Mais, après avoir senti de la sorte, après avoir épuisé jusqu’au bout son erreur, je ne puis plus concevoir qu’Indiana guérisse si facilement, qu’elle recouvre un front serein, un sourire purement heureux, une félicité presque virginale sous les palmiers de sa chaumière : idylle en tout surchargée, tableau final qui renchérit trop sur celui par lequel Paul et Virginiecommence ! […] La vanité, le caprice, les sens, le besoin de succès et de plaisir à tout prix, deviennent en ces sortes d’âmes des passions moins nobles, mais non moins acharnées, qui gravent aussi leurs rides au front et en arrachent les cheveux.
XIX Ce que j’ai voulu en critique, ç’a été d’y introduire une sorte de charme et en même temps plus de réalité qu’on n’en mettait auparavant, en un mot, de la poésie à la fois et quelque physiologie. […] Le mot judicium des Latins a une acception plus étendue et un peu plus abstraite que notre mot goût. — Les gens d’esprit qui, à table, mangent au hasard et engloutissent pêle-mêle, avec une sorte de dédain, ce qui est nécessaire à la nourriture du corps (et j’ai vu la plupart des doctrinaires faire ainsi), peuvent être de grands raisonneurs et de hautes intelligences, mais ils ne sont pas des gens de goût.
Il s’est établi une sorte de préjugé, qu’on ne peut diriger cette sorte de littérature vague : c’est une bohème qu’on laisse errer.
Le patriotisme qui règne en Angleterre, inspire une sorte d’intérêt de famille pour les questions d’une utilité générale ; on peut en entretenir les Anglais aussi longuement que de leurs affaires particulières ; et les auteurs, confiants dans cette disposition, abusent souvent de la liberté qu’elle accorde. […] Il semble que les Anglais n’osent se livrer entièrement, que dans l’inspiration poétique : lorsqu’ils écrivent en prose, une sorte de pudeur captive leurs sentiments : comme ils sont tout à la fois timides et passionnés, ils ne peuvent se livrer à demi.
Avec une sorte de hautaine indifférence à tout ce qui n’est pas le chant, sans avoir destiné de monument, il cueille comme d’harmonieuses fleurs ses pensées et ses sentiments les plus beaux, les plus dignes de la gloire des vers. […] Des éléments très contraires s’y mêlent harmonieusement ou dominent en certaines périodes d’une manière presque exclusive ; il a, pour parler par métaphore, un gout double et contradictoire pour les ordonnances symétriques des jardins à la française ^ et pour la beauté romanesque des parcs anglais ; et en réalité, malgré l’élection qu’il fit surtout d’époques antiques ou médiévales, ses vraies parentés, à les résumer en deux noms, seraient, par exemple, Racine et Tennyson ; il hésite presque toujours entre la régularité stricte jusqu’à une sorte d’austérité et la fantaisie plus libre de la pensée et du rythme.
La satire du pédant aristotélicien est ici poussée jusqu’à une sorte de fureur. […] La vieille Donnola, dans Il Tesoro (le Trésor), de Luigi Groto (1590), apporte au contraire dans son emploi une sorte de simplicité rustique.
De ce moment, le théâtre italien prend aux yeux de l’histoire un intérêt d’une autre sorte ; mais il perd celui qu’il offrait pour le sujet qui nous occupe principalement ; ou plutôt la thèse se retourne pour ainsi dire : les Italiens nous imitèrent à leur tour. […] Une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusques dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe, le huitième décembre 1694. » Arlequin enterré derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge ; Scaramouche inhumé dans l’église Saint-Eustache en grande pompe ; on ne peut s’empêcher, en lisant ces mots, de songer au convoi de Molière, qui n’avait pas eu le temps de renoncer au théâtre, et qui fut conduit silencieusement, à neuf heures du soir, tout droit au petit cimetière de Saint-Joseph : contraste pénible et sujet d’immortel regret.
Elle doit porter sur les idées, les sentiments, les tendances des personnages mis en scène ; elle est en ce sens interne ; mais, comme ces personnages sont ou bien créés de toutes pièces par l’auteur ou en tout cas interprétés et en une certaine mesure formés ou déformés par lui, comme ils servent de la sorte à exprimer la nature même et les conceptions particulières de l’auteur, l’analyse est en ce sens-là externe. […] Quand on a déterminé de la sorte les grandes lignes, et, pour ainsi dire, la charpente osseuse d’une œuvre, on travaille à démêler les autres éléments de cet organisme.
Ce n’est pas qu’il n’eût en même temps une sorte de vanité, surtout par rapport à ses ouvrages** qu’il croyoit bonnement sans prix, sur la foi de quelques admirateurs. […] Ceux-ci, ne respirant que la haine & la vengeance, employoient l’insulte & les sarcasmes, s’accabloient réciproquement de mauvais procédés, de toutes sortes de pièces satyriques en prose & en vers, en Latin & en François ; pendant que leurs chefs s’épuisoient en raisonnemens, publioient réponses sur réponses & répliques sur répliques.
Cependant tant d’inscriptions infâmes dont la statue de la Vénus aux belles fesses est sans cesse barbouillée dans les bosquets de Versailles ; tant d’actions dissolues avouées dans ces inscriptions, tant d’insultes faites par la débauche même à ses propres idoles ; insultes qui marquent des imaginations perdues, un mélange inexplicable de corruption et de barbarie, instruisent assez de l’impression pernicieuse de ces sortes d’ouvrages. […] C’est qu’il faut un goût plus original, un sentiment plus vif du vrai pour tirer parti de ces sortes de sujets.
Redevenus eu quelque sorte barbares à mesure qu’ils enfonçaient plus avant dans le moyen âge, c’est vers la barbarie qu’ils nous tirent insensiblement. […] Quoi qu’il en soit, dès lors, telle était la nature des mutilations, suppressions, altérations, corrections enfin de toute sorte, qu’il fallait reprendre à nouveau le travail de M. […] Quand ils ne peuvent pas illuminer l’existence du comédien d’une sorte de poésie du désordre et de l’aventure, ils y veulent du moins introduire le roman. […] Mais enfin, ces sortes de menus détails appartiennent plutôt à l’histoire littéraire qu’à l’histoire même de Molière. […] En découronnant toutes ces nobles et charmantes figures de leur auréole de poésie, j’ai comme la conscience de commettre une sorte de crime.
La coquille fossile dit quelle sorte d’animal l’habita ; l’œuvre dit quelle sorte d’homme la fit. […] Point d’air de bravoure, ni de virtuosité d’aucune sorte. […] Ailleurs il qualifie Lesage « une sorte de Molière adouci ». […] Sorte de raison immanente, de raison séminale, elle préside à son évolution. […] C’est que ce style, qui ne vise qu’à l’équivalence, atteint parfois, — peut-être par là même, — à une sorte de beauté.
Il s’attacha, par préférence, à la Balade, sorte de Poëme inventé sous Charles V. […] Les Troubadours donnerent ensuite une autre sorte de spectacle ambulant, mais plus honnête. […] Il se fit alors une sorte de révolution dans l’Architecture ; mais, sans toucher au genre, on outra la réforme. […] Mais j’ai tâché d’égayer la matiere & d’y jetter une sorte de mouvement & d’intérêt. […] Guichard multiplie ces sortes de preuves.
Abram,[Nicolas] Jésuite, né en Lorraine en 1589, mort à Pont-à-Mousson en 1655 ; Auteur du Commentaire latin sur les Oraisons de Cicéron, où le texte est noyé dans la multitude & la longueur des notes ; défaut assez ordinaire à ces sortes d’Ouvrages, où la forme emporte le fond.
On voit, par ces Ecrits, qu’il n’étoit pas sans talent ; qu’il écrivoit avec une sorte de facilité peu ordinaire dans la Province.
Le bas-relief en paraît absolument détaché ; cela est d’un effet surprenant, et le peuple est fait pour en être ébahi ; il ignore combien cette sorte d’illusion est facile.
Plus de cinquante volumes de Romans attestent sa facilité & son talent pour ces sortes de bagatelles, qui cessent quelquefois d’en être, quand elles tendent à l’instruction & à la morale.
On peut lui pardonner ses négligences dans une sorte d'ouvrages où il est dangereux de plaire.
Il a accompli de son propre ciseau cette sorte de transfiguration et d’apothéose de soi-même dans la pièce fort belle qui termine et couronne son œuvre dernière, le livre des Destinées, et qui a pour titre l’Esprit pur. […] Ni l’oubli ni le bruit ; une sorte de discrétion respectueuse jusque dans la célébrité, je ne sais quoi de rare, de fidèle et de solennel, c’était son voeu et aussi son ferme espoir. […] Et malgré moi j’éprouvais une sorte de rancune pour celui qui dédaigne tant de biens. […] Elle lui laissa, somme toute, moins de regrets que de réflexions de toute sorte qu’il se mit à agiter en tout sens. […] Son esprit comme sa parole avait acquis je ne sais quoi de lent, de tenace et de compassé, et aussi une sorte d’aigreur ironique qui me faisait dire que « son albâtre était chagriné. » Cette ironie, d’une nature très fine, mérite peut-être d’être analysée dans quelques-uns de ses principes et de ses éléments.
La preuve que nous y avons une sorte de compétence, c’est que nous serions fort choqués d’un sermon qui se tairait sur les mystères et passerait en courant sur le dogme. […] Où le raisonnement est possible sans abaisser la matière, Bossuet raisonne ; mais il raisonne de telle sorte, qu’on sent le fidèle qui confesse sa foi dans le logicien qui argumente. […] C’est ce que fit Massillon, et je le dis plus à son excuse qu’à sa gloire : ces sortes de transactions compromettent le principe qui a cédé. […] L’exagération du moraliste dans Massillon n’est pas seulement une sorte de compensation de ce qu’il retranchait au dogme ; je crains d’y voir une habitude de rhéteur. […] L’autorité de La Rochefoucauld n’est pas d’autre sorte que celle de Pascal, de Nicole, de La Bruyère.
