Cette justice rémunératoire que Dieu a placée dans nos actes mêmes comme une conscience plus sainte que la fatalité des anciens ne se manifesta jamais avec plus d’évidence ; jamais la loi morale ne se rendit à elle-même un plus éclatant témoignage et ne se vengea plus impitoyablement. […] La pensée la plus sainte, la plus juste et la plus pieuse, quand elle passe par l’imparfaite humanité, n’en sort qu’en lambeaux et en sang. […] Acte de foi perpétuel dans la raison et dans la justice ; sainte fureur du bien qui la possédait et qui la faisait se dévouer elle-même à son œuvre, comme ce statuaire qui, voyant le feu du fourneau où il fondait son bronze prêt à s’éteindre, jeta ses meubles, le lit de ses enfants, et enfin jusqu’à sa maison dans le foyer, consentant à périr pour que son œuvre ne pérît pas.
Je me jetai d’abord à genoux devant une image de san Stefano, le saint de nos montagnes, qui se trouvait par hasard attachée par quatre clous sur la muraille. […] me disais-je, si c’était lui, pourtant, et si le hasard, ou le saint nom du hasard, le bon Dieu, nous avait rapprochés ainsi, dès le second jour, l’un de l’autre, pour nous secourir ou pour mourir du moins ensemble du même déchirement et de la même mort ! […] On veille donc sur toi là-haut, là-haut dans la tour ou dans quelque étoile du firmament. » CLXVI Alors, monsieur, je me mis à préluder doucement, çà et là, par quelques notes décousues, et puis à me taire pour dire seulement à ceux qui ne dormaient pas : « Faites attention, voilà un pifferaro qui va donner une aubade à quelque Madone ou à quelque saint de la chapelle de la prison. » Mais pas du tout, mon père et ma tante, je ne jouai point d’aubade, ni de litanie, ni de sérénade que d’autres musiciens ambulants pouvaient savoir jouer aussi bien que nous, et qui n’auraient rien appris de lui et de moi à Hyeronimo.
» me dit-il en fouillant dans sa poche, et en tirant à moitié son chapelet. « Je prie le bon Dieu jusqu’à ce que mes lèvres se fatiguent sur son saint nom et mes doigts sur les grains. […] » dit-il avec une physionomie de saint enthousiasme. « Et puis la cloche de Saint-Point ne monte-t-elle pas cinq fois par jour jusqu’ici ? […] J’ai relu, pour ainsi dire, ma vie tout entière sur ce livre de pierre composé de trois sépulcres : enfance, jeunesse, aubes de la pensée, années en fleurs, années en fruits, années en chaume ou en cendres, joies innocentes, piétés saintes, attachements naturels, études ardentes, égarements pardonnés d’adolescence, passions naissantes, attachements sérieux, voyages, fautes, repentirs, bonheurs ensevelis, chaînes brisées, chaînes renouées de la vie, peines, efforts, labeurs, agitations, périls, combats, victoires, élévations et écroulements de l’âge mûr sur les grandes vagues de l’océan des révolutions, pour faire avancer d’un degré de plus l’esprit humain dans sa navigation vers l’infini !
Il n’y a, ici comme là, ni le côté grandement chrétien, ni les bons Évêques, ni les Saints, ni les Héros comme Saint Louis et Joinville… Le Cid lui-même, qui tient tant de place dans le Romancero du second de ces deux volumes, est bien plus féodal que catholique de mœurs et d’accent, ce qui est faux historiquement, mais ce qui, de plus, est un contresens en Espagne. […] S’il y a, en effet, une idée qui chausse la médiocrité des bourgeois, c’est l’idée absurde que l’Église, établie de Dieu et constituée à grand renfort de Saints, de grands hommes et de siècles, doit, pour sa plus grande gloire, revenir à l’Église primitive, qui n’était pas constituée, et à la pauvreté des premiers temps. […] Et c’est après ces conversations, pendant lesquelles il se croit le Pape idéal et saint de la canonisation de Hugo, qu’il se réveille et qu’il s’écrie (le mot de la fin) : … Quel rêve affreux je viens de faire !
On y a vu passer Les Iambes sur la Sainte canaille, de Barbier ; La Charogne, de Baudelaire ; Les Réfractaires et La Rue, de Vallès ; Littré et ses singes, volés à Darwin ; Courbet, en peinture, Courbet-le-Déboulonneur ; Manet, L’Homme au bon bock. […] Zola : le déshonneur d’un prêtre catholique, qui jette sa soutane aux rosiers et fait l’amour comme les satyres le faisaient autrefois avec les nymphes, dans les mythologies… Cette malhonnêteté cinglée à la face de la sainte Église catholique paraît très piquante à tous les libres-penseurs de cette époque d’impiété et de décadence ; mais il n’y a pas que cela qui fasse la fortune du livre de M. […] Zola n’a pas l’air de croire à la sainte canaille de Barbier.
Mais ce qui s’adresse à nous, c’est la phrase qu’il avait écrite sur la mort de son cousin, le lieutenant de Cissey : A la mort des saints, il convient de chanter le Magnificat. […] Je laisse à cette page curieuse sa couleur romaine, son accent à la Saint-Just, toute la sainte exaltation de ces jeunes hommes dévoués à la Révolution pour l’ordre et qui voyaient dans le salut de la France la première condition pour l’accomplissement de leur « nationalisme intégral ». […] Mais Belmont, c’est un saint et un grand intellectuel.
Il faut citer encore l’influence d’une sœur très pieuse, presque une sainte, dont M. […] Les saints étaient des héros de féerie ; Minerve une déesse d’épopée ; de tels maîtres devaient lui inspirer le dédain de tout ce qui passionne le vulgaire. […] il ne prononce leur nom qu’avec une sainte horreur. […] — Sans doute, balbutie le juge de paix, une sainte ! […] Dans notre pays monogame, que de jeunes filles coiffent sainte Catherine !
. — Le miracle de la sainte Épine, mars 1656 [Cf. […] Delmont, Bossuet et les saints Pères, Paris, 1896. […] Autres travaux de Bossuet. — Sa Defensio cleri gallicani [ouvrage posthume]. — Sa Défense de la tradition et des saints Pères contre Richard Simon. — Du respect de Bossuet pour la tradition. — Le jugement de l’envoyé de Brandebourg sur le rôle de Bossuet [Cf. […] 4º Enfin les ouvrages relatifs à Richard Simon, et dont les principaux sont : — les Instructions sur la nouvelle version du Nouveau Testament donnée à Trévoux, 1702 et 1703 ; — et la Défense de la tradition et des Saints Pères, qui n’a paru qu’en 1753. […] I, II et III]. — Les tomes IV, V, VI, VII, VIII et IX sont remplis par les différents écrits de Fénelon sur le sujet du quiétisme, à l’exception des Maximes des saints ; — et les tomes X, XI, XII, XIII, XIV, XV et XVI par ses écrits sur ou contre le jansénisme.
Certains l’ont pu faire, qu’on a appelés des apôtres, des martyrs et des saints. […] Il a recensé à leur intention tous les écrivains qui exposent les principes et les théories de la Mystique : saint Denys l’Aréopagite, saint Bonaventure, Hugues et Richard de Saint-Victor, saint Thomas d’Aquin, saint Bernard, Angèle de Foligno, les deux Eckart, Tauler, Suso, Denys le Chartreux, sainte Hildegarde, sainte Catherine de Gènes, sainte Catherine de Sienne, sainte Madeleine de Pazzi, sainte Thérèse, sainte Gertrude et sainte Mechtilde. […] Sainte Catherine de Sienne, Angèle de Foligno, pendant des années, se sont nourries exclusivement des saintes espèces. […] Enfin, Antoine ayant lu l’Envers d’une Sainte voulut tenter l’aventure. […] En effet, lorsque fut joué l’Envers d’une Sainte, la critique déconcertée cria : c’est de l’Ibsen.
C’est le vestibule du temple ; vestibule bigarré, qui nous laisse pressentir combien, avant de pénétrer jusqu’au saint des saints, nous rencontrerons sur notre route de dieux différents. […] La volupté n’est-elle pas une forme, comme une autre, de la vie universelle, et la vie, par cela seul qu’elle est la vie, n’est-elle pas légitime et sainte ? […] Et tout cela, sous prétexte de peindre le parti des saints en Allemagne ! […] il ne connaît pas les saints et leurs ressources. […] Le voilà qui se démène et crie de toute la force que communique aux poumons d’un avocat ivrogne la sainte horreur de l’eau.
Toute la sainte nature me raconte sa magnificence. […] Route vers la sainte Vierge. […] Imitez les grands saints… Voulez-vous que je vous cite des exemples ? […] Plante des clous dans tes fesses, lape tes excréments, suce des abcès, lèche les plaies des scrofuleux, et tu deviendras un grand saint ! […] Je bois à la Nature-Panthée, à la sainte Volonté-de-vivre, à l’intelligence des Forts en communion avec les soleils et l’éther.
