Perrault, excité par son camarade Beaurain, se met à traduire en vers burlesques le sixième livre de l’Énéide (le plus admiré de tous, celui qui nous peint la descente d’Énée aux enfers). […] Pour admirer, il lui suffit qu’il y ait de l’esprit, de l’habileté, de l’éclat, et une appropriation heureuse aux circonstances et à la société du moment.
Cette affaire du pâté, et les tracasseries qui s’ensuivirent, donnèrent dès lors à Courier une sorte de misanthropie, à laquelle il était assez naturellement disposé, et qui d’ailleurs n’altérait pas son humeur ; mais le mépris des hommes perce de plus en plus, à cette date, dans tout ce qu’il écrit : Les habiles, dit-il à ce propos, qui sont toujours en petit nombre et ne décident de rien… » — Pour moi, écrivait-il au médecin helléniste Bosquillon, ces choses-là ne m’apprennent plus rien ; ce n’est pas d’aujourd’hui que j’ai lieu d’admirer la haute impertinence des jugements humains. […] … Contentons-nous, monsieur, de lire et d’admirer les anciens du bon temps.
Cette simple histoire est l’œuvre véritablement immortelle de Bernardin ; elle ne peut se relire sans larmes, ce qui est vrai de si peu de livres admirés en naissant. […] Les images se fondent dans le récit et en couronnent discrètement chaque portion, sans se dresser avec effort et sans vouloir se faire admirer : Bernardin a l’image légère.
L’Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s’obstine à l’admirer. […] Et quand il fait, à la fin de cette Épître, un retour sur lui-même et sur ses ennemis : Et qu’importe à nos vers que Perrin les admire ?
De là résultait pour moi un inconvénient considérable : j’admirais et ne jugeais pas. […] Je rougis mille fois par jour de ces infiniment petits monuments qui sont dans notre infiniment petit Cabinet des antiques ; je rougis de l’avoir montré aux étrangers : qu’auront-ils pensé de l’intérêt que je prenais à tous ces bronzes de 7 à 8 pouces de hauteur, à ces deux ou trois têtes mutilées dont je voulais leur faire admirer la grandeur et la rareté ?
Les personnes que l’harmonie douce de Lamartine requiert ne pouvaient, en bonne justice, ne point admirer les beaux vers publiés dans le premier Parnasse, et la chuchotante, magique, illuminée harmonie de l’Après-midi d’un Faune. […] Son historique de la question est d’ailleurs exact, et il a vu la différence entre le vers libéré, verlainien, et le vers libre fort nettement, s’il s’est un peu borné en sa nomenclature des poètes participant au premier de ses mouvements, assez parents tous deux pour que le groupe symboliste avec ses aînés admirés et tels prosateurs fût suffisamment uni quelque temps par une similitude momentanée de vues ; les idées d’affranchissement et de complexité plus grande prêtant le terrain commun.
Ils admirent beaucoup nos cheveux lisses. […] Magnanimité. — Les noirs comprennent la magnanimité et admirent l’effort auquel elle oblige celui qui pardonne une offense.
Seulement, admirez la besace humaine ! […] plus on admire, c’est comme plus on aime !
, en essayant d’ôter le dieu de l’homme dans Notre-Seigneur pour nous faire admirer le restant, Renan, du même coup, a diminué jusqu’à la force de son attaque et l’excuse de son attentat. […] Ce douceâtre diminutif de Rousseau (Rousseauculus) recommence, à sa manière, ces pauvres Lettres de la Montagne qu’il fallait toute l’inanité métaphysique du siècle des Philosophes pour admirer.
Nous avons quitté par la pensée notre glorieuse patrie, pour chercher et admirer ailleurs, comme assurés de découvrir quelque veine féconde et nouvelle. […] Par-là Coleridge, très admiré de son temps, surtout dans son pays, poëte extraordinaire plutôt que grand poëte, assorti dans sa maladie même aux imaginations effarées par la guerre et la Terreur, a p^ du dans l’estime d’une époque plus calme ; mais il est encore un témoin éclatant du passé, l’image d’une grande puissance exercée sur les âmes, l’exemple salutaire d’un retour à la justice et à la raison, inspiré par le spectacle même des abus de la force et des iniquités de la conquête.
Il y a du vrai, et les gens du monde qui admirent la poésie à tort et à travers, avertis cette fois, proclament beau ce qu’ils n’auraient jamais aperçu dans d’humbles volumes silencieux.
Je vous remercie mille fois, monsieur, pour la mémoire de Fontanes : c’était un homme fait pour vous connaître et vous admirer.
Parmi de telles générations, les génies, quand il s’en présentera, seront naturellement plus forts et meilleurs ; ils porteront et garderont l’empreinte d’une moralité civique, qui trop souvent leur a fait faute ; ils offriront moins de ces affligeants contrastes qui consolent l’envie et déconcertent à vertu ; ils ne seront plus bienfaiteurs du monde à demi, et le deuil de leur perte sera deux fois saint pour ceux qui les auront admirés.
J’admire et je vénère le talent d’un illustre poète, je crois aux grandes qualités de son cœur ; mais le cœur humain est là aussi, et je me risquerai à dire qu’une pièce de théâtre qui lui fera motiver au crayon un si chaleureux bravo, sera celle qui n’inquiétera jamais sa gloire.
Les petites pensionnaires se racontent à l’oreille, avec terreur, et peut-être avec une secrète admiration scandalisée, que Madame d’Orléans faisait fouetter les sœurs jusqu’au sang, que parfois elle se mettait toute nue et faisait venir des religieuses pour l’admirer, « car elle était la plus belle personne de son temps », et qu’enfin elle prenait des bains de lait, qu’elle distribuait le lendemain à ses béguines, au réfectoire.
Jadis, à vingt ans, nous savions admirer.
Et là encore il faut admirer sa bonne volonté à recommencer sans fin les expériences sentimentales et à parer de beaux mots et de philosophie (telle cette noiraude de Mme d’Épinay) les inquiétudes de sa chair.
Georges Pioch Parce qu’il participe de la vie par cet amour qui souffre et jouit d’homme à femme, parce qu’il la surpasse en bonté et la domine par le pardon, ce livre (Les Quatre Saisons), qui nous vient avec le printemps, peut-il être admiré et chéri comme le commentaire généreux d’une année ; mieux même : de l’Année… Le goût littéraire y cueille des joies rares : celles qu’un art hautain et délicat procure et que fortifie le rayonnement d’une libre pensée ; celles, aussi, d’une surprise.
J’admirais beaucoup ces vers un peu maigres, mais d’une correction des plus plaisantes en cette période de jeunes poètes lâchés, lamartiniens sans génie, hugolâtres sans talents, mussetistes, qui n’avaient du maître que l’envers de sa paresse divine.
On y admire l’élévation de son ame, la trempe de son génie.
Il faut entendre un badaud de l’Hélicon se plaindre de ce qu’on n’admire pas assez Ronsard, de ce que son talent n’est pas une égide contre tous les traits de la critique.
C’est là que ses idées se développèrent, qu’il puisa cette force de raison, cette fleur de politesse, ce goût exquis & sûr qu’on admire dans ses écrits.
Il est bien à plaindre d’avoir eu ce double génie qui force à la fois à l’admirer et à le haïr.
Ces heros, ainsi défigurez, paroîtront peut-être aux petits-fils de ceux qui les admirent tant aujourd’hui, des personnages barboüillez exprès pour être rendus ridicules.
Le spectateur, à qui l’on donne la phisionomie d’un homme d’esprit, ne doit point admirer comme celui qu’on a caracterisé par une phisionomie stupide.
Il en a été de même d’Annibal Carache, de Rubens, du Poussin, de Le Brun, et des autres peintres dont nous admirons le génie.
Il n’est pas impossible que Boileau, dans la lecture des Pradon, n’ait cherché des raisons d’admirer davantage Racine.
Mais il se distingua surtout dans cette partie de l’esprit philosophique, utile lors même qu’il se trompe, qui analyse les principes du goût, n’admire rien sur parole, et avant d’adopter une opinion, même de deux mille ans, cherche toujours à s’en rendre compte.
mon ami, s’il y avait un Dieu, nous ne pourrions qu’aimer sa grandeur, mais sans l’admirer ni la craindre, ni lui plaire, ni l’offenser, enchaînés par les lois éternelles qui gouvernent l’univers. […] Bien loin de lui en vouloir, quiconque a plus de souci de connaître la vérité des choses que « d’admirer comme une brute », l’en remerciera donc. […] Biré a formé les deux volumes les plus amusants… si l’on n’éprouvait toujours quelque tristesse de ne pouvoir estimer ni aimer un grand poète autant qu’on l’admire. […] Reconnaître, ou même admirer le talent, et l’approuver, sont deux choses ; lui élever des statues en est une troisième encore ; — et voilà pourquoi je proteste contre le projet d’élever une statue à l’auteur des Fleurs du mal. […] Ce n’était pas une tentative médiocrement hardie que d’essayer, à cette occasion, de réhabiliter en quelque sorte la voix du sang, et on ne saurait trop admirer M.