La loi du progrès est, croyons-nous, de cette sorte. […] Bouillier énumère avec une rare pénétration les dangers de toute sorte qui menacent les sociétés modernes, et, s’il jette un cri d’alarme, ce n’est pas qu’il soit pessimiste et désespère de l’avenir, c’est qu’à son avis on est trop tenté d’oublier où sont le remède et le salut. […] Rappelons seulement qu’il a distingué et défini, au moins en partie, ces diverses sortes de ressemblances des animaux que Geoffroy Saint-Hilaire devait désigner par les noms d’analogies et d’homologies. […] Toujours il est vrai que tout ce qui est nuisible ou inutile au vivant a dû ou doit être éliminé, de telle sorte qu’il soit scientifiquement légitime, dans l’une ou l’autre alternative, de chercher le pourquoi, c’est-à-dire la cause finale de tout organe et de toute fonction6. […] Il va sans dire que là même espèce peut de la sorte se retrouver dans plusieurs catégories.
Le sang de sa mère en elle se tempérait de sentiments plus doux et plus tendres qui lui composaient une sorte d’honneur. […] Et il poursuit en détail ce conseil gaillard avec toutes sortes d’enjolivements. […] Ce fut l’art et le charme de Gabrielle d’avoir su mettre dans cette existence plus qu’équivoque et si affichée une sorte de dignité et quelque air de décence.
Ces sortes de tableaux théoriques du géologue et de l’historien praticien des montagnes sont comme du Buffon mis en scène et en situation : ce que l’on imaginait et concevait à Montbard sur les époques de la nature, les autres le vérifient ou trouvent à le modifier sur place. […] Causeur excellent et plein de traits dans un salon, écrivain élégant et, on l’a vu, éloquent, il n’était pourtant pas essentiellement orateur, ni surtout improvisateur : « C’est une des nombreuses infirmités de ma nature, disait-il, de ne pouvoir dominer qu’à force de temps ces vérités que de meilleurs esprits dominent à force de supériorité. » Cette sorte de lenteur qui tient au besoin d’approfondir, jointe à de la vivacité d’humeur et d’impression, lui fit faire quelques fautes de tribune. […] ce ne fut qu’une sorte d’apparition gigantesque et formidable : le soleil ne brillait pas, une brume dérobait le sommet principal, et l’autre cime moindre, qu’on nomme le Cylindre, cette figure de tour tronquée, plus sombre que le nuage, plus menaçante que le Mont-Perdu lui-même, en usurpait l’apparence et devenait l’objet le plus extraordinaire du tableau.
J’y disais en propres termes, et en m’adressant au poète auquel je venais d’élever dans mon volume une sorte d’autel expiatoire Non que j’espère encore, au trône radieux D’où jadis tu régnais, replacer ta mémoire. […] C’est dans un sonnet adressé à Louis prince de Condé qu’il parle de la sorte, et il n’a tenu qu’à ce prince, fauteur et soutien de la Réforme, d’y voir une leçon. […] Le poète y introduit le dieu Protée, par la bouche duquel il fait dire à la noble reine toutes sortes de belles et flatteuses choses, et même des prophéties très sensées, par exemple : N’offensez point par arme ni par noise, Si m’en croyez, la province françoise ; Car, bien qu’il fût destiné par les cieux Qu’un temps seriez d’elle victorieux, Le même ciel pour elle a voulu faire Autre destin, au vôtre tout contraire.
Voiture a-t-il été réellement berné, c’est-à-dire lancé sur une couverture, ce qui serait à la rigueur possible, ces sortes de mystifications et de plaisanteries étant assez fréquentes alors dans cette haute société ? […] Quels que fussent les motifs de Voiture en composant cette pièce, et quoiqu’il ait pu avoir intérêt à faire par là sa paix particulière (s’il en avait eu besoin) avec le cardinal, il n’est pas douteux qu’il exprime ce qu’il pense et l’on n’écrit pas de la sorte, avec cette simplicité et cette fermeté, sans être convaincu. […] Sa personne n’était pas extrêmement bien faite : cependant il faisait profession ouverte de galanterie, mais d’une galanterie universelle, puisqu’il est vrai que l’on peut dire qu’il a aimé des personnes de toute sorte de conditions.
On avait vu, à propos du Béranger des Familles, descendre des hauteurs où il se tient d’ordinaire, et se lancer dans l’arène, un esprit fin, délicat, élevé, un peu dédaigneux, une intelligence aristocratique, et qui a gardé des abords du sanctuaire et du commerce des Prophètes l’habitude du respect et une sorte de démarche religieuse jusque dans la suprême philosophie. […] « Encore dix mois, mon ami, écrit-il à Quenescourt en janvier 1812, et je m’embarquerai au milieu des écueils du goût, de la satire, de l’envie et du succès. » Cependant il chassait, comme on dit, deux lièvres à la fois ; il voit que ses chansons ont réussi devant desaristarques en renom, et dorénavant il s’y applique ; il sent lui-même qu’il s’y applique trop : « Je fais toujours des chansons, mais moins pour mon plaisir que par une sorte de calcul. […] Peut-être qu’à la fin un peu de pudeur le fera comprendre aux plus sourds. » Il lui donne toutes sortes de bons conseils pour la pratique de la vie, d’abord de ne plus faire de lettres de change, ce qui donne prise sur lui ; et puis de calmer son imagination, car le pauvre poëte fourvoyé était plein de chimères.
» s’écrie-t-elle ; et elle trouve toutes sortes de raisons ingénieuses. […] Entraînée par une sorte de lyrisme intérieur, Mme Swetchine a des suites d’images mystiques dignes d’un saint Bernard, pour célébrer et glorifier cette extrémité pénible de l’existence, cet âge ordinairement déploré. […] » La vieillesse est « une sorte de noviciat de la spiritualité. » — Il y a, dans ce que j’abrège ici et que je donne presque à l’état de litanies, bien des choses très heureusement trouvées et heureusement dites.
J’entrai par l’appartement de la camarera-mayor, qui me vint recevoir avec toutes sortes d’honnêtetés ; elle me conduisit par de petits passages dans une galerie où je croyais ne trouver que la reine ; mais je fus bien étonnée quand je me vis avec toute la famille royale. […] Je fis ce que je pus pour qu’elle ne le témoignât que de bonne sorte. […] » Quand on changea la camarera-mayor et que la reine à bout de patience eut pris sur elle de demander son éloignement au roi, celui-ci lui répondit d’abord : « Qu’on n’avait jamais fait dans le palais un pareil changement ; que cependant, si elle le souhaitait absolument, il trouvait bon qu’elle eût une autre camarera-mayor, mais qu’elle devait bien penser au choix qu’elle voulait faire, parce qu’après ce changement, il n’y aurait plus moyen d’en faire un second. » Cette sorte de stupidité d’un prince sur qui les raisons ne pouvaient rien se tournait en toute occasion contre la France.
Doué d’une harmonie pleine et d’un vaste pinceau, en possession d’une sorte de sérénité et d’impassibilité native ou acquise, désoccupé ou guéri de passions pour lui-même, il voyage à travers le monde de l’histoire et les diverses contrées, il revêt indifféremment et presque également bien les formes les plus diverses ; il exprime avec vigueur et relief les manifestations les plus variées de l’histoire, de la nature et de la vie. […] Il a aimé, il aime encore toutes les belles et grandes choses, mais il les a tant aimées qu’elles lui ont, en fuyant, laissé une déception amère, une empreinte cuisante, une sorte de frémissement aigu et nerveux qui retentit dans ses vers. […] Le Poëte et la Vie fait, dans ce recueil, tout un petit poëme dans lequel le poëte est considéré comme une sorte d’Hamlet, un rêveur inactif qui n’est point pour cela à mépriser ni à rejeter.
Michel Chevalier le rédigea presque seul pendant plus d’un an (1830-1832), on serait frappé de tout ce qu’il contient de vues grandioses qui se sont réalisées depuis ces trente dernières années ; et, dans cette sorte de prédication ou de prophétie positiviste à laquelle il vaquait chaque matin, non pas sans inspirateur, mais sans collaborateur, et d’une verve incessante, la partie dès aujourd’hui conquise paraîtrait plus considérable, j’en suis certain, que celle qui n’a pas abouti. […] Je ne sais si je fais injure à mes semblables, mais il me semble que les premiers progrès des hommes en société se sont opérés et accomplis de la sorte : je me figure des peuplades, des réunions d’hommes arrêtés à un degré de civilisation dont ils s’accommodaient par paresse, par ignorance, et dont ils ne voulaient pas sortir, et il fallait que l’esprit supérieur et clairvoyant, le civilisateur, les secouât, les tirât à lui, les élevât d’un degré malgré eux, absolument comme dans le Déluge de Poussin, celui qui est sur une terrasse supérieure tire à lui le submergé de la terrasse inférieure : seulement dans le tableau de Poussin, le submergé se prête à être sauvé et tend la main, et, souvent, au contraire, il a fallu, en ces âges d’origine et d’enfance, que le génie, le grand homme, le héros élevât les autres d’un degré de société malgré eux et à leur corps défendant, en les tirant presque par les cheveux : tel et non pas moindre je me figure qu’a dû être son effort. […] La conclusion impartiale et équitable d’une comparaison entre les inconvénients et les avantages du trop d’autorité et du trop de liberté, la conclusion vraiment pratique serait de combiner l’un et l’autre, de les balancer autant que possible, d’établir un tempérament qui ne fût pas la neutralité, une sorte d’alternative sans révolution.
La scène est dans un bourg voisin d’Athènes : un voisin Chrémès s’approche de son voisin Ménédème qui ne l’est que depuis peu, mais qui lui fait peine, à le voir travailler et s’excéder de la sorte. […] Quand on a pu traduire de la sorte trente vers de Térence, on était digne de le traduire tout entier. […] C’est bon pour un Ruy Blas d’entrer en matière en éclatant de la sorte : Donc, vous n’avez pas honte… !
» Il y a de ces trois sortes de jugements dans les feuilletons de Théophile Gautier, comme chez nous tous. […] La gorge est taillée dans d’immenses roches de marbre rouge dont les assises gigantesques se superposent avec une sorte de régularité architecturale ; ces blocs énormes aux larges fissures transversales, veines de marbre de la montagne, sorte d’écorché terrestre où l’on peut étudier à nu l’anatomie du globe, ont des proportions qui réduisent à l’état microscopique les plus vastes granits égyptiens.