« L’étendard des saints, l’antique bannière des temps chevaleresques ouvre la carrière au troupeau qui suit pêle-mêle avec son pasteur. […] Du fond de leurs cellules, des hommes intrépides volent à de saintes conquêtes. […] Les missionnaires s’embarquèrent donc sur des pirogues avec les nouveaux catéchumènes ; ils remontèrent les fleuves en chantant de saints cantiques. […] Milton, à qui le goût fait tant de reproches, montre pourtant jusqu’à quel point la majesté des livres saints élève l’imagination poétique. […] L’Élysée, par exemple, tel qu’il est peint dans le Télémaque, n’appartient point au système du paganisme, mais à celui d’une religion qui n’admet qu’une joie sainte et des voluptés pures comme elle.
et (malgré une strophe mauvaise) la discrète élégie que résument ces quatre vers d’une musique si tiède et si lasse : Le soleil pur, le nom doux du petit village, les belles oies qui sont blanches comme le sel, se mêlent à mon amour d’autrefois, pareil aux chemins obscurs et longs de Sainte Suzanne. […] Ainsi sainte Thérèse blasphéma une fois quand elle accepta la damnation comme rançon de son amour. […] La Providence se réserve l’extraordinaire et l’absurde, c’est-à-dire le surnaturel ; en cet ordre d’idées, elle opère le plus souvent au moyen des saints et d’abord de la Vierge Marie, qui est la Sainte au-dessus des saints. […] Il y a des baisers qui ne sont sensuels que parce qu’ils sont sales ; il y a des reliques qui ne sont saintes que parce qu’elles sont malpropres. […] J’insiste, il hait le mal, et cette sainte haine est le couronnement de son amour. » Voilà Hello peint par lui-même, croyant qui croit à lui-même.
Un apôtre, un croyant, presque un saint : Grégers, le fils du vieux Werlé. […] Tous les saints ont fait des dilemmes. […] Mais la petite Christine tient bon, tant sa sainte amie s’est emparée d’elle. […] c’est qu’elle fait une chose atroce tout en n’étant pas fort éloignée d’être une sainte. […] Jacques n’est pas un saint.
Elle marche dans des traditions plus saintes, vers des sources plus sacrées, et je ne redoute nullement que les subtilités de M. […] Ils bâtiront eux-mêmes le foyer où ils s’abriteront, ils iront traire eux-mêmes aux saintes mamelles des vaches le lait qu’ils devront boire. […] Comme le mystérieux auteur de ce livre immortel, Eugène Montfort a connu les exaltations les plus saintes et les plus fortes qu’un être humain puisse goûter. […] Leur dieu, c’est l’homme ; leur verbe, c’est la voix de la conscience ; leurs saints impérissables, tous ceux dont l’âme a été belle. […] « Leurs saints impérissables, nous dit encore M.
Quoi qu’en ait dit Juste Lipse, qui légua sa plume à la sainte Vierge, Domitien exila Tacite, et fit bien. […] § X L’autre, Paul, saint pour l’Église, pour l’humanité grand, représente ce prodige à la fois divin et humain, la conversion. […] Il n’en est pas moins saint. […] Cette Écriture sainte de l’Asie a été évidemment plus malaisée encore à réduire et à coordonner que la nôtre.
Là les âmes, les démons, les anges, les vierges, les saints, les damnés, les trois personnes de la Divinité elles-mêmes, jouaient des rôles d’acteur dans le drame théogonique de ces mondes surnaturels. […] Rien n’était plus célèbre, au dix-huitième siècle, que les songes de sainte Perpétue et de saint Cyprien, le pèlerinage de saint Macaire Romain au paradis terrestre, le ravissement du jeune Albéric, le purgatoire de saint Patrick et les courses miraculeuses de saint Brendan. — Ainsi de nombreux exemples et toutes les habitudes littéraires contemporaines nous montrent les régions éternelles comme la patrie de l’âme, comme le lien naturel de la pensée. […] « Que l’amour soit en vous la semence de toute vertu. » La plus belle des œuvres d’Ozanam, la société fondée pour l’assistance des misères du peuple, sous les auspices du saint de la charité moderne, Vincent de Paul, ne fut-elle pas une œuvre d’amour impartial qu’on s’efforcerait vainement de méconnaître ou de rétrécir aujourd’hui ? […] Le vendredi saint du grand jubilé de 1300, Dante, arrivé, comme il le dit, au milieu du chemin de sa vie, désabusé de ses passions et de ses erreurs, commença son pèlerinage en enfer, en purgatoire et en paradis.
Ici il n’y a point de héros, point de personnage historique ou fabuleux accomplissant le fait épique ; il y en a mille, groupés dans ces visions, sans fil qui les relie entre elles : les trois personnes de la Trinité, le Père, le Fils, l’Esprit-Saint, la Vierge, les saints, les anges, les divinités de l’Olympe, celles des enfers païens, les habitants de l’empyrée chrétien mêlés aux figures fabuleuses de l’empyrée antique. […] » Des perles qui parlent se présentent à lui, et il entend des paroles saintes dans l’intérieur de leurs écailles. […] » XXV En effet, jusqu’à la fin du dernier chant, son poème, sans action, sans drame, et par conséquent sans dénouement, n’est plus qu’un éblouissement d’étincelles, de feux, de flammes, de lueurs, d’ailes, de fleurs volantes, de trinités lumineuses, resplendissantes dans une seule étoile, de visages rayonnants d’auréoles, de cercles inférieurs se fondant dans d’autres cercles supérieurs, comme les plans superposés de bienheureux échelonnés par tous les peintres d’apothéoses dans les dômes des cathédrales ; saint Bernard, la Vierge Marie, Rachel, Sara, Rebecca, Judith, saint Jean, saint Benoît, saint Augustin, saint Pierre, sainte Anne, Ésaü, Jacob, Moïse, sainte Lucie, patronne de Palerme, y chantent des Hosanna éternels.
J’ai peint dans Jocelyn, sous le nom d’un personnage imaginaire, ce que j’ai éprouvé moi-même de chaleur d’âme contenue, d’enthousiasme saint répandu en élancements de pensées, en épanchements et en larmes d’adoration devant Dieu, pendant ces brûlantes années d’adolescence, dans une maison religieuse. […] Cette lettre me disait que le saint vieillard ne m’écrivait pas lui-même, parce qu’il pensait que les opinions et les événements avaient élevé trop de barrières entre lui et moi. […] Les violettes y représentaient les saintes tristesses du repentir, les muguets l’encens qui s’élève de l’autel, l’aubépine la miséricorde qui pardonne et sourit après les sévérités divines, l’églantine la joie pieuse qui rentre dans le cœur et qui l’enivre, l’œillet rouge de poète y représentait le cantique, les marguerites et les boutons d’or les voluptés et les passions méprisables du monde, qu’il faut fouler aux pieds, sans les voir ou sans les compter, en marchant au ciel. […] Il ne put s’empêcher de dérider les plis toujours un peu sévères de sa bouche ; il applaudit même à deux ou trois de mes images, surtout à celle des saintes pensées des vieillards comparés à des enfants qui jouent en hiver sur la neige sans sentir le froid, et à celle de l’enfant de chœur assoupi qui laisse pencher le cierge sans que la flamme cesse de monter à Dieu.
Nous ouvrons le livre, et dès l’abord ceux qui ne connaissent que le Lamennais des derniers temps sont comme transportés aux antipodes : on a un Lamennais tendre, gai, enfant, innocent, tout occupé du petit troupeau spirituel qui se rangeait autour de l’abbé Carron, et badinant avec un peu moins de légèreté que Saint-François de Sales, mais avec la même allégresse ; un Lamennais parlant du bon Dieu, de la sainte Vierge, et disant en toute naïveté : « Les Feuillantines sont ma pensée habituelle. — Mon cœur, ma vie est aux Feuillantines ; je me trouve partout ailleurs étranger. » Qu’il y a loin de là au Lamennais qu’on a vu siéger, silencieux et le front plissé, à la Montagne ! […] Homme d’Église et à la fois de sentiment démocratique (si l’on va au fond), il avait pensé naturellement d’abord à opérer cette régénération par l’Église, l’élite du monde selon lui, et par le chef de l’Église, dirigeant et inspirant sa sainte milice.
Il y a réussi en plus d’une ; et pour ne parler que de l’Agonie d’un Saint, qui est à la fin du recueil, c’est une pensée hardie et humaine qui a inspiré ce petit drame, et l’exécution en est parfaite. […] Après l’apothéose, après les gémonies, Pour le vorace oubli marqués du même sceau, Multitudes sans voix, vains noms, races finies, Feuilles du noble chêne ou de l’humble arbrisseau ; Vous dont nul n’a connu les mornes agonies, Vous qui brûliez d’un feu sacré dès le berceau, Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies, Ajoutés au fumier des siècles par monceau ; Ô lugubres troupeaux des morts, je vous envie, Si quand l’immense espace est en proie à la vie, Léguant votre misère à de vils héritiers, Vous goûtez à jamais, hôtes d’un noir mystère, L’irrévocable paix inconnue à la terre, Et si la grande nuit vous garde tout entiers !
Renan me paraît le plus certainement atteint et convaincu de déisme latent, quoi qu’on en dise, c’est qu’il conçoit l’œuvre de l’humanité comme sainte et sacrée, qu’il y admire et y respecte, dans la suite des développements historiques, un ordre excellent, — non pas cet ordre tel quel, qui résulte nécessairement, fût-ce après coup, des rapports et de la nature des événements en cours et des éléments en présence, mais un ordre préétabli, et qui a tout l’air d’avoir été conçu quelque part dans un dessein supérieur et suprême. […] Inutiles tous deux en ce monde, qui ne comprend que ce qui le dompte ou le sert, fuyons ensemble vers l’Éden splendide des joies de l’âme, celui-là même que nos saints virent dans leurs songes.
Peu à peu tout l’Ancien et le Nouveau Testament y passèrent et y défilèrent, mis et traduits en scènes et en personnages ; et les Vies des Saints, et les Miracles de la Vierge également. […] On a sous les yeux une suite de scènes qui devaient avoir beaucoup d’intérêt pour des spectateurs nourris de ces sujets saints, et dont toute la vie se passait au sein des croyances, au milieu de tout ce qui les retraçait.