Tous ces efforts exigent des dons que le monde a perdus : l’innocence de l’esprit, la sérénité, la réflexion, le désintéressement des passions, — le don d’admirer ! […] Je l’ai déjà dit, il se peut qu’avant longtemps nous admirions la résurrection de la grande Endormie dont le sommeil semble le sommeil de la mort. […] J’admire ce suicide, combien plus que la majestueuse destinée et la vieillesse glorieuse d’Hugo. […] Comme lui, laissons dire et, nous qui savons bien pourquoi, admirons et aimons. […] Mais j’admire sans restriction de très uniques pages sur le Symbolisme en histoire, dans Le Désespéré.
et que veut-on que nous admirions ? […] Admirons l’éloquence d’un estomac reconnaissant ! […] préservez ceux que nous aimons et que nous admirons de la paix du silence ! […] Ce n’est peut-être pas la bonne manière de les admirer. […] On l’admirait d’ailleurs à Paris beaucoup moins qu’à Berlin ou qu’à Gotha.
” Il admire les croyants et il ne croit pas. […] Theuriet, excès d’abondance, et, pour cette qualité qu’il pousse jusqu’au défaut, on l’aimera toujours plus qu’on ne l’admirera. […] On ne peut trop l’admirer. […] Taine admire M. […] On admire fort, à l’étranger, son Kaunitz, son Dernier Roi des magyars et Le Fils de Caïn.
Le sujet n’est pas neuf, mais l’auteur a su le rajeunir, et c’est précisément ce rajeunissement que j’admire. […] Hugo s’admire et s’applaudisse dans les Orientales ; car il voulait éblouir, et ses vœux sont comblés. […] Louis B. a été généralement admirée pour la richesse et l’abondance que l’auteur a su y déployer. […] Hugo s’admire, et se plaint de n’être pas admiré comme il voudrait l’être ; il accuse de jalousie et de perversité les esprits sincères qui se permettent de l’avertir lorsqu’il s’égare. […] Le personnage du marquis de La Seiglière est une création qui ferait honneur aux esprits les plus exercés ; le vieux Stamply est composé avec une franchise, une vérité que je ne me lasse pas d’admirer.
Je n’ai pas voulu, en publiant ces lignes, m’octroyer des éloges : je ne m’admire pas assez pour me brûler des parfums sous le nez. […] D’autant plus faut-il admirer la noble et courageuse conduite de M. […] On admire la façon dont le vent plus vif bouscule les nuées et courbe la cime flexible des pins. […] On admire l’auteur et on se révolte contre lui à la même page. […] Je vous admirais, et tant que j’eus besoin de vous, je vous prônais comme je prône la grappe de raisin qui me rafraîchit la bouche en été, comme j’admire la bûche flambante qui me réchauffe en hiver.
— ayant admiré l’auteur de Jacques Vingtras surtout à cause de cela. […] Par exemple, si, levant mes yeux de dessus mon pupitre studieux ou rêveur, je contemple « ma vue », j’admire des mansardes et dans l’une d’elles, Jenny l’ouvrière… en train de tresser, immortelles et « perles », des couronnes funéraires. […] Le pauvre poète, fils d’une patrie jadis meurtrie et vaincue, mais pleine encore du saint espoir, a fait ces vers que je ne vous demande pas d’admirer, mais d’aimer un peu. […] Pendant le trajet que je fis, j’admirai pour la première fois (car jusque-là je n’avais guère habité que dans le triste Londres d’hiver) le charmant spectacle automnal des environs, au nord de la métropole. […] Son nom, son œuvre sont connus et admirés de tous ceux qui lisent.
. — Et ne vous imaginez pas que ce soit pour le plaisir de me faire admirer aux heures d’épanchement ? […] Admirons par quel jeu sûr, par quel mécanisme ingénieux, l’Académie française communique a quelques-uns de ses membres l’importance qu’elle reçoit des autres. […] Il faut admirer en cela la nature, qui ne souffre rien d’inutile. […] « Admirez, dit le duc d’Harcourt, comme cette introduction de l’Angleterre se fait doucement et sans à-coups. […] L’Astre noir est le surnom d’un savant, d’un poète, d’un génie universel que je ne sais si je dois admirer ou exécrer ; est-ce un chercheur de vérité ?
On se demande comment on a pu admirer des livres comme le Voyage autour de ma chambre. […] Comment donc faut-il écrire, et qui faut-il admirer ? […] Flaubert n’admirait pas non plus la Divine Comédie de Dante, et en cela il était d’accord avec Tolstoï, qui ne comprenait ni Shakespeare ni Dante. […] J’admire pourtant sincèrement ceux qui ont le courage de donner publiquement leur opinion. […] Jusques ici, ô mon Dieu, nous admirons les belles formes que vos mains divines ont données à ce limon dont vous avez voulu former nos membres.
Après y avoir songé, Mlle Mignon ne trouve rien de mieux à faire que de s’éprendre du fameux Canalis, qu’elle ne connaît en aucune façon, mais dont elle admire les poésies ; car c’est un des plus célèbres inspirés de l’école angélique. […] La forme que nous avons admirée et suivie avec intérêt, dès le commencement et qui, même à ses premiers pas, tout en nous irritant par d’assez fréquents écarts, ne nous a jamais paru sans grâce, la forme a été en se perfectionnant, et elle est arrivée à une souplesse, à une netteté presque irréprochable. […] On peut encore admirer le nouvel uniforme que, dans son amour brûlant pour le moyen âge, le roi impose à la cavalerie. […] Nous omettons encore d’autres épisodes dignes cependant d’être admirés ; nous ne nous arrêtons pas dans la caverne fabuleuse où le vieux empereur Barberousse attend patiemment le jour de reconstituer l’unité allemande. […] À force de s’être occupé de réputations contestables, on est étonné de le trouver toujours à la quête des beautés microscopiques et de ne jamais le voir se placer à quelque distance pour faire admirer au lecteur confiant un grand ensemble.
Un groupe infime seulement d’amateurs raffinés comprit et admira, et c’est par leurs louanges seules que Théophile Gautier connut la gloire. […] La recherche de l’extrême antiquité ou de l’exotisme, poussée jusqu’à certaines limites, n’est pas le fait d’un blasement moins profond que le goût des corruptions modernes ; et Gautier, qui admirait Baudelaire autant qu’il en était admiré, obéissait, sans s’en rendre compte, à un ordre de sentiments parallèle au sien, quand il se proclamait « un homme des temps homériques78 ». […] Devant leurs œuvres heurtées, presque diaboliques, troublantes par le brouillard d’hallucination qui les enveloppe, il admirait l’artiste et il aimait l’homme, avec une sorte de commisération pour les souffrances qu’il devinait. […] Sans celle conviction, qui nous semble illusoire maintenant que les idées et les mœurs ont changé, nos pères n’auraient pas admiré, ils n’auraient pas même compris les caractères qui s’agitaient en leur présence. […] L’émotion se glace alors devant cette tension perpétuellement visible de l’ouvrier qui travaille à faire admirer du public son impeccable sûreté de main ; et on l’admire en effet, mais on n’admire qu’elle, au détriment de ce qui constitue le fond et l’essence de l’ouvrage.
Il est allé à Londres tout exprès pour admirer Hokusaï. […] Ce paysage, que nous admirons, nous asservit. […] Et tout de même, quelle que fût sa violence, on l’admirait. […] On savait admirer en ce temps-là ! […] On sait encore admirer, même dans les cénacles.
Celuici dirait à son élève : Que ta vie ne soit point un mélange bigarré de bonnes mœurs et de mœurs publiques… « Il faut qu’on l’admire, et qu’on s’y reconnaisse… » Il importe peu que des fous t’admirent ; et si le peuple se reconnaît en toi, ce sera presque toujours tant pis pour toi. […] Il m’a semblé qu’on l’admirait, qu’on la louait et qu’on la fuyait. […] Sa latinité est celle de Pline l’Ancien, de Pline le Jeune et de Tacite : en admirons-nous moins ces auteurs ? […] Combien de ces étiologies si certaines, si admirées, si généralement adoptées, ont été réduites à de spécieuses erreurs ! […] Le plaisir d’admirer et de louer m’a-t-il arrêté ?