Il monte aujourd’hui dans la chaire évangélique comme autrefois il montait à la tribune, et devant les centres chrétiens, vacillants et troublés, que peuvent inquiéter en effet des menaces ou des promesses de tant de sortes, il pose de nouveau les principes, écarte d’un geste les difficultés inutiles, les tranche, indique les points de ralliement sûrs, les phares uniques et les seuls lumineux ; il résume, il récapitule, il coupe court aux idées vagues, aux illusions dites positives, aux aspirations vers tout avenir qui n’est pas le sien, et, selon une expression heureuse18, il dit à la critique et à la science, comme autrefois à la démocratie et à la Révolution : « Tu iras jusque-là, tu n’iras pas plus loin. » Ses contradicteurs, cette fois, ne s’appellent plus Thiers, Berryer, Odilon Barrot, Duvergier de Hauranne, Garnier-Pagès, Billault, Émile de Girardin : ce sont les Darwin, les Littré, les Renan, les Scherer, etc. […] Ceux qui se flattent de vivre dans l’histoire sont la plupart le jouet d’une sorte d’illusion subtile : à quelques siècles de distance, et quelquefois dès le lendemain, les noms mêmes, les grands noms réputés le plus immortels, ne signifient plus l’être d’autrefois, tel qu’il a réellement été, mais bien ce que le font à leur gré les fantaisies ou les intérêts bruyants des générations successives. […] Quand on est meublé comme mon savant et mon critique, on n’invite pas les autres à venir chez soi ; on n’y laisse monter que les rares amis et les adeptes ; on n’aura rien, de bien longtemps, à offrir aux foules, aux auditoires, aux diverses sortes de publics.
Cette sorte de désaveu était significatif, venant d’un allié ; c’était le contraire de ce que demandait Marie-Thérèse. […] Malheureusement les propos tenus par plusieurs ministres du roi dans les Cours ont fait croire le contraire. » Dans de telles conjonctures, Marie-Antoinette, on le conçoit, ne réussit à rien tirer de bien net des ministres qui sont et doivent être plus Français qu’elle, et qui ne se décident point sur des impressions et d’après des convenances de famille : « Pour le roi personnellement, il est bien attaché à l’alliance, et autant que je puisse le désirer ; mais, pour un moment aussi intéressant, je n’ai pas cru devoir me borner à en parler au roi : j’ai vu MM. de Maurepas et de Vergennes ; ils m’ont fort bien répondu sur l’alliance et m’y paraissent véritablement attachés ; mais ils ont tant de peur d’une guerre de terre, que quand je les ai poussés jusqu’au point où le roi de Prusse aurait commencé les hostilités, je n’en ai pu avoir de réponse bien nette. (25 mars 1778.) » Novice qu’elle est dans ces sortes d’affaires, elle ne démêle pas très distinctement les motifs qui font agir nos ministres et les intérêts véritables qu’elle aurait dû comprendre comme eux, ce qui lui aurait permis d’agir de concert vers le seul résultat possible. […] Dans cet article, en parlant avec une sorte de sévérité de Joseph II pour sa conduite dans l’affaire de la succession de Bavière, je dois dire que je suis loin pourtant d’abonder dans le sens de ceux qui ne jugent en tout de ce souverain que d’après les événements et le succès.
Blâmez-moi, mais ne m’accusez pas… » Si ce n’étaient là que des modesties de préface, on ne les relèverait pas ; mais il est à craindre que le poëte ne pense en vérité ce qu’il dit de la sorte. […] Plusieurs pièces pourtant sont d’une grande beauté ; car ce n’est pas le talent du poëte qui diminue en rien, veuillez le croire : il se poursuit, dans toute la largeur du souffle, dans l’entière puissance de la veine ; mais c’est l’emploi et l’écart de ce talent qui appellent une sorte de répression. […] Je concevrais Lucrèce parlant de la sorte ; l’épicurien Hesnault, qui a fait quelque épître sur ce sujet-là, peut marier son scepticisme poétique à tous ses autres scepticismes ; mais M. de Lamartine n’est pas si dépourvu encore de belles illusions qu’on ne puisse lui souhaiter celle-là de plus, d’autant qu’elle tournerait tout aussitôt à notre plaisir.
Ces malheureux, abandonnés des médecins et même de leur entourage le plus immédiat, traités en somme comme les lépreux du moyen-âge, allaient se faire toucher par un marabout, sorte d’exorcisme qui chassait le venin maudit. […] Puis, sans se préoccuper de savoir à qui il s’adresse, il se pose en inventeur et se met à débiter avec emphase le boniment amphigourique d’une encre merveilleuse qui se décolore peu à peu et permet, au bout de huit jours, de considérer comme non avenues les promesses que l’on a solennellement signées ; il donne ensuite à sa femme une sorte de leçon allégorique, dans le genre de celle qu’Hamlet donne, devant la cour de Danemark, à la reine coupable du meurtre de son mari, et enfin, sans attendre de réponse, il salue et rentre rapidement dans sa chambre. […] Chose bien remarquable et qui à elle seule ferait reconnaître la fiction, le romancier est venu échouer sur le même écueil que les simulateurs ; eux aussi, afin de faire mieux croire qu’ils sont fous, multiplient les extravagances de toutes sortes dans leurs propos et dans leurs actes, sans se douter qu’ils se rendent coupables de dissonnances révélatrices et qu’il leur suffit d’afficher, au même moment, des formes de folie qui, chez les vrais malades, s’excluent mutuellement, pour montrer que chez eux la folie n’existe pas.
Les idées religieuses ne sont point contraires à la philosophie, puisqu’elles sont d’accord avec la raison ; le maintien des principes qui font la base de l’ordre social ne peut être contraire à la philosophie, puisque ces principes sont d’accord avec la raison ; mais les défenseurs des préjugés, c’est-à-dire, des droits injustes, des doctrines superstitieuses, des privilèges oppressifs, essaient de faire naître une opposition apparente entre la raison et la philosophie, afin de pouvoir soutenir qu’il existe des raisonnements qui interdisent le raisonnement, des vérités auxquelles il faut croire sans les approfondir, des principes qu’il faut admettre en se gardant de les analyser, enfin une sorte d’exercice de la pensée qui doit servir uniquement à convaincre de l’inutilité de la pensée. […] Les contradictions se concilient par une sorte de logique purement grammaticale, qui, lorsqu’on ne l’analyse pas avec soin, semble revêtue de toute la sévérité du raisonnement. […] Sans doute il est évident que la morale est presque toujours conforme aux intérêts des hommes ; mais lui donner pour point d’appui cette sorte de motif, c’est ôter à l’âme l’énergie nécessaire pour les sacrifices de la vertu.
Il semblait un homme fini : il se relève par quatre merveilleux Mémoires, qui « sont des chefs-d’œuvre d’adresse et d’audace, de dialectique, d’ironie, de toutes les sortes d’esprit. […] Dans le succès de ses Mémoires, enivré d’être l’homme qui occupe tout Paris, il étire sa pièce en cinq actes, il y verse toute sorte d’épigrammes et de bouffonneries ; il en met tant, que la pièce tombe, le 27 février 1775 : rapidement il retranche toute cette végétation parasite, et la pièce, ramenée à ses quatre actes, se relève. […] Toute sorte de tons et de couleurs, la comédie, la farce, le drame, la satire se succèdent et se heurtent ; nous sommes cahotés de Scarron à Marivaux, de Diderot à Voltaire579, et sur cette incohérente profusion de tous les effets et moyens scéniques, surnage toujours la personnalité de l’auteur.
C’est une sorte de synthèse de l’homme, acceptée par la foi et l’humanité n’est qu’une formule de la théologie chrétienne. […] Elle n’analyse pas, elle ne pénètre pas dans les plis du cœur ; d’un mot, elle règle toute une suite de mouvements qui naissent les uns des autres ; une même prescription s’étend à toutes les sortes d’infractions possibles. […] Je ne vois dans toute cette période que deux sortes d’écrivains : les uns attaquent par la satire ou la raillerie les puissants et tous ceux qui paraissent avoir leurs commodités dans ce présent si laborieux ; les autres les regardent avec admiration, et les chantent sur le luth.
Ce fut, pour les autres, les angoisses du siège, l’insurrection de la Commune, la vie enfermée dans les caves, au milieu des explosions, des reflets d’incendie, les privations de toutes sortes, la famine. […] Lebègue, sorte de mystagogue, nourri à l’école de Plotin, qui nous entraînait, éperdus à sa suite, au milieu d’un vol d’anges, dans son ascension au septième ciel et nous la finissions avec Gabriel Séailles, positiviste, qui nous reculbutait sur terre et nous montrait le bonheur dans l’édification de la Salente socialiste. […] Ils connaissaient pourtant les visées ambitieuses et cette violence d’appétits de Rastignac qui lui fait dire, contemplant Paris du haut d’une éminence, le poing tendu dans une sorte d’héroïque défi : « Et maintenant, à nous deux !
Il en résulte une sorte de disproportion qui déconcerte bien un peu, mais avec laquelle on se raccommode quand on est fait à l’air et aux façons de ce guide supérieur. […] Il avait composé une tragédie imitée de Sophocle, une Électre, sur laquelle il fondait toutes sortes d’espérances comme la Perrette du pot au lait. […] On sent tout d’abord une imagination qui s’est montée elle-même par toutes sortes de souvenirs oratoires ou pindariques.
De même, il est tenté d’attribuer à une certaine force infuse dans la nature, à une sorte d’ivresse divine qui la possède par moments, les irrégularités, les productions bizarres, les merveilles capricieuses qu’il ne saurait rapporter à des lois. […] Il nous montre l’homme, le seul de tous les animaux, jeté nu sur la terre nue, signalant son entrée dans le monde par des pleurs, ignorant le rire avant le quarantième jour ; et il s’attache, en toute rencontre, à nous faire voir, par une sorte de privilège fatal, ce maître de la terre malheureux, débile, toujours en échec, et, jusque dans l’éclair du plaisir, toujours prêt à se repentir de la vie. […] Après avoir ramassé toutes sortes de singularités et bizarreries physiologiques sur les sexes, sur les organes des sens, il en vient aux grands hommes, à ceux qui ont excellé ou primé par une distinction quelconque.