Il y a dans sa conduite d’alors et dans sa tendance d’aujourd’hui cette véritable, cette seule ressemblance, à savoir qu’il ne s’est jamais borné et même qu’il n’a guère jamais aimé à envisager le christianisme, comme tant de grands saints l’ont fait, par le côté purement intérieur et individuel, par le point de vue du salut de l’âme et des âmes prises une à une, mais qui l’a embrassé toujours de préférence (et en exceptant, si l’on veut, son Commentaire sur l’Imitation et sa traduction de Louis de Blois) par le côté social, par son influence sur la masse et sur l’organisation de la société ; et c’est ainsi qu’il se portait avant tout pour la défense des grands papes et des institutions catholiques. « Jésus-Christ, disait-il en 1826, ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, etc. » Toutefois les moyens que M. de La Mennais proposait et exaltait jusqu’à la veille de juillet 1830 étaient, il faut le dire, séparés du temps actuel et de sa manière de penser présente par un abîme. […] Seulement l’auteur de l’Avenir répudiait dès l’abord un certain nombre d’erreurs violentes contre le régime de liberté, et, en tenant toujours au Clergé un langage d’exhortation, en le provoquant encore à une sainte ligue, il abjurait net toute espérance d’ordre temporel théocratique, dont cette soudaine révolution l’avait désabusé.
Il arrive même à ce beau converti de voler dans les lieux saints. […] Nouveaux pastels ; Un saint.
Le fils de Robert Walpole, Horace, prenant en main la défense de son père contre les ennemis qui l’avaient tant insulté, s’écriait un jour : Chesterfield, Pulteney et Bolingbroke, voilà les saints qui ont vilipendé mon père… voilà les patriotes qui ont combattu cet excellent homme, reconnu par tous les partis comme incapable de vengeance autant que ministre l’a jamais été, mais à qui son expérience de l’espèce humaine arracha un jour cette mémorable parole : « Que très peu d’hommes doivent devenir premiers ministres, car il ne convient pas qu’un trop grand nombre sachent combien les hommes sont méchants. » On pourrait appliquer cette parole à Mazarin lui-même, sauf le mot excellent homme qui suppose une sorte de cordialité, et qu’il ne méritait pas ; mais il est vrai de dire que c’étaient de singuliers juges d’honneur que les Montrésor, les Saint-Ibar, les Retz et tant d’autres, pour venir faire la leçon à Mazarin. […] Les lettres qu’on a de lui à la reine ne laissent aucun doute sur la vivacité des démonstrations passionnées qu’il se permettait ou peut-être qu’il se commandait en lui écrivant ; mais il paraîtrait, si l’on s’en rapportait au témoignage de Brienne et de sa vertueuse mère, que cet amour se contint d’ailleurs en des termes assez platoniques, que l’esprit de la reine s’avouait surtout charmé de la beauté de l’esprit du cardinal, et que c’était un amour enfin dont on pouvait parler à une confidente jusque dans l’oratoire et sur les reliques des saints, sans trop avoir à en rougir et à s’en accuser.
Un Polonais, dessinateur habile, avait peint pour eux l’histoire sainte, l’histoire ancienne, celle de la Chine et du Japon : tous ces tableaux d’histoire composaient une lanterne magique amusante autant qu’instructive. […] Chénier, dans sa jolie satire Les Nouveaux Saints, a pu la railler sur cette disposition de maîtresse d’école, et la cribler de ses traits les plus perçants et les plus acérés : J’arrive d’Altona pour vous apprendre à lire ; et tout ce qui suit.
L’auteur de Madame de Montmorency, qui vient si heureusement de rappeler l’attention sur cette figure de noble et sainte veuve, et de nous la montrer à genoux en prière devant un tombeau, M.
On peut tirer de la vie de la Pucelle, comme d’une vie de sainte, toutes sortes de leçons.
Des Commentaires sur l’Ecriture sainte, des Discussions théologiques étoient au dessous de cette rare sagacité qui lui étoit si naturelle.
À la chose la plus hideuse mêlez une idée religieuse, elle deviendra sainte et pure.
L’enfant né avec le génie qui fait les peintres, craïonne avec du charbon, dès l’âge de dix ans, les saints qu’il voit dans son église : vingt années se passeront-elles avant qu’il trouve une occasion de cultiver son talent ?
En effet, Monsieur Racine ne paroît plus grand poëte dans Athalie que dans ses autres tragédies, que parce que son sujet tiré de l’ancien testament l’a autorisé à orner ses vers des figures les plus hardies et des images les plus pompeuses de l’écriture sainte, au lieu qu’il n’en avoit pû faire usage que très-sobrement dans ses pieces profanes.
Il a toujours été partagé entre la passion des héros et celle des saints. » M. […] Ce sont les héros et les saints de Caërdal ; et il en a d’autres : ce sont du moins ses préférés. […] Elle n’est forte et, par suite, consciente que chez les hommes de génie, les héros, les voyants, les saints. […] Sa perle, dit Théophile Gautier, ce serait un composé de la reine Cléopâtre et de la sainte Vierge. […] Loin d’être jalouse de la beauté de Mme Victor Hugo et de ses saintes qualités, je la voudrais plus belle et plus sainte encore pour l’honneur de ton nom et pour ton bonheur… » De l’ironie ?
Il est bon, il est doux, il est pieux, il est saint, il est d’une délicatesse morale achevée. […] Il appelle couramment sa mère « la sainte » : La sainte est envolée… ou bien elle voisine ! […] Jeanne « la sainte » rentre fort troublée. […] Un seul Dieu, créateur, tout-puissant, très saint, très juste, très bon. […] Si Ganelon a trahi la première, il a été, grâce à son repentir, racheté par la seconde, racheté par les mérites du Christ et des saints.
Mais les institutions et les rites du moyen âge subsistent encore, et, en Italie comme en Flandre, vous voyez dans les plus belles œuvres le contraste choquant des figures et du sujet ; des martyrs qui semblent sortir d’un gymnase antique, des Christs qui sont des Jupiters foudroyants ou des Apollons tranquilles, des Vierges dignes d’un amour profane, des Anges aussi gracieux que des Cupidons, parfois même des Madeleines qui sont des sirènes trop florissantes et des saints Sébastiens qui sont des Hercules trop gaillards ; bref, une assemblée de saints et de saintes qui, parmi des instruments de pénitence et de passion, gardent la vigoureuse santé, la belle carnation, la fière attitude qui conviendrait pour une fête heureuse de nobles canéphores et d’athlètes parfaits. — Aujourd’hui l’encombrement de la tête humaine, la multiplicité et la contradiction des doctrines, l’excès de la vie cérébrale, les habitudes sédentaires, le régime artificiel, l’excitation fiévreuse des capitales, ont exagéré l’agitation nerveuse, outré le besoin des sensations fortes et neuves, développé les tristesses sourdes, les aspirations vagues, les convoitises illimitées. […] C’est pourquoi leurs fêtes les plus saintes étaient des défilés d’opéra et des ballets sérieux. […] Les dieux sont vivants, présents ; ils parlent ; on les a vus, comme la Vierge et les saints au xiiie siècle. — Les hérauts de Xerxès ayant été tués par les Spartiates, les entrailles des victimes deviennent défavorables ; c’est que ce meurtre a offensé un mort, le glorieux héraut d’Agamemnon, Talthybios, auquel les Spartiates ont voué un culte. […] Le divin imprégnait les choses ; on leur parlait ; vingt fois dans Eschyle et Sophocle on voit l’homme s’adresser aux éléments comme à des êtres saints avec lesquels il est associé pour conduire le grand chœur de la vie. […] Hestia signifie le foyer ; jamais la déesse n’a pu être tout à fait séparée de la flamme sainte, qui était le centre de la vie domestique.
Alors une de ces dames lui dit que, si elle avait fait un pareil écrit, elle serait une sainte ; mais l’auteur, en moraliste avisé, répondit qu’il y a un pont bien large de l’esprit au cœur.
Cette démence sacrée, cette sainte fureur qui saisit les hommes ou les dieux et qu’exprime le mot μέμηνεν, se change en ce terme burlesque de fou qui tombe à la fin du vers, comme dans cette ballade du fou de Tolède, de Victor Hugo, où du moins l’effet est à sa place.
Ce ne serait que Henri IV qui, descendu de Robert de France, sixième fils de Louis IX, aurait enfin fait rentrer la couronne dans la lignée directe du saint roi. » Le fait est qu’une quarantaine d’années après la mort ou la prétendue mort de ce petit roi Jean, parut en France un aventurier qui se donna pour lui, qui raconta toute une histoire romanesque à laquelle plusieurs puissances et personnages politiques d’alors ajoutèrent foi, notamment Rienzi.
Les petits étouffent les plus grands, ou les plus grands écrasent… Et que c’est saint, au fond, cette lutte infinie vers la lumière !
Un succès formidable accueillait toujours le Cheval de fiacre, brisé de fatigue et de coups de fouet : Dont nous ferions un saint si Dieu l’avait fait homme.
Mendès ne cachait pas qu’il éprouvait contre l’hiatus une sainte horreur, mais ouvrez ses poésies et vous verrez que l’hiatus y fourmille comme il fourmille chez Malherbe, comme il fourmille chez Boileau.
Remy de Gourmont : Les Saintes du Paradis.
Mais comme le lendemain était le sabbat, et un sabbat d’une solennité particulière, les Juifs exprimèrent à l’autorité romaine 1194 le désir que ce saint jour ne fût pas souillé par un tel spectacle 1195.