Leurs opinions métaphysiques, que nous méprisons aujourd’hui, ressemblaient pourtant à quelques autres fort admirées. […] Mais il est temps de leur prouver que cette doctrine, qu’ils croient si profonde, ne fut point celle des philosophes qu’ils admirent le plus eux-mêmes. […] La réponse même de Pénélope réfute suffisamment cette critique ; elle admire la sagesse de son fils. […] Nous avons abandonné la marche de l’auteur, pour admirer ses beautés : il faut la reprendre et la suivre jusqu’au bout. […] Lucain n’a rien de plus beau dans les endroits où les gens de goût peuvent l’admirer.
Admirez Molière, avant tout, et de toutes vos forces, et M. […] Admirez cependant quelle différence, et en même temps quelle frappante ressemblance entre Molière et Shakespeare ! […] C’est ainsi que Molière a trouvé Alceste, le grand seigneur des histoires d’autrefois, Alceste qu’on pourrait comparer à un beau calque du sire de Montagne, le grondeur Alceste, éperdument amoureux ; et je vous prie, admirez cela, amoureux d’une Française ! […] Tu subis à ton insu l’admiration qu’on t’a imposée ; tu es trop vieux et trop mal élevé, et trop ignorant des choses poétiques pour admirer sérieusement ces grandes œuvres faites pour le grand siècle. […] La seule chose que j’admire dans Le Barbier de Séville, c’est que Beaumarchais ait trouvé le moyen d’avoir un amoureux dont les poches sont pleines d’or, et cependant cet amoureux est arrêté à chaque pas.
Il serait trop extraordinaire pourtant que celui dont on admirera tout à l’heure le génie mâle et la pureté sévère n’eût pris d’abord l’antiquité que par ce côté des rhéteurs, des sophistes ou même des écrivains ecclésiastiques et qu’il eût négligé précisément les chefs-d’œuvre de grandeur et de grâce qu’elle nous a légués. […] » Des jugements très-particuliers sur les divers traducteurs italiens les plus admirés montrent à quel point ces questions de style l’occupaient, et combien il travaillait déjà à tremper le sien. […] Lui-même, en 1817, il publia un essai de traduction en vers du second livre de l’Énéide qu’il admirait entre tous les autres, et qu’il ne lisait jamais sans larmes. […] L’abbé Gioberti, à qui l’on doit cette justice que, chrétien et prêtre, il n’a jamais parlé de Leopardi qu’en des termes pleins de sympathie et d’une admiration compatissante142, a raconté qu’ayant connu le poëte à Florence, en 1828, et l’ayant accompagné dans un petit voyage à Recanati, il entendit chemin faisant, de sa bouche, le récit de sa conversion philosophique, c’est ainsi que Leopardi la nommait : la première impulsion lui serait venue d’un personnage qu’il admirait beaucoup, littérateur influent par son esprit et par ses ouvrages.
Je faisais travailler un de mes garçons, Pagolo, au bassin, et je recommençai l’aiguière, qui était enrichie de tant de figures et d’ornements en bas-relief que tout le monde l’admirait. […] « Or admirons, dit Cellini, la justice de Dieu, qui ne laisse rien d’impuni sur la terre. […] XI « Le succès que j’avais obtenu dans la fonte de ma Méduse devait me faire croire que je réussirais aussi dans mon Persée, dont le modèle était achevé et enduit de cire ; mais le duc, après l’avoir admiré, soit qu’il eût été prévenu par mes ennemis, soit qu’il se le fût imaginé lui-même, me dit un jour : Benvenuto, je ne crois pas que votre Persée puisse venir en bronze ; l’art ne vous le permet pas. […] La croix monumentale qu’il avait conçue et exécutée vingt ans avant s’éleva dans l’église de la Nunziata sur sa tombe ; on l’y admire encore.
Mais voici un poète plus récent que, pour mon compte, j’admire avec passion, Paul Verlaine. […] Il est vrai que des œuvres détruites survivent les reproductions : croyez-nous, si adroites qu’elles soient, si satisfaisantes qu’elles puissent devenir, il leur manquera toujours quelque chose, un inconnu qui échappe à l’analyse, un accent inappréciable et sans quoi tout est comme s’il n’était pas, un certain rien qui est tout. — À un autre point de vue, le Japon et la Chine nous ont laissé voir laquelle des facettes de l’unique diamant ils contemplent et nous avons admiré, et vous dites que nous nous sommes enrichis. […] Je les admire en tremblant. […] Mais admirez la merveilleuse indifférence de l’art qui, fondé sur un principe immuable, sert successivement et également le paganisme et le christianisme, dérivant de l’un vers l’autre, sans démentir son passé et utilisant au service de l’un les conquêtes qu’il devait à l’autre.
Nous admirions ses vers, comme la victime admire l’éclat et le tranchant du couteau qu’on va lui plonger dans la gorge. […] Avec cette flexibilité de caractère qui est la faiblesse et la grâce de la jeunesse, il est naturel qu’il y ait admiré ces maîtres ; on comprend qu’il ait été possédé, au début, d’une certaine émulation pour rivaliser de jovialité et de gaudriole avec eux. […] La sandale retentissante sur la dalle, chaussée au pied droit, le gant de combat à la main, le plastron sur le sein, l’épée mouchetée au poing, le masque de fil de fer sur le visage, treillis à travers lequel brillait l’ardeur des joues colorées par le jeu du combat, tout ce costume obligé d’un prévôt de salle d’armes devait faire, de la belle Judith, une Clorinde de quinze ans, plus facile à admirer qu’à combattre.
Dacier admiratrice de Socrate, ose admirer : voilà l’homme qui prépara de loin de poison dont des Juges infames firent périr l’homme le plus vertueux de la Grèce. […] Ainsi ceux qui admirent le plus aujourdhui Pindare ne sont que les échos des anciens. […] C’étoit une copie qu’on pouvoit admirer, après même qu’on avoit senti les beautés de l’Original. […] Mais quelque chose qu’on dise, il faut toujours admirer l’aisance qu’a l’auteur de s’exprimer en beaux vers sur tant de sujets différens.
Nous louons, nous admirons aujourd’hui ce qui a été blâmé autrefois. […] Il a bien des titres pour vous admirer, Sire, comme ministre, comme un des Quarante, comme homme d’esprit.
De ce qu’elle y cherchait le repos dans l’action, les délices dans la familiarité et dans l’autorité même, de ce que cet amour-propre, dont on ne se sépare jamais, y trouvait son compte, il ne faut pas l’en moins admirer. […] Cependant (admirez le jeu et l’enchaînement des destinées !)
Le cardinal, au contraire, regardant d’un cœur assuré toute cette tempête, dit au roi : […] On a, en cet endroit, un de ces discours indirects, développés, comme le cardinal aime à les coucher sur le papier, où il déroule toutes les considérations en divers sens, non sans quelque complaisance et en s’écoutant un peu, mais avec tant de clarté, d’élévation, d’étendue et de justesse, qu’on lui sait gré de sa disposition communicative et qu’on l’en admire davantage. […] Au lieu d’apprécier et d’admirer jusqu’à un certain point cette constance en des hommes qui étaient et, après tout, allaient redevenir Français, « le cardinal (dit-il parlant de lui-même) se moqua de leur impudence, leur dit qu’ils ne devaient rien espérer que simplement le pardon, lequel encore ne méritaient-ils pas.
Il parlait avec tant de grâce, tant de feu, tant de majesté, souvent une heure durant, il s’énonçait en si beaux termes, tantôt latins, tantôt français, et disait de si belles choses, si curieuses, si recherchées, que les gens qui n’étaient venus qu’à dessein de le critiquer (ils étaient sans doute en grand nombre) ne pouvaient s’empêcher d’admirer son érudition et de se récrier comme les autres sur sa mémoire. […] L’un et l’autre s’acquittèrent assez mal de leur tâche : « Le prélat n’en fut point fâché, remarque à ce sujet Legendre, qui a bien son grain de causticité ; il aimait à briller aux dépens d’autrui ; c’était assez sa coutume de faire agiter devant lui des problèmes de toute sorte, afin d’avoir le plaisir de donner à ce qu’on avait dit, et qu’il ne manquait point de résumer exactement, un tour si fin, si délicat, que l’on admirait dans sa bouche ce qui avait paru plat dans celle des autres. » On aime d’ordinaire ce qu’on fait bien : le prélat aimait à jouer aux arbitrages.
Il admira la comtesse et se donna à elle : elle l’agréa. […] Les traits de son visage, trop arrondis et trop obtus aussi, ne conservaient aucune ligne pure de beauté idéale ; mais ses yeux avaient une lumière, ses cheveux cendrés une teinte, sa bouche un accueil, toute sa physionomie une intelligence et une grâce d’expression qui faisaient souvenir, si elles ne faisaient plus admirer.