Le fils de Robert Walpole, Horace, prenant en main la défense de son père contre les ennemis qui l’avaient tant insulté, s’écriait un jour : Chesterfield, Pulteney et Bolingbroke, voilà les saints qui ont vilipendé mon père… voilà les patriotes qui ont combattu cet excellent homme, reconnu par tous les partis comme incapable de vengeance autant que ministre l’a jamais été, mais à qui son expérience de l’espèce humaine arracha un jour cette mémorable parole : « Que très peu d’hommes doivent devenir premiers ministres, car il ne convient pas qu’un trop grand nombre sachent combien les hommes sont méchants. » On pourrait appliquer cette parole à Mazarin lui-même, sauf le mot excellent homme qui suppose une sorte de cordialité, et qu’il ne méritait pas ; mais il est vrai de dire que c’étaient de singuliers juges d’honneur que les Montrésor, les Saint-Ibar, les Retz et tant d’autres, pour venir faire la leçon à Mazarin. […] La scène décrite par Retz dure ainsi avec toutes sortes de variations, jusqu’à ce que le chancelier Séguier entre dans le cabinet : Il était si faible de son naturel, qu’il n’avait jamais dit jusqu’à cette occasion aucune parole de vérité ; mais, en celle-ci, la complaisance céda à la peur. […] Un jour, Brienne, entrant à petits pas dans la chambre du cardinal, au Louvre, le trouva sommeillant au coin de son feu, dans son fauteuil : sa tête allait en avant et en arrière par une sorte de balancement machinal, et il murmurait, tout en dormant, des paroles inintelligibles.
Il résulte pourtant de cette habitude de préméditation et de redite, même quand elle est le mieux dissimulée, une sorte de lenteur et de monotonie qui s’étend sur l’ensemble. […] La portion supérieure de son ouvrage est celle où il montre la décomposition de la société par les sophistes, espèce destructive si éloignée en tout de ces hommes à grand caractère et à grandes vues positives, qui ont fondé les sociétés et institué les peuples : « Le faux esprit philosophique est une lime sourde qui use tout. » Il distingue entre les diverses sortes de corruption publique : malgré sa bonté morale personnelle, il sait à quoi s’en tenir sur le fond de l’homme ; les passions étant les mêmes en tout temps, les mœurs aussi sont toujours à peu près les mêmes, ce ne sont que les manières qui diffèrent : mais la différence est grande, d’une corruption qui n’est que dans les mœurs, et à laquelle de sages lois peuvent remédier, d’avec cette corruption subtile qu’un faux esprit philosophique a naturalisée dans la morale publique et dans la législation. […] On raisonne trop souvent, dit l’excellent interprète, comme si le genre humain finissait et commençait à chaque instant, sans aucune sorte de communication entre une génération et celle qui la remplace.
Il lui tient un discours qu’elle rapporte au long, avec une sorte de complaisance : Ma sœur, la nourriture que nous avons prise ensemble ne nous oblige moins à nous aimer que la proximité… Nous avons été jusques ici naturellement guidés et cela sans aucun dessein et sans que telle union nous apportât aucune utilité que le seul plaisir que nous avions de converser ensemble. […] Elle soignait tellement la fraîcheur de sa peau, qu’elle se la gâtait par des eaux et des recettes de toutes sortes, et se donnait des érésipèles et des enlevures. […] Ayant obtenu, après des persécutions et des difficultés, de rejoindre son mari en Gascogne (1578), elle y resta trois ans et demi, y jouissant de sa liberté et la lui laissant ; elle comptait ces journées de Nérac, entremêlées, même à travers les guerres recommençantes, de bals, de promenades et « de toutes sortes de plaisirs honnêtes », pour une époque de bonheur.
On s’assura que cette vieille pièce, attribuée à un jésuite, sur le nom duquel on n’était pas d’accord, avait un fond commun avec la pièce nouvelle, et qu’il se trouvait même quelques vers exactement semblables dans les deux ouvrages, de telle sorte que le simple hasard n’avait pu produire cette rencontre. […] Il avait gardé de son ancien passage au pouvoir une sorte de modération de plume et de discrétion polie jusque dans l’attaque et le dénigrement ; il avait de la tenue. […] On s’était accoutumé, par une sorte de déférence et de bonne grâce bien naturelle en France, à rattacher M.
Il est assiégé de sollicitations, de demandes de toutes sortes. […] Plus d’une fois il s’élève ; le sentiment de la réalité et la vivacité de son affection humaine lui suggèrent une sorte de poésie : Je dois bientôt quitter celle scène, écrivait-il à Washington (5 mars 1780) ; mais vous pouvez vivre assez pour voir notre pays fleurir, comme il ne manquera pas de le faire d’une manière étonnante et rapide lorsqu’une fois la guerre sera finie : semblable à un champ de jeune blé de Turquie qu’un beau temps trop prolongé et trop de soleil avaient desséché et décoloré, et qui dans ce faible état, assailli d’un ouragan tout chargé de pluie, de grêle et de tonnerre, semblait menacé d’une entière destruction ; cependant, l’orage venant à passer, il recouvre sa fraîche verdure, se relève avec une vigueur nouvelle, et réjouit les yeux, non seulement de son possesseur, mais de tout voyageur qui le regarde en passant. […] Je lui dis que cela avait été généralement entendu de l’action d’un orateur avec les gestes en parlant, mais que je croyais qu’il existait une autre sorte d’action bien plus importante pour un orateur qui voudrait persuader au peuple de suivre son avis, à savoir une suite et une tenue dans la conduite de la vie, qui imprimerait aux autres l’idée de son intégrité aussi bien que de ses talents ; que, cette opinion une fois établie, toutes les difficultés, les délais, les oppositions, qui d’ordinaire ont leur cause dans les doutes et les soupçons, seraient prévenus, et qu’un tel homme, quoique très médiocre orateur, obtiendrait presque toujours l’avantage sur l’orateur le plus brillant, qui n’aurait pas la réputation de sincérité… Tout cela était d’autant plus approprié au jeune homme, que lord Shelburne, son père, doué de tant de talents, avait la réputation d’être l’opposé du sincère.
Toucher, c’est faire partager au lecteur les sentiments qu’on a prêtés à ses personnages ; c’est nous mettre, par une sorte de contagion, dans l’état d’âme et dans les divers états d’âmes des personnages qu’on a créés. […] C’est une sorte d’enivrement, et c’est-à-dire c’est à la fois une perte et une augmentation de notre personnalité. […] J’ai entendu une femme de trente ans dire : « Je n’ai jamais pu comprendre ce qu’on trouve d’intéressant dans Madame Bovary. » J’ai pensé à lui répondre : « Ce qu’on trouve d’intéressant dans Madame Bovary, c’est vous », car il n’y a pas de femme de trente ans, je ne dis point qui ne soit Madame Bovary, mais qui ne contienne en elle une Madame Bovary avec toutes ses aspirations et tous ses rêves et toute sa conception de la vie ; une Madame Bovary latente, qui n’éclora point, comprimée et déroutée par toutes sortes d’autres éléments psychiques, mais qui existe.
Les Discussions religieuses, qui font ce qu’elles peuvent pour se réveiller autour de nous, viennent rendre ou prêter à tout ce qui concerne le comte de Maistre une sorte d’intérêt présent que ce nom si à part et orgueilleusement solitaire n’a jamais connu, et dont il peut, certes, se passer. […] Les dépêches de M. de Maistre étaient soigneusement recueillies par les ministres étrangers résidant à Turin, et devenaient de la sorte un document européen. […] La souveraineté du peuple, la liberté, l’égalité, le renversement de toute subordination, le droit à toute sorte d’autorité : quelles douces illusions ! […] Admirateur passionné des femmes, il trouvait dans ce commerce pur une sorte de charme idéal pour sa vie austère ; il recherchait volontiers leur suffrage et se plaisait à cultiver leur amitié. […] Voilà l’expression humble et vraie d’une sorte d’obscurité humaine jusqu’au sein de la foi ; il en a tenu trop peu de compte dans ses écrits. — Se rappeler pourtant le beau passage assez analogue des Considérations, que j’ai cité au commencement de cet article.
Fox, son rival, est une sorte de pourri éhonté. […] L’esprit y trouve une sorte de bal ; jugez de quel empressement il s’y porte ! […] Une sorte de médiocrité incurable les retient la bêche à la main dans des tranchées où personne ne passera. […] En effet, il y a une sorte de péché dans l’examen vraiment libre, puisqu’il suppose le doute, chasse le respect, pèse le bien et le mal dans la même balance, et accepte également toutes les doctrines, scandaleuses ou édifiantes, sitôt qu’elles sont prouvées. […] Un souffle extraordinaire, une sorte de frémissement de volonté tendue, court à travers toutes ces harangues.
Elles semblent faites pour être dansées sur la musique du texte, une sorte d’improvisation libre et réglée où le mot et le bond naîtraient ensemble de concert. […] Qui sait si ces divers ouvrages ne prêteront pas à leur temps, aux yeux de l’avenir, une sorte d’unité factice que les manuels consacreront. […] Ses personnages baignent dans une sorte de sauce lyrique qui ne tarde pas à dissoudre ce qui leur reste de réalité. […] Celui-ci inventa une sorte de réalisme synthétique, très proche du symbole, dont la Noblesse de la Terre est l’exemple le plus parfait. […] Avec une autre sorte d’ambition, il aurait pu être, ma foi, le Molière… ou le Beaumarchais de la société mondaine.
John-Antoine Nau n’a point de prétention au roman, et son livre se présente sans explications préalables d’aucune sorte.
L’Explication historique des Fables, la Mythologie expliquée par l’Histoire, sont deux Ouvrages pleins d’érudition, de recherches, d’idées neuves, & écrits d’ailleurs avec autant d’élégance & de netteté, que ces sortes de dissertations en peuvent admettre.
Quand il est dans le vrai, j’attends qu’il en sorte. […] Aucun précepte n’enseigne cette sorte de plaisir ». […] À Vicence, tous les garçons ne sont pas de la même sorte que Tito Bassi. […] Mais l’enfant meurt ; et Barnavaux a une sorte de chagrin qui est la sienne : Louise a une autre sorte de chagrin. […] L’ironie est une sorte de pudeur qui préserve les sincérités les plus délicates ; elle est aussi une sorte de courage.
Mais dans cet espace, si rempli d’accidents de toute sorte, il ne voit rien de changeant. […] Mais que voulez-vous qu’on dise quand c’est un Français qui parle de la sorte et que l’Institut le couronne ? […] Flaubert, s’épanouit ici avec une sorte de jubilation sauvage. […] Aussi était-ce les magistrats les plus habiles et les plus considérés que l’on choisissait pour ces sortes de mission. […] On peut s’en fier à Regnard du soin de multiplier ces sortes d’effets.
