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575. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Il nous a confié ses fragments de mémoires, ses carnets, ses notules, ses récits de voyages, ses cahiers de mathématique, au parchemin graissé et noirci par une compulsation continue, et où la littérature écrite à rebours se mêle aux X, enfin les feuilles volantes qui livrent des épisodes de son existence.

576. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

C’est le ton et la coutume de La Fontaine de placer la morale dans le tissu de la narration, par l’art dont il fait son récit.

577. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Au lieu de cueillir des fleurs, il cueillait avec délicatesse les plus belles idées, les plus beaux récits, les plus beaux dialogues qui aient germé dans l’esprit humain.

578. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

C’est du récit que nous venons de faire qu’il déduit toute l’Iliade ; ses principaux acteurs sont un tel capitaine, un tel héros !

579. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il apporte dans l’histoire littéraire des habitudes d’auteur dramatique ; et dans ses ingénieux récits presque tout est mise en scène et invention. […] La Fontaine, qui s’y trouvait, nous en a laissé le récit dans une lettre adressée à Maucroix. […] La Grange-Chancel raconte avoir entendu des amis de Racine assurer que, pressé par le temps, il emprunta, sans presque y rien changer, deux récits à l’Antigone de Rotrou. […] Mais, après ce récit, Molière ne voulut point lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu’il venait de recevoir. […] En abordant le récit de la représentation de ce chef-d’œuvre, nous pourrions dire aussi aux lecteurs qu’ont révoltés les précédentes menées des ennemis de ce grand homme : Vous verrez bien autre chose !

580. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La naïve innocence de la race germanique naissante pouvait seule admettre de pareils récits dans son poëme national. […] — Maintenant, écoutez le récit de ces merveilles. — Comme les Nibelungen se mettaient à le partager, Sîfrit les vit et le héros en fut étonné. […] Écoutez : « Derechef des récits se répandirent sur le Rhin. […] Tu te divertiras avec tes bons parents ; je ne puis rester ici. » « Elle pensa au récit qu’elle avait fait à Hagene ; elle n’osait le lui avouer. […] « Vous allez entendre le récit d’une bien grande audace et d’une effroyable vengeance.

581. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il les mêle aux vivants et c’est un des charmes de ses récits. […] C’est tout le sens que je puis tirer de cette partie du récit. […] Certains récits du même recueil font avec celui du vampire un agréable contraste. […] Renan qui nous contait un jour cette aventure babylonienne n’a point terminé son récit. […] Une douce religion nous fait communier en elle ; le récit de ses miracles et de sa passion est un évangile auquel nous croyons tous.

582. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

D’abord comme récit. […] D’abord les récits de voyage qui eux-mêmes tiennent dans l’œuvre de Chateaubriand une place plus grande que ne l’indiqueraient les volumes qui leur sont expressément consacrés. […] Voyons-y le premier exemple de ces poèmes en laisses séparées par des points, où Lamartine imite (comme le dit la préface attribuée à son éditeur) le récit lyrique et coupé de Byron. […] Le mythe, introduit dans l’art par Platon, comme l’épopée par Homère, c’est une idée portée par un récit, une idée qui est une âme, un récit qui est un corps, et l’un de l’autre inséparables. […] Le récit du coup d’État qu’il écrivit en 1852 et ne publia que vingt ans après, l’Histoire d’un crime, n’est qu’un roman de propagande.

583. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ces détails d’économie, de tendresse, l’avarice où il est de son temps, l’effusion de ses souvenirs et de ses inquiétudes, l’espoir, dans lequel il vit, d’aller à Lyon à quelque courte vacance de Pâques, tout cela se mêle, d’une bien piquante et touchante façon, à son mémoire de mathématiques, au récit de ses expériences chimiques, aux petites maladresses qui parfois y éclatent, aux petites supercheries, dit-il, à l’aide desquelles il les répare. […] La jolie église de Brou n’est pas oubliée ailleurs dans ses récits. […] En avançant dans le récit d’une vie, ces sortes de confidences, moins essentielles, moins gracieuses, nous semblent aussi moins permises. […] Dans le récit d’une vie comme dans la vie même, les sentiments émus, cette brise du matin, ne reparaissent convenablement qu’au soir.

584. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Le récit se brisait trop souvent sous la main capricieuse de l’Homère de Ferrare pour que l’intérêt, constamment réveillé, constamment éteint, nous conduisît sans fatigue jusqu’au terme de quarante-cinq chants. […] Le professeur seul ne démordait pas de la page, admirant toujours, et avec raison, le divin style naturel de son poète, même quand les récits produisaient la satiété. […] Vous pouvez donc dire à votre belle maîtresse que mon chien peut passer en sa puissance, mais il n’est aucun trésor qui le puisse payer. » XIII La fin de ce récit, quoique ingénieuse, est cynique ; on regrette que la plume presque incontaminée de l’Arioste s’y soit salie d’une image plus qu’obscène. […] À cela près, ce conte de fées est une des plus légères arabesques dont un poète héroï-comique ait jamais égayé son récit.

585. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Ce récit a dans la bouche de Phédon toute la poésie de l’épopée, tout le pathétique du drame, toute la sérénité de ton d’une leçon de philosophie. […] XIX « Véritablement, dit-il en commençant le récit, ce spectacle fit sur moi une impression extraordinaire ; je n’éprouvai pas la compassion qu’il était naturel d’éprouver à la mort d’un ami. […] « Telle fut, Échécratès, la fin de notre ami, de l’homme, nous pouvons le dire, le meilleur des hommes de ce temps que nous ayons connus, le plus sage et le plus juste de tous les hommes. » XXIX Voilà le dialogue ou plutôt le poème de la mort de Socrate, selon Platon, sur le récit du dernier entretien de Socrate. […] C’est que, là, Platon n’a pu altérer par le clinquant des couleurs la sereine simplicité de son modèle ; le dialogue est d’un sophiste, le récit est d’un philosophe.

586. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Mais ici nous reprenons notre récit, puisque ce sont les circonstances de sa vie qui furent l’occasion de ses dernières et de ses meilleures œuvres. […] Racine le fils, sur le récit de son père, raconte ainsi cette révolution de palais, qui devait donner tant de gloire et tant d’amertume ensuite à son père : « Ces lectures se faisaient chez Mme de Montespan. […] On ne l’aime que dans la bouche de ses acteurs ; au lieu que, sans fatiguer les gens du monde du récit de mes ouvrages, dont je ne leur parle jamais, je me contente de leur tenir des propos amusants et de les entretenir de choses qui leur plaisent. […] « Jusque-là il n’avait point été question de moi, et on n’imaginait pas que je dusse y représenter un rôle ; mais me trouvant présente aux récits que M. 

587. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Et comment ne s’aviseraient-ils pas, en lisant la Vie de saint Louis, du sire de Joinville, ou la Conquête de Constantinople, de Geoffroy de Villehardouin, que l’emploi de la prose n’enlève rien à l’intérêt d’un récit, fut-il même héroïque ? […] C’est presque aussitôt après que l’histoire proprement dite se dégage de l’épopée. — Geoffroi de Villehardouin et La Conquête de Constantinople, 1210-1215 ; — conditions « épiques » de l’événement, et allure « épique » du récit ; — comparaison à cet égard de l’évolution de l’épopée française et de celle de l’épopée grecque : — l’auteur de la Conquête de Constantinople est à l’auteur de la Chanson de Roland ce qu’Hérodote est à Homère. — Il serait plus arbitraire de prétendre retrouver le caractère « épique » dans la Vie de saint Louis, du sire de Joinville, 1275 ; — et cependant, si saint Louis en est le héros, ne peut-on pas dire que l’hagiographie est la véritable épopée chrétienne ? […] Enfin, dans une dernière période, — au seuil du xive  siècle — les nouvelles « branches » deviennent purement satiriques ; — et allégoriques ; — « la grossièreté des pires Fabliaux s’introduit dans les récits » ; — ou bien « ils servent de véhicule à une satire âpre et excessive » [Cf.  […] Ce sont des contes d’animaux moralises ; — ci d’où l’on tire tantôt, comme Philippe de Thaon, des enseignements chrétiens — ou, comme Richard de Fournival, des enseignements d’amour ; C. — Les Dits et surtout, les Débats — comme la Bataille de Carême et de Chantage ; — dont Rabelais a repris le thème dans son récit épique de la lutte de la Reine des Andouilles et de Quaresme prenant ; — ou comme la Bataille des Sept Arts d’Henri d’Andeli ; D. — Les Arts d’Amour, parmi lesquels on cite le De arte honeste amandi, d’André le Chapelain, traduit en français par Drouart la Vache ; — La Clef d’Amours, de Jacques d’Amiens ; — Le Conseil d’Amour, de Richard de Fournival ; — et par l’intermédiaire desquels la poésie courtoise s’insinue dans le Roman de la Rose.

588. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

La fable n’est pas finie ; n’oublions pas qu’avec les trouvères nous sommes dans le récit épique : il ne s’agit pas de faire une fable courte, qu’on lit dans un livre, mais de réciter une action qui se développe, qui tient un auditoire en suspens et qui fait la joie du vilain. […] Qu’on ouvre le chant ou récit du Combat des Trente 45, ce fragment épique qui retarde en quelque sorte au milieu du xive  siècle, et qui raconte dans la forme des chansons de geste un dernier grand duel chevaleresque, le combat de trente Anglais et de trente Bretons (1350).

589. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Quoique je ne prétende point donner un récit complet de la fête, j’indiquerai encore, après les discours, une cantate qui fut exécutée par cent musiciens de la ville. […] Manon s’amusant gaiement à coiffer de ses mains le chevalier, et choisissant ce singulier moment pour recevoir le prince italien qu’elle veut berner et à qui elle montre le miroir en disant : « Voyez, regardez-vous bien, faites la comparaison vous-même… » ; cette tendre et folâtre espièglerie n’était pas dans le premier récit, et c’est un petit épisode que Prévost a voulu ajouter après coup, un souvenir sans doute qui lui sera revenu.

590. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

On peut lire dans les Mémoires de Goethe le récit du séjour qu’il fit dans cette ville savante, et assister au mouvement littéraire tout germanique qui s’y agitait dans un cercle choisi d’étudiants. […] Son récit de voyage dans les parties supérieures du Hasly offre des passages admirables, et plus simples peut-être d’expression qu’il n’en trouvera plus tard lorsque son talent, d’ailleurs, aura acquis sa plus entière originalité.

591. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Il cite assez volontiers et insère des lettres dans son récit. […] Il y a d’ailleurs de jolis traits, et délicats, dans ses récits ; son portrait de Mme de Sévigné est des plus vivants et des mieux caressés dans sa méchanceté ; il s’y est surpassé vraiment, et s’est armé de toutes ses perfidies contre un tel modèle.

592. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Il nous donne dans un récit très complet la suite des dits et gestes, des pérégrinations, des inconstances et des querelles (les érudits d’alors en avaient beaucoup) de ce Marius, assez peu digne d’ailleurs de son père, dont, avec quelques qualités, il outrait les défauts. […] C’est une loi en effet : chez les nations qui n’avaient pas l’imprimerie, sous les gouvernements qui n’avaient pas leur Moniteur, il arrivait très vite que les personnages glorieux qui avaient frappé l’imagination des peuples et remué le monde, livrés au courant de la tradition et au hasard des récits sans fin, se dénaturaient et devenaient des types purement poétiques.

593. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il avait vingt-quatre ans, d’aimables dehors, de la naissance ; il parlait l’anglais avec facilité et aimait même à l’écrire : « Car cette langue, disait-il, se prête à tout, au lieu qu’en français il faut toujours rejeter dix pensées avant d’en rencontrer une qu’on puisse bien habiller. » Il y contracta tout d’abord d’étroites amitiés, y vit le grand monde, fut présenté à la cour, et, ce qui nous intéresse davantage, fut admis, à Cambridge, dans l’intimité du charmant poète Gray. « Jamais, disait-il, je n’ai vu personne qui donnât autant que Gray l’idée d’un gentleman accompli. » Nous avons un récit de ces mois de séjour à Cambridge, par Bonstetten, qui s’est plu à mettre en contraste le caractère mélancolique de Gray avec la sérénité d’âme de son autre ami, le poète allemand Matthisson, qu’il posséda plus tard chez lui comme hôte en son château de Nyon, dans le temps qu’il y était bailli. […] On a la contrepartie du récit de Bonstetten, le témoignage de Gray lui-même sur ce jeune ami, et un témoignage tout vif donné dans le temps de son séjour.

594. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot, dans son récit animé ; ne dissimule rien de tout cela, et il nous aide vivement à nous en ressouvenir ; il réitère même, à un endroit (tome IV, page 292), un mea culpa qui ne laisserait rien à désirer, si, par un singulier retour, il ne le rétractait formellement dans les toutes dernières lignes du chapitre ; car, faisant remarquer que c’était en vue d’obtenir un gouvernement pleinement d’accord avec la majorité de la Chambre des députés qu’il s’était mis si fort en avant, dans une ligne d’opposition inaccoutumée, au risque de déplaire à plusieurs de ses amis conservateurs, il ajoute : « Dans mon élan vers ce but, ma faute fut de ne pas tenir assez de compte du sentiment qui dominait dans mon camp politique, et de ne consulter que mon propre sentiment et l’ambition de mon esprit plutôt que le soin de ma situation (que de ma et que de mon !)  […] C’est assez parler de l’homme d’État, lequel d’ailleurs n’est pas au bout de ses récits : l’orateur politique nous appelle.

595. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

. — Catherine II. » A part ce début et comme ce frontispice digne d’Aristote, de Polybe ou de Machiavel, il n’y a rien de dogmatique ni de raisonné dans le récit, qui porte tout entier sur des faits, des circonstances positives, et dans lesquelles les réflexions même n’interviennent que sobrement. […] Le futur Pierre III, tel qu’il sort de son récit, est une brute ; il n’y a pas d’autre mot.

596. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Ce serait moins que jamais aujourd’hui le moyen de se débarrasser des difficultés, puisqu’elles ont surgi et qu’elles ont éclaté ; de toutes parts puisque des attaques, des négations philosophiques radicales ont eu lieu, telles que celle de Strauss en première ligne ; la meilleure manière pour se retracer l’image de la personne réelle et vivante de celui dont la venue a changé le monde est d’en revenir avec bonne foi et réflexion aux récits originaux qui nous ont conservé la suite de ses actes et de ses paroles. Ce qui me frappe dans l’Évangile selon saint Matthieu, et qui, s’il n’est pas l’original même de cet apôtre, est traduit de l’hébreu et rédigé en grande partie d’après lui, c’est moins le récit des actions, l’encadrement des circonstances, que les discours, les dires et sentences de Jésus qu’on saisit ici dans tout leur jet primitif et toute leur fraîcheur.

597. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Je ne connais point de récit plus rapide, ni d’abrégé plus animé. […] Et reprenant de nouveau l’histoire de la Création et des époques primitives, tous ces récits dont Moïse est censé avoir recueilli les traditions, Bossuet nous montre le grand Ouvrier à l’œuvre, tantôt bienfaisant et clément, tantôt terrible et jaloux, toujours efficace, présent, vigilant, vivant : on n’en saurait prendre nulle part une idée plus forte, celle d’un Dieu qui tient le monde à chaque instant dans sa main, qui ne lui laisse pas le temps de s’engourdir, qui est toujours prêt à recommencer la création, à la retoucher, à secouer son monde.

598. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il faut l’écouter lui-même dans le récit noble et digne qu’il a fait de cette crise, de son agonie, du remède héroïque qu’il y apporta, et de la guérison qu’il crut y avoir trouvée. […] « Si les natures viles achèvent de se perdre et de se dégrader dans l’infortune, elle est la trempe la plus résistante des natures élevées. » On aimerait pourtant une confession un peu plus simple, plus circonstanciée, plus naïve : quoi qu’il en soit, dans le récit tout moral qu’il a donné, je distingue quelques degrés et des acheminements.

599. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

., m’obligent d’être court. » Les lettres suivantes complètent le récit : « Ce dimanche de Quasimodo, 26 avril. — Enfin voilà mon cher ami M.  […] Vuillart donne à sa manière le récit de faits assez connus d’ailleurs, mais il y met une précision qui ne laisse rien à désirer : « Et disons, pour finir cet ordinaire (car j’ai affaire à sortir demain dès le matin), que M. 

600. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Camille Rousset, muni des papiers d’État et de toutes les correspondances confidentielles, donne un récit qui peut être considéré comme définitif. […] Rousset et ressortent à chaque instant des récits, même les plus modérés et les plus circonspects, du comte de Gisors.

601. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Notez que si Jomini, à son début, profitait des illustres exemples du général Bonaparte pour éclairer ses récits et donner à ses jugements sur Frédéric tout leur relief, à sa théorie toute sa portée et son ouverture, il a lui-même en tant qu’écrivain militaire dû aider et servir à Napoléon, quand le captif de Sainte-Hélène s’est plu, à son tour, à retracer en quelques pages fermes l’histoire critique des campagnes de Frédéric. […] Ayant eu moi-même l’honneur de connaître dans les dernières années le général Jomini, j’ai plus d’une fois entendu de sa bouche le récit des principaux événements qu’il avait à cœur d’éclaircir, et il le faisait presque dans les mêmes termes qu’on retrouve sous la plume du colonel Lecomte.

602. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Le procédé en est d’ordinaire analytique et abstrait ; chaque personnage principal, au lieu de répandre sa passion au dehors en ne faisant qu’un avec elle, regarde le plus souvent cette passion au dedans de lui-même, et la raconte par ses paroles telle qu’il la voit au sein de ce monde intérieur, au sein de ce moi, comme disent les philosophes : de là une manière générale d’exposition et de récit qui suppose toujours dans chaque héros ou chaque héroïne un certain loisir pour s’examiner préalablement ; de là encore tout un ordre d’images délicates, et un tendre coloris de demi-jour, emprunté à une savante métaphysique du cœur ; mais peu ou point de réalité, et aucun de ces détails qui nous ramènent à l’aspect humain de cette vie. […] Il y a dans Bajazet un passage, entre autres, fort admiré de Voltaire : Acomat explique à Osmin comment, malgré les défenses rigoureuses du sérail, Roxane et Bajazet ont pu se voir et s’aimer : Peut-être il te souvient qu’un récit peu fidèle De la more d’Amurat fit courir la nouvelle.

603. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Weiss se soucie de nous l’expliquer   Au reste, ce fervent de Parny est ravi, transporté par la Tour de Nesle, non seulement par le drame, mais par le style. « Le récit de Buridan : En 1293, la Bourgogne était heureuse, est comme le récit de Théramène du grand Dumas.

604. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Je me souviens d’avoir lu le récit de la séance où Napoléon Ier ouvrit, pour la première fois, les Chambres françaises : mémoire d’idées. […] Dans les tribunaux, dit l’auteur, on a remarqué que les témoins oculaires et auriculaires suivent toujours dans leur récit l’ordre chronologique, c’est-à-dire l’ordre de leurs sensations ; tandis que ceux qui inventent suivent rarement cet ordre.

605. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

J’essaierai pourtant de donner idée de ce récit souvent interrompu, dont l’inspiration dans les meilleures parties me paraît être de faire sentir tout ce qu’il y a de frais, de léger, de fugitif et d’oublieux dans la jeunesse. […] Mais supposez que le récit soit partout sur le ton simple et de la vérité, représentez-vous nos amoureux en peine, à travers champs, dans cette marche de nuit, et cherchant depuis une heure ou deux leur invisible château.

606. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

C’est un récit écrit d’après une confidence, et destiné à celle même qui a raconté, qui sourit en se revoyant si justement, si légèrement peinte, et qui, avec une douce malice, prend à quelques endroits la plume pour y retoucher. […] Dans le premier moment, ou avait fait venir un docteur Feuillet, chanoine de Saint-Cloud, grand rigoriste : ce docteur ne ménagea en rien la princesse ; il lui parla presque durement ; écoutons son récit à lui-même : À onze heures du soir, elle m’envoya appeler en grande diligence.

607. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Le docte Tillemont, dans ses Histoires ecclésiastiques, a fait ainsi : plein d’exactitude et de scrupule, il ne marche jamais sans un texte ancien, et, s’il y ajoute quelque chose de son cru, il l’indique par des crochets dans le courant du récit, de peur qu’on ne puisse confondre à aucun moment l’autorité et le commentaire. […] Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce.

608. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Huysmans l’expédie en quelques phrases et consacre ses chapitres non plus au récit d’une série d’événements, mais à la description d’une situation, d’une scène, procède non par narrations successives avec de courtes haltes, mais par de larges tableaux reliés de brèves indications d’action ; et, comme tous les écrivains de cette école  avec de profondes différences personnelles  il possède un vocabulaire étendu et un style riche en tournures, apte, par des procédés divers, à rendre l’aspect extérieur des choses, à reproduire les spectacles, les parfums, les sens, toutes les causes diverses et compliquées de nos sensations, de façon à les renouveler dans l’esprit du lecteur par la voie détournée des mots. […] Dans En Ménage, le début, où, par une nuit nuageuse, André et Cyprien, parcourent lentement une rue endormie, l’aspect particulier du pavé, le marchand de vin fermant sa boutique à l’approche silencieuse de deux sergents de ville, tandis qu’un fiacre cahote et butte sur le pavé, est assurément le récit détaillé de la série d’impressions que procure une rentrée tardive.

609. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre ; que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre ; je me suis détrompé. » Soyez sûr que La Bruyère s’est détrompé surtout en lisant. […] Pour que Phèdre se lève elle-même quelques instants après ; car, pour la liberté des gestes dans le grand récit que Phèdre doit faire tout à l’heure, à partir de : « Mon mal vient de plus loin… », il convient qu’elle soit debout.

610. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Gustave Droz, l’auteur d’Autour d’une source, a vu dans les derniers faits miraculeux qui ont réjoui les cœurs catholiques et que des plumes catholiques ont attestés, un prétexte, non pas à discussion, mais à roman, et il a fait le sien, d’un point de vue humain qui pourrait très bien être… Il a supposé que l’ardente Spéculation moderne, qui met ses mains avides sur tout, pouvait se servir d’un miracle, ou plutôt du mirage d’un miracle, pour faire ses affaires impudemment, malhonnêtement, abominablement, et il a construit un récit dans ce sens qui pourrait être vrai, qui ne l’est pas encore dans l’histoire de nos mœurs, mais qui pourrait l’être, et en construisant ce récit — rendons-lui cette justice ! 

611. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Comparez ses récits à ceux de M.  […] Le récit des ratures, des changements, des corrections que faisait Pascal, introduit le lecteur dans le laboratoire de l’éloquence : ce mot ajouté est un accès de passion impatiente ; cette phrase retournée est un redoublement de logique victorieuse.

612. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Je suis même tenté de croire que la froideur des dissertations philosophiques et des récits barbares ou antiques, la tiédeur surtout de beaucoup de poésies amoureuses, sont des crimes de l’amant autant que de Leconte de Lisle. […] Au milieu des plus jolis récits champêtres, le patriotisme exigeant de cette femme d’officier jette toujours quelque mélodramatique épisode d’invasion. […] — je rapporte trois remarques principales : 1º La vogue est encore aux Alsaciens-Lorrains et, dans presque tous les récits de longue haleine, la guerre de 1870 fait un premier ou un dernier chapitre agréable. […] Pour intéresser les grandes demoiselles, on commence le récit à la dernière année de couvent. […] Depuis, elle a publié de vagues récits de voyages qui sont encore, de façon guère moins ronflante, « des tempêtes de mots sonores, prétentieux et vides ».

613. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

— Le sixième volume de l’Histoire de France de Michelet a paru ; il contient le récit de la lutte entre Louis XI et Charles le Téméraire.

614. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

En se rappelant les remarquables récits du fils, on apprécie mieux par comparaison les mérites qui recommandent ceux du père, la mesure parfaite du ton, ce style d’un choix si épuré, d’une aristocratie si légitime, et toute cette physionomie, si rare de nos jours, qui caractérise, dans les lettres, la postérité prête à s’éteindre, des Chesterfield, des Nivernais, des Boufflers.

615. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Quoi qu’il fasse, des récits comme la Tresse blonde ne sauraient être que des divertissements d’art d’une horrifique ingéniosité  rien de plus que Lokis ou la Vénus d’Ill, ce qui est déjà beaucoup.

616. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Ce fut le récit de ces soins touchants qui inspira au marquis de Salle le désir de connaître madame de Rambouillet, et d’épouser Julie.

617. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

Écrite comme une autobiographie, en une série de notes éparses que relie à peine un récit d’amour ténu et bizarre, la Course à la Mort est l’histoire d’un jeune homme en qui le pessimisme latent de cette époque, portant ses dernières atteintes, devient ressenti et raisonné, envahit et stérilise le domaine des sentiments, frappe d’une atonie définitive l’âme qu’il a mortellement charmée.

618. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

Aussi faut-il suivre dans le récit, ses ripailles perpétuelles, ses incessantes invitations à la coupe, « ha buvons », ses festins de gros mangeur quand il a conquis à la guerre un château et des biens : « Il se ruinait en mille petits banquets joyeux et festoyements, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galloises, abattant bois, prenant argent d’avance, mangeant son bled en herbe. » Ces belles bombances ne ressemblent ni au fastes de Timon d’Athènes, ni aux réceptions du vieux Capulet.

619. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Puis, le culte terminé, le prisonnier dûment raccompagné, les indifférents partis, nous avons rompu le pain dans une assiette, versé le vin dans un gros verre, et sans liturgie, avec le seul récit de saint Matthieu, nous, avons commémoré le plus grand don de l’histoire, nous unissant à nos parents dans l’espérance, à nos amis dans l’amitié profonde, à nos ancêtres dans la foi. »‌ Mais, le plus souvent, les soldats calvinistes, trop isolés pour rien organiser, entrèrent dans la chapelle catholique.

620. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Ce sont nouvelles de voyageurs, qui, pour faciliter le débit de leurs livres, les remplissent de récits monstrueux.

621. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il suit pas à pas le récit, tout en avouant ses répugnances d’homme de bonne compagnie pour une passion si pessimiste et des personnages si indélicats. […] Il y a de l’exotisme dans tous les récits de voyage : aucun n’inspire le saisissement que Loti nous apporte des terres océaniennes comme des pluvieux crépuscules de Paimpol. […] La terre provençale, dont on entrevoit déjà la lumière à travers certains récits de la Chanson de l’Enfant, M.  […] Dans ses lettres, dans ses récits, dans ses intrigues, il n’a jamais parlé de l’amour sans y associer ce goût de la tombe qui fait de lui un si curieux dilettante du néant. […] On lisait des récits épiques et des livres très purs à l’époque de Brantôme et des Cent Nouvelles nouvelles.

622. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

J’ai des doutes sur la complète sincérité de ce récit. […] En dramatisant un peu son récit, en supprimant quelques tâtonnements, M. Dumas eût pu donner une impression semblable à celle qui sort du récit de Poë. […] Voici quelques passages du récit de G.  […] Certaines parties de la légende précédant la mort de Siegfried étaient rappelées sous forme de récit.

623. (1914) Une année de critique

D’Île en Île est un récit de voyage mêlé de fiction. […] Leur goût classique, leur grand souci de construction et d’unité les incline à employer de préférence la forme du récit. […] Cela dit, je ne serai pas suspect de préférer le « roman impersonnel » au « récit ». Néanmoins, il faut convenir que le récit ne convient pas indifféremment à tous les sujets. […] Deux récits nous les révèlent, le récit du romancier, puis le récit qu’il nous fait de la confession du médecin.

624. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Y a-t-il beaucoup de récits de roman qui remplissent mieux les conditions du genre que le récit de la fuite de mademoiselle de Montpensier, après l’entrée des royaux à Paris ? […] Leurs récits à tous deux sont amples et nullement pressés d’atteindre au dénouement. […] Lisez le récit de la noce normande ; cela regorge, cela est juteux comme une belle poire du pays d’Auge. […] et que la banalité de tels récits, pour qui sait l’entendre, est significative ! […] Tous les récits de Regnard, particulièrement ceux des valets, sont des chefs-d’œuvre de style galant.

625. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

On en a fait des légendes et maint récit ; je prendrai la version de Diderot comme plus courte. […] La première fois qu’ils se rencontrèrent chez la marquise de Mi meure, dans un salon où ils attendaient tous deux et où ils se trouvaient seuls, il se passa entre eux une scène de silence, de bâillements, de gestes, et toute en parodie du côté de Piron, une sorte d’a parte double que ce dernier brodait assurément et chargeait dans son récit, mais qui pronostiquait déjà toutes leurs relations futures ; leurs atomes ne purent jamais s’accrocher. […] Le récit, toutefois, ne fût-ce que comme cadre et canevas, est tel que rien ne saurait le suppléer. […] Je doute que ce récit triomphant, même à le prendre au pied de la lettre, grandisse l’un et diminue l’autre. […] Il peut y avoir eu quelque autre mot oublié par Piron dans la rapidité du récit.

626. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

On ne s’explique même point, dans la Chartreuse de Parme, les deux amours sincères qui gouvernent le récit : celui de la tante pour le neveu et celui du neveu pour Clélia ; il les pose comme un géomètre pose un théorème qu’on lui accorde et auquel tous ses raisonnements vont s’enchaîner. […] Voici un fragment tiré du récit du bonhomme Champmathieu que la justice prend pour un ancien forçat : Avec ça, j’avais ma fille qui était blanchisseuse à la rivière. […] Le récit pur et simple, c’est-à-dire purement et simplement scientifique de certaines expériences de restées Lavoisier, célèbres, n’aurait certes pas le don de nous intéresser esthétiquement ; il ne pourrait être acceptable qu’à la condition de prendre, comme sujet principal, Lavoisier lui-même et non point ses expériences, de faire ressortir son opiniâtreté et son courage de savant qui ne se laisse rebuter par rien. […] D’après Tourguenef, un bon récit de roman doit, afin de reproduire les couches diverses de la société, se distribuer pour ainsi dire en trois plans superposés. […] Récit d’Eponine.

627. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Les parties lyriques de ce récit sont consacrées à célébrer l’action de manger et tout ce qui s’ensuit : « Ô sainte joie des bâfres ! […] Ce récit, qui révèle une connaissance profonde des choses turques, est une excellente leçon d’histoire. […] Cet empressement à nous instruire gâte un peu le touchant récit où M.  […] Plusieurs des récits recueillis par M.  […] Masson, mais elle résulte inévitablement de ses récits, fort détaillés et minutieux.

628. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On ne peut pas dire la même chose de Tacite, qui a recherché la précision, & qui laisse voir de la malignité ; encore moins du cardinal de Retz, qui met quelquefois dans ses récits une gaieté déplacée, & qui s’écarte quelquefois des bienséances. […] Histoire HISTOIRE, s. f. c’est le récit des faits donnés pour vrais ; au contraire de la fable, qui est le récit des faits donnés pour faux. […] On ne trouve avant ces grands événemens que quelques récits vagues, enveloppés de contes puériles. […] Tels sont les récits différens des deux évangélistes. […] Le premier, c’est que le récit de S.

629. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

Tous ces récits de M. de Goncourt sur des dîners, dont il n’avait aucun droit de se faire l’historiographe, sont de complètes transformations de la vérité.

630. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Lorsqu’enfin l’heureux Lancelot cueille le baiser désiré, alors celui qui ne me sera plus ravi colla sur ma bouche ses lèvres tremblantes, et nous laissâmes échapper le livre par qui nous fut révélé le mystère de l’amour86. » Quelle simplicité admirable dans le récit de Françoise, quelle délicatesse dans le trait qui le termine !

631. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

C’est de l’Histoire faite en artiste, un grand et rapide récit qui va de Byzas, le fondateur de Byzance, jusqu’à Mahmoud, le réformateur de l’Empire turc, enfin une espèce de biographie de Stamboul, majestueusement et colossalement individualisée sous le regard de l’historien, immense statue faite de pierres et d’hommes, comme les statues de Phidias étaient faites d’or et d’ivoire, qui a pour turban ses coupoles, et aux bras victorieux ou blessés de laquelle l’historien append, durant tout le cours de son histoire, les médaillons sanglants de ses maîtres et de ses vainqueurs !

632. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Comparons un de ses récits phrase à phrase avec le journal de sir Thomas Burton : « Un sectaire, dit M.  […] Mais la beauté du style surpasse encore l’intérêt du récit. […] Il y a des récits semblables dans l’Histoire de la Renaissance, et c’est là qu’il faut les chercher. […] On le reconnaît ici dans le récit de la passion que la pauvre Marguerite eut pour François Ier son frère. […] Dans le vieux poète grec, les héros développent de longs récits sur le champ de bataille avant de se donner des coups de lance.

633. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Peut-être trouvera-t-elle dans le récit qu’elle lui demandera des principaux événements de sa vie, dans sa physionomie, dans son costume même, l’explication de la nature de son talent, de la forme de ses compositions, de la couleur de son style et du mouvement de ses idées. […] L’enfant encore inculte, le paysan grossier, éprouvent une sensation de plaisir à la vue d’un beau spectacle, au récit d’une aventure intéressante. […] Permettez-moi maintenant de joindre à ces observations, peut-être trop longues, le récit de ce qui s’est passé, il y a quelques années, dans un château voisin de la capitale.

634. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Et le pauvre apprend ici à juger de son état tout autrement qu’il ne fait, et, loin de se plaindre, à savoir même bon gré à sa pauvreté, qui lui tient lieu d’asile, de port, de citadelle, en le mettant en repos et en sûreté, et le délivrant des craintes et des alarmes dont il voit que les richesses sont la cause et l’origine. » Le but qu’avait saint Chrysostome en tenant tout ce discours, n’était pas seulement d’instruire son peuple, mais de l’attendrir par le récit des maux dont il lui faisait une peinture si vive. […] Leurs noms, toujours chargés de reproches nouveaux, Commenceront toujours le récit de nos maux. […] Écoutez le récit des crédules hameaux : Un fantôme, à minuit, dans la vieille chapelle, Par d’affreux tintements a troublé leur repos, Et chaque nuit amène une terreur nouvelle.

635. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

C’est ce qui ajoute à la fantaisie du récit une mélancolie bien attachante. […] La France va-t-elle courir une aventure aussi heureuse avec ce Roumain qui nous fait don de ses récits populaires ? […] Ses premiers récits ont été publiés ces jours-ci ; on y remarque des dons surprenants de conteur et de poète. […] Les récits se faisaient plus courts, les images trop abondantes, et qui surchargeaient les drames précédents, avaient en partie disparu. […] Un humoriste anglo-saxon s’y allie avec un romantique allemand qui, selon Novalis, « conçoit des récits sans autre lien que celui de l’association des idées comme dans les rêves ».

636. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Vingt fois, cent fois dans l’histoire de la révolution française, on le voit qui abandonne son récit et qui rêve. […] Laissez de côté les formules métaphysiques et les considérations politiques, et regardez l’état intérieur de chaque esprit ; quittez le récit nu, oubliez les explications abstraites, et observez les âmes passionnées. […] IV Cette histoire de Cromwell, son chef-d’œuvre, n’est qu’une réunion de lettres et de discours commentés et joints par un récit continu. […] Son récit ressemble à celui d’un témoin oculaire. […] Je puis vérifier, en lisant celle-ci, le jugement de l’auteur ; je ne pense plus d’après lui, mais par moi-même : l’historien ne se place pas entre moi et les choses ; je vois un fait, et non le récit d’un fait ; l’enveloppe oratoire et personnelle dont le récit recouvre la vérité a disparu ; je puis toucher la vérité elle-même.

637. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Mais en revanche, toutes ses lettres datées de la Zélée sont remplies d’observations positives, d’ingénieux récits, de réflexions neuves et piquantes sur tous les pays où le bâtiment relâche, Sainte-Croix de Ténériffe, le Brésil, le Cap, l’île Bourbon ; Jacquemont visite ces contrées en courant, et il en parle avec savoir et profondeur. […] Le récit de son séjour à Calcutta pendant les sept mois qui précédèrent son départ, est l’histoire de la plus miraculeuse hospitalité dont aucun voyageur ait jamais fait mention ; et c’est ici que nous allons commencer à nous admirer, toute modestie à part, dans les prodiges de cet esprit français dont Victor Jacquemont est, comme nous l’avons dit, un modèle si achevé, un représentant si fidèle. […] Ce fut dans le voyage de Jacquemont une mémorable circonstance dont nous voulons donner le récit complet à nos lecteurs ; aussi les renvoyons-nous à un prochain article. […] Ils me dirent qu’ils ne connaissaient autrefois aucun autre moyen d’existence, et, d’après leur récit, cette existence était misérable. […] Trompé de plus en plus par les apparences qu’une fatalité singulière semble accumuler contre la princesse, et perdu dans une série d’aventures dont nous voulons laisser la surprise à ceux de nos lecteurs qui aiment le romanesque, tout le reste de son histoire est le récit d’une mystification complète.

638. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Le récit qu’on en ferait serait un résidu insipide ; est-ce que le libretto d’un opéra donne l’idée de cet opéra   Si vous voulez retrouver ce monde évanoui, cherchez-le dans les œuvres qui en ont conservé les dehors ou l’accent, d’abord dans les tableaux et dans les estampes, chez Watteau, Fragonard et les Saint-Aubin, puis dans les romans et dans les comédies, chez Voltaire et Marivaux, même chez Collé et chez Crébillon fils270 ; alors seulement on revoit les figures, on entend les voix. […] Récit du colonel Forsyth.) […] Récit de sa grand’mère qui, à trente ans, avait épousé M.  […] Récit de M. de Besenval, témoin du duel.

639. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Récit du Dr Lazarus. — En ce cas, on supprime la sensation provocatrice. […] Récit de Nicolaï. […] , 240) cite le récit d’une autre personne qui, pendant une pneumonie, eut des hallucinations semblables, en gardant, comme Nicolaï, toute sa raison. […] Récits de plusieurs personnes qui avaient pris du haschich. — Ibid.

640. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Une diversion est faite par le récit du conservatoire de Versailles. […] L’Empereur ayant entendu parler à l’architecte des Tuileries, Lefuel, d’une somnambule qui l’avait étonné, en retrouvant, dans une promenade où elle était endormie, des pièces de monnaie perdues, des pièces de quarante sous, a voulu qu’à mesure qu’on démolissait, on fît tout voir à cette femme, espérant par elle retrouver des trésors, surtout le trésor, indiqué dans un récit venant d’un des domestiques de Louis XVII, comme enfoui devant lui, par Louis XVI, dans une salle à colonnes, où, sous une des colonnes déplacées, le Roi avait caché le sceptre, la main de justice, etc. […] Et l’on goûtait un rare et étrange plaisir, en ce salon princier, oubliant de se scandaliser, de ces contes, de ces paradoxes, de ces récits crus de voyages, où semblait se faire entendre la double voix de Rabelais et de Diderot. […] C’est le grand moment de la causerie, la digestion du peu qu’elle a mangé, semble faire jaillir de la princesse, une expansion vivace de récits, de souvenirs, de portraits des gens à l’emporte-pièce, des débâcles de phrases à la Saint-Simon.

641. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Quand le président lui dit de raconter la scène du crime, il passe la main sur son front, une rougeur colore, un instant, son visage terne et gris, et après quelques mouvements nerveux d’épaules, il crache par terre, s’essuie les lèvres avec son mouchoir, puis commence par des mots ânonnants, se repasse encore la main sur la figure, et rouvre une bouche où, sous l’émotion, sa voix s’étrangle… Puis soudain il se met à raconter, et comme si, au récit de l’assassinat, sa fièvre homicide le reprenait, il répète dans le vide la mimique de son crime, d’un geste en avant terrible et superbe ! […] » Et le voilà s’acharnant après le janséniste, qui par déférence pour la princesse et son protégé, écoute le coloré récit de ce roman animal. […] Avec l’intérêt poignant et le mouvement et la vie du récit, et avec l’émotion, comme encore présente des balles, des boulets, du canon, il nous raconte Magenta, Solférino, en un parler franc, et qui avoue l’humanité du soldat, sa susceptibilité nerveuse, dans l’atmosphère si variable et si changeante de la guerre, et qui reconnaît que les corps et les moraux les plus solides, peuvent céder au vent subit d’une panique. […] Il y aurait un bien curieux, un bien intéressant et un bien nouveau volume, à faire de fragments de récits militaires, intitulé : La Guerre, — où l’on ne serait que le sténographe intelligent de choses contées.

642. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Ils ne s’y tiennent, l’un et le plus grand, qu’en outrant le mystérieux, le satanique, l’horrible, l’angoissant des traits d’âme qu’il révèle, en s’abstenant presque de les décrire, en les grandissant ainsi et eu laissant porter de tout son poids leur sombre et magnifique effroi ; l’autre, Henri Heine, qu’en écourtant davantage encore le récit de ses souffrances à demi imaginaires d’amant déçu et en les grandissant par le choc de l’ironie presque démente dont il les raille. […] Il connaît dans la description prosaïque d’objets et d’âmes fictifs, imaginés tels qu’ils soient par eux-mêmes saisissants, le prix du détaillement minutieux qui eu fait apparaître l’image dans l’intelligence par le procédé même de la vision la valeur d’une composition déduite et cohérente qui ne laisse aucun échappatoire au doute, la brièveté qu’il convient de donner à une œuvre pour qu’elle ait tout son effet, les inventions originales dont il faut l’historier pour mieux piquer la curiosité, l’avantage qu’il y a à faire sourdre dans l’âme du lecteur de puissantes émotions, sans l’y solliciter expressément, mais en lui laissant la surprise de les sentir jaillir d’un récit impassible. […] Appliqué tout entier à cette création d’âme, où il excelle, Tolstoï s’est trouvé amené heureusement, en subordonnant la composition, te récit dans ses œuvres à la nécessité de montrer et de suivre ses personnages, — à esquisser ce que nous considérons comme la forme future du roman, devenu exclusivement la description historique, sociale, biographique, d’une masse d’êtres, d’une foule groupée de façon à disperser l’intérêt sur une collectivité à laquelle le lecteur lui-même, quel qu’il soit, serait forcément agrégé, — et non plus à te concentrer sur un être, on une aventure particulière arbitrairement élue. […] Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre.

643. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

On le définit un récit en vers d’aventures héroïques ; mais quel doit être le but de ce récit ? […] Si tant d’auteurs ont échoué, c’est principalement parce qu’ils n’ont pas mis assez de ces morceaux & que le lecteur trouve trop de récits & trop peu de scènes. […] La Description de la ruine de Troie, le Récit des amours de Didon, la descente d’Énée aux enfers, sont le plus grand effort de génie.

644. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Nulle part on ne conte mieux ces récits chimériques qui flottent dans l’imagination transparente comme les fumées du narghilé dans un ciel serein. […] Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse N’est point le fruit tardif d’une lente vieillesse, Mais qui, seul, sans ministre, à l’exemple des dieux, Soutiens tout par toi-même et vois tout par tes yeux, Grand roi, si jusqu’ici, par un trait de prudence, J’ai demeuré pour toi dans un humble silence, Ce n’est pas que mon cœur vainement suspendu Balance pour t’offrir un encens qui t’est dû ; Mais je sais peu louer… Je mesure mon vol à mon faible génie, Plus sage en mon respect que ces hardis mortels Qui d’un indigne encens profanent tes autels, Qui, dans ce champ d’honneur où le gain les amène, Osent chanter ton nom sans force et sans haleine, Et qui vont tous les jours d’une importune voix T’ennuyer du récit de tes propres exploits. […] Jamais on ne parodia en style plus nerveux et plus épique les beaux récits d’Homère et de Virgile, mais c’est une parodie. […] Nous passons les triviales et burlesques inventions du récit, quoique la même perfection fasse partout reconnaître le grand artisan de langue.

645. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

C’est pendant qu’il était à Rome que Maucroix reçut de La Fontaine ce récit moitié vers et moitié prose qui contient la description des Fêtes de Vaux, et qui était une sorte de dépêche poétique tout en l’honneur du surintendant (août 1661). […] Maucroix en a consigné le récit dans des mémoires qui sont pour nous de peu d’intérêt : ce sont des querelles de chapitre à prélat, une vraie guerre de Lutrin, moins la gaieté.

646. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Ses récits proprement dits, même aux endroits qu’il entend le mieux, tels que les combats et batailles, manquent souvent de la lumière et de l’exposition indispensable. […] Pour nous, lecteurs d’aujourd’hui, à qui échappent un bon nombre des termes, des qualifications en usage et des métaphores courantes qu’il emploie, autant vaudrait donner dans une forêt de piques que de nous jeter dans ses récits d’Arques ou de Coutras, si on n’avait pas d’autre narration plus distincte pour en prendre idée.

647. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Bailly serait député des trois ordres comme il est des trois académies. » Cette assemblée des électeurs du Tiers, d’après le récit de Bailly, était comme une assemblée de famille. […] Il y mêle dans son récit de ces effusions de sensibilité dont il n’est jamais avare, et qui répandent sur ces scènes grandioses je ne sais quelle teinte encore amollie.

648. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Les Voyages au Mont-Perdu et dans la région adjacente, publiés en 1801, nous rendent une partie seulement de ces résultats et de ces impressions : Ramond avait depuis augmenté cet ouvrage ; il avait voulu consigner dans un dernier récit tout ce que des lieux, tant de fois visités par lui, lui avaient inspiré d’intérêt et d’affection. […] Les séances de l’Institut le partageaient également ; il les animait de ses vifs récits et de sa parole pittoresque ; il fut nommé membre résident (section d’histoire naturelle et de minéralogie) en 1802.

649. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

À ce récit de Saint-Simon, on peut opposer quelques autres témoignages contemporains, notamment celui de La Monnoye, présent à cette mort, et qui écrit, dans une lettre du 13 août 1697 à un ami : Ma joie est moindre que mon deuil, J’ai gagné mon procès, mais j’ai perdu Santeuil. […] En proposant ces doutes, je ne suis pas sans me dire que si M. le duc a été réellement auteur involontaire de cette mort, on a dû le dissimuler dans les récits imprimés.

650. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Maynard, après avoir épuisé le récit des infortunes d’Apollon et de ses exils terrestres, le montre rétabli dans sa gloire, mais jusque dans l’Olympe ayant à lutter toujours et à travailler, trouvant « avec l’honneur la fatigue mêlée » ; et il en tire une morale poétique qui semble d’abord toute dans le sens de Despréaux : Ne te rebute point ; change, corrige, efface. […] Mais qu’il l’ait inventé ou non, que de même il ait imaginé ou simplement arrangé et accommodé à sa guise cet autre joli conte de Camille, ou filer le parfait amour, Sénecé a très heureusement conduit et filé à son tour ces récits, et il a montré ce qu’il aurait pu faire s’il avait cultivé avec moins de distraction le genre.

651. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Rohan institue, en concluant son récit, une manière de parallèle entre le génie des différents peuples et leur gouvernement. […] Il y a un endroit du récit où le connétable de Luynes, qui était son allié (ayant épousé sa cousine), lui fait demander une conférence à une lieue de Montauban ; M. de Rohan se fie à lui et nous raconte les détails de l’entrevue ; il nous donne leurs deux discours, celui de Luynes et sa propre réponse.

652. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

C’est le récit, malheureusement inachevé, de ce second séjour en Espagne, qu’on vient de publier. […] La mise en lumière de la Relation du marquis de Villars vient rendre de l’à-propos et donner comme un fond historique solide aux récits de la marquise, à ces jolies Lettres qui, dans leur agréable légèreté, nous initient au seul moment un peu intéressant de ce règne imbécile et maussade.

653. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

L’auteur des Souvenirs de Madame Récamier, une personne de beaucoup d’esprit et d’exactitude, Mme Lenormant, vient de donner, en les combinant et en les liant par un récit, deux séries de correspondance de Mme de Staël, les lettres à la grande-duchesse Louise de Weimar et les lettres à Mme Récamier. […] Quoique le récit de Mme Lenormant soit net et spirituel, j’eusse préféré pourtant les lettres mêmes de Mme de Staël toutes seules, mises dans l’ordre des dates et complètes.

654. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Considérez notre littérature depuis le Moyen-Age, rappelez-vous l’esprit et la licence des fabliaux, l’audace satirique et cynique du Roman de Renart, du Roman de la Rose dans sa seconde partie, la poésie si mêlée de cet enfant des ruisseaux de Paris, Villon, la farce friponne de Patelin, les gausseries de Louis XI, les saletés splendides de Rabelais, les aveux effrontément naïfs de Régnier ; écoutez dans le déshabillé Henri IV, ce roi si français (et vous aurez bientôt un Journal de médecin domestique, qui vous le rendra tout entier, ce diable à quatre, dans son libertinage habituel) ; lisez La Fontaine dans une moitié de son œuvre ; à tout cela je dis qu’il a fallu pour pendant et contrepoids, pour former au complet la langue, le génie et la littérature que nous savons, l’héroïsme trop tôt perdu de certains grands poëmes chevaleresques, Villehardouin, le premier historien épique, la veine et l’orgueil du sang français qui court et se transmet en vaillants récits de Roland à Du Guesclin, la grandeur de cœur qui a inspiré le Combat des Trente ; il a fallu bien plus tard que Malherbe contrebalançât par la noblesse et la fierté de ses odes sa propre gaudriole à lui-même et le grivois de ses propos journaliers, que Corneille nous apprît la magnanimité romaine et l’emphase espagnole et les naturalisât dans son siècle, que Bossuet nous donnât dans son œuvre épiscopale majestueuse, et pourtant si française, la contrepartie de La Fontaine ; et si nous descendons le fleuve au siècle suivant, le même parallélisme, le même antagonisme nécessaire s’y dessine dans toute la longueur de son cours : nous opposons, nous avons besoin d’opposer à Chaulieu Montesquieu, à Piron Buffon, à Voltaire Jean-Jacques ; si nous osions fouiller jusque dans la Terreur, nous aurions en face de Camille Desmoulins, qui badine et gambade jusque sous la lanterne et sous le couteau, Saint-Just, lui, qui ne rit jamais ; nous avons contre Béranger Lamartine et Royer-Collard, deux contre un ; et croyez que ce n’est pas trop, à tout instant, de tous ces contrepoids pour corriger en France et pour tempérer l’esprit gaulois dont tout le monde est si aisément complice ; sans quoi nous verserions, nous abonderions dans un seul sens, nous nous abandonnerions à cœur-joie, nous nous gaudirions ; nous serions, selon les temps et les moments, selon les degrés et les qualités des esprits (car il y a des degrés), nous serions tour à tour — et ne l’avons-nous pas été en effet ? […] Je les vois dans mes rêves, ces cités pacifiques de Clonfert et de Lismore, où j’aurais dû vivre, pauvre Irlande, nourri du son de tes cloches, au récit de tes mystérieuses odyssées.

655. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

M. de Chateaubriand, à la tribune des Pairs, eut ce jour-là de nobles paroles, et, cet autre jour, il en eut de malheureuses… » Sur les violences matérielles et les horreurs qui ensanglantèrent le Midi, on est unanime ; mais là encore on essaye de n’en pas trop dire et de limiter l’indignation ; on n’emprunte que discrètement à l’effroi de la tradition populaire qui a survécu et qui subsiste encore ; on craint de paraître donner dans la légende qui grossit les faits et les transfigure : à ce travail honorable, entrepris par de bons esprits qui ont oublié d’être de grands peintres, le courant incendiaire qui traversa alors et dévora toute une partie de la France, se dissipe et s’évapore ; l’atmosphère embrasée du temps ne se traduit point au milieu de ces justes, mais froides analyses ; l’air échappe à travers les mailles du filet, et c’est encore dans les historiens d’une seule pièce, d’une seule et uniforme nuance comme Vaulabelle, dans ce récit ferme, tendu et sombre, où se dresse énergiquement passion contre passion, qu’on reçoit le plus au vif et en toute franchise l’impression et le sentiment des fureurs qui caractérisent le fanatisme royaliste à cette époque. […] On n’a pas assez dit lorsque, parmi ces victimes du fanatisme du Midi, on a énuméré dans un récit d’histoire quelques noms de généraux connus : mais combien d’autres de toute classe, immolés et restés obscurs, et dont il faut aller chercher, réveiller le souvenir aux lieux mêmes où ils ont péri et où l’écho répondra si on l’interroge !

656. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Quoiqu’il puisse sembler bien naïf, avec un écrivain dont le récit forme comme un bas-relief ou un panorama continu et où tout est tableau, de prétendre en détacher un et de venir le présenter dans un cadre, je veux le faire pour l’endroit capital de ce voyage d’Espagne, pour le moment décisif qui est l’entrée en Andalousie. […] Il y éprouva des sentiments qu’on lui refuse trop, parce qu’il ne les a pas étalés, et, en dehors du récit, il s’est réservé de les enfermer discrètement dans la forme sculptée des vers.

657. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Dix fois dans ce récit, on est tenté d’interrompre et de se dire : « Si les choses justes ou que le résultat justifie et consacre se font ainsi, comment donc se font les choses injustes ?  […] N’oublions pas d’ailleurs (c’est le seul point que je puisse ajouter au récit complet de M. 

658. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

»71 Nous n’avons pas voulu morceler ce récit, bien qu’il portât en grande partie sur l’observation directe, pour donner un exemple concret de l’étroite façon dont s’engrènent et se complètent — avons-nous dit — les différents modes d’investigation médicale. […] Or le spécialiste a trouvé que mon récit fourmillait d’erreurs.

659. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Je ne sais si nos troubles civils, où tant d’adieux ont été les derniers, ajoutent à mon impression en lisant ce récit ; mais il me semble qu’il en est peu de plus touchants. […] Comparez à cette situation Périclès défendant, devant l’aréopage, Aspasie accusée ; l’éclat de la puissance, le charme de la beauté, l’amour même tel que la séduction peut l’exciter, vous trouverez tous ces moyens d’effet réunis dans le récit de ce plaidoyer ; mais ils ne pénétreront point jusqu’au fond de votre âme.

660. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Le xviie  siècle avait eu des romans nobles et héroïques, des récits burlesques et satiriques : entre les deux se trouvait le roman vrai. […] Saurin, Duclos, Marmontel, une foule d’autres font passer leur esprit aiguisé ou leur philosophie ronflante dans des récits, dont quelques-uns ont fait grand bruit en leur temps, et nous paraissent les plus ennuyeux de tous aujourd’hui.

661. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Chez Bourget la platitude de l’invention est aggravée par la lenteur du récit et la gaucherie de l’analyse : une Beauce traversée en une charrette grinçante et brimbalante. […] Quand il s’agit de faits, il est un peu plus à son aise, il montre quelques qualités d’observateur et il lui arrive même d’organiser en récit lisible les petits détails patiemment rassemblés.

662. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Saint-Simon, si amer quand il blâme, trouve, pour la louer, des grâces qui semblent inspirées par elle ; Dangeau la fait aimer par le simple récit de ses moindres actions. […] Pour se faire une juste idée de ce qu’était alors la représentation, et de l’importance qu’on attachait à toutes ces choses, remplacées depuis par d’autres que nous croyons beaucoup plus sensées et qui le deviendront peut-être, il faut lire le récit de cette première entrevue, chez Dangeau : La princesse, dit l’historiographe fidèle, arriva sur les six heures.

663. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Bazin, dans les deux volumes qu’il a consacrés à l’Histoire de France sous le ministère du cardinal Mazarin, s’est attaché à dégager le récit historique des séductions qu’y avaient jetées les peintures du cardinal de Retz, et il l’a fait, même au risque d’y éteindre quelque peu la vivacité et l’intérêt. […] Je ne réponds pas, et aucun lecteur circonspect ne saurait répondre de la vérité et de l’exactitude historique de la plupart des récits que nous offrent les Mémoires de Retz ; mais ce qui est évident et qui saute aux yeux, c’est quelque chose de supérieur pour nous à cette exactitude de détail, je veux dire la vérité morale, la fidélité humaine et vivante de l’ensemble.

664. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Ce qui est bien certain, du moins, c’est que la reine Marguerite n’y avait rien perdu des délicatesses de son esprit, puisque c’est là qu’elle entreprit d’écrire, en quelques après-dînées, ses mémoires pour venir en aide au récit de Brantôme, et le rectifier en quelques points. […] On voit dans son récit ce gentilhomme déjà blessé et tout sanglant qui, poursuivi dans les corridors du Louvre, se sauve dans la chambre de Marguerite en criant : Navarre !

665. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Chez les Orientaux, à l’origine, quand la sagesse primitive s’y déguisait sous d’heureuses paraboles pour parler aux rois, elle pouvait avoir son élévation et sa grandeur ; mais, transplantée dans notre Occident et réduite à n’être qu’un récit tout court qui amène après lui son distique ou son quatrain moral, je n’y vois qu’une forme d’instruction véritablement à l’usage des enfants. […] Le poète, dans sa préface, reconnaît lui-même qu’il est un peu sorti ici du pur genre d’Ésope, « qu’il a cherché d’autres enrichissements, et étendu davantage les circonstances de ses récits ».

666. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Mais les prendre, ces pathétiques récits, pour en faire un argument contre tous les gouvernements possibles, là est le vice peut-être, et serait, chez un autre que Vigny, certainement le danger. […] Le livre que nous donne Ratisbonne sous le titre de Journal d’un Poète 4 est bien autrement intime, sincère, pensé, vécu, et saigné aussi, — car l’homme y souffre, — que ne pourrait l’être jamais un récit de Mémoires, toujours plus ou moins attifé.

667. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Amédée Renée, publie en ce moment un volume, non plus de récit épisodique, mais de véritable histoire politique sur un sujet bien connu, tant de fois étudié, mais qui n’est jamais épuisé : Louis XVI et sa Cour 62.

668. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Quoi qu’il en soit, son récit, réduit aux simples faits, donne une haute idée de la capacité prodigieuse et de l’infatigable activité du général proscrit.

669. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Nous avons été secoués par les récits de M. 

670. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Cuvier ; il y causait avec feu, avec entraînement de ce qu’il avait lu, de ce qu’il avait vu, des objets divers de ses goûts et de ses studieuses ambitions : Mllle Clémentine Cuvier l’écoutait en silence, prenait un intérêt sensible à ses récits et se plaisait à les lui faire répéter. […] Des rapprochements ingénieux, imprévus, un fonds de bonne humeur spirituelle, une pointe de plaisanterie et de gaieté, se font jour à chaque instant dans son récit et amènent le sourire. […] Quelqu’un a dit : « Tout le feu d’Ampère se passe dans la recherche, et il ne lui en reste rien pour l’exécution : en cela il n’est pas artiste90. » Sentant de la sorte, qu’y a-t-il d’étonnant qu’à un gros livre, œuvre combinée de bénédictin et d’écrivain, qui demandait des années de composition et dont les trois premiers tomes avaient eu le tort d’être remarqués des seuls lettrés et de peser à l’éditeur, qu’y a-t-il d’étonnant qu’il ait préféré de rapides récits de voyages qui l’amusaient à faire à la fois comme voyages et comme récits, et qui réussissaient à bien moins de frais ? […] Nécessaire peut-être pour l’auteur, ce voyage l’était moins pour le public, et il ne ressortait d’un récit toujours agréable ni renseignements ni peintures d’un caractère original bien nouveau. […] Au point de vue biographique, il ne faudrait pas du tout chercher dans ce récit d’Ampère un reflet de ce que j’ai dit de son espèce de veuvage intérieur et de ses agitations sensibles à ce moment.

671. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Le premier volume et la moitié du second contiennent tous les faits de la vie de La Fayette antérieure à 89, la guerre d’Amérique, ses voyages en Europe au retour ; tantôt ce sont des récits et des chapitres de mémoires de sa main, tantôt ce sont des correspondances qui y suppléent et les continuent. […] Mais aujourd’hui j’aime mieux tirer par anticipation, des trois derniers volumes non publiés, et qui vont très-prochainement paraître, de belles pages d’un grand ton historique, qui succèdent à de très-intéressants et très-variés récits, le tout composant un chapitre intitulé Mes rapports avec le premier Consul. […]  — Indépendamment des récits et de la correspondance qui représente sa vie politique de 89 à 92, on trouve à cet endroit de la publication divers morceaux critiques de la plume du général sur les mémoires ou histoires de la Révolution ; il y contrôle et y rectifie successivement certaines assertions de Sieyès, de Necker, de Ferrières, de Bouille, de Mounier, de madame Roland, ou même de M.  […] Quand je dis belles, on entend bien qu’il ne peut être question de talent littéraire ; mais l’habitude du bon langage se retrouve naturellement sous cette plume simple ; les récits, les réflexions abondent en manières de dire heureuses, modérées, et qui portent. […] On voit, dans ces récits de conversations, à quel degré La Fayette a le propos historique, le mot juste de la circonstance et comme la réplique à la scène.

672. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Ce récit les mit en gaieté ; ils résolurent de passer la matinée ensemble, et, pour la bien commencer, Barasdine fit apporter un déjeuner auquel ils s’empressèrent de faire honneur en philosophes dont le chagrin ne saurait troubler l’appétit. […] L’imagination de notre jeune législateur s’enflammait à tous ces récits ; il brûlait de voir cette femme extraordinaire, et cependant il ne voulait ni l’adorer en esclave, ni marcher à ses côtés comme un instrument de ses plaisirs ou de ses volontés. […] Après tous ces récits, Marie Talbot témoigna le désir d’apprendre à son tour ce que son maître avait fait dans ses voyages. […] Le récit simple et naturel coule comme l’haleine attiédie d’un vieillard sur la lèvre. […] Gardez-vous bien de retrancher le dialogue du vieillard ; il jette dans le poëme de la distance et du temps ; il sépare les détails de l’enfance du récit de la catastrophe, et donne de l’air et de la perspective au tableau: c’est une inspiration de l’avoir placé là !

673. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Entraînés au fil du récit, c’est à peine entre eux, mais plutôt avec nous-mêmes, sans nous apercevoir de la comparaison, que nous confrontons son Lysandre et son Sylla. […] Patru, Éclaircissements, etc.]. — Le cadre du récit et la Diana enamorada de Georges de Montemayor. — La couleur du récit et le roman pastoral ; — la vogue européenne du roman pastoral ; — les Arcadia de Sannazar et de Sydney ; — Les descriptions du Forez dans le roman de d’Urfé [Cf.  […] 3º Le caractère de l’Astrée. — Aspect général de l’œuvre ; — et que, bien loin que les épisodes y soient, comme dans d’autres romans de la même forme, des hors-d’œuvre par rapport au récit principal, c’est le récit principal qui n’est que le prétexte ou l’occasion des épisodes. — Diversité d’intérêt qui en résulte : — 1º Episodes historiques [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — 2º Allusions contemporaines [Euric, Daphnide et Alcidon, IIIe partie, livre 3] ; — 3º Inventions personnelles [Damon et Madonthe, IIe partie, livre 6]. — La forme des récits n’est pas moins variée : — descriptions [IIe partie, livre 5] ; — conversations [IIe partie, livre 12] ; — narrations [IIIe partie, livre 7], on y trouve des modèles de tout, de lettres encore et de sonnets d’amour ; — sans compter quelques pages d’une touche plus réaliste ou plus brutale. — Du style de l’Astrée : — son élégance et sa clarté ; — sa douceur et sa fluidité ; — sa justesse dans l’abondance, — sa valeur psychologique ; — et, comme conséquence, de la peinture des variétés de l’amour dans l’Astrée. — L’amour sensuel et brutal [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — l’amour volage et capricieux [Hylas, Ire partie, passim] ; — l’amour jeune et passionné [Chryséide et Arimant, IIIe partie, livres 7 et 8] ; — l’amour chevaleresque [Rosanire, Céléodante et Rosiléon, IVe partie, livre 10] ; — l’amour mystique [Céladon et Astrée]. — Variété des caractères. — Qu’il ressort enfin de l’ensemble du livre une impression de charme et d’apaisement sans analogue jusqu’alors dans la littérature ; — qui explique sa fortune, l’une des plus prodigieuses qu’il y ait dans l’histoire littéraire : — et sa longue influence.

674. (1924) Critiques et romanciers

Ses plus sombres et douloureux récits ont des moments où le sarcasme tourne au comique et recommence l’Ode au choléra des Grimaces. […] Tout un roman, deux cent cinquante ou trois cents pages d’un récit continu, est une chose qui lui paraissait longue, assez fastidieuse, terriblement lourde à porter. […] Cette fois, tout n’est que récit. […] Un récit : quelques romanciers ne se souviennent pas toujours qu’un roman, d’abord, est un récit. […] On donne ce grand nom d’histoire, le plus communément, au récit des événements qui changent la destinée des nations.

675. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Mais par son caractère aristophanesque et par les suites qu’elle aurait eues sans la spirituelle indulgence de Henri IV, elle tomba dans le domaine du chroniqueur, et son récit nous en a conservé les principaux traits.

676. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Les pièces qu’il intitule Ballades ont un caractère différent ; ce sont des esquisses d’un genre capricieux : tableaux, rêves, scènes, récits, légendes superstitieuses, traditions populaires.

677. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.

678. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

— que cette plume était officielle et choisie ; et le préjugé révolutionnaire contre toute institution du Pouvoir est si fort, que ce qui aurait dû être une raison d’authenticité et de créance, fut une raison de croire à l’imposture de l’historiographe ou de douter de la probité de son récit.

679. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Parlez à Victor Hugo de Théramène et de son récit, vous verrez ce qu’il en pense. […] à son insu, il fait à chaque instant le récit de Théramène. […] Et c’est la conclusion du récit. […] Halévy, nous avons le récit d’une existence entière ou peu s’en faut. […] Cela, il importe que nous le sachions ; mais ce qui est maintenant en récits, nous le verrons tout à l’heure en action et se détachant avec un singulier relief : à quoi bon alors ces récits ?

680. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Rod avait fait choix pour son premier récit. […] Son imagination s’est enflammée au récit de la surprenante fortune de Napoléon. […] Quelques pages cependant y annonçaient déjà l’art du récit. C’est au récit en effet que s’essayait M.  […] Souvenirs, lectures, notes semblaient dans ce récit insuffisamment digérés.

681. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Lemonnier considère la Forêt, l’Usine comme des êtres animés qui dominent et inspirent son récit. […] À ces récits, mais à ceux-là seulement, Eekhoud prête une physionomie moins rébarbative, plus plaisante et comme un petit air « sans façon », qui ne messied point. […] Les Récits de Nazareth, Le Royaume authentique du grand Saint-Nicolas, Les Patins de la Reine de Hollande, autant de légendes dans lesquelles Demolder accorde son goût des descriptions sanguines à un sens mystique délicieux. […] Comme leurs récits émeuvent et réconfortent ! […] Bruxelles, Lacomblez, 1892. — Les Récits de Nazareth.

682. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

La facture même du récit n’est qu’une mise en œuvre de cette théorie du milieu. […] Récit lyonnais. […] Je me bornerai à indiquer au lecteur le récit, dans la Nuit de Noël à Verdun, d’une communion militaire à la chapelle de la forteresse. […] Ç’a été le cas pour moi, avec Feuillet, en particulier pour les deux récits auxquels j’ai fait aussitôt allusion, et qui ramassent en eux le meilleur du génie de ce remarquable écrivain. […] Il ne s’ensuit pas qu’un récit doive se subordonner à une thèse, mais, que l’écrivain le veuille ou non, son témoignage aboutit à poser un problème.

683. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

« Je fais grâce au lecteur du récit des épreuves que j’ai dû traverser avant d’arriver au jour de la représentation. […] « Celui qui écrit ces lignes est le seul qui puisse dire comment Eugène Sue passe cette fois du roman à l’histoire, du drame au récit de la fiction arrangée, à la biographie, et tout cela sans changer de mer ni de vaisseaux, ni de ciel bleu ou chargé de nuages ; soit donc qu’il écrive demain un autre roman, M.  […] Buloz ajoute : « Quant au récit burlesque de je ne sais quelle scène qui se serait passée à la répétition du Gladiateur, cela rentre, monsieur, dans cet ordre d’inventions et d’injures qui n’atteignent que ceux qui se les permettent. » Vous vous trompez, M.  […] Pardonnez-moi d’insérer le récit de mon humble mésaventure au-dessous des illustres infortunes que vous avez mentionnées. […] Terminons par le récit d’un fait qui n’est pas sans importance.

684. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Au sujet de la mort d’Agamemnon, dans le récit que fait l’Ombre de ce grand roi à Ulysse qui l’interroge dans les Enfers, il est dit : « Noble fils de Laërte, ingénieux Ulysse, ce n’est ni Neptune qui m’a dompté sur mes vaisseaux en déchaînant le vaste souffle des vents funestes, ni quelque peuplade ennemie qui m’a détruit sur terre ; mais Ægisthe, tramant contre moi la mort et le mauvais destin, m’a tué d’accord avec ma perverse épouse, après m’avoir invité dans son palais ; pendant le festin même, il m’a tué, comme on tue un bœuf sur la crèche. […] La première partie de cette petite pièce est en récit, et la seconde en tableau. […] Et si l’on me demande à mon tour pourquoi ce souci perpétuel du nouveau, et à quoi bon Méléagre à cette heure plutôt que tant d’autres, je répondrai avec Ulysse en son récit chez Alcinoüs : « Je ne puis souffrir de venir répéter aujourd’hui ce qui a été dit (par moi ou par d’autres) assez clairement hier. » 15 décembre 1845.

685. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

C’est à Mme de Sévigné encore qu’il faut demander le récit de sa dernière maladie et de ses suprêmes moments ; ses douleurs, l’affliction de tous, sa constance : il regarda fixement la mort152. […] Ce mot d’humiliant ne semblera pas trop fort à ceux qui ont lu sur son compte les Mémoires de la duchesse de Nemours, le récit surtout de cette triste scène au Parlement, où il tint Retz entre deux portes, et les propos qu’il y lâcha et qu’il essuya. […] Voir tout le récit dans les Mémoires de l’abbé Arnauld, à l’année 1672.

686. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Nous allons écrire son histoire le plus poétiquement aussi que nous le pourrons ; d’une main qui dans un autre âge écrivit des vers ; mais nous n’ajouterons aucune circonstance ou aucune couleur imaginaire à la merveilleuse vérité de ce récit. […] Ce récit en sera peut-être moins romanesque, mais quel roman eut jamais l’intérêt de la vérité ? […] Il s’était décidé enfin à l’écrire dans le rhythme chantant de l’Arioste, son prédécesseur et son modèle, c’est-à-dire en stances régulières de dix vers, sorte de récitatif admirablement approprié au récit, assez musical pour soutenir l’haleine, pas assez pour fatiguer l’oreille.

687. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il commence par rappeler Atala en la surpassant dans son récit. […] « Je ne puis, en commençant mon récit, me défendre d’un mouvement de honte. […] Elle était de la supérieure de… Elle contenait le récit des derniers moments de la sœur Amélie de la Miséricorde, morte victime de son zèle et de sa charité, en soignant ses compagnes attaquées d’une maladie contagieuse.

688. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Les vers sur la disgrâce de « l’altière Vasthi » sont l’indispensable préambule du récit d’Esther : les contemporains y virent une allusion que peut-être le poète n’y avait pas mise. […] D’abord le récit de l’enlèvement de Junie, « La peinture de cet attentat a fourni au poète des vers d’un coloris charmant et romantique45. » Je relis le morceau et j’y cherche ce romantisme. […] Assuérus est un roi d’Orient, aussi polygame qu’on le puisse être ; ses eunuques lui recrutent partout de belles filles, et, quand elles ont mariné six mois dans la myrrhe et six autres mois dans les aromates, on les introduit chez le roi… Or c’est là la matière du charmant et chaste récit du premier acte  Esther est une Juive féroce qui se venge en faisant massacrer soixante-quinze mille Persans : Racine l’a transformée en colombe gémissante, et ce vers d’Assuérus passe inaperçu : Je leur livre le sang de tous leurs ennemis.

689. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Enfin l’on a senti l’influence de Wagner qui, développant le récit beethovénien, supprime la carrure de la phrase au profit d’un rythme large et continu et, devancé en cela par les Romantiques, comme on l’a vu, juxtapose parfois des mesures aux nombres divers. […] On l’a dit22, en réalité ce vers n’a pas une longueur, immuable ; certes, mais c’est au même titre qu’un « récit » : musical dont on peut presser ou ralentir telle partie : s’il varie, c’est dans des limites restreintes. […] Aussi, la plupart de ses œuvres sont-elles des récits.

690. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

De nos fenêtres nous entendions la chute de cette cascade d’un fleuve, comme un tonnerre continu au fond de la vallée ; l’aubergiste ajouta que la plus jeune et la plus belle des deux voyageuses était, d’après le récit de leur courrier, la plus célèbre improvisatrice de la France. […] …………………………………………………… Fais que dans mes récits, déguisant leur faiblesse, La parole de Dieu conserve sa noblesse ! […] Tout jeune, je faisais admirer mon courage ; Comme un vaillant aiglon, j’aspirais à l’orage… Ma mère (il m’en souvient, j’étais encore enfant) Me contait les exploits d’Hercule triomphant… Au superbe récit de cette noble vie, Mes yeux brillaient d’orgueil, d’espérance et d’envie ; Et ma mère joyeuse, en me tendant les bras, Disait : « C’est ton aïeul, et tu l’égaleras. » Et moi, j’entrevoyais une sublime tâche !

691. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Le temps ne peut qu’ajouter au prix de certains détails qui tiennent aux mœurs d’une société évanouie : Je n’écrirais pas tout cela si l’on devait me lire à présent, dit le prince de Ligne à la fin d’un de ses récits ; mais, cent ans après, ces petites choses, qui ont l’air d’être des riens, font plaisir. […] Si vous ne rêvez pas militaire, si vous ne dévorez pas les livres et les plans de la guerre, si vous ne baisez pas les pas des vieux soldats, si vous ne pleurez pas au récit de leurs combats, si vous n’êtes pas mort presque du désir d’en voir, et de honte de n’en avoir pas vu quoique ce ne soit pas de votre faute, quittez vite un habit que vous déshonorez.

692. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

C’est ce qu’il a fait, au moins en partie, m’assure-t-on, mais sans autoriser, je crois, d’ici à un long temps, la publication de ces récits. […] Ce qu’on peut affirmer à l’avance, c’est que de ces récits de M. 

693. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Le récit de ces dernières et de ces plus belles campagnes de Turenne tient la meilleure place dans les Mémoires de La Fare, et y est traité avec plus de détail que le reste. […] Les Mémoires de La Fare, dans les trop courts récits et les portraits qu’ils renferment, sont pleins d’esprit, de finesse, de bonne langue, et tous les jugements qu’il fait des hommes sont à considérer.

694. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Elle revint à diverses époques sur ce récit qu’elle se faisait à elle-même, et le continua jusqu’au moment où elle devint margrave, et où son frère ensuite monta sur le trône. […] En écrivant ainsi à Moncrif, Voltaire comptait bien que son récit courrait la ville et la Cour.

695. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

C’est un court récit, une vive morale en action, où figurent en général des animaux, des plantes, des êtres plus ou moins voisins de l’homme, et qui représentent ses vices ou ses vertus, ses défauts ou ses qualités. Dès que le récit est terminé, la moralité sort et on la déduit ; elle se grave dans l’esprit par l’exemple : car ce que l’homme aperçoit moins quand il s’agit d’hommes ses semblables, et ce qui glisse sur lui, le frappe davantage quand cela se transpose et se réfléchit par allégorie chez des êtres d’une espèce différente.

696. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

A mon avis, celui-là est un sot qui, en admettant qu’il ait quelque chose à raconter, fait à sa femme le récit de ses galanteries. […] J’ai souvent fait un rêve, ou plutôt (car la chose est irréparable) j’ai formé et senti un regret : c’est que parmi toutes ces générations qui se sont succédé dans notre France légère depuis tant de siècles, il ne se soit pas trouvé, à chaque génération un peu différente, un témoin animé, sincère, enthousiaste ou repentant, présent d’hier à la fête ou survivant le dernier de tous et s’en ressouvenant longtemps après ; lequel, sous une forme quelconque, ou de récit naïf, ou de regret passionné, ou de confession fidèle, nous ait transmis la note et la couleur de cette joie passagère, de cette ivresse où l’imagination eut bien aussi sa part.

697. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Guadet qui, à quarante ans de distance, dans deux volumes consciencieux assez récemment publiés39, a discuté et contrôlé les récits et les dires des nouveaux historiens de la Révolution, n’a pu ni voulu se dépouiller de ce rôle d’avocat, et il le revendique hautement au contraire. […] Danton parle comme un traître de tragédie (passe encore si c’était Rarère) ; il harangue en ces termes ses complices Robespierre, Rarère, Hérault-Séchelles, etc. : c’est à Rarère effrayé et qui vient de tracer de la situation un tableau très sombre, qu’il répond : Avant de m’expliquer sur ces grands intérêts, Je dois de ce récit adoucir quelques traits.

698. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Le roi a une grâce d’état ; il se porte aussi bien que si rien n’était arrivé… » Tout à côté des paroles douloureuses et concentrées de la reine, on a de ces journées un récit complet, circonstancié, par une correspondante qui ne va plus cesser d’écrire durant ces trois années, et qui est du caractère le plus naturel, le plus accentué, le plus vif, je veux dire Madame Élisabeth. […] Il règne et circule dans son récit comme un rayon venu on ne sait d’où.

699. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

On voit ce que Mme de Gasparin a voulu dans la plupart de ses petits tableaux et récits, elle a voulu nous donner des histoires protestantes et de sainteté. […] Un colloque insignifiant s’engage à l’occasion des petits objets à acheter ; laissons Mme de Gasparin continuer son récit, où la protestante tient absolument à planter son drapeau devant le camp catholique : « Que faire, se disent les visiteuses, d’escargots et de saintes ?

700. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote au suprême degré, dans les premiers volumes où je viens de l’étudier, c’est une rectitude de bon sens et de bon esprit, qui, purgée de toute idée préconçue et de toute superstition traditionnelle, examine, pèse, discute et n’avance rien qui ne lui paraisse probable ou possible ; là où il doute, il le dit, et comme l’incertitude est partout à cette origine de l’histoire grecque qui débute par la mythologie, il ne nous donne d’abord aucune histoire, il ne nous propose aucune explication ni interprétation ; il se borne à exposer chaque récit mythique dans toute son étendue et avec ses variantes, tel que les Grecs se le racontaient entre eux. […] Arriverait-on, même avec l’esprit de divination le plus sagace, à dégager rien de raisonnable et de véritablement digne de l’histoire à travers ces récits vingt fois transformés et défigurés ?

701. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

On les a souvent confondues : sir Henry Bulwer, s’autorisant d’un récit de M.  […] Je n’ai pas à redire ce qui est dans tous les récits.

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