Montaigne aimait et admirait fort son père, « l’âme la plus charitable et la plus populaire qu’il eût connue. » Mais lui, il n’est point tel ni débonnaire de nature et d’humeur à ce degré ; il n’est point disposé à être, comme son père, perpétuellement agité et tourmenté des affaires de tous ; il confesse ne pouvoir le suivre et l’égaler en cela ; il n’est pas homme à se jeter à tout moment, comme un Curtius, dans le gouffre du bien public. […] Approuvons en tout ceci M. le maire, mais pourtant ne l’admirons pas trop.
Tous ces voyages furent féconds ; il devint le peintre algérien, le paysagiste qu’on sait et que tous admirent pour sa vérité de ton, sa fermeté, sa finesse, pour cette verve même qui s’est déclarée dans ses derniers tableaux. […] Je suis loin de les blâmer d’avoir pris un parti de convention, mais je ne vais pas non plus jusqu’à les en admirer davantage ; je ne leur fais pas, d’une inadvertance ou d’une imperfection, un titre ni un mérite.
Ce ne sont pas là les beautés que j’admire. […] Les érudits les plus estimables ont un autre souci, celui de la vérité entière ; je les en loue et les en admire.
Vivre, puisqu’il le faut, de la vie de tous, subir les hasards, les nécessités du grand chemin, y recueillir les enseignements qui s’offrent, y fournir au besoin sa tâche de pionnier ; puis se dédoubler soi-même, et dans une part plus secrète réserver ce qui ne doit pas tarir ; l’employer, l’entretenir, s’il se peut, à l’amour, à la religion, à la poésie ; cultiver surtout sa faculté de concevoir, de sentir et d’admirer : n’est-ce pas là une manière d’aller décemment ici-bas, après même que le but grandiose a disparu, et de supporter la défaite de sa première espérance ? […] » Lamartine a merveilleusement exprimé comment, de tous ces fragments brisés d’une vie si douloureuse, il résultait une plus touchante harmonie ; ce tendre et bienfaisant consolateur, que nul désormais ne consolera38, a dit en s’adressant à Mme Valmore : Du poëte c’est le mystère : Le luthier qui crée une voix Jette son instrument à terre, Foule aux pieds, brise comme un verre L’œuvre chantante de ses doigts Puis d’une main que l’art inspire, Rajustant ces fragments meurtris, Réveille le son et l’admire, Et trouve une voix à sa lyre Plus sonore dans ses débris !
IX Mais vous approchez des Alpes, les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament profond comme une mer, l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’Océan de l’espace infini ; les ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins, des chaumières isolées et suspendues à des promontoires, comme des nids d’aigles, fument du feu du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où sa femme et ses enfants l’attendent au seuil de sa maison, ses filets y sèchent sur la grève, un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés interrompent par moment le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les foyers brûlent çà et là à travers les vitraux des chaumières, on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames, le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce coin de terre, l’âme la quitte, elle se sent à la hauteur et à la proportion de s’approcher de son Créateur presque visible dans cette transparence du firmament nocturne, elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle, elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit, elle croit parce qu’elle voit, elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther, avec la divinité du spectacle. […] Bossuet était pour lui plus qu’un ami, c’était un maître ; mais un maître chéri autant qu’admiré.
Duruy ; admirer pourquoi il le tentait, et non pas contre qui ; et dire ma piété pour sa mémoire sans désobliger personne, fût-ce parmi les morts… Je me contenterai de remarquer que des prêtres, même excellents, ont peut-être, dans ces dernières années, regretté M. […] Elle se relèvera si elle reconnaît bien le grand courant du monde, et si elle s’y plonge et s’y précipite… L’humanité, comme Dieu même, n’a que des idées fort simples et en petit nombre, qu’elle combine de diverses manières… » Il marquait alors la suite historique de ces combinaisons et il admirait ce long effort « logique » pour affranchir « le fils du père, le client du patron, le serf du seigneur, l’esclave du maître, le sujet du prince, le penseur du prêtre, l’homme de sa crédulité et de ses passions », pour mettre « légalité dans la loi, la liberté dans les institutions, la charité dans la société, et donner au droit la souveraineté du monde ».
» — Certes, j’en vois : dans Les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatives tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder.
» — Certes, j’en vois : dans les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule, est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatifs tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder.
En vain serait-il convaincu qu’il n’arrivera jamais à éliminer absolument cette cause d’erreur que Sainte-Beuve a signalée en disant : « C’est toujours soi qu’on aime, même dans ceux qu’on admire », il doit travailler à réduire au minimum cet élément subjectif, ou, pour emprunter une expression au langage de la science, ce cœfficient personnel. […] La vie ne se vérifie pas ; elle se fait sentir, aimer, admirer. » L’éminent philosophe me paraît s’être laissé entraîner ici à quelque exagération de pensée ou de langage, et la présente étude a eu précisément pour objet de montrer que le sentiment peut être efficacement aidé, guidé, contrôlé.
Il y a, en Chine, un proverbe que les mères apprennent à leurs fils dès le berceau, et qui est le fond de la langue chinoise, comme goddam est celui de la langue anglaise, — Siao sin, — « Rapetisse ton cœur. » Formé par ce dicton, le jeune Chinois acquiert bientôt cette souplesse d’échine et de tête que nous admirons dans les magots de porcelaine du Céleste-Empire. […] Mais la dame courait d’une jambe leste et svelte que Bordognon a eu le temps d’admirer au vol ; elle courait… elle court encore… N’oubliez pas cette serviette perdue, nous sommes sur la piste de la lionne pauvre en maraude.
Tout le monde les admire, personne ne les achète : ce sont des joujous trop connus. […] On admirait en protestant ; on se cabrait sous ce fouet sonore ; on jouissait des coups que l’on recevait.
Elle l’admire, elle s’exalte, elle souffre cruellement déjà, et se fait du poison de tout. […] « Ils me font l’honneur de croire que je suis restée abîmée par la perte que j’ai faite. » Ils l’en louent et l’en admirent, ce qui redouble sa honte.
En effet, le jeune Marigni, pour exalter les Templiers et faire admirer leur vertu, raconte devant le roi que, dans les murs d’une ville assiégée, une troupe de Templiers, ne pouvant résister à des forces supérieures, se rendit aux musulmans ; le vainqueur veut les faire abjurer, il les insulte, il les menace, rien n’y fait : Intrépides encor dans ce nouveau danger. […] Supposant un concours solennel entre les poètes de toutes les nations, chaque nation n’ayant droit qu’à nommer un seul représentant : Les Grecs, s’écrie Raynouard, nommeraient Homère ; les Latins, Virgile ; les Italiens, le Tasse ou l’Arioste (il serait, je crois, plus juste de mettre Dante) ; les Anglais, Milton (lisez plutôt Shakespeare) ; et nous tous, — oui, vous-mêmes qui savez admirer Racine… ah !
. — Après Buffon, celui que Le Brun admirait le plus dans son siècle, c’était Montesquieu : il l’a rangé quelque part avec Bossuet au premier rang des génies lyriques, si tous deux avaient voulu l’être. […] Quand on a lu ce plan de poésie ministérielle, adressé « au poète vertueux que j’admire et que j’aime », c’est-à-dire à Le Brun, on trouve que celui-ci l’a exécuté presque avec indépendance, bien qu’il n’ait pu s’empêcher de comparer M. de Calonne à l’aigle : Le hibou peut-il voir de son regard timide Ce que l’aigle et Calonne ont vu d’un œil rapide ?
Si jamais cette indulgence pour les poètes, les peintres, les musiciens, devient générale dans le public, c’est une marque que le goût est absolument perdu… Les gens qui admirent si aisément les mauvaises choses ne sont pas en état de sentir les belles. […] Il ne dit jamais aux Français d’abandonner leur tragédie pour l’imitation des beautés étrangères : « Nous dirons au contraire : Français, conservez vos tragédies précieusement, et songez que, si elles n’ont pas les beautés sublimes qu’on admire dans Shakespeare, elles n’ont pas aussi les fautes grossières qui les déparent. » En jugeant la tragédie française de son temps, il en sait toutes les faiblesses et toutes les langueurs ; il a des réflexions à ce sujet, qui lui sont suggérées par le Timoléon de La Harpe, mais qui remontent et portent plus haut.
Or un homme qui admire n’analyse pas, et un homme qui analyse n’admire plus.
Une âme souffre à travers ses pages, une âme chrétienne, baptisée, pleine de Dieu, une vraie âme, tandis que dans les pages de La Rochefoucauld, de Vauvenargues et même de La Bruyère, il n’y a que des entéléchies d’Aristote, il y a des esprits et peu d’âme, — quoique, d’entre les trois, le plus jeune, qui sentait palpiter ses vingt ans à travers sa philosophie, ait dit que « les grandes pensées viennent du cœur », La Bruyère, le seul chrétien d’entre eux, ne l’était que correctement, comme tous les honnêtes gens de son époque, mais il devait entendre cette religion, dont il admirait l’ordonnance, à peu près comme Le Nôtre entendait ses jardins. […] Si on a la foi de l’écrivain qui a tracé ces pages, il n’est pas étonnant que ce soit beau, mais si, sans avoir la foi, on a seulement le sentiment poétique et l’imagination grandiose, on admirera certainement encore, et peut-être regrettera-t-on de ne pas croire à ce qui est si beau !