S’aperçoit-il seulement qu’il se contredit soi-même dans cette sorte de scène qu’il imagine pour rendre son opinion piquante ? […] Le grand effet de cette sorte de pièces résulte de la justesse des deux combinaisons exactement en équilibre. […] Figurez-vous alors les obstacles, les surprises, les accidents inopinés de ces sortes d’aventures. […] Il n’est aucune sorte d’entraves dont il ne la gêne ; aucune sorte de liens dont il ne la serre étroitement. […] La méchanceté, nécessairement contrainte et mesurée, ne se répand qu’avec une sorte de réserve qui refroidit l’action.
C’est dans ces sortes de circonstances que le talent se développe ; celui du P.
Son Essai sur l’Infanterie Françoise est intéressant pour toute sorte de Lecteurs, par la maniere dont il a traité son sujet, & joint au mérite d’un style simple & correct, celui de la méthode & de la précision.
Celui du Belier sur-tout est recommandable par des critiques pleines de finesse, & par un précepte donné, sans air de prétention, aux Gens de Lettres : Belier, mon ami, je t’en prie, commence par le commencement, On lui attribue les Mémoires du Comte de Grammont, qui sont très-bien écrits, & qu’on peut proposer comme un modèle à suivre dans ces sortes de Productions.
On a de lui un Recueil de Mémoires & de Plaidoyers, dont l’éloquence feroit plus à l’abri des reproches, si trop de négligence n’en affoiblissoit le style, si le fond des choses annonçoit plus d’examen & de réflexions, & si la maniere de les rendre étoit toujours conforme à la gravité qu’exigent ces sortes d’Ecrits.
Rien de plus propre que cette invention à contribuer aux progrès des Sciences & des Lettres ; aujourd’hui elle leur est devenue inutile, même nuisible, par la multiplicité de ces sortes d’Ouvrages, & par l’abus que font les Journalistes de leurs éloges & de leurs critiques.
L’autre science, qui préexiste en nous, et qui est en nous une sorte de réminiscence des choses divines, est la science de ce qui est et ce qui doit être en soi-même, de ce qui est conforme au modèle intérieur divin des choses, le beau, le bon, le juste, le saint, le parfait, l’absolu, l’idéal, comme nous disons aujourd’hui. […] Les théogonies indienne, persane, égyptienne, biblique même, qui toutes présentent au commencement une sorte de matière confuse et inorganique, nommée chaos, sur laquelle Dieu opère, en apparaissant, la forme, la vie, l’ordre, la lumière, la beauté, ont donné l’exemple de cette erreur. […] — Tais-toi, mon cher, répondit-il, j’ai quitté l’amour avec joie comme on quitte un maître furieux et intraitable. — Je jugeai dès lors qu’il avait raison de parler de la sorte, et le temps ne m’a pas fait changer de sentiment. […] En sorte encore qu’il veut le travail et l’habileté avec la récompense inverse de l’habileté et du travail ! […] L’Espagne, sorte d’Afrique européenne et d’avant-garde du catholicisme contre l’islamisme, devait être absolue comme son caractère oriental, inexorable comme sa théocratie militante.
Le monde ne va-t-il pas de la sorte, que les derniers venus profitent de tout ce qui a été découvert, pensé, imprimé avant eux ? […] Le beau lui déplaît, comme une sorte de royauté devenue légitime par la longue obéissance des esprits. […] Ce n’est là qu’une sorte de mérite ; il en est un autre plus rare, qui consiste à admirer les beautés partout où elles sont. […] Guerre contre l’antiquité chrétienne. — les trois sortes de doutes. — La Mothe-Le Vayer. — Pascal. — Huet. — Bayle. […] Plus dur que Pascal pour Descartes auquel, entre autres griefs, il en voulait d’avoir discrédité à l’avance son principal mérite par le peu de cas qu’il fait du savoir, Huet le poursuit pendant trente ans de ses écrits, se jetant, par aversion pour le spiritualisme cartésien, dans une sorte d’idéologie sensualiste assez malséante chez un chrétien et un évêque.
Bien des traits qui étaient encore délicats, et qu’il fallait de l’attention pour découvrir, se sont marqués davantage et accentués depuis ; d’autres se sont effacés ou recouverts, grâce à cette sorte de transfiguration qui se fait avec les années.
On dira peut-être que ces sortes de Productions ne supposent pas de grands talens ; mais on ne pourra disconvenir qu’elles n’annoncent au moins du savoir, du discernement, & du zele pour le progrès des Lettres ; qualités qui le rendent plus digne d’éloges, que tant de Compilations indigestes & rebutantes, enfantées par l’incurable manie de faire gémir la presse & le Lecteur.
La part qu’il a eue au Sorcier & à Tom-Jones, suppose, à un certain degré, l’espece de talent nécessaire pour ces sortes de Pieces ; il y perce des traits de gaieté, qu’on ne trouve pas même chez les Merveilleux qui ont le plus brillé dans cette petite carriere.
J’osai dire aussi qu’il y a deux sortes de vers dans Boileau : les moins bons, qui sont d’un bon élève de troisième, et les meilleurs, qui sont d’un bon élève de rhétorique. […] Je ne sais pas pourquoi l’on est convenu de considérer comme parfaite une certaine beauté négative, où l’on a évité toutes sortes de fautes ; c’est par une illusion d’optique que l’on croit avoir évité toutes sortes de fautes, et que l’on s’imagine voir dans l’harmonie et la mesure plus de perfection que dans la fougue désordonnée. […] Il multiplie les incidents, parce que les situations étranges et variées sont très propres à mettre en lumière et à montrer sous toutes sortes de jours la nature spéciale de ses originaux. […] Mais ce drame étonnant est moins une peinture des mœurs contemporaines, qu’une sorte de prophétie. […] Mais j’ai cru qu’il fallait en user de la sorte avec vous, et que c’est consoler un philosophe que de lui justifier ses larmes, et de mettre sa douleur en liberté.
S’il analyse une littérature, par exemple celle de la Restauration, il institue devant le lecteur une sorte de jury pour la juger. […] Nous voyons trop souvent des systèmes entiers se fonder du jour au lendemain, au caprice d’un écrivain, sortes de châteaux fantastiques dont l’ordonnance régulière simule l’apparence des édifices véritables, et qui s’évanouissent d’un souffle dès qu’on veut les toucher. […] Aussi éprouve-t-on un contentement profond et une sorte de paix intérieure, lorsqu’on quitte tant de doctrines écloses au jour le jour dans nos livres ou dans nos revues, pour suivre la marche assurée d’un guide si clairvoyant, si réfléchi, si instruit, si capable de nous bien conduire. […] Ils ont en main des développements tout faits, sorte d’échelles portatives qui s’appliquent également bien sur les deux faces contraires de la même question et de toute question. […] Là-dessus, Macaulay insère une dissertation de quatre pages, fort bien faite, pleine d’intérêt et de science, dont la diversité nous repose, qui nous fait voyager à travers toutes sortes d’exemples historiques, et toutes sortes de leçons morales.
Est-ce lui qui est cause de cette sorte de main-mise du mercantilisme sur toutes les formes de la vie moderne, de cette poussée formidable de l’argent, qui rompt les barrages élevés par la paresse, l’orgueil et les préjugés ? […] Je pense que cette sorte d’individus n’existe que depuis peu de temps : on la rencontre dans les Parlements comme dans les milieux littéraires ou dans n’importe quelle autre carrière. […] Ils ne peuvent pas s’opposer à ce que toutes sortes de livres d’étude et de biographies paraissent sur l’homme célèbre qui vient de disparaître. […] Naturellement ces sortes d’interviews posthumes comportent toujours des erreurs de détail, mais peu à peu, grâce aux livres qui paraissent successivement sur le même personnage, elles finissent par se compenser les unes les autres. […] Cette âme, votre pensée, en effet, est susceptible d’une sorte de propriété que le Code civil ignore et qui, inscrite dans des lois spéciales, porte le nom de propriété littéraire.
Une sorte de géant, aux cheveux d’un nègre devenu poivre et sel, au petit œil d’hippopotame, clair, finaud, et qui veille même voilé, et, dans une face énorme, des traits ressemblant aux traits vaguement hémisphériques que les caricaturistes prêtent à leurs figurations humaines de la Lune. […] Notre beau rêve s’écroule à demi, et je sens comme ma bile se remuer, prête à l’épanchement, me donnant un vague malaise, une sorte de mal de mer. […] Puis, le café est remplacé sur le tabouret-table par quatre grands pots de confitures de Constantinople, confitures de bergamote, de fleurs d’oranger, de roses, et d’une sorte de mastic blanc, vous mettant dans la bouche le pays qu’on a dans l’oreille. […] Une vie bien empoignante après tout, par sa création d’inventions, d’ingéniosités, de toutes sortes de petits détails d’une délicatesse infinie, enfin de tout un art insoupçonné. […] » Nous allons au trou du rideau, essayant de voir dans la salle, et n’apercevons, dans une sorte d’éblouissement, qu’une foule très éclairée.
On a voulu substituer aux Elégies une sorte d'Epîtres, connue sous le nom d'Héroïdes ; mais si on en excepte trois ou quatre, on conviendra que ce n'étoit pas la peine de créer un nouveau genre pour raisonner, métaphysiques, au lieu de peindre & de sentir.
Il n’avait ni plan d’aucune sorte, ni idée quelconque. […] Je lui en gardais, d’instinct, une sorte d’amitié. […] Il a çà et là exprimé discrètement, avec une sorte de pudeur, son attachement à ses amis. […] Il y a toutes sortes de critiques. […] Notre Jeanne ne perdrait rien à être expliquée de la sorte.
Edmond Barthélemy Édouard Dubus nous apparaît surtout comme un poète du sentiment, un des derniers poètes du sentiment, tout à fait près de Verlaine, avec, pourtant, des garanties de développements, de certains développements qui donneront autre chose… Un poète du sentiment, mais point sentimental ; de là, sans doute, le sourire mi-navré, mi-ironique de cette poésie où toutes sortes de tendresses s’évaporent dans le doute, se meurent d’incertitude, encens à qui l’espace fait défaut.
Si le Dictionnaire historique, littéraire & critique, qu’on lui attribue, étoit dégagé d’une partialité trop révoltante ; si les amis de l’Auteur, ou plutôt ceux de son parti, n’y étoient pas fêtés d’une maniere infiniment au dessus de leur juste valeur ; si de vrais Grands Hommes, pour n’avoir pas été Jansénistes, n’y étoient pas déprimés avec autant d’injustice que de mal-adresse : ce Dictionnaire auroit une sorte de perfection pour les recherches, les anecdotes & les discussions quelquefois utiles qu’il renferme.
