui, traitant la même matière, avoit dit, dans une dissertation qui se trouve à la tête d’une édition de Télémaque, que ce n’étoit pas tout de sçavoir plaire dans un poëme, qu’il falloit encore s’attacher à instruire. […] Il est vrai qu’Horace dit encore** : L’objet de tout poëte est d’instruire ou de plaire. […] On y condamne le dessein de son poëme, lequel n’est pas assez déterminé ; la multiplicité de ses dieux & de ses héros, si vains, si rodomonts, si cruels, si impies, si babillards ; la bassesse de quelques-unes de ses descriptions qui roulent sur des mœurs si étranges ; la longueur & la monotonie de ses narrations ; l’ennui prodigieux de ses répétitions ; le stile même qui n’est pas toujours assorti au sujet : on y trouve que la nature pourroit être peinte dans toute sa simplicité, & plaire davantage.

824. (1894) Textes critiques

Âmes solitaires Toute connaissance étant comme forme d’une matière, l’unité d’une multiplicité, je ne vois pourtant en sa matière qu’une quantité évanouissante, conséquemment nulle s’il me plaît, et cela seul et véritablement réel qu’on oppose au vulgairement dénommé réel (à quoi je laisse ce sens antiphrastique), la Forme ou Idée en son existence indépendante.‌ […] L’autre toile plaît par sa lumière d’encens vitré.‌ […] Et nous déroulerons ces notes sur FILIGER parce qu’après tous les peintres « parisiens » il est agréable d’en voir un qui s’isole au Pouldu ; parce qu’il montre présentement une sainte Cécile avec un violon et trois anges, et que cela est très beau ; parce qu’il nous plaît ainsi ; parce qu’enfin c’est un déformateur, si c’est bien là le conventionnel nom du peintre qui fait ce qui est et non — forme soufflée dont il le dégangue — ce qui est conventionnel.    ‌ […] On eût aussi pu se plaire à voir célébrer, en métaphores serrés et étranges, la saveur des mysticités nuptiales.‌

825. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

. — La critique historique ne cherche pas à plaire et ne craint pas de déplaire. […] Sous Louis XVIII et Charles X, il adorait Napoléon dans son cœur, et l’insultait dans les vers publiés, pour plaire à ses patrons légitimistes. […] En exil, pour plaire à son entourage, il pérora sur la liberté de la presse, de la parole et bien d’autres libertés encore ; cependant il ne détestait rien plus que cette liberté, qui permet « aux démagogues forcenés, de semer dans l´âme du peuple des rêves insensés, des théories perfides… et des idées de révolte ». […] La bourgeoisie, souveraine maîtresse du pouvoir social, voulut avoir une littérature qui reproduisit ses idées et ses sentiments et parlât la langue qu’elle aimait : la littérature classique élaborée pour plaire à l’aristocratie, ne pouvait lui convenir.

826. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

» C’est le même sentiment qui, au début du règne misérable et antipatriotique de Charles VI, lui fera dire : « Comme j’étais près d’entrer dans ce long et pénible règne, deux choses ont pensé m’en détourner : l’horreur que j’ai de repasser sur tant de massacres, de ruines et de désolations, et la peine incroyable qu’il y a à démêler tant d’affaires si embrouillées, etc. » Ces parties ingénues et naturelles plaisent chez Mézeray, en attendant qu’on en vienne avec lui aux parties étudiées et fortes. […] C’est ainsi qu’il fera même pour Charles IX ; c’est ainsi qu’il insiste sur les débuts de Charles VI, surnommé d’abord par ses peuples le Bien-Aimé : « Jamais couronnement ne plut tant aux peuples que celui-là, et jamais règne suivant ne fut plus malheureux. » — Il vécut cinquante-quatre ans et en régna quarante-deux, dit Mézeray en résumant cette époque lamentable avec laquelle se termine son premier volume.

827. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne était de cette race ; au moment de la prise de Belgrade, il écrivait à M. de Ségur, combinant avec art toutes ses sensations : « Je voyais avec un grand plaisir militaire et une grande peine philosophique s’élever dans l’air douze mille bombes que j’ai fait lancer sur ces pauvres infidèles… » Et après l’entrée dans la place : « On sentait à la fois le mort, le brûlé et l’essence de rose ; car il est extraordinaire d’unir à ce point les goûts voluptueux à la barbarie. » Il se plaît lui-même à se jouer à ces antithèses. […] Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.

828. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Elle reçut Froissart gracieusement, l’attacha à son service et lui donna part à sa familiarité : elle lui commandait souvent des vers (virelais et rondeaux) ; il avait titre clerc (secrétaire) de la chambre de la reine, et de plus il était de l’hôtel du roi, comme on disait, et de celui de plusieurs grands seigneurs et chevaliers, c’est-à-dire qu’il en recevait des cadeaux et qu’il mangeait chez eux quand il lui plaisait. […] Ainsi ai-je rassemblé la haute et noble histoire et matière ; et tant que je vivrai, par la grâce de Dieu, je la continuerai ; car d’autant plus j’y suis et plus y laboure, et plus elle me plaît ; tout de même que le gentil chevalier et écuyer qui aime les armes, en persévérant et continuant, s’y nourrit et s’y accomplit, ainsi en travaillant et opérant sur cette matière, je m’habilite et délite (je me rends habile et je me réjouis).

829. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

La Motte est sceptique ; c’est un esprit froid, fin, sagace, qui pratique la maxime de Fontenelle et se défendrait de l’enthousiasme s’il pouvait en être susceptible ; il n’a rien à faire de son loisir et de son esprit qu’à l’appliquer indifféremment à toutes sortes de sujets auxquels il s’amuse : « Hors quelques vérités, pense-t-il, dont l’évidence frappe également tous les hommes, tout le reste a diverses faces qu’un homme d’esprit sait exposer comme il lui plaît ; et il peut toujours montrer les choses d’un côté favorable au jugement qu’il veut qu’on en porte. » Il se flatte que la dispute présente est du nombre de celles qui se prêtent à plus d’une solution ; il affecte de la considérer comme plus frivole qu’elle n’est, qu’elle ne peut le paraître à ceux en qui la raison se rejoint au sentiment et qui mettent de leur âme dans ces choses de goût. […] Pour elle, qui se mêle à ces illustres ombres, elle est accueillie aussi par les femmes célèbres dont la renommée peut faire envie aux plus grands hommes ; mais, jusqu’en cette demeure dernière et parmi ces naturelles compagnes, « ce n’est ni Sapho ni la docte Corinne qui lui plaisent le plus, c’est plutôt Andromaque et Pénélope ».

830. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Pourtant, comme il se mêle à tout cela bien de l’irréflexion et de la mode, selon notre usage français de tous les temps, il arrivera que pendant la très courte année où le duc de Bourgogne, devenu Dauphin après la mort de son père, se mettra un peu en frais de bonne grâce et en attitude de plaire, l’opinion se retournera subitement en son honneur, célébrera en lui une transformation soudaine, et, quand on le perdra quelques mois après, il sera pleuré comme un prince irréparable, les délices trop tôt ravies du genre humain. […] Il perd le duc de Chevreuse ; il se plaît à garder autour de lui, à Cambrai, les petits-enfants de ce seigneur, les fils du duc de Chaulnes, à s’entourer de toute cette petite jeunesse.

831. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Henri IV (et cela me plaît en lui) n’est pas un de ces génies et de ces grands hommes qui jaillissent tout formés des mains de la nature et de la fortune. […] La comtesse de Grammont, outrée de dépit, eut un tort envers Henri IV : elle voulut se venger ; elle crut y réussir en ranimant les espérances de mariage du comte de Soissons avec Madame sœur du roi, sachant bien en cela lui déplaire et contrarier au vif ses intentions : « Elle se plaisait à le fâcher, dit Sully, pour ce que, l’ayant aimée, non seulement il ne l’aimait plus et en aimait d’autres, mais même encore avait honte, à cause de la laideur où elle était venue, que l’on dît qu’il l’eût aimée. » Une lettre sévère de Henri la rappela à son devoir et la remit à son rang de sujette : Madame, lui écrivit-il (mars 1591), j’avais donné charge à Lareine (sans doute quelque messager) de parler à vous touchant ce qui, à mon grand regret, était passé entre ma sœur et moi.

832. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

On se plut à savoir tous les petits défauts de Henri IV, ses malices, ses avarices, ses faiblesses même au physique. […] Dans l’un de ces premiers voyages à l’armée auprès du roi, pendant le siège de Rouen, en 1591, Henri, oubliant la gravité, se plaît à harceler le respectable président, cet homme de robe longue, et à se jouer de ses peurs en le voulant emmener aux tranchées : Je le refusai, dit Groulard, comme n’étant de la profession des armes ; (alléguant) qu’aussi bien je ne pourrais dire si elles étaient bien ou mal faites, et que s’il arrivait que je fusse blessé, je ne servirais que de risée et moquerie à ceux de dedans.

833. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Il se plaît à ce jeu, il se met à rédiger chaque pensée avec soin, et tout aussitôt avec talent : une sorte de grandeur de vue se mêle insensiblement sous sa plume à ce qui ne semblait d’abord que l’amusement de quelques après-dînées. […] On a dit très justement qu’on les pourrait aussi bien intituler : Essai sur l’art de plaire en société 77.

834. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Tout était au pillage ; les concussions s’exerçaient effrontément ; les membres du Conseil royal avaient, sous d’autres noms, les entreprises de la viande, du charbon, de l’huile, des blés, et, en qualité de magistrats, arbitres de la police, ils fixaient eux-mêmes les prix aussi haut qu’il leur plaisait. […] Ce serait la préparation naturelle à une lecture de Gil Blas, un avant-goût, dans le grand siècle, de ce qui nous plaît et nous étonne dans les saynètes et les nouvelles espagnoles de Mérimée7.

835. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

De ce qu’il a jeté comme un rayon d’espérance et de consolation à travers une époque morne et sombre, ce n’est pas une raison pour faire de lui un esprit entraîné et dupe de ses propres illusions, comme le voudraient bien d’autres historiens de rencontre, qui, pareils à l’orateur Drancès dans Virgile, se plaisent à exagérer les torts de Turnus et à retourner le fer dans les blessures de la patrie. […] C’est peut-être un motif de plus, pour le lecteur distingué, de s’y plaire, en y remettant partout cet air et cet accent sous-entendus.

836. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Et dans mille ans faire croire Ce qu’il me plaira de vous. […] Et d’ailleurs, de ce qu’elle écrivait ce qui s’était passé sous Louis XIII ou durant la première jeunesse de Louis XIV, s’ensuit-il qu’elle aurait pu parler en bien ou en mal de la jeune marquise étourdie, et faire croire d’elle, dans mille ans, ce qu’il lui plairait ?

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