Il se dévoua tout entier à l’instruction de ses diocésains, prêchant fréquemment dans sa cathédrale, où j’ai été étonné d’apprendre que son peuple finit par négliger de l’entendre, soit que son admirable talent eût diminué, ou que l’habitude trop répétée en eût affaibli l’impression ; soit, ce qui est plus probable, que Bossuet ayant pris celle des considérations les plus élevées, et traitant des matières au-dessus de la portée du vulgaire, ses auditeurs fussent dans le cas de lui adresser le reproche que faisait à saint Chrysostome une bonne femme d’Antioche : Père, nom t’admirons, mais nous ne te comprenons pas.
Avant de s’ajuster exactement aux différentes espèces d’idées, le langage est jeté à l’entour avec une ampleur qui lui donne l’aisance et la grâce ; mais quand le siècle d’analyse a passé sur la langue et l’a travaillée à son usage, on ne peut plus qu’admirer et regretter ce charme à jamais évanoui du grand âge littéraire ; on essayerait en vain d’y revenir à force d’art ; et la critique, qui sent tout ce qu’il a d’exquis, est dans l’impuissance de le définir sans l’altérer.
On ne peut — toute question de censure mise à part — dire et faire dire tout ce que l’on écrit : le même mot qui, aperçu avec sa forme propre et son aspect typographique se pardonne ou s’admire, devient vite, entendu et défiguré par l’acoustique artificielle de la rampe, insupportable d’invraisemblance ou de pédantisme. — Et cela même lorsqu’il sort d’une bouche autorisée — Les rôles de médecins sont particulièrement délicats à traiter, car ils oscillent forcément entre la terminologie vague des mentalités moyennes, ou le répertoire magistral de l’enseignement technique.
» Cela est fort noble assurément ; mais comment de telles gens ont-ils l’effronterie de dire qu’ils admirent Homère ?
Il n’y aurait point d’images, de métaphores, de grands mouvements de style, qui me donneraient de Turenne une idée plus haute, plus complète, qui me le feraient mieux voir et plus admirer, que le très sobre portrait que Bussy-Rabutin en a tracé : c’est comme une ligne légère et ferme qui, par un léger relief, exprime toute la vie et toute la beauté du modèle.
La parole du maître ayant prodigieusement dépassé le cercle de son auditoire naturel, il a été très imparfaitement entendu ; et on l’a admiré ou haï tout de travers, et l’on a affreusement simplifié sa philosophie.
Mallarmé, je devine mieux et j’admire davantage les causes qui rendent ces poèmes parfois si obscurs.
Blaguer la musique de nos pères, admirer Franck, vibrer à la musique de Wagner, tâcher d’être apte à comprendre Beethoven.
Vivre, ce n’est pas glisser sur une agréable surface, ce n’est pas jouer avec le monde pour y trouver son plaisir ; c’est consommer beaucoup de belles choses, c’est être le compagnon de route des étoiles, c’est savoir, c’est espérer, c’est aimer, c’est admirer, c’est bien faire.
C’est du prêtre de Carthage que Bossuet a emprunté ce passage si terrible et si admiré : « Notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue 187 : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprime ses malheureux restes !
Otez, en effet, par la pensée, la personnalité de Christophe Colomb de la synthèse du monde, que, seule, l’Église embrasse, et que seule elle explique, et il ne sera plus qu’un homme à la mesure de la grandeur humaine ; mais avec l’Église et faisant corps avec elle, il devient immédiatement le grand homme providentiel, le bras charnel et visible de Dieu, prévu dès l’origine du monde par les prophètes des premiers temps… Les raisons de cette situation miraculeuse dans l’économie de la création, irréfragables pour tout chrétien qui ne veut pas tomber dans l’abîme de l’inconséquence, ne peuvent pas, je le sais, être acceptées par les esprits qui chassent en ce moment systématiquement Dieu de partout ; mais l’expression de la vérité, qu’ils prennent pour une erreur, est si grande ici, qu’ils seront tenus de l’admirer.
Les habitants de Vouziers, en allant à Paris, s’arrêtaient à Rethel : dans le bureau de la voiture publique, tenu par les tantes de Taine, ils admiraient les guéridons délicats, les vieilles poteries, certain gros vase de thériaque tout fleuri, et une foule d’arbustes rares que les dames soignaient tendrement. » M.
Dans ces temps d’une grossièreté simple, on loua les bienfaiteurs de l’humanité, même de leur vivant : l’orgueil n’avait point encore éveillé l’envie : l’homme sauvage admire, et ne calcule point avec art pour échapper à la reconnaissance.
Domitien, naturellement féroce, et d’autant plus implacable dans sa haine qu’elle était plus cachée, était cependant retenu par la prudence et la modération d’Agricola ; car il n’affectait point ce faste de vertu et ce vain fanatisme qui, en bravant tout, veut attirer sur soi l’œil de la renommée ; que ceux qui n’admirent que l’excès sachent que même sous de mauvais princes, il peut y avoir de grands hommes, et qu’une vertu calme et modeste, soutenue par la fermeté et les talents, peut parvenir à la gloire, comme ces hommes qui n’y marchent qu’à travers les précipices, et achèvent la célébrité par une mort éclatante, mais inutile à la patrie46. » Toutes les fois que Tacite parle des vertus d’Agricola, son âme fière et ardente paraît s’adoucir un peu ; mais il reprend la mâle sévérité de son pinceau pour peindre le tyran soupçonné d’avoir fait empoisonner ce grand homme, s’informant avec une curiosité inquiète des progrès de sa maladie, attendant sa mort de moment en moment, et osant feindre de la douleur, lorsqu’assuré qu’Agricola n’est plus, il est enfin tranquille sur l’objet de sa haine.
. — Admirons la Providence, qui dans les premiers temps où les hommes encore idolâtres étaient incapables d’entendre la raison, permit qu’à son défaut ils suivissent l’autorité des auspices, et se gouvernassent par les avis divins qu’ils croyaient en recevoir.
Autour de cette idée centrale se reforme la doctrine spiritualiste Un être si noble ne peut pas être un simple assemblage d’organes ; il y a en lui quelque chose de plus que la matière ; les impressions qu’il reçoit par les sens ne le constituent pas tout entier. « Je ne suis pas seulement un être sensitif et passif413, mais un être actif et intelligent, et, quoi qu’en dise la philosophie, j’oserai prétendre à l’honneur de penser. » Bien mieux, ce principe pensant est, en l’homme du moins, d’espèce supérieure. « Qu’on me montre un autre animal sur la terre qui sache faire du feu et qui sache admirer le soleil. […] La tragédie, qu’on dit morale, dépense en effusions fausses le peu de vertu qui nous reste encore. « Quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, qu’a-t-on encore à exiger de lui ? […] Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.
C’est un homme qui a plus de bonheur à admirer les autres qu’à être admiré lui-même ; qui demande pardon de son mérite à ceux qui en ont souvent moins que de prétention, et qui, ne briguant aucun renom pour lui, forme ce milieu anonyme, atmosphère vivante de ceux qui parlent ou écrivent, la galerie qui applaudit, la critique, le parterre des lettres, sans lequel il n’y aurait point de lettres dans un pays, le nom collectif, un des noms de ce public d’élite enfin qui n’affecte aucune gloire, mais qui la donne à une nation, dont la première gloire est d’aimer ceux qui d’une part de leurs noms lui font un surnom national et immortel. […] « J’admirais sous ces habits une femme d’une haute stature ; ses yeux grands et vifs s’arrêtaient autour d’elle avec douceur et bonté.
Il est vrai qu’il ajoute ce correctif précieux, oublié ou dédaigné par Chateaubriand : “Mais ses yeux avaient une lumière, ses cheveux cendrés une teinte, sa bouche un accueil, toute sa physionomie une intelligence et une grâce d’expression qui faisaient souvenir, si elles ne faisaient plus admirer. […] Je l’ai souvent visité et admiré sur parole. […] La princesse Rospigliosi, qui vous connaît et qui vous admire, est en femmes la seule avec qui j’aime à causer.
Nous avons admiré, dans le cours de cette histoire, avec quel merveilleux à-propos les hommes naissent comme tout exprès, dans notre pays, pour accomplir certains progrès pressentis par la partie saine du public. […] Je trouve là encore à admirer la justesse de ce qu’on a dit de Descartes, qu’il était une idée faite homme. […] Je n’admire pourtant pas médiocrement le naturel de Montaigne.