Tel est le sort de cette sorte de Prophetes ; on conserve le souvenir de quelques faits qui se sont trouvés d’accord avec leurs prédictions, & on en oublie mille où ils se sont trompés.
Il est très-bien, mais ces sortes de morceaux ne sont pas la magie noire ; c’est ce qu’ignorent ceux qu’ils attirent par l’illusion qu’ils font au sens de la vue.
Précisément quand Boileau parlait au roi, il le prêchait de cette sorte. […] Lui-même serait heureux s’il en était de la sorte. […] Ils avaient toutes sortes de raisons d’admirer Leroux. […] La passion de plaire mène à l’impuissance de diriger, à l’habitude de ne diriger point et à une sorte de douce résignation à cet égard. […] La vieillesse a toutes sortes de désagréments, mais outre ce qu’en a dit Auber : « Que voulez-vous ?
Valéry réussit à faire arriver la pensée comme malgré soi, sans qu’elle sorte des conditions de la vie, s’assurant ainsi la compréhension de l’interlocuteur. […] — dans une sorte de composition qui profite des hasards du kodak29. […] On sent que tout s’est composé d’abord dans la tête de l’auteur qui, à l’abri de toutes les sortes d’enivrement, ne prend jamais la plume trop tôt. […] C’est une sorte de délivrance affreuse. […] Pourtant il a maintenant la sensation d’une sorte d’échec, et qu’il ne pouvait rien faire pour éviter.
Les Jésuites sont armés de filets, d’hameçons et de pièges de toutes sortes ; ils s’ouvrent toutes les portes en minant sous terre. […] Il est peu probable qu’une alliance entre une république et une monarchie dure longtemps, à moins que la république ne se résigne à devenir une sorte de vassale de la monarchie. […] C’est depuis l’établissement de la vénalité générale des charges de judicature que le Parlement « remontra sur toutes sortes d’objets », et ces choses se tiennent naturellement […] Il commence par mettre les crimes contre la religion au premier rang de tous les crimes : « Il y a quatre sortes de crimes. […] Il voit dans la religion une sorte de collège conservateur des droits de l’homme, de la liberté de l’âme, de la liberté individuelle, et il lui sait gré d’être cela.
C’est le résultat d’une application constante, une sorte d’hallucination assidue et tranquille. […] Ces sortes de méprises ne sont pas rares depuis que M. […] On constate de toutes parts des tendances mystiques et une sorte de réaction religieuse. […] On remplirait des pages à énumérer ces sortes d’exemples. […] Pascal lui-même est une sorte de Montaigne condensé et raccourci.
Sue, qui n’en avait d’aucune sorte, parce qu’il fallait prouver au public que lorsque les romanciers voulaient faire de l’histoire, ils y avaient de grands avantages. […] C’est une sorte d’assurance mutuelle où les risques sont garantis, et dont les primes se paient en dévouement. […] Dumas y est fort habile, et qu’il pratique journellement une foule de travaux de cette sorte qui restent ignorés. […] Dans une sorte de livre appelé une Fée de Salon, M. […] Ce fut une sorte de proverbe pour être appliqué aux événements impossibles.
Il y a plaisir en tout temps à ces sortes d’études secrètes, et il y aura toujours place pour les productions qu’un sentiment vif et pur en saura tirer. […] Il mourut dans l’isolement, atteint d’une sorte de marasme causé par l’oubli. […] Cette sorte de conjuration instinctive et intéressée de tous les hommes de bon sens et d’esprit contre l’homme d’un génie supérieur n’apparaît peut-être dans aucun cas particulier avec plus d’évidence que dans les relations de Diderot avec ses contemporains. […] Sa vie se passa de la sorte, à penser d’abord, à penser surtout et toujours, puis à parler de ses pensées, à les écrire à ses amis, à ses maîtresses ; à les jeter dans des articles de journal, dans des articles d’encyclopédie, dans des romans imparfaits, dans des notes, dans des mémoires sur des points spéciaux ; lui, le génie le plus synthétique de son siècle, il ne laissa pas de monument.
Geoffroy d’Estissac réunissait dans son château de Légugé des personnes instruites et des seigneurs amis des lettres, et, selon l’usage de l’époque, y présidait à des entretiens sur toutes sortes d’études. […] J’enregistre ces faits, sinon comme avérés, du moins comme très vraisemblables et surtout comme faisant partie de la légende de Rabelais, de cette sorte de vie fantastique qu’on lui a faite, impression dernière de ses écrits. […] Quatre écrivains grecs paraissent avoir été pour Rabelais l’objet d’une sorte de fréquentation quotidienne qui se fait sentir presque à chaque page de son ouvrage : ce sont Platon, Lucien, Hippocrate, et Galien. […] Tant de savoir dans des ordres d’idées si divers, tant de langues mêlées ensemble, tout cet amalgame de l’ancien et du moderne, de la matière et de l’esprit, de l’universel et du particulier, produisit dans cette tête vaste et active une sorte de fermentation d’où naquit cet ouvrage extraordinaire, dans lequel l’érudition est une ivresse, et le génie une débauche d’esprit.
Il y a une sorte de création dans cette sagesse même qui tint en bride Desportes et Bertaut, et qui les fit résister à la tentation d’imiter Dubartas, quoique celui-ci ne se fût pas mal trouvé pendant un temps d’avoir poussé jusqu’à l’extravagance l’imitation de Ronsard. […] Boileau salue l’arrivée de Malherbe comme une sorte d’avènement. […] Ronsard et Desportes firent tous les frais de cette sorte d’enseignement. […] Ce sont mille traits qui ne touchent pas le but, mille sens douteux, mille finesses sous lesquelles se cachent des niaiseries ; une habitude de tourner tout à l’ingénieux et à la pointe ; toutes sortes de manquements, calculés ou involontaires, à la première loi du langage, la propriété, et, toutefois, une fausse précision qui les dissimule.
Cependant Ésope, Phèdre, ses deux modèles dans l’antiquité, donnent la même sorte de plaisir et de profit, quoique à un degré moindre. […] Il semble d’ailleurs avoir eu qualité pour caractériser, au nom des grands écrivains du dix-septième siècle, la manière dont ils ont imité les anciens ; ce qu’il dit de la sienne leur est commun à tous : Quelques imitateurs, sot bétail, je l’avoue, Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue ; J’en use d’autre sorte, et, me laissant guider, Souvent à marcher seul j’ose me hasarder. […] Comparé, sinon à Molière, chez qui les fautes contre le goût sont si excusables, et dont la fécondité et la force déjouaient cette surveillance délicate de l’esprit sur ses productions, mais à Racine et à Boileau, qui en avaient fait une sorte de science, La Fontaine a le goût aussi sain, et il l’a plus libéral. […] Il aimait trop les livres, et trop toutes sortes de livres, pour faire des réserves théoriques en les lisant, ou pour être prévenu contre eux, par quelque principe hautain, avant de les ouvrir.
Le métaphysicien dira : cela s’explique par un principe vital : le battement du pendule ressemble à celui du cœur, les aiguilles marchent comme des antennes, l’heure qui sonne ressemble à un cri de colère et de douleur ; et il se perdra en explications ingénieuses de cette sorte. […] Il fait remarquer d’abord que les objets de nos connaissances sont des idées : assertion incontestable, fondée rigoureusement sur les faits de conscience et qui ne peut paraître paradoxale qu’à ceux qui n’ont aucune habitude de ces sortes de questions. […] Observations zoologiques, anatomiques, physiologiques, pathologiques, voilà ce qu’il faut pour base ; et certes, Gall a amassé plus de faits de cette sorte qu’aucun de ses prédécesseurs ; il a montré la patience et l’habileté d’un investigateur, bien qu’il ait tiré de toute cette collection de matériaux des interprétations fausses et des conclusions non vérifiées. […] Ces explications naïves supposaient une sorte d’imagination autocrate, sans sentir aucunement le besoin de découvrir un mécanisme particulier pour la production des résultats.
Je voudrais expliquer par une sorte d’aperçu généalogique ce qu’il faut entendre par le réalisme de Goethe. […] L’un et l’autre, ils peignaient l’humanité, la grande humanité, et non pas une époque enfantine regrettée par les romantiques comme une sorte de paradis perdu. […] Au moment où j’achevais la lecture de Salammbô, — comment, me disais-je, un homme d’esprit et de talent a-t-il pu se tromper de la sorte ? […] Les prétendus acteurs que l’écrivain met en scène ne sont pas de chair et de sang, ce sont de misérables marionnettes qui vont et viennent à sa fantaisie et auxquelles il fait exécuter toute sorte de grimaces et de contorsions.
. — Et pourtant, reprenait-il avec énergie et frémissement, il faut bien que ça sorte. » Mais trop souvent, chez lui, les membres du poète ne sortaient qu’en pièces et dispersés. […] Les conditions en furent convenues et signées, comme on signait alors ces sortes de paix, moyennant article de finance. […] Il n’écrivit qu’une seule fois au Globe doctrinaire, vers 1827, mais il s’arrangea si bien que ce seul petit article fit scandale ; il y avait fourré toutes sortes d’ironies rentrées à propos du fameux cierge du maréchal Soult. […] Rédacteur en chef du Figaro en 1831, il inventa mille épigrammes, des sobriquets de toute sorte qu’il serait hors de propos de répéter.
Mais on peut dire, malgré ces résumés substantiels et judicieux, que, si le personnage public a donné sa formule, l’homme, chez Sieyès, ne nous apparaît que dans une sorte d’éloignement et d’ombre. […] Il y faisait une sorte de réserve pour l’histoire étudiée sans superstition. […] Ce ne sont pas ses amis seulement qui pensent de la sorte à son sujet, ce sont ses adversaires. […] On sait qu’à ceux qui lui demandaient ce qu’il avait fait durant ces mois terribles de la Terreur, il répondait : « J’ai vécu. » Je lis dans une page de lui une traduction indirecte, plus expressive et plus émue, de la même pensée : Maucroix, dit-il par une sorte d’allusion à cette situation menacée et précaire, et où nul ne pouvait se promettre un lendemain ; Maucroix, mort en 1708, fit à l’âge de plus de quatre-vingts ans ces vers charmants : Chaque jour est un bien que du ciel je reçois ; Jouissons aujourd’hui de celui qu’il nous donne : Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne.