Un jour, un autre savant redressera l’innocente erreur qui peut attendre, mais l’histoire du pays, c’est l’Arche sainte, et nous souhaiterions que la première main qui s’étend vers elle ne pût la toucher !
alors, c’est un saint sur la terre, un Ambroise, un Augustin, non pour la science des livres, qui est une chose toute terrestre, une drogue (car, hélas ! ils sont au-dessus d’elle, ou du moins elle est au-dessus d’eux), mais pour le zèle et les jeûnes, et les yeux dévotement levés au ciel, et la sainte rage contre les péchés d’autrui. […] C’est de cette pourpre superbe et sanglante que se parent les passions anglaises ; c’est sous les plis de ce drapeau qu’elles se rangent en bataille, d’autant plus puissantes qu’au milieu d’elles il y en a une toute sainte, le sentiment du droit, qui les rallie, les emploie et les ennoblit. […] These words although (as the very syntax doth immediately discover) they bear a relation to, and have a fit coherence with those that precede, may yet (especially considering St. […] then he is a saint upon earth : an Ambrose or an Augustine (I mean not for that earthly trash of book-learning ; for, alas !
— Sainte Marie des Fleurs, roman. […] Œuvres. — L’Armette, Crépin-Leblond, Moulins, 1894. — Au pays de Berri, Lemerre, 1898. — La Bonne Dame de Nohant, Soc. des Public., 1897. — Sainte Soulange, Crépin-Leblond, 1808. — Noëls Berriauds, éd., 1898. — Les Chansons Berriaudes, éd., 1899. — Vielles et Cornemuses, éd, 1901. — Les Mémoires d’un Bouvreuil, Combet, 1901. — Auvent de Galène, Crépin-Leblond, 1903. — Le Patois Berrichon, Crépin-Leblond, 1903. — Le Courrandier, Combet, 1904. — Les Rimoueres d’un Paysan, Sansot et Cie, 1905. […] Lemaître (Mme Claude), née à Saintes en 1873. […] Mercure de France, 1808, in-18. — Le Saint, 1 acte en prose, Revue d’Art dramatique, 1902, in-8º. — La Médaille Militaire, 1 acte en prose, Le Libertaire, 1903 […] Vignaud (Jean), né à Saintes le 26 septembre 1875.
LXXVI Fior d’Aliza avait son riche habillement des dimanches, ses épingles de fer à bouts d’or traversant ses cheveux, son collier à trois rangs de saintes médailles, avec des reliques, dansant sur son cou ; son corset de velours noir sur sa gorgère rouge et évasée, que son jeune sein ne remplissait pas encore ; son jupon court, de laine brune, ses pieds nus, ses sandales à la main, comme deux tambours de basque, avec leur courroie. […] — Pourvu qu’ils nous laissent la fontaine, avec le bassin à l’ombre de la grotte, où je me vois dans l’eau en me baignant les pieds et en filant ma quenouille, comme une sainte Catherine dans un ciel d’église, quand je garde les brebis paissant sur le bord ! […] J’irai m’engager tous les étés dans les bandes de moissonneurs de la campagne de Sienne, et peut-être de Rome ; je travaillerai pour nous quatre, comme quatre ; le soir, pendant que les autres se reposeront, je jouerai de la zampogna pour les pèlerins ou les pèlerines des saintes du pays ; ou bien je ferai danser dans les noces des riches métairies de la plaine de Terracine, et je rapporterai bien assez de froment ou assez de baïoques (monnaie du pays) pour vous nourrir et vous chauffer le reste de l’année.
Mais voilà que de vrais amis se mettent encore entre l’homme et nous ; gens d’esprit mais de système, ils s’appliquent depuis sa mort à refaire la légende, à composer un Béranger tout d’une pièce, tout en perfection, en vertu ; en qui l’on croie aveuglément ; un saint bon pour des dévots et tout taillé pour un calendrier futur. — « Otez-nous, m’écrit à ce sujet quelqu’un qui l’a bien connu et qu’indigne cette prétention d’orthodoxie singulière en pareil cas, ôtez-nous ce Béranger cafard à sa manière, triste et bête, ennuyeux comme Grandisson ; rendez-nous ce malin, ce taquin, qui emportait la pièce et offensait tous ses amis, et se les attachait toutefois et leur restait fidèle ; cet homme capricieux, compliqué et faible aussi, plein des passions de la vie, timide par instants, ambitieux par éclairs, souvent redoutable, charmant presque toujours. […] C’est ainsi qu’il l’entend, et il le confesse : « Je suis beaucoup plus chrétien qu’on ne le suppose, écrivait-il un jour à l’abbé de Pradt (un prélat très coulant, il est vrai) ; on ne me traiterait pas d’antichrétien, si on ne faisait du christianisme un moyen politique. » — « Pour douter de ce que beaucoup de gens croient, disait-il encore, il n’en résulte pas que je ne croie à rien. » A vingt ans, il faisait maigre le vendredi saint, quoique le maigre l’incommodât ; non pas qu’il s’en tînt à la conclusion un peu vague du Vicaire savoyard, qui laisse la porte entr’ouverte à l’idée de révélation, mais il rendait hommage à la mort la plus touchante du meilleur d’entre les fils des hommes.
Lorsqu’il arriva en Espagne au mois de septembre 1556, il ne trouva pas les choses prêtes comme il les avait recommandées : il avait choisi pour son dernier abri ici-bas le monastère de Saint-Just de l’Ordre de saint Jérôme, situé dans un site pittoresque de l’Estramadure ; il avait prescrit qu’on eût à y bâtir un édifice contigu où il pût vivre avec un petit nombre de serviteurs, à part bien qu’à portée de la compagnie des moines et à même, pour ainsi dire, de tous les exercices religieux. […] En premier lieu, les écrivains du couvent, les moines hiéronymites, voyant le grand empereur honorer à jamais leur maison par une adoption sans exemple, assister à leurs exercices, s’agenouiller à leurs offices, vénérer les mêmes reliques, dîner une fois à leur réfectoire avec toute la communauté, obliger son confesseur, simple moine, de rester assis devant lui, faire dire messes sur messes pour le repos de l’âme des siens et pour le salut de la sienne, en ont fait un saint, un homme détaché du siècle, ne pensant qu’à Dieu, à l’autre vie, à la fin dernière.
En théologie, Harlay n’avait pas eu un moindre succès pour sa thèse dite Tentative ; en homme qui prévoyait et pressentait où il aurait à frapper plus tard, il la fit porter sur le point le plus controversé d’alors, saint Augustin et Jansénius ; ayant établi les propositions catholiques orthodoxes, il soutint hardiment que le saint docteur que chacun lirait à soi était de son côté, et que Jansénius l’avait mal compris. […] Il paraît, au contraire, si l’on en croit l’écho qui nous arrive, un peu grossi peut-être à distance, que notre abbé réunissait toutes les qualités de l’orateur, — presque toutes, — l’accent, le charme de la voix, le geste, l’action souvent animée et toujours appropriée, la mémoire, les grâces de la diction, le trésor des saintes Écritures et des Pères : que de choses !
-B. explique cette bienveillance de Mesdames et de Messieurs de Port-Royal par l’influence de la marquise et par sa générosité, ce qui donnerait une triste idée de ces saints solitaires… » Toute cette critique est aussi inexacte que mal raisonnée. […] La marquise de Sablé étant allée, un jour, se loger tout à côté du monastère de Port-Royal, et étant devenue l’une des amies des patronnes et des protectrices, si l’on veut, ou des affiliées de la sainte abbaye, j’ai cherché à déterminer le vrai caractère de ces rapports.
Si Jasmin avait vécu au temps des troubadours, s’il avait écrit en cette littérature perfectionnée dont il vient, après Goudouli, Dastros et Daubace, et, à ce qu’il paraît, plus qu’aucun d’eux, embellir encore aujourd’hui les débris, il aurait cultivé la romance sans doute, et quelques heureux essais de lui en font foi ; mais il aurait, j’imagine, préféré le sirvente, et, en présence des tendres chevaliers, des nobles dames, des Raymond de Toulouse et des comtesses de Die, il aurait introduit quelque récit railleur d’un genre plus particulier aux trouvères du Nord, quelque novelle peu mystique et assez contraire au vieux poëme de la vie de sainte Fides d’Agen. […] Est-ce que saint Joseph voudrait nous faire entendre, le bon saint, qu’à l’amour trop pressé il ne reste rien à prendre ?
Mlle Marie de Rabutin-Chantal, née en 1626, était fille du baron de Chantal, duelliste effréné, qui, un jour de Pâques, quitta la sainte table pour aller servir de second au fameux comte de Bouteville. […] Certes, une femme qui, mêlée dès sa jeunesse aux Ménage, aux Godeau, aux Benserade, se garantit, par la seule force de son bon sens, de leurs pointes et de leurs fadeurs ; qui esquive, comme en se jouant, la prétention plus raffinée et plus séduisante des Saint-Évremond et des Bussy ; une femme qui, amie, admiratrice de Mlle de Scudéry et de Mme de Maintenon, se tient à égale distance des sentiments romanesques de l’une et de la réserve un peu renchérie de l’autre ; qui, liée avec Port-Royal et nourrie des ouvrages de ces Messieurs, n’en prise pas moins Montaigne, n’en cite pas moins Rabelais, et ne veut d’autre inscription à ce qu’elle appelle son couvent que Sainte liberté, ou Fais ce que voudras, comme à l’abbaye de Thélème ; une telle femme a beau folâtrer, s’ébattre, glisser sur les pensées, et prendre volontiers les choses par le côté familier et divertissant, elle fait preuve d’une énergie profonde et d’une originalité d’esprit bien rare.
Ces saintes femmes s’occupent spécialement de la guérison des galériens dans leurs maladies. […] Nous ne pouvons vous recevoir dans une sainte maison comme la nôtre ; le monde est si méchant !