Au lever du rideau, on admire le décor, très bien compris, d’un style roman aussi exactement restitué que les costumes guerriers du premier acte, ce qui n’est pas peu dire. […] Certes, tout wagnérien a le devoir de protester hautement, mais peut-être ai-je ici un droit spécial de parler, ayant été, à la Ligue des Patriotes, un ouvrier de la première heure, et m’honorant encore de l’amitié d’un homme que ses ennemis même admirent, car il a dépensé sa fortune, brisé sa carrière, usé sa vie, au service de la sainte cause française. […] Pasdeloup continue ainsi : « Je crois que la France ne doit pas rester en dehors du mouvement musical qui peut se produire au-delà des frontières ; le devoir des Concerts populaires, qui ont toujours marché en avant, est de faire connaître à Paris des œuvres qu’on peut ne pas admirer, mais qu’il n’est pas permis d’ignorer et qu’une très grande partie de mon public est curieux d’entendre. » Quand les résultats de la lutte soutenue par M.
Nous n’avons pas à rappeler aux lecteurs de la Revue les beautés du récit et la magnificence de son cadre ; il importe pourtant de faire admirer l’enthousiasme et l’éternelle jeunesse de cœur qui brûle, comme un feu mystérieux, sous la conception de l’artiste. […] Leurs œuvres les plus récentes nous permettent d’admirer d’abord le don particulier qui leur est commun de faire se mouvoir les vastes ensembles, et d’évoquer puissamment les épopées de l’histoire. […] Maurice Barrès dans la trilogie des Déracinés, de l’Appel au soldat et de Leurs figures 3. » Nous admirons dans les Déracinés une belle langue, mêlant à une fine ironie un lyrisme contenu.
M. de la Place admire les Anglois de n’avoir pas donné dans le défaut qu’on nous reproche. […] Ceux qui l’avoient admirée à la lecture, espéroient qu’elle seroit reçue avec plus d’enthousiasme à la représentation. […] « Vous avez admiré, dit-il, vous avez pleuré au tragique : n’espérez pas, en revoyant le tragique après avoir vu la parodie, être ému comme vous l’avez été. » Vous ne retrouverez plus les beaux endroits ; vous les confondrez avec les plus repréhensibles ; vous jugerez d’une pièce entière d’après un bon mot, d’après une saillie heureuse ; la vertu sera représentée à vos yeux sous le masque d’un pédant ou d’un hypocrite : il aura été d’autant plus facile de la couvrir de ridicule, que rien n’y prête comme le sublime, comme les grands sentimens de la tragédie qu’on charge toujours, & qui, pour peu qu’on les charge encore, deviennent gigantesques ou puériles.
Malgré la diversité des théories ou des tendances, le vrai critique ne subordonne son jugement à nul dogmatisme : il ne considère que la valeur intrinsèque des œuvres et n’admire que le génie ou le talent, mais les admire toujours. […] Certes, la critique a ses droits, dont un esprit libre peut user sans ménagements envers ce qu’il admire le plus. […] Il faut tout comprendre, tout goûter, admirer dans chaque peuple et chaque artiste l’originalité puissante et pleinement réalisée. […] On admirera la délicatesse avec laquelle M. […] Très admirée, très recherchée, très fêtée, elle n’a même pas eu autant d’action que devait en avoir une marquise de Rambouillet.
Telle on l’admire dans l’Iliade et l’Odyssée. […] « Un désir curieux de mon âme s’empare ; « Je brûle d’admirer un destin si bizarre, « De voir, d’entretenir le successeur d’Hector. […] Suivez-le chez le bon Évandre, dans la cour du roi de Laurente, et chez les Rutules, vous admirerez la profusion de ces détails de mœurs, répandus avec autant de goût que de sage économie. […] On ignore si l’on doit plus admirer l’art de cette invention que la judicieuse habileté de l’inventeur à mettre si exactement les choses à leur place. […] Il ne fallait pas moins que la vigueur du coloris et que l’énergie du dessin qui relève tant de tableaux du même genre, pour en faire admirer l’innombrable et étonnante galerie.
Analysons rapidement le sujet d’une des Moralités les plus admirées du théâtre de cette époque. […] L’Académie en corps a beau le censurer Le public révolté s’obstine à l’admirer. […] Il marquait une ardeur guerrière, il poussait, au moment opportun, des hennissements, il trépignait avec un tel naturel, que le public ne se lassait point d’admirer sa haute intelligence. […] Quoi qu’il en soit, Voiture, dans le doute où il était sur la paternité de Roxane, aima mieux l’admirer que la critiquer. […] On l’admira, on l’applaudit et on plaignit l’auteur d’avoir été mis en parallèle avec un adversaire aussi méprisable que Pradon.
Ils ne les admiraient pas du tout d’être les anciens, et ils l’ont dit assez clairement : « Les anciens sont les anciens et nous sommes les gens de maintenant » ; mais ils les admiraient « d’avoir bien attrapé la nature », sans doute comme étant plus près d’elle : Novitas tum florida mundi ! […] On rend universellement justice à la force et à la précision de sa langue ; on admire en lui l’historien et le controversiste ; on rend hommage à l’orateur, plus abondant que Cicéron et plus nerveux que Démosthène. […] Assurément, dans cette querelle mémorable, où il y allait, comme il disait, de toute la religion, on ne saurait trop admirer ce qu’il a déployé de vigueur, d’éloquence, et d’ardeur passionnée. […] Boileau l’a dit en fort bons termes : « C’est qu’en réalité l’estime que l’on fait d’eux ne se règle point par le temps qu’il y a que leurs ouvrages durent, mais par le temps qu’il y a qu’on les admire », et c’est qu’à vrai dire : « L’antiquité d’un écrivain n’est pas un titre certain de son mérite, mais l’antique et constante admiration qu’on a toujours eue pour ses ouvrages est une preuve sûre et infaillible qu’on les doit admirer ». […] Ils veulent se faire admirer ; — et leur moyen à tous est d’exciter l’étonnement.
Elle l’admirait après la campagne d’Italie ; après la campagne d’Égypte elle en raffola : il lui apparut comme un personnage fabuleux, ce fut son héros. […] Voilà ce que s’engagent à admirer les admirateurs de Richard Darlington. […] On le signalerait aussi bien chez Balzac ; mais ce n’est pas ce que nous admirons dans la Comédie humaine. […] Sous l’influence de Balzac et de Stendhal, Taine avait admiré sans réserve la violence de l’instinct débridé. […] Nul n’avait plus que lui admiré l’Allemagne pour son mouvement intellectuel, pour le labeur opiniâtre et fécond de ses savants.
Mais aussi cet achèvement n’est jamais pour eux le souci quelquefois excessif, la prudence constamment châtiée des poëtes de l’école studieuse et polie, des Gray, des Pope, des Despréaux, de ces poëtes que j’admire et que je goûte autant que personne, chez qui la correction scrupuleuse est, je le sais, une qualité indispensable, un charme, et qui paraissent avoir pour devise le mot exquis de Vauvenargues : La netteté est le vernis des maîtres. […] Il le comprenait et l’admirait dans les parties les plus étrangères à lui-même ; il se plaisait à être son complice dans le latin macaronique de ses plus folles comédies ; il lui fournissait les malignes étymologies grecques de l’Amour médecin ; il mesurait dans son entier cette faculté multipliée, immense ; et le jour où Louis XIV lui demanda quel était le plus rare des grands écrivains qui auraient honoré la France durant son règne, le juge rigoureux n’hésita pas et répondit : « Sire, c’est Molière. » — « Je ne le croyais pas, répliqua Louis XIV ; mais vous vous y connaissez mieux que moi. » On a loué Molière de tant de façons, comme peintre des mœurs et de la vie humaine, que je veux indiquer surtout un côté qu’on a trop peu mis en lumière, ou plutôt qu’on a méconnu. […] Qu’il ait été en progrès dans l’observation morale et ce qu’on appelle le haut comique, celui du Misanthrope, du Tartufe et des Femmes savantes, le fait est trop évident, et je n’y insiste pas ; mais autour, au travers de ce développement, où la raison de plus en plus ferme, l’observation de plus en plus mûre, ont leur part, il faut admirer ce surcroît toujours montant et bouillonnant de verve comique, très-folle, très-riche, très-inépuisable, que je distingue fort, quoique la limite soit malaisée à définir, de la farce un peu bouffonne et de la lie un peu scarronesque où Molière trempa au début. […] N’est-ce pas là le dernier point de folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne sert qu’à me faire connoître ma foiblesse, sans en pouvoir triompher12 ? […] Tant qu’il se tient dans le genre lyrique au contraire, et qu’il ne parle qu’en son nom, ces singularités fortes peuvent n’être que des traits de caractère qu’on admet, ou que même on admire. — Il s’agit, dans ce qui précède, des drames de Victor Hugo, desquels, au lendemain des Bargraves, quelqu’un disait : « Ce sont les marionnettes de l’île des Cyclopes. » 17.