Et d’ailleurs, le cerveau ne peut jamais être deux fois dans le même état, pas plus que notre pensée, à laquelle on peut justement appliquer le mot d’Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, ni dans le même courant de représentations. » Ceux à qui la métaphysique, cette recherche des causes, inspire une sorte de sacer horror, prendraient volontiers pour devise, à l’encontre de Virgile : Felix qui potuit rerum non quærere causas. […] Notre activité se sent couler dans un lit tout fait ; notre pensée rencontre un cadre tout préparé à la recevoir : l’image présente, et en ce sens nouvelle, se trouve remplir une sorte de vide intérieur dont nous avions le sentiment, et c’est ce sentiment vague que nous appelons attente. Cherchez à vous souvenir d’un nom, d’un vers oublié, vous sentirez en vous cette sorte de vide qui est doué d’un pouvoir d’attraction comme les tournants d’une rivière. […] Nous croyons plutôt qu’il y a là un phénomène maladif d’écho et de répétition intérieure, analogue à celui qui a lieu dans le souvenir véritable : toutes les sensations nouvelles se trouvent avoir un retentissement et sont ainsi associées à des images consécutives qui les répètent ; par une sorte de mirage, ces représentations consécutives sont projetées dans le passé.
Il y a là une sorte de nécessité psychologique parfois inexplicable ou même que l’on voudrait ne pas expliquer pour lui laisser son caractère même de nécessité, c’est-à-dire de mystère. […] Cependant si le cas de roitelet était unique ou rare ; si l’on ne trouvait dans les langues européennes que trois ou quatre exemples de cette sorte, on pourrait imaginer une chanson, un conte, une de ces traditions populaires qui traversent les siècles, les montagnes, et les océans ; mais, au contraire, à la moindre recherche les exemples se multiplient et l’on est forcé de ramener la plupart des causes à une seule, la nécessité psychologique. […] En différenciant les deux mots, la grammaire nous oblige à toutes sortes de petits mensonges, car il nous est réellement impossible parfois de savoir si nous comptons ou si nous contons. […] En anglais le sacre, saker, désigna une sorte de canon.
Ces sortes de vocations en retour ne sont, dans le domaine des faits, qu’une très infime exception, et nous pourrions tous plaindre une supérieure qui aurait à conduire une congrégation d’héroïnes de romans revenues de leurs illusions, mais non pas de leurs souvenirs. […] « Toutes sortes de notes, dit encore M. […] Aussitôt, les personnages s’imposaient à l’esprit avec une sorte de nécessité, ou, si l’on préfère, en vertu d’un raisonnement si prompt et si voisin de l’impulsion, qu’il semblait dégagé de toute idée de travail. […] Il faut s’identifier avec eux, souffrir et se réjouir avec eux, de telle sorte que ce soient eux qui parlent et agissent par notre âme qu’ils possèdent.
Nous-mêmes nous n’avons peut-être plus pour la race arabe, depuis que nous la voyons de si près, cette sorte de vénération, faite d’ignorance et de surprise, dont Fromentin fut une des victimes. […] Si je puis comparer les sensations de l’oreille à celles de la vue, le silence répandu sur les grands espaces est plutôt une sorte de transparence aérienne, qui rend les perceptions plus claires, nous ouvre le monde inconnu des infiniment petits bruits, et nous révèle une étendue d’inexprimables jouissances. » Fromentin ira dans cette voie jusqu’à noter le souffle aigu du vent dans les canons du fusil qu’il porte à la bretelle. […] Dominique est une sorte d’autobiographie de Fromentin, et les scènes principales se passent dans les environs de La Rochelle. […] Lorsqu’on achève de le lire, et surtout de le relire, l’impression qui domine, c’est, avec beaucoup de sympathie pour l’auteur et d’admiration pour le livre, une sorte d’indignation contre ceux qui, en 1862, n’ont pas compris et n’ont pas aimé Dominique.
Le signalement social, dans un groupe absolument homogène est, par définition trop chargé pour que la combinaison des traits de toute sorte qui le constitue ait quelque chance de se retrouver en d’autres groupes. […] On en a donné les preuves presque matérielles, en comparant les Droits de nos sociétés individualistes avec les Droits de ces sortes de sociétés106 ; tandis qu’elles ignorent presque le droit contractuel qui règle les rapports des intérêts et mesure les droits réciproques des individus, le droit répressif, destiné à faire respecter les croyances collectives, y règne en maître. […] On l’a souvent répété : « Qui a vu un Indien les a tous vus133. » — Sans doute, mais ne sait-on pas aussi combien il faut se défier de ces sortes d’impressions, et que, pour un étranger, les différences entre les représentants d’un même type ne deviennent appréciables qu’à la longue ? […] Il nous suffit de constater que, dans la civilisation qui nous occupe, — celle qui commence à marcher vers l’égalitarisme, — les individus en rapport sont trop nombreux et leurs rapports trop fréquents pour qu’on puisse espérer, ou craindre de si tôt un arrêt, et comme une sorte de pétrification de leurs imitations réciproques.
Ces sortes de questions, nous le remarquerons ici, ne sauroient être agitées qu’avec de grands inconvéniens.
Trop de confiance dans ces sortes d’Ouvrages, est le vrai moyen de perpétuer les erreurs, & nous n’en avons déjà que trop en matiere historique.
On ne sauroit trop le répéter ; le travail de ces sortes de Savans méritera toujours la reconnoissance du Public, & malheur au siecle qui n’en sentira pas le prix !
L’érudition, la sagacité, la méthode, y marchent d’un pas égal, revêtues du genre de style convenable à ces sortes de discussions.
Oui ; mais il a pris sa revanche par sa mémoire qu’il avait développée de bonne heure comme par pressentiment, qu’il a meublée de toutes sortes de beaux passages, de scènes dramatiques en prose et en vers, une vraie mémoire d’aveugle qui ressemble à celle des anciens poëtes et rapsodes, du temps où l’on n’écrivait pas ; il retient, il récite, il joue. […] Il lisait dès lors toutes sortes de livres, de journaux, un peu à tort et à travers.
La date et l’origine de l’astrologie et de la magie, l’introduction et les progrès en France de l’alchimie et des sciences occultes qui se développèrent principalement au xive siècle, sont des points intéressants encore à déterminer, indépendamment même de ce qu’il y a de vain dans ces sortes de sciences. […] Il ne faudrait pas être détourné dans ces sortes de recherches par le caractère anonyme des manuscrits, car des indications intrinsèques ou indirectes peuvent conduire à déterminer sûrement l’auteur.
Or, sans les femmes, la société ne peut être ni agréable ni piquante ; et les femmes privées d’esprit, ou de cette grâce de conversation qui suppose l’éducation la plus distinguée, gâtent la société au lieu de l’embellir ; elles y introduisent une sorte de niaiserie dans les discours et de médisance de coterie, une insipide gaieté qui doit finir par éloigner tous les hommes vraiment supérieurs, et réduirait les réunions brillantes de Paris aux jeunes gens qui n’ont rien à faire et aux jeunes femmes qui n’ont rien à dire. […] L’austère vertu condamne jusqu’à la célébrité de ce qui est bien en soi, comme portant une sorte d’atteinte à la perfection de la modestie.
La critique n’éprouve devant ces sortes de phénomènes historiques aucun embarras. […] Souvent il n’exécute ses miracles qu’après s’être fait prier, avec une sorte de mauvaise humeur et en reprochant à ceux qui les lui demandent la grossièreté de leur esprit 756.
Pas un de leurs gestes, pas un de leurs mouvements qui fût indigne de la souveraineté du monde ; ils riaient même, ils se jouaient avec une sorte de dignité. » Ici l’auteur fait un retour vers madame de Rambouillet, pour remarquer qu’elle est de ce caractère, qu’elle descend du même principe, fille de leur discipline et de leur esprit , et ne tient pas moins de l’a magnanimité des César et des Scipion que de l’honnêteté des Livie et des Cornélie. Je crois cet éloge bien mérité : et il est difficile de le croire une plate louange, quand on considère l’homme qui la donne, le fonds de l’ouvrage où il l’a placé, le sentiment qui l’anime en l’écrivant, celui qu’il suppose à la personne pour qui il l’écrit ; et enfin cet éloge vient si naturellement à la place où il se trouve, qu’on ne peut y méconnaître une sorte d’à-propos qui ne serait pas venu à l’auteur pour une femme vulgaire.
Mais les hommes et les bœufs, les chevaux et les chameaux, les chiens et les oiseaux, s’y multiplièrent de telle sorte que ce grand espace devint trop étroit pour les contenir. […] Les îles de la mer Egée formaient une sorte de constellation de la Lyre qui brillait en dehors de l’Hellade encore à l’état d’astre en formation.
Nous ne sommes nullement enfermés d’abord dans une sorte d’unité métaphysique ; nous sommes au contraire en présence d’une multiplicité de sensations qu’il faut grouper, et le groupe appelé moi ne s’organise lui-même qu’à la suite d’un travail préalable. […] La vérité, c’est qu’au début la conscience est une collection de sensations multiples, de phénomènes et de représentations de toutes sortes, un panorama diversifié et confus, une procession vertigineuse d’apparences changeantes.
Il n’est de réalités que de cette sorte, et ces réalités il n’est pas permis de les contester. […] Il est déterminé par deux sortes de relations.
Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré. L’on aura désigné ainsi par le dehors et le dedans, ta sorte d’Athénien, par exemple, qui s’attachait à Aristophane, et celle qui se sentait exprimée par Euripide ; le citadin de la renaissance italienne dont les goûts allaient aux peintures sévères de l’école florentine, et l’habitant de Venise qui, charmé d’abord par le colorisme des Titien et des Tintoret, versa dans les luxurieuses mythologies de leurs successeurs ; de l’habitué des concerts du dimanche à Paris qui, penché toute la semaine sur quelque besogne pratique, retrouve une fois par semaine une âme enthousiaste et grave, digne de s’émouvoir aux hautes passions d’un Beethoven, au religieux naturalisme de Wagner, au trouble de Berlioz.
Ces sortes d’exemples seraient innombrables. […] Qu’il y ait dans Homère des épilhètes de tradition, personne ne le nie ; que ces épithètes soient, à elles seules, des « photographies du monde extérieur », je ne crois pas que quelqu’un l’ait prétendu ; mais que les descriptions d’Homère soient vivantes, en relief, et en quelques sorte photographiques, M.