Avec la salle des Confrères, les comédiens avaient loué leurs décorations : le renouvellement des sujets ne porta point d’abord atteinte aux traditions scéniques, et Hardy ne songea point à construire sa Didon ou sa Marianne autrement qu’il n’eût découpé une Vie de sainte Catherine ou une Histoire d’Amadis. […] Mais aussi bien que le Cid de l’histoire, que le Cid toujours barbare du Poème ou de la Chronique Rimée, et que le Cid chevaleresque des romances, Corneille a refusé d’évoquer le Cid de Guillen de Castro, héros national, presque saint, mais beau cavalier et serviteur des dames, hidalgo tueur de Mores et diseur de pointes : il n’a gardé du caractère local de l’action et du héros, que ce qui était indispensable à la réalisation des sentiments généraux.
« Angélique lisait souvent la Vie des saints, et les miracles la ravissaient, mais ne l’étonnaient point. […] Qu’il nous abandonne les petits contes, les doux enfantillages, les petites bergères, les petites saintes, les princes charmants, les jolis riens du rêve… Qu’il n’y touche pas avec ses gros doigts.
D’Aguesseau est un chrétien qui lit souvent du Platon ; c’est un disciple de Descartes, mais qui lit tous les jours de l’Écriture sainte. […] Cette biographie, destinée d’abord au seul cercle de la famille, a conservé le caractère d’une douce et sainte solennité domestique.
Quand les dames de Saint-Cyr la pressaient dans sa retraite dernière d’écrire sa vie, elle s’en défendait, en disant que ce serait une histoire uniquement remplie de traits merveilleux tout intérieurs : « Il n’y a que les saints qui pourraient y prendre plaisir. » Et elle croyait parler humblement en s’exprimant ainsi. Mais il n’est pas besoin d’être saint pour prendre plaisir à ces ressorts secrets du cœur, qu’elle-même nous a assez franchement dévoilés.
Elle fit, à cette époque, comme toute la cour de France, qui, à certain jour, et en n’obéissant qu’à la mode, au progrès des lettres et au plaisir de comprendre la Sainte Écriture ou de chanter les Psaumes en français, faillit se trouver luthérienne ou calviniste sans le savoir. […] Cette dame Oisille répond de la manière la plus édifiante : Mes enfants, vous me demandez une chose que je trouve fort difficile, de vous enseigner un passe-temps qui vous puisse délivrer de vos ennuis ; car, ayant cherché le remède toute ma vie, n’en ai jamais trouvé qu’un, qui est la lecture des Saintes Lettres, en laquelle se trouve la vraie et parfaite joie de l’esprit, dont procède le repos et la santé du corps.
Toute pleine du feu de tant de saints prophètes. […] Ils virent les nefs dorées s’amarrer à l’aval du pont où veillent les statues de saints, puis ils virent l’eau couler et les hommes passer, dans les chaudes clairières, sous le soleil d’été les fées et les lutins qui leur baisaient les seins, et ils entendirent le cor enchanté par les forêts en source et les fleurs des taillis.
Il s’agit du procès Saladin : empoisonnement d’un prêtre par le moyen des saintes espèces. […] Augier et sa future femme recoururent à son ministère avec beaucoup de simplicité et de piété et, le jeudi saint, le prélat leur donna la bénédiction nuptiale dans l’église Sainte-Marie-du-Peuple, où Luther a dit sa dernière messe.
Après l’Unité spirituelle, il écrivit le livre de la Douleur, un livre de mysticité tendre comme les Saints en auraient écrit un avant que leur sang fût devenu lumineux et quand il fait mal en coulant encore. […] L’auteur de la Douleur a souvent des élancements vers ce qu’il appelle l’Infini, qui ressemblent aux Exclamations de sainte Thérèse vers Celui qu’elle appelait « son Dieu ».
« La terre, privée de tes cérémonies saintes, ne pourrait donner de gardiens à ses frontières. […] Souvent le père des dieux, dans la splendeur du temple, visitant les saints mystères dont les fêtes étaient venues, assista sur la terre à la course des chars.
C’était à Éleusis que se célébraient ces Éleusinies qui furent le Saint des Saints du polythéisme. […] Sa mémoire devient une chose sainte, il est défendu d’y toucher. […] Deux petits moines, travestis en Saintes Femmes, pleuraient et se pâmaient derrière le cortège. […] Elle estoit comme une sainte à l’égard de Dieu, et comme un héros à l’égard du monde. […] Elle imita son exquise réserve et son saint silence.
Robespierre, ou plutôt le Comité de saint publie dont il était devenu membre, ne croyait pas encore la France sauvée, et, par politique autant que par habitude, voulait la continuation pure et simple du régime révolutionnaire.
Massillon, Fléchier, hasardaient quelques principes indépendants à l’abri de saintes erreurs ; Pascal vivait dans le monde intellectuel des sciences et de la métaphysique religieuse ; La Rochefoucauld, La Bruyère, peignaient les hommes dans le cercle des sociétés particulières, avec une prodigieuse sagacité : mais comme il n’y avait point encore de nation, les grands traits des caractères politiques, qui ne sont formés que par les institutions libres, ne pouvaient y être dessinés.
la sainte économie de nos mères, leurs prodiges de ménagères industrieuses, et l’étroitesse sévère du foyer domestique !
Je sais que, entre l’égoïsme où nous vivons presque tous et la charité parfaite, l’entier dépouillement des saints, la distance est grande, et les degrés nombreux et rudes.
Son âme, ainsi que celle de sainte Catherine de Sienne, saura s’éduquer au voisinage banal et familier de chaque jour et de chaque endroit, et, peu à peu, dans la parole d’un enfant, dans les réflexions du petit Allan, du petit Yniold, ou du petit Tintagiles, il découvrira des trésors de bonté infinis et des fortunes d’amour inépuisable.
Aux cris de douleur, à l’amertume des souffrances premières, la saine et sainte joie succède, chantée par toutes les lyres d’une conscience droite et haute.
Remy de Gourmont L’un des plus féconds et les plus étonnants inventeurs d’images et de métaphores… Le Pèlerinage de sainte Anne, écrit tout entier en images, est pur de toute souillure, et les métaphores, comme le voulait Théophile Gautier, s’y déroulent multiples, mais logiques et très bien entre elles : c’est le type et la merveille du poème en prose rythmée et assonancée.
Sainte Thérèse donne à l’amour de Dieu les caractères d’un amour physique, et M.
Et puis, pourquoi n’en serait-il pas d’une littérature dans son ensemble, et en particulier de l’œuvre d’un poëte, comme de ces belles vieilles villes d’Espagne, par exemple, où vous trouvez tout : fraîches promenades d’orangers le long d’une rivière ; larges places ouvertes au grand soleil pour les fêtes ; rues étroites, tortueuses, quelquefois obscures, où se lient les unes aux autres mille maisons de toute forme, de tout âge, hautes, basses, noires, blanches, peintes, sculptées ; labyrinthes d’édifices dressés côte à côte, pêle-mêle, palais, hospices, couvents, casernes, tous divers, tous portant leur destination écrite dans leur architecture ; marchés pleins de peuple et de bruit ; cimetières où les vivants se taisent comme les morts ; ici, le théâtre avec ses clinquants, sa fanfare et ses oripeaux ; là-bas, le vieux gibet permanent, dont la pierre est vermoulue, dont le fer est rouillé, avec quelque squelette qui craque au vent ; au centre, la grande cathédrale gothique avec ses hautes flèches tailladées en scies, sa large tour du bourdon, ses cinq portails brodés de bas-reliefs, sa frise à jour comme une collerette, ses solides arcs-boutants si frêles à l’œil ; et puis, ses cavités profondes, sa forêt de piliers a chapiteaux bizarres, ses chapelles ardentes, ses myriades de saints et de châsses, ses colonnettes en gerbes, ses rosaces, ses ogives, ses lancettes qui se touchent à l’abside et en font comme une cage de vitraux, son maître-autel aux mille cierges ; merveilleux édifice, imposant par sa masse, curieux par ses détails, beau à deux lieues et beau à deux pas ; — et enfin, à l’autre bout de la ville, cachée dans les sycomores et les palmiers, la mosquée orientale, aux dômes de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ?
Par exemple, elle termine cette strophe d’un hymne triumphal sur la mort de Marguerite de Valois, reine de Navarre, qu’il plaît au poëte de mettre au rang des plus grandes saintes.
Il eût trouvé parmi nos saintes des puissances aussi grandes que celles des déesses antiques, et des noms aussi doux que ceux des Grâces.
Dans le récit que le Corio fait de la mort du duc Galeas Sforce Viscomti, qui fut assassiné en mil quatre cent soixante et seize dans l’église de saint étienne de Milan, il dit : le duc aimoit beaucoup la musique, … etc. .
Voltaire est particulièrement le séducteur des imbéciles, l’empoisonneur des gens malsains, et l’Esprit Saint de la canaille.
Et on le crut, non parce que c’était clair, cet imbroglio d’impossibilités, cet entrechoquement de folies, mais parce que c’était insolent pour Moïse et nos livres saints !
C’est une chose gaie, en effet, par elle-même, que cette donnée, hardie comme la gaîté, — de la gaîté qui va parfois jusqu’à l’audace, — d’un coquebin à trente-six carats, marié, dans la prime fleur de ses jeunes années, à la jeune fille la plus charmante, dont le cœur bat sous le buse de l’étiquette, qu’elle enverra très bien promener au fond de son alcôve quand il le faudra, et qui, devant ce buse et devant ce cœur, reste les bras croisés, froid comme un saint de pierre qui ne connut jamais la tentation.
Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre.
Au temps de Racine, on savait très bien son histoire sainte ; à présent, on ne la sait plus ; mais ça n’est pas du tout nécessaire pour comprendre Athalie. […] Polyeucte est une des grandes figures du théâtre, non parce qu’il est un saint, mais parce qu’il est un fou. […] Extérieurement avilie, elle ne le méprisera pas ; sainte par le dedans, elle saura le consoler et le relever. […] … Il était superbe tout à l’heure, quand il chantait… » Troisièmement, ils « blaguent » la virginité, cette chose sainte ! […] Lacordaire l’explique éloquemment dans son histoire de Sainte Marie-Madeleine.
Ce faisant vous aurez la garde de Dieu, des anges et des saints avec vous. » Telles sont les choses fortuites ou les choses ayant parentage avec elles. […] Ce n’est pas là que s’ouvre le Saint des saints ; ce n’est pas là qu’est le dernier mot ; et c’est à l’ensemble du livre qu’il faut revenir pour en saisir l’esprit général. […] Dieu a parlé, dans l’Écriture sainte. […] Toutes les bonnes œuvres de toute l’humanité supposée sainte, devant Dieu seraient encore une fumée. […] Calvin a tenu et gardé avec un soin jaloux les clefs du tabernacle, il en a peu répandu l’huile sainte.
Ces grands hommes ont tenté une explication des mystères, entre autres du mystère de la très sainte Trinité : donc ce mystère, tout saint et sacré qu’il était à leurs yeux, contenait des idées qu’il était possible de dégager de leur forme. […] Mais si elle est sainte, les idées qui sont dessous le sont aussi ; et ce sont ces idées que la philosophie considère en elles-mêmes. […] Donc la création n’est pas un mal, elle est un bien ; et ainsi nous la représentent les saintes Écritures : « Il vit que cela était bien. » Pourquoi ? […] Enfin dans Dieu aussi nous avons reconnu trois éléments, la sainte et immortelle triplicité dans laquelle, sans se diviser, se développe son essence. […] Un individu n’est pas complet s’il n’a développé en lui, dans la mesure de ses forces, l’idée de l’utile, du juste, du beau, du saint, du vrai.
Je ne sache rien, sauf l’Iliade et quelques très rares histoires justement classiques, de plus ennuyeux, les contes de fées ou alors et surtout la Vie des Saints, pieux roman armé de toutes pièces avec les nécessaires épisodes et l’indispensable et détestable Psychologie. […] Il subit, à l’hôpital de la Conception, à Marseille, une opération qui parut réussir, puis la fièvre et l’inflammation survenant, la mort s’ensuivit, une mort chrétienne et douce, « la mort d’un saint », dit un biographe qui fut témoin oculaire. […] Mais une fête encore parisienne, Spirituelle en tout, parisienne et bonne, ainsi que dit un vers de moi de je ne sais plus quand, mais une fête vénitienne et padouane jusqu’à cette prière au célèbre saint local : Saint Antoine de Padoue, que je porte sur moi en effigie, écoute ma prière : Bon saint qui trouves ce qui est perdu, je te prie, rapporte-moi son cœur : je l’ai perdu hier ! […] ses yeux qui luisent pour moi… Et ce sont des noms de personnes (toutes, sans doute, la même, osons l’espérer au nom de la sainte Fidélité), de personnes charmantes, noms charmants et combien suggestifs dans tous les cas, Lilian, Noria, Muriel. […] Le pauvre poète, fils d’une patrie jadis meurtrie et vaincue, mais pleine encore du saint espoir, a fait ces vers que je ne vous demande pas d’admirer, mais d’aimer un peu.
On a appellé quelquefois les Saints & les Anges, les glorieux, comme habitans du séjour de la gloire. […] Dans combien de villes ne porte t-on pas nuds piés les châsses des saints pour obtenir les bontés de l’Etre suprème par leur intercession ? […] La matiere dont étoient formés les chérubins du saint des saints, auroit pû servir également aux fonctions les plus viles. […] Ils briserent toutes les statues qu’ils trouverent à Constantinople dans sainte Sophie, dans l’église des saints Apôtres, & dans d’autres qu’ils convertirent en mosquées. […] Les Chrétiens n’adorent en effet qu’un seul Dieu, & ne réverent dans les bienheureux que la vertu même de Dieu qui agit dans ses saints.
À ses yeux, en ce moment, l’Église et la constitution sont choses saintes : gardez-vous d’y toucher, si vous ne voulez point devenir ennemi public ! […] Ils se rencontrèrent — auprès des brandons mourants d’un autel — où un amas de choses saintes avaient été empilées — pour un usage profane. […] Les anges et les saints du moyen âge, aussi étrangers et presque aussi lointains, étaient couchés sur le vélin de leurs missels et dans les niches de leurs cathédrales, et si quelque poëte, comme Chateaubriand, essayait de les faire rentrer dans le monde moderne1287, il ne parvenait qu’à les rabaisser jusqu’à l’office de décors de sacristie et de machines d’opéra. […] C’est le ciel comme l’imaginait saint François et le peignait Van Eyck, avec les anachorètes, les saintes femmes et les docteurs, les uns dans un paysage de rochers bleuâtres, les autres au-dessus dans l’air sublime, autour de la Vierge glorieuse, rangés par régions et flottant en chœurs. […] L’ange des saintes amours, l’ange de l’Océan, les chœurs des esprits bienheureux.
N’es-tu pas belle et sainte comme tu es ? […] Maintenant, le château a disparu ; et, en 1793, une bande venue de Vézelise a démoli la statue sainte. […] Il se confesse à Dieu, directement ; et il attend que Dieu, par un signe, lui donne permission d’aller à la sainte table. […] Paix » ; l’amour qui exalte les saints, « dont nous sommes les participants très indignes » ; enfin, l’amour de Dieu. […] bien, cette terrible fille, vouée à Dieu si passionnément, n’a-t-elle pas, dans la phrase, plus d’indulgence et plus d’émoi tremblant que le saint de M.
Un prêtre de l’endroit, l’abbé Sanchini, lui enseigna les premiers éléments du latin ; quant au grec, l’apprenant dès l’âge de huit ans dans la grammaire dite de Padoue, l’enfant jugea cette grammaire insuffisante, et, décidé à s’en passer, il se mit à aborder directement les textes qu’il trouvait dans la bibliothèque de son père ; il lut ainsi sans maître, et bientôt avec une surprenante facilité, les auteurs ecclésiastiques, les saints Pères, tout ce que lui fournissait en ce genre cette très-riche bibliothèque domestique ; le premier débrouillement fait, il lut méthodiquement, par ordre chronologique, plume en main, et, de même que chez Pascal, avec qui on l’a comparé, le génie mathématique éclata comme par miracle ; ainsi le génie philologique se fit jour merveilleusement chez le jeune Leopardi ; il devint un véritable érudit à l’âge où les autres en sont encore à répéter sur les bancs la dictée du maître. […] Quelques années plus tard (1826), Leopardi publiera une traduction d’une ancienne chronique sacrée grecque ou copte (Martyre des saints Pères du mont Sinaï,) traduction censée faite sur une version latine par quelque bon Italien du xive siècle (1350) en prose contemporaine de celle de Boccace, et il trompera à première vue les connaisseurs les plus exercés. […] Comme je n’ai pas la prétention d’enregistrer au complet tous les écrits de Leopardi, je note seulement, au nombre de ses derniers travaux qui tiennent encore à la philologie, sa traduction de la chronique grecque précédemment indiquée (Martyre des saints Pères du mont Sinaï), en style trécentiste, qu’il publia en 1826 ; et peu après, en 1827, la traduction qu’il donna d’un discours de Gémiste Pleton, grand orateur et, qui plus est, penseur du Bas-Empire, venu trop tard ou trop tôt, et avec lequel il pouvait se sentir de certaines affinités155. […] Quand il énumère les congés de la Vaticane et des autres bibliothèques, qui sont en vacances la moitié de l’année, et qui, le reste du temps, profitent de toutes les fêtes et de tous les saints du calendrier, sans compter deux ou trois jours de clôture régulière par semaine, il me rappelle le conte malin de Boccace imité par La Fontaine.
Mon père et ma mère s’aimèrent du plus saint amour pendant dix-huit ans, avec le plus grand désir d’avoir des enfants. […] L’audience qu’il reçoit du pape le jeudi saint, pour être relevé de l’excommunication, est une des circonstances les plus pittoresques de ses Mémoires : « Nous nous acheminâmes donc vers le palais, c’était un jeudi saint ; et, comme il y était connu, et moi attendu, nous fûmes introduits dans la chambre du pape sans attendre l’audience. […] Lisez-moi ma sentence, expédiez-moi promptement, de peur que mes saintes résolutions ne m’abandonnent.
Louis XIV et Mme de Maintenon croyaient à l’efficacité des prières, surtout à Saint-Cyr : « Faites-vous des saintes, répétait sans cesse la fondatrice à ses filles durant les guerres calamiteuses, faites-vous des saintes pour nous obtenir la paix. » Et vers la fin, quand un rayon de victoire fut revenu, mêlant quelque enjouement dans le sérieux de son espérance : « Il serait bien honteux à notre supérieure, écrivait-elle, de ne pas faire lever le siège de Landrecies à force de prières : c’est aux grandes âmes à faire les grandes choses. » Dans les dernières années de Louis XIV, Mme de Maintenon n’était heureuse que quand elle venait à Saint-Cyr « pour se cacher et pour se consoler ».