On peut ne pas aimer le xviie siècle ; il faut l’admirer ; c’est un des plus grands siècles de l’histoire. […] Il n’est pas sans intérêt de constater que les études modernes les plus complètes sur le roman français au xviie siècle ont pour auteurs des Allemands : Körting, von Waldberg, Küchler ; la critique française est évidemment influencée par la tradition qui n’admire au xviie siècle que Corneille, Racine et Molière. — Le roman du siècle n’a qu’un chef-d’œuvre : La Princesse de Clèves ; j’y ajouterais presque La Chrysolite de Maréchal. […] Comme Racine, il est au théâtre un créateur de génie ; et il a ce bonheur que n’a pas Racine, d’être aujourd’hui universellement admiré. […] C’est que l’œuvre de Voltaire (dont je vois l’immense importance sociale) appartient en grande partie, elle aussi, à l’introduction ; en littérature, La Henriade, les tragédies et comédies, les poèmes et poésies de genres divers, sont des formes vieillies ; certes, j’admire l’infatigable et universelle curiosité de Voltaire, la perspicacité de sa critique, les efforts qu’il fit pour comprendre Dante et Shakespeare, mais d’autre part je constate que, malgré tout son esprit et malgré la limpidité cristalline de son style, Voltaire ne s’est guère soucié de la beauté. […] Le lecteur français m’oppose sans doute Victor Hugo ; j’admire Hugo, de plus en plus, mais ne saurais le mettre ici, pour des raisons trop longues à dire.
Rien n’est commode pour la foule comme une idole toute prête : admirer ce que tout le monde admire, c’est se dispenser de la réflexion ; s’agenouiller devant un autel usé déjà par les dévotions, c’est la plus facile des religions. […] Ces noms-là sont admirés par les intelligences sévères : ils n’ont pas la vogue, ils auront la gloire. […] Personne plus que moi n’estime et n’admire la sévérité littéraire de M. de Vigny. […] Ludovic Vitet, une haute estime ; nous admirons sa patience curieuse, son savoir, son adresse. […] On relit ce qu’on a d’abord admiré, on cherche à deviner la cause de son plaisir.
J’admire le sacrifice de Georges, pouvant, sans manquer à la loi, garder la fortune de sa mère, et n’écoutant que la voix de l’honneur, qui lui ordonne de payer à tout prix les dettes paternelles. […] Leur figure est assez en relief dans son cadre pour qu’on puisse en saisir et en admirer l’expression et le contour ; mais elle y tient et s’y lie d’assez près pour que cadre et entourage contribuent à la majesté de l’ensemble. […] Une fois cette réserve faite, il n’y a plus qu’à louer ou plutôt à admirer dans ces Études morales et littéraires. […] Gérard : sans quoi il y aurait eu disparate et dissonance, comme si l’on vous forçait d’admirer une robe d’après-demain avec une garniture d’avant-hier, ou d’entendre une cavatine de Rossini avec un accompagnement de Dalayrac. […] Rien de plus honorable, sans doute, que d’avoir pressenti, cinquante ans d’avance, le discrédit de la tragédie voltairienne, et d’avoir refusé d’admirer Voltaire, au moment où cet homme, qui ne laissait de Dieu à personne, était l’idole de tout le monde.
Léon Daudet, — dont j’admire le talent combatif, la veine fertile et la perpétuelle fermentation, — M. […] monsieur, quand serez-vous las d’admirer la brute dans l’homme et de faire un sort aux plus bas instincts ? […] Il avait admiré la prestance de ses gigantesques piétons scandinaves. […] Nous admirons comment les Athéniens savaient ennoblir de grâce la tristesse de la mort. […] On vous accuserait d’admirer Augustin Thierry, Michelet, Renan… Quelle honte !
Admirez en quel style sensuel et gras, il projette la folie d’une fête villageoise : Midi tomba sur la soûlerie. […] Et c’est encore ce sentiment qui s’admire dans le roman poignant d’Edmond Glesener, Le Cœur de François Remy. […] J’admire comme Verhaeren sut créer aussitôt, et maintenir constamment, cette atmosphère de passion fauve, criminelle, inéluctable qui, embrassant les quatre actes, excuse les situations les plus osées. J’admire comme, avec si peu d’événements sur la scène, il parvint à donner, presque sans accalmie, la sensation poignante d’une vie violente et totale. […] Réjouissons-nous-en, et admirons quelle merveilleuse poussée de sève l’enleva, en trente-deux ans, de l’obscurité à la gloire, pour le plus beau triomphe de l’influence française !
René Bazin, ces deux merveilles de sensibilité fine que tous les lettrés ont admirées : les Pèlerins d’Emmaüs et Quand le plaisir était fait d’illusion. […] Que nous voilà loin de la cité fiévreuse et dévorée, comme Mme Sainte-Marie Perrin appelle ce Lyon qu’elle admire — car elle en sent toute la force — et qui ne contente pas les aspirations déposées en elle par la lointaine province dont elle sort ! […] Dans les saisons que j’ai passées au bord de l’Arno, j’admirais ce respect de ces fervents d’outre-Manche et leur application à s’assimiler quelques-unes des leçons que les vieux Toscans ont inscrites dans toutes les pierres. […] Macon a dû singulièrement enfler la voix pour faire admirer aux huit cents personnes de ce Congrès les richesses accumulées dans nos galeries. […] La fougue déréglée de son sujet entraînait Musset vers l’éloquence déclamatoire : soyez assurés que les riches et fortes nouvelles de ce Mérimée, qu’il admire, n’ont pas été sans influence sur le redressement de sa facture, si sensible à travers ses vers d’homme fait et ses proverbes.
Le temps fait perdre de leur prix non seulement aux pensées des hommes, mais à leurs actions, à mesure que des actions semblables se multiplient ; des exemples de valeur héroïque, des mots sublimes inspirés par l’héroïsme militaire ou patriotique, qu’on admirait chez les anciens, sont devenus des lieux communs ; dès qu’on entend commencer l’histoire, on en devine la fin et le trait, comme on devine souvent l’hémistiche d’un vers ; l’esprit se blase ainsi sur tout ; l’amour-propre même s’use ; les triomphes, les honneurs, les applaudissements multipliés n’offrent plus le même attrait, et l’homme, de jour en jour, doit être moins avide de succès qu’il voit prodiguer à un grand nombre de personnes, et souvent à des hommes méprisables. […] Tel Mme de Créqui le vit, l’admira et l’aurait voulu perfectionner.
Ils n’admirent bien que les beautés des troisièmes siècles littéraires. […] En un endroit, à propos d’un passage d’Horace (« pallida Mors aequo pulsat pede… »), il raille le plus joliment du monde les traducteurs de son temps, les oppose les uns aux autres, leur soutient qu’ils ne sont jamais bien sûrs de saisir la nuance exacte et vraie de ce qu’ils admirent si fort chez les anciens, et conclut qu’ils ne font le plus souvent que la soupçonner et la deviner.
On lui avait fort conseillé la lecture des grands auteurs, particulièrement de Schiller et de Klopstock ; il les admira, mais sans tirer grand profit de leurs œuvres. […] À peine arrivé, il le vit, l’admira et l’aima de plus en plus, s’acquit d’emblée sa bienveillance, vit qu’il pourrait lui être agréable et utile, et, se fixant, près de lui à Weimar, il y demeura (sauf de courtes absences et un voyage de quelques mois en Italie) sans plus le quitter jusqu’à l’heure où cet esprit immortel s’en alla.
M. de Balzac, qui a sur ces points tant de qualités et de parties d’observation heureuse, devra admirer cette sobriété, cette précision de trait, qui est le goût suprême du genre. […] Toujours j’avais admiré la solitude du lieu, l’épaisseur du bois, et, plus d’un soir, descendant au pas le sentier couvert qui mène au vallon, respirant les parfums de seringat qui m’arrivaient par bouffées avec la brise, il m’était venu à l’idée sous ces ombrages un roman selon mon cœur.
Il n’y a pas besoin de critique pour admirer, la nature sait tout et dit tout. […] Il part, s’égare dans les bois, est pris par un parti de Muscogulges et de Siminoles ; il confesse hardiment, et avec la bravade propre aux Sauvages, son origine et sa nation : « Je m’appelle Chactas, fils d’Outalissi, fils de Miscou, qui ont enlevé plus de cent chevelures aux héros muscogulges. » Le chef ennemi Simaghan lui dit : « Chactas, fils d’Outalissi, fils de Miscou, réjouis-toi ; tu seras brûlé au grand village. » « Tout prisonnier que j’étais, je ne pouvais, durant les premiers jours, m’empêcher d’admirer mes ennemis.