I Nous aimons ces sortes d’essais ou d’études sur un grand esprit ou sur une grande œuvre. […] Il admire Thucydide comme, je crois, il ne faut admirer personne, sans restriction d’aucune sorte, et plaidant — je ne veux pas dire sophistiquant — toutes les admirations de détail qui composent son ensemble d’admiration.
que les érudits fleurissaient à l’ombre des bibliothèques, sous ces couches de poussière savante, qui sont la terre végétale de ces sortes de fleurs. […] Or, le jardin de M. l’abbé Gorini, que je tiens à ce qu’il achève, est le jardin public — trop public — de l’histoire contemporaine, un potager d’erreurs de toute sorte, et dans lequel précisément ce vigoureux sarcleur d’abbé Gorini a retourné plus d’une plate-bande pour le compte de M.
Caro — cette Apocalypse de la fin du monde et en vue de la préparer, on dit qu’à Berlin, — à Berlin même, — il existe une sorte de société schopenhaueriste qui travaille activement à la propagande de ses idées et qui se reconnaît à certains rites, à certaines formules, quelque chose comme une franc-maçonnerie vouée par des serments et des pratiques secrètes à la destruction de l’amour, de ses illusions et de SES ŒUVRES. […] , et il s’y propage, par une contagion subtile, dans un certain nombre d’esprits qu’elle trouble ; c’est une sorte de maladie, mais de maladie privilégiée, concentrée jusqu’à ce jour dans les sphères de la haute culture intellectuelle… » Que de tortillements pour nous dire que c’est M.
Toutes ces sortes d’idées que nous avons vues, tout cet ensemble de sentiments, toutes ces expressions rares prennent leurs racines dans des choses anciennes que la foule n’exprime pas, mais qu’elle sent aussi bien que nous. Nous sommes unis, en France, parce que, depuis l’intellectuel jusqu’au petit paysan, nous avons la claire vision de quelque chose de supérieur à nos petits intérêts personnels et une sorte d’instinct qui nous fait accepter joyeusement le sacrifice actif de nous-mêmes au triomphe de cet idéal.
Des bêtes sauvages de toutes sortes, des onagres en très grand nombre, beaucoup d’autruches de la grande espèce : il y avait aussi des outardes et des chevreuils. […] « Ils avaient à la ceinture une sorte de couteau dont ils égorgeaient leurs ennemis abattus. […] Cette flamme de l’imagination échauffe le style et l’emporte jusqu’à une sorte de fureur. […] Aucune sorte de talent ne pénètre le lecteur d’impressions plus vives et plus contraires. […] Pourtant, plus de mille fois certes, j’ai fait toutes sortes de discours sur la vertu devant toutes sortes de personnes, et fort bien, à ce qu’il me paraissait. » Ménon s’admire de si bonne foi et si franchement qu’on ne lui en veut pas.
Ces sortes de veilles ne sauroient en effet être agréables, que quand elles sont le fruit du caprice, & non celui de la nécessité.
Je parle sans aucune hypocrisie de langage ; quand on l’a lue, on dit avec une sorte de dégoût : « Ce n’est que cela ; ce n’était pas la peine d’être si grossier et si immonde. » Pour que l’Ode de Piron fût un chef-d’œuvre dans son genre, comme on l’a trop dit, il faudrait que l’Ode de J. […] La première fois qu’ils se rencontrèrent chez la marquise de Mi meure, dans un salon où ils attendaient tous deux et où ils se trouvaient seuls, il se passa entre eux une scène de silence, de bâillements, de gestes, et toute en parodie du côté de Piron, une sorte d’a parte double que ce dernier brodait assurément et chargeait dans son récit, mais qui pronostiquait déjà toutes leurs relations futures ; leurs atomes ne purent jamais s’accrocher. […] Il y a trente-deux ans qu’il vivait avec elle ; il lui avait toutes sortes d’obligations ; elle l’avait soutenu longtemps lorsqu’il était dans l’indigence. […] Ces sortes d’organisations impérieuses, douées d’une faculté prédominante et presque unique, ont toujours pour effet d’étonner et d’émerveiller ; le tout est de se remettre en présence. […] Mais assez de ces sortes d’explications ; le lecteur supplée ou accorde bien des choses.
La mort a toutes les sortes d’ironies et de malencontres. […] J’aime à me les représenter en ce moment, puisque nous sommes en Grèce, par un de ces bustes doubles où se complaisait souvent la fantaisie des artistes grecs : ils aimaient, on le sait, ces sortes de Janus à physionomies assortissantes ou le plus souvent contrastantes ; les vases sculptés nous offrent volontiers deux figures opposées dos à dos, nuque a nuque, et qui se complètent, Sophocle et Aristophane, Bacchus et Ariane, et sur un rhyton je vois Alphée et Aréthuse. […] C’eût été le point culminant de son œuvre, et ces deux chapitres étaient faits dans son esprit : il arrivait ensuite à Rousseau, signalait l’écueil de ces sortes d’apologies autobiographiques auxquelles son école s’est complue, poursuivant son analyse chez Goethe, chez Chateaubriand et jusqu’à ces récentes publications auxquelles les noms d’Alfred de Musset et de George Sand ont donné un dernier et si contagieux attrait. […] Et en général, depuis qu’il fut à Paris, il ne considéra guère toute sa carrière de Caen et ce premier stade si bien rempli que comme une sorte de stage. […] Un tel sujet était fait pour l’attirer et le fixer par toutes sortes d’affinités grandioses et morales.
Ces sortes de révélations, ces visions directes se comprennent parfaitement chez les grands artistes dont les procédés introspectifs sont plus rapides, que ceux des ontologistes à l’esprit obscurci de logique stérile. […] Par un violent effort ils ont voulu se placer au centre même du réel et, par une sorte de sympathie intellectuelle, communier avec la nature. Leur désir a été d’exprimer immédiatement l’inexprimable, si j’ose dire, de fondre leur âme avec la conscience universelle, afin de noter, par une sorte d’auscultation intellectuelle, jusqu’aux pulsations de la matière, jusqu’à la respiration du monde. […] De même que la pensée s’accompagne toujours d’une sorte de langage intérieur61, de même parler ou écrire crée spontanément des états d’âme et fait rougeoyer notre vie subconsciente. […] Les symboles, plus intimes qu’aucune sorte de signes, sont des analogies créées spontanément par la conscience pour se dire à elle-même les choses qui n’ont pas d’objectivité empirique.
Sainte-Beuve La fable fleurit, comme on sait, et elle a dû même une sorte de reverdissement à l’intervention de M.
Quoique la plupart des Pieces que ce jeune Poëte a publiées sous le titre trop peu modeste de Bibliotheque des Amans, ne roulent que sur des sujets d’amour ou de galanterie, elles ne laissent pas de se faire lire avec une sorte d’intérêt, par l’adresse qu’il a eue d’en varier les peintures & les cadres, & de répandre beaucoup de naturel, de grace & de délicatesse dans ses expressions.
On lit cependant encore avec une sorte de plaisir ses Harangues Latines, dans lesquelles on remarque un style épigrammatique, qu’on lui pardonne en faveur de la finesse des pensées & de la pureté de sa diction.
Ils consistent pour la plupart dans des Romans dont le défaut principal est d’inspirer un ennui qu’on ne va pas ordinairement chercher dans ces sortes d’Ecrits ; aussi ne lit-on plus les siens.
Les personnes qui goûtent les Romans, & qui y attachent un grand mérite, trouveront dans les siens bien des qualités propres à les leur rendre intéressans ; il offrent de la légéreté, de la délicatesse, du sentiment, & sont exempts de ce ton odieux de licence, si prodigué par cette sorte d'Esprits qui ont la démangeaison d'écrire, sans autre inspiration que celle du vice.
L'amour patriotique ne s'y fait pas moins sentir que le talent de rendre, avec une sorte d'énergie, les traits les plus frappans de notre Histoire, & qui font le plus d'honneur à la Nation.
Je sais par expérience que ces sortes de comparaisons avancent infiniment dans la connaissance de l’art.
Il nous a montré, dans le Canard sauvage, le mal que peut faire un apôtre en troublant les médiocres dans leur sorte d’innocence ignominieuse. […] Cela prouve simplement qu’il y a diverses sortes de « libertins » et d’esprits forts, comme il y a différentes qualités de chrétiens. […] Vous me direz que nous n’avions qu’à compléter, par nos souvenirs, ces sortes d’« illustrations » animées du célèbre roman. […] Il fait du duc une sorte de héros de l’amitié. […] Et ainsi cette pièce ne vaut pas seulement par le drame qui s’y développe : elle a, par surcroît, l’intérêt d’une sorte d’expérience littéraire.
Restons dans les sentiers ordinaires et voyons s’il est sensé d’exiger de l’art Dongen de choisir ses sujets de telle sorte qu’ils aient à la fois des explosions de couleur et des explosions de pudeur. […] Les lacunes du passé nous donnent une sorte d’effroi ; les hommes de l’avenir ressentiront sans doute, à considérer notre époque, une impression pareille. […] Quoi qu’on dise, le sentiment d’être dans le vrai, d’avoir raison, confère par cela même une sorte de bonheur. […] Il est convenu que les lettrés, c’est-à-dire les gens distingués, les mandarins, pratiquent une sorte de religion civile ou philosophique, qui est la vénération de Confucius. […] Pour cela, lui accorder un conseil de quartier et une sorte de municipalité aux attributs restreints, mais évidents.
L’une ou l’autre de ces deux sortes d’intérêt donne son caractère aux tragédies où elle domine. […] Rien de si attachant pour le spectateur, que ces sortes de situations ; il se met à la place du héros et éprouve les mêmes déchirements. […] Racine a bien senti la nécessité de lier ces sortes de scènes à l’action. […] cela serait ridicule ; on ne fait pas de ces sortes de petits sermons à ceux qu’on entretient de sa situation ; est-ce au parterre ? […] Oui vraiment ; toutes les personnes de qualité les portent de la sorte.
Il est vrai que cette sensualité garde toujours une sorte de fraîcheur naïve et salubre. […] Il ne serait pas bon que les démentis de cette sorte fussent fréquents. […] Tout est bien arrangé de la sorte. […] On découvre alors des richesses qui d’abord se dérobaient à demi, par une sorte de pudeur et de fierté. […] Julien Benda non seulement avec le plus vif plaisir, mais encore avec une sorte de passion.