Il a témoigné sa piété et la force de son génie dans la traduction du Nouveau Testament, dans celle du bréviaire romain et de quelques autres pièces saintes, dont il a fait sa principale occupation. […] Dans la Défense qu’il présenta des versions françaises de l’Écriture sainte et des offices (1688), le savant docteur rappelle que si l’on condamnait la traduction du bréviaire romain de M.
Pourquoi pas un livre en l’honneur d’un grand peuple, — ou en l’honneur d’un grand saint ? […] Tu le sais, d’Auberive, notre Dauphiné est fier de vous : dans ce temps où tout s’en va, votre race a conservé intact cet honneur, ce vieil et pur honneur qui est le premier des biens… Si jamais tu pouvais l’oublier, je m’en souviendrais pour toi… Quand je regarde ton Emmanuel, si enthousiaste, si beau, si digne de sa sainte mère, je retrouve en lui cette fleur de noblesse que notre siècle ne connaît plus, qui bientôt, peut-être ne sera plus qu’un nom, mais que nous ne devons pas laisser périr, nous qui en sommes les gardiens… Quoi !
Par exemple, à Aïn-Mahdy, la ville sainte, il s’abstiendra d’entrer dans la mosquée. […] C’est là, à El-Aghouat, dans cette ville conquise de la veille et tout récemment française, qu’il va passer plusieurs semaines à peindre, à regarder, à s’imbiber de lumière et de soleil ; c’est de là qu’il fera une pointe de quelques jours jusqu’à Aïn-Mahdy à l’Ouest, une ville sainte, célèbre par le siège qu’elle soutint contre Abdel-Kader et par une lutte fratricide qui n’est pas à l’honneur de ce dernier.
Archange, ô sainte messagère, Pourquoi tes pleurs silencieux ? […] Il essuya complaisamment son fusil, l’enferma dans une robe d’étamine, et l’accrocha au manteau de la cheminée, entre l’épi insigne de blé de Turquie et la branche ordinaire du buis saint.
On se lance jusque dans des phrases qui semblent d’abord des niaiseries ; on parle « d’un chat qui fait la chattemitte », et « d’un saint homme de chat. » On imagine des épithètes héroïques à la façon d’Homère : « le chat grippefromage, triste oiseau le hibou, Rongemaille le rat, le milan porte-sonnette. » On change en dieux, à la façon des peuples primitifs, des conjonctions et des adjectifs. « Que-si que-non frère de la Discorde, avecque Tien-et-Mien son père. » On invente comme le peuple ces expressions hardies, étranges, qui faisaient dire à l’abbé d’Olivet qu’on fabrique plus de tropes en un jour à la halle qu’en un an à l’Académie. […] Où sont les règles saintes des rejets et des césures ?
Il est frappant que ses plus longues pièces portent le titre de Discours, et ce qu’il appelle Hymne de saint Louis est un « panégyrique » en vers du saint roi, orné d’abondantes moralisations. […] Parmi ses Traités de piété, je citerai : De la Sainte Philosophie ; Méditations sur Job, sur les lamentations de Jérémie, sur le cantique d’Ezéchias (Isaïe), etc.
» — Une autre fois, un de ses prêtres reconnaît qu’il porte en lui le même feu divin que sa main vient d’allumer sur l’autel, et il s’écrie dans un saint transport : — « Lorsque je pense que cet être lumineux est dans mon cœur, les oreilles me tintent, mon œil se voile, mon âme s’égare. […] Ou eût dit un Saint équivoque, relevé d’une ancienne excommunication, mais toujours suspect, qu’on aurait logé dans une chapelle limitrophe entre le paradis et le purgatoire.
Il avait de plus un frère avec qui on lui trouverait moins de ressemblance, singulier d’humeur, d’une sensibilité rentrée et contrainte, un peu bizarre d’esprit comme de caractère, de son état chanoine de la cathédrale de Langres, très dévot et l’un des grands saints du diocèse. […] À propos d’un saint Benoît mourant et recevant le viatique, par Deshays, il fait voir que si l’artiste avait montré le saint un peu plus proche de sa fin, « les bras un peu étendus, la tête renversée en arrière, avec la mort sur les lèvres et l’extase sur le visage », en raison de cette seule circonstance changée dans l’expression de la principale figure, il aurait fallu changer par suite toutes les physionomies, y marquer plus de commisération, y répandre plus d’onction attendrie : « Voilà un morceau de peinture, ajoute-t-il, d’après lequel on ferait toucher à l’œil à de jeunes élèves, qu’en altérant une seule circonstance on altère toutes les autres, ou bien la vérité disparaît.
Transporté brusquement des grâces païennes de Longus ou des beautés naturelles de Plutarque à l’étude de la théologie et à la Somme de saint Thomas, il s’y applique, il y réussit même ; il s’efforce de s’y plaire et de se persuader que cela ne l’ennuie pas. […] par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux.
[NdA] Un jour, dans la jeunesse de Louis XIV, la Cour étant à Lyon, Brienne lisait à la reine mère dans sa chambre, à sa toilette, un projet de lettres patentes pour la translation des reliques de sainte Madeleine. […] Le roi entra sur ces entrefaites, fit recommencer la lecture et interrompit : « Vous me faites parler comme un saint, et je ne le suis pas. » Brienne lui dit que son premier commis avait fait revoir les lettres par un des plus habiles hommes de France en fait de style et d’éloquence.
Je me voue à tous les saints… Ce qui est plus fait pour intéresser en ces lettres, c’est de voir déjà percer le roi dans Frédéric par certaines questions politiques précises qu’il adresse à son ami : une lettre de lui, datée de Berlin 27 juillet 1737, contient une série de ces questions telles à première vue, qu’aurait pu les adresser un Bonaparte à cet âge. […] Sur ce, je prie Dieu qu’il vous rétablisse encore une fois, et vous ait en sa sainte et digne garde.
L’imprécation peut être aussi sainte que l’hosanna, et l’indignation, l’indignation honnête, a la pureté même de la vertu. […] S’il connaît le monde une fois, de dupe il devient fripon. » — … — « La sainte liberté de la presse, quelle utilité, quels fruits, quel avantage vous offre-t-elle ?
C’étaient peut-être les vers mêmes, que nous retrouvons, au début de la Théogonie108 : « Ayons les Muses en tête de nos chants, les Muses qui habitent le grand et fertile sommet d’Hélicon, et dansent de leurs pieds légers autour de la fontaine bleuâtre et de l’autel du puissant fils de Saturne ; les Muses qui, lavant aux sources du Permesse leur beauté délicate, auprès de l’Hippocrène, ou sur le divin sommet d’Holmios au plus haut de l’Hélicon, forment des chœurs gracieux, sous leurs pas tressaillants ; puis, élancées de là, sous le voile d’un épais nuage, ont marché dans la nuit, jetant d’harmonieuses clameurs, en hymnes à Jupiter porte-égide, à la sainte Junon, reine d’Argos aux brodequins dorés, à la fille du dieu porte-égide, Minerve aux yeux pers, à Phébus Apollon, à Diane chasseresse, à Neptune qui enceint la terre et l’ébranlé, à la vénérable Thémis, à Vénus aux roulantes prunelles, à Hébé parée d’une couronne d’or, à la belle Dioné, à l’Aurore, au Soleil immense, à la Lune brillante, à Latone, à Japet, au ténébreux Saturne, à la Terre, au vaste Océan, à la Nuit sombre et à la race sacrée des autres dieux : célébrons ces Muses, qui enseignaient une si belle chanson à Hésiode, occupé de paître ses agneaux, aux bords de l’Hélicon divin. » Cette poésie brillante et gracieuse, non moins ancienne que les chants homériques, mais indigène en Béotie, offerte aux yeux et gravée dans les temples de cette religieuse contrée, suffisait à dénouer la langue du jeune homme, né pour les vers, qui vivait dans ces lieux. […] Le poëte lyrique, avec son autorité sainte, dans les fêtes et les jeux sacrés de la Grèce, est le conseiller de la patrie commune, le messager d’alliance entre les villes de même origine, de même noblesse hellénique, entre les métropoles et les colonies devenues indépendantes et souveraines à leur tour.
J’ai vu mourir le roi comme un saint et comme un héros ; j’ai quitté le monde que je n’aimais pas ; je suis dans la plus aimable retraite que je puisse désirer ; et partout, madame, je serai toute la vie, avec le respect et l’attachement que je vous dois, votre très humble et très obéissante servante. » Nous ne pousserons pas plus loin ces citations, qui suffisent, ce nous semble, pour définir le caractère de madame de Maintenon.
Vie de Sainte Lydwine.
Puis ce sont les listes de mots des glossaires de Reichenau et de Cassel, les Serments de Strasbourg (842), la Séquence de sainte Eulalie (vers 880).
Savoir est de tous les actes de la vie le moins profane, car c’est le plus désintéressé, le plus indépendant de la jouissance… C’est perdre sa peine que de prouver sa sainteté ; car ceux-là seuls peuvent songer à la nier pour lesquels il n’y a rien de saint. » L’Avenir de la Science est un livre de foi, car je ne connais point de livre où le scepticisme et le dilettantisme mondains soient traités avec un mépris plus frémissant de colère.
Il fut mieux qu’un héros, il fut un saint.
ô sainte poésie des choses, avec quoi se consoler de ne pas te sentir ?
Les grands traitements scientifiques, et surtout le cumul, auraient sous ce rapport un grave inconvénient, le même que les grandes richesses ont eu pour le clergé : ce serait d’attirer des âmes vénales, qui ne voient dans la science qu’un moyen comme un autre de faire fortune ; honteux simoniaques qui portent dans les choses saintes leurs grossières habitudes et leurs vues terrestres.
Grâce à une extrême frugalité, la troupe sainte y vécut ; on crut naturellement voir en cela un miracle 559.
Le penseur reconstruit ces deux colonnes saintes ; Le respect des vieillards et l’amour des enfants.
Les orateurs, les historiens, les poëtes Grecs & Latins, l’écriture sainte, les pères de l’église, étoient un repertoire de passages.
Si Dieu ne lui a pas permis d’exécuter son dessein, c’est qu’apparemment il n’est pas bon que certains doutes sur la foi soient éclaircis, afin qu’il reste matière à ces tentations et à ces épreuves, qui font les saints et les martyrs.
les Nouveaux Lundis de Sainte Beuve, la traduction de Eurêka d’Edgar Poe par Baudelaire, le Dictionnaire de Littré, cet attentat de la philosophie positive sur la langue française, le Capitaine Fracasse 43 de Théophile Gautier, et ces pauvres Mémoires, qui n’auront jamais le succès de ceux de Saint-Simon, du duc de la Rochefoucauld-Doudeauville, qui ne se rappelle pas assez que devant son nom de Doudeauville il y a le nom de La Rochefoucauld, qui oblige à être spirituel, je crois bien que vous êtes au bout du budget littéraire de cette année que je m’obstine à trouver inféconde, même en voyant ce qu’elle a fait !
Si on demande quel est l’homme qui a le mieux peint les vices et les crimes, et qui inspire mieux l’indignation et le mépris pour ceux qui ont fait le malheur des hommes, je dirai, c’est Tacite ; qui donne un plus saint respect pour la vertu malheureuse, et la représente d’une manière plus auguste, ou dans les fers, ou sous les coups d’un bourreau, c’est Tacite ; qui a le mieux flétri les affranchis et les esclaves, et tous ceux qui rampaient, flattaient, pillaient et corrompaient à la cour des empereurs, c’est encore Tacite.
Elles restaient d’autant plus facilement cachées dans l’état de famille, qu’elles se conservaient dans un langage muet, et ne s’expliquaient que par des cérémonies saintes, qui restèrent ensuite dans les acta legitima.
» — Dix ans plus tard on a dépassé le déisme. « Le matérialisme, dit encore Barbier, c’est le grand grief… » — « Presque tous les gens d’étude et de bel esprit, écrit d’Argenson, se déchaînent contre notre sainte religion… Elle est secouée de toutes parts, et, ce qui anime davantage les incrédules, ce sont les efforts que font les dévots pour obliger à croire. […] Un seigneur de la cour ayant vu le tableau de Doyen, Sainte Geneviève et les pestiférés, fait le lendemain venir le peintre dans sa petite maison chez sa maîtresse509 : « Je voudrais, lui dit-il, que vous peignissiez madame sur une escarpolette qu’un évêque mettrait en branle ; vous me placeriez, moi, de façon que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et même mieux, si vous voulez égayer davantage votre tableau. » La chanson si leste sur Marotte « court avec fureur » « au bout de quinze jours que je l’ai donnée, dit Collé, je n’ai rencontré personne qui n’en eût une copie ; et c’est le vaudeville, je veux dire l’assemblée du clergé, qui fait toute sa vogue » Plus un livre licencieux est irréligieux, plus il est goûté ; quand on ne peut l’avoir imprimé, on le copie. […] Point de texte, aucune citation de l’Ecriture, pas un mot du bon Dieu ni des saints.
L’autre science, qui préexiste en nous, et qui est en nous une sorte de réminiscence des choses divines, est la science de ce qui est et ce qui doit être en soi-même, de ce qui est conforme au modèle intérieur divin des choses, le beau, le bon, le juste, le saint, le parfait, l’absolu, l’idéal, comme nous disons aujourd’hui. […] Mais, nous le répétons avec douleur, là s’arrête la divinité philosophique de Platon ; presque dans tous ses autres dialogues le saint disparaît, le rhéteur se montre, argumente, et le dialecticien, faisant un ennuyeux abus de la parole, se livre à des puérilités d’esprit qui font rougir le génie grec. […] Nous savons bien que l’éloquent commentateur français de Platon proteste par son bon sens contre l’exagération de son maître et proclame la famille sainte, la propriété bonne et sacrée.
Le fendeur de bûches était en même temps le sonneur, nous priâmes avec componction devant un simple autel du bon saint où vous aviez appris à servir la messe du vieux curé de Bussières, parent et prédécesseur de l’abbé Dumont dans la paroisse. […] Nous nous couchâmes avec reconnaissance dans ces lits bien blancs et nous fîmes nos prières devant la sainte de toutes ces braves familles, puis nous nous endormîmes bien fatiguées, mais bien heureuses d’une si longue journée. […] On dit que c’est l’image littérale de cette sainte femme auprès de laquelle tous les montagnards viennent prier.
Oui, mettons-nous à genoux ; appelons les saints à notre secours. […] Que ferait-il dans le saint lieu ? […] Rien à présent ne me retient : j’ose me livrer à ma sainte ardeur, j’ose insulter aux mortels, en leur avouant que je me suis servi de la science mondaine, que j’ai dérobé les vases d’Égypte pour en construire un temple à mon Dieu.
Jésus crucifié pour nous et tous les saints martyrs nous rendent, par leur intercession, dignes de la volontaire offerte de nos corps à sa gloire ! […] Sa mort, expliquée par la politique, avait ressemblé à un martyre ; sa mémoire, exécrée par les presbytériens d’Écosse et par les protestants d’Angleterre, fut adoptée par les catholiques comme celle d’une sainte. […] Enfin, si elle est jugée par sa mort, comparable par sa majesté, sa piété et son courage aux plus héroïques et aux plus saints trépas de l’antiquité, l’horreur et le mépris qu’on éprouvait fortement pour elle se changent à la fin en pitié, en estime et en admiration.
Il faut donc la recréer : il faut, au-dessus de ce monde des apparences habituelles profanées, bâtir le monde saint d’une meilleure vie : meilleur par ce que nous le pouvons créer volontairement, et savoir que nous le créons. […] Ses œuvres ne sont point graves, peut-être, ni doctorales ; mais je leur dois une émotion vivante, et la très sainte joie de l’Art. […] C’est — tandis que s’étale aux Salons la banalité des formules prochaines, — c’est, par ces maîtres, une splendide floraison d’œuvres ; comme si (devant l’imminente fin des inégalités saintes) les rares âmes différentes de ce temps avaient affiné encore leurs différences, pour tenter les suprêmes luttes.
Le miracle se manifeste par les mains de Parsifal : tout reprend la pureté primitive, et le rideau, se refermant peu à peu, nous cache cette masse agenouillée et ne nous laisse plus voir que la silhouette de l’homme pur et saint qui lève le Gral dans la lumière ! […] Devant la menace de Klingsor, il reste grave et immobile, et c’est avec un enthousiasme inspiré qu’il brandit la sainte lance et qu’il quitte le jardin, vainqueur. […] Ainsi l’expliquent du moins les livres saints du culte… Tannhæuser, Lohengrin, Les Maîtres chanteurs, Tristan et Yseult, et la chevauchée de La Valkyrie.
Sur le point de quitter les Vignères, il déposa le saint ciboire sur la table ; puis, rétrogradant jusqu’au perron du foyer, où Vincinet s’était affaissé, où il tremblait, où il grelottai ! […] À vivre continuellement dans l’église, à lire les vieux missels, la Légende dorée de Voragine, la jeune fille, inconsciemment, a pris l’habitude du merveilleux, elle a senti voler autour d’elle comme des visions, les miracles l’ont charmée comme des contes de fée, et son âme voyageuse semble la quitter parfois pour suivre ces saintes et ces saints jusque dans la lumière de leur gloire. […] Le bon abbé Cornille, vers trois heures, lui avait apporté le saint viatique. […] — J’ai aussi à dire à Monsieur que, ce matin, Son Éminence Monseigneur le cardinal-archevêque a célébré la très sainte messe et qu’il a communié à son intention. […] Il est atteint dans son amour, dans son respect pour sa femme, une Géorgienne d’une grande beauté, dont Paris vante les vertus et qu’il croit une sainte.
Je trouve que leurs docteurs se contredisent manifestement quand ils disent que le mariage est saint et que le célibat qui lui est opposé l’est encore davantage, sans compter qu’en fait de préceptes et de dogmes fondamentaux le bien est toujours le mieux. […] ça, monsieur le jeune homme, il est bon de vous former le jugement ; pour cet effet on vous enjoint d’étudier la Somme de saint Thomas d’Aquin… » — Dans une autre lettre : « … Ce qui vient d’arriver à Abbeville est d’une nature bien différente [de l’affaire Calas] . […] En effet, les fidèles sont rarement d’humeur à laisser les réprouvés en paix dans le monde, et un saint qui croit vivre avec des damnés anticipe volontiers sur le métier de diable. […] Il l’est en ce qu’il met et entretient dans les âmes Vidée d’une autorité capricieuse, et qu’il la rend sainte et vénérable. […] Rome se vantait d’être une ville sainte par sa fondation, consacrée dès son origine par des auspices divins et dédiée par son auteur au Dieu de la guerre.
Le nouveau gouvernement n’avait rien à refuser à ces glorieux proscrits, qui avaient souffert pour la sainte cause. […] Tandis que les gens du Nord faisaient leur sabbat, les gens du Midi dormaient… Ô sainte puissance de l’illusion ! […] Enfin la griserie du pouvoir est telle, qu’on ne peut, à moins d’être un saint, la subir impunément. Mettons qu’Hermann est un saint. […] Hermann n’est pas un saint : s’il était un saint il croirait à quelque chose, il aurait une foi quelconque.