Mais on l’admirait, quand on voyait autour de lui tant de gens qui ne vivaient que par lui, et qui ne lui en étaient pas toujours reconnaissants ; il élevait Mlle Corneille, une arrière-petite-nièce du poète, la dotait avec le commentaire sur l’oncle, la mariait, se brouillait avec elle ; alors il prenait Mlle de Varicourt, à qui il trouvait aussi une dot et un mari. […] Une critique plus large, plus profonde, plus juste, qui comprend les religions en dissolvant les dogmes, qui admire la fonction, l’efficacité, la beauté des croyances auxquelles elle retire la réalité de leur objet, une critique non moins rationnelle, plus scientifique et plus savante, plus respectueuse et plus bienveillante précisément à cause de cela, a remplacé la critique voltairienne.
On admire, on s’étonne, on est abasourdi par cette avalanche de générosités. […] Et bien qu’une autre littérature m’ait fait connaître des plaisirs plus aigus, j’admire franchement de quelle grâce l’auteur du Roman d’un jeune homme pauvre a su manier le romanesque, quand je vois ce qu’est devenu ce vieil oiseau bleu entre certaines pattes.
Les lettres de Marguerite, presque toutes écrites à son frère, quoique d’un tour moins vif que ses contes, à cause des formes de respect qu’elle observe à l’égard du roi jusque dans les expressions du plus tendre attachement pour le frère, sont pleines de cette douceur de cette adresse, de cette insinuation qu’on admire dans les discours de dame Oysille. […] Nous avons même à nous contraindre un peu pour la goûter ; et si nous admirons Marot, c’est plutôt par comparaison que par l’effet d’une conformité profonde et immédiate.
Bourget et que, par conséquent, l’on ne l’en admire. […] Aussi en résulte-t-il, pour le fonds de son œuvre, nous ne savons quoi d’imparfaitement substantiel et de parfaitement ajusté, que nous admirons quand même et qui nous passionne.
Bossuet sème ses discours chrétiens de latinismes, et quand il résume à l’usage de son royal élève l’histoire de l’humanité, c’est le peuple romain qu’il comprend le mieux et admire le plus. […] Les écrivains qui admirent si vivement les anciens dédaignent les modernes, crient arrière à l’Espagne et à l’Italie, ignorent l’Angleterre et l’Allemagne, effacent d’un trait de plume le moyen âge et même le xvie siècle.
Être devant une glace à s’adoniser et à faire des mines avec une mouche ou une boucle qui lui sied, ayant autour de lui un cercle qui l’encense et qui l’admire, et qui lui dit sur tous les tons : Vous êtes belle comme un ange ! […] Le facile Choisy se prête à tout, admire tout.
Il les avait fait instruire par les plus habiles maîtres en tout genre, n’épargnant pour cela aucune dépense, quoiqu’il n’eût qu’un bien très médiocre… L’union intime de notre Scipion avec Polybe acheva de perfectionner en lui les rares qualités qu’un heureux naturel et une excellente éducation y faisaient déjà admirer… Cette allusion, sur laquelle insistait Rollin, avait pour but de déterminer le duc d’Aremberg à augmenter les appointements d’un très bon précepteur, M. […] À quoi Rollin répondait : J’ai été quelquefois à Saint-Médard, qui est à ma porte, avec confiance dans l’intercession d’un grand serviteur de Dieu, dont j’ai connu et admiré l’humilité profonde, l’austère pénitence et la solide piété.
Aimé Martin, a rendu à sa mémoire plus d’un service ; il a complété sur quantité de points l’édition des Œuvres de celui qu’il admirait par-dessus tout : pourtant il a poussé le zèle et l’enthousiasme jusqu’à tracer de lui un portrait romanesque et une de ces biographies impossibles qui mettent tout d’abord en garde un lecteur de bon sens. […] Hennin et Bernardin, dans toute cette correspondance, sont deux hommes représentant des races différentes : l’un représente la race des bons esprits, probes, exacts, laborieux et positifs ; l’autre, celle des chimériques plaintifs, chez qui le roman l’emporte, et qui, à la fin, le talent et la fée s’en mêlant, ont le privilège de se faire pardonner et admirer.
cessons d’admirer les anciens qui nous ont peu appris en morale et rien en économie politique, seuls résultats vraiment utiles de l’histoire. » Il définit le gouvernement « une banque d’assurance, à la conservation de laquelle chacun est intéressé, en raison des actions qu’il y possède, et que ceux qui n’y en ont aucune peuvent désirer naturellement de briser ». […] Le trait distinctif du colon français qui, jusque sur les confins du désert, sent le besoin de voisiner et de causer, y est vivement saisi : « En plusieurs endroits, ayant demandé à quelle distance était le colon le plus écarté : Il est dans le désert, me répondait-on, avec les ours, à une lieue de toute habitation, sans avoir personne avec qui causer. » Il y a aussi dans les Éclaircissements un chapitre curieux sur les sauvages ; en nous décrivant leurs mœurs et leurs habitudes, Volney ne perd pas l’occasion de revenir à la charge contre Rousseau et contre son paradoxe de parti pris en faveur de la vie de nature ; il donne la preuve de ce parti pris par des anecdotes qu’il savait d’original, et notamment par celle de la fameuse conversation de Jean-Jacques avec Diderot à Vincennes : « Et cet homme aujourd’hui, ajoute-t-il, trouve des sectateurs tellement voisins du fanatisme, qu’ils enverraient volontiers à Vincennes ceux qui n’admirent pas Les Confessions !
Si donc nous croyons que tout ce qui est utile, c’est-à-dire adapté à une certaine fin, ordonné pour cette fin, apporte par cela même à l’intelligence une satisfaction et acquiert ainsi quelque degré de beauté, loin de nous la pensée que tout ce qui est beau doive, pour être admiré, justifier d’une utilité pratique, et qu’on doive, par exemple, connaître « l’emploi d’un vase antique » avant de le trouver beau. […] La première œuvre de l’art humain, en effet, a été l’outil, hache ou couteau de pierre, et ce qui fut d’abord admiré dans l’outil, c’était l’industrie de l’artisan aboutissant, à travers la difficulté vaincue, à la réalisation d’une utilité.
La foule admire du côté où est cela. […] Voltaire a été, en dépit de ses insulteurs, presque adoré de son vivant ; il est admiré aujourd’hui en pleine connaissance de cause.
Maurice Le Blond, qui cite ici M. de Bouhélier en exemple, admirait trop les premiers essais de cet auteur, il y admirait même des inexactitudes et des ignorances invraisemblables qu’on a relevées souvent.
Toute cette partie de l’Histoire des Causes et de l’Histoire de France est faite en grand, par un esprit de la plus rare compétence et qu’on ne saurait trop admirer. […] Cassagnac a regardé en face le fabuleux basilic, et il a eu l’honneur, je ne dis pas de rétablir, mais d’établir la vérité sur un homme à qui on avait fait une gloire dépravante : car, il ne faut pas s’y méprendre, dans un moment donné ceux qui l’admirent s’efforceraient de l’imiter.
Si admiré et si digne de l’être… relativement, que le soit M. […] Je crois même qu’il n’y a pas tant à admirer dans ce fait du formalisme romain, respecté comme un cérémonial séculaire par ces grands enfants violents dont on a fait un peu trop vite des grands hommes, les Odoacre et même les Théodoric !
Triomphante sur la scène, admirée dans les académies, entourée d’hommages dans les réunions qu’animait sa voix, exposée peut-être aux médisantes jalousies du monde et aux calomnies des partis, la belle Gomez de Avellaneda ne donnait place dans ses vers qu’aux sentiments de patrie, de vertu, de gloire. […] « Élevez-le, tel que l’admirèrent, puissant et stable au-dessus des faisceaux de l’empire, les barbares triomphant au milieu de la ruine des peuples et des lois.
Ratisbonne, dans une note qu’il ajoute de son chef, paraît tenir à me mettre en contradiction avec moi-même : il insinue qu’ayant aimé et admiré autrefois M. de Vigny, j’ai cessé de l’aimer.
La Bruyère parle quelque part des grands et sublimes artistes qui sortent de l’art pour l’étendre et l’ennoblir ou le rehausser, qui marchent seuls et sans compagnie, et qui tirent de leur irrégularité même des avantages supérieurs ; et il ajoute : « Les esprits justes, doux, modérés, non seulement ne les atteignent pas, ne les admirent pas, mais ils ne les comprennent point, et voudraient encore moins les imiter.
D’un autre côté, les littérateurs établis d’alors, voyant un jeune homme plein d’espérance se faire si pareil à eux, ne se lassaient pas de l’admirer et le traitaient comme un égal.
J’avais admiré surtout, d’un des balcons du Vatican, les horizons lointains d’Albano, vers quatre heures